La Bayadère [Opéra Bastille 17 novembre - 31 décembre 2015]

[néo-balletomane]

[haydn]

Bienvenue parmi nous en ce jour de Noël, néo-balletomane

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[Katharine Kanter]

This thread has taken a Shoot (Down) Star turn.

Your answer lies in the interview M. PECH gave to Libération last Wednesday.

A majority of the previous generation's soloists and principals have been in constant, bone-grinding pain for their entire career, some since the age of 15.

One forgets that M. Alu (who has himself had some pretty serious injuries, BTW), Mlles Bourdon and Shapran, and so forth, are all under the age of 25.

The question is, why are we blowing people out of the water before ever they reach artistic maturity?

Laetitia Pujol had the potential to become a major artist. She has the brains, the technique and a desire to GIVE. Injury, after injury, after injury.

Myriam Ould-Braham - another ballerina who might have become of the first water. She has been injured so many times it doesn't bear thinking about.

Gillot has given 20 or so interviews detailing her injuries, and how she virtually has a live-in osteopath.

Yann Saïz - ditto. Hervé Moreau - ditto.

Froustey was out for a year with double stress fractures in both feet, as was Gilbert. They were operated on, and it might well have ended both their careers - at age 20.

Over at NYCB, where Jennie Somogyi has just retired at 38, she rattles off a string of terrifying injuries to Pointe Magazine last October. This culminated in having the tendon taken from a cadaver (yes) and grafted onto her own leg. A medical breakthrough, perhaps …? After which, she danced for but another few months. Chuffing.

I could go on. Just take a look at Patrick Rump, an ex-Commando of the Austrian Army, now in the employ of ENB (Cf. the Youtube documentary “Dance and Sports Science – Gjuum). That’s how bad things are. Bring in the Army to “train” dancers.


What one sees today is, in the main, artists carefully picking their way about the stage, attempting to avoid YET another injury. Rather than lose themselves in their role, to survive they MUST focus on pain-management.

All of this is PUBLIC DOMAIN.

It may be hard for non-dancers to understand what it is to LIVE with that kind of pain, and then to suffer recurring injuries on top of the old ones.

Apart from irreversibly damaged ligaments (owing to stretching and hyper-extension), there are masses of non re-absorbed scar tissue surrounding every injury. Dancers have little money. They cannot go to Saint-Petersburg like the football stars, and be treated by that brilliant Brazilian physiotherapist in Russia. They limp and stumble on.

I am not necessarily a fan of Hervé Moreau's dancing, or that of Heymann for that matter, but I have to give it to them: they have tremendous guts. To come back from injuries so severe, that ordinary people would simply have lost their nerve and moved into a retirement home.

The terrain for these injuries is in many, if not most cases, laid at school, perhaps even in the Conservatoire where they studied before joining the Opera School.

We select children, as Pech explains, who are hyper-lax, and with a deficient hip-joint-closure. Why? Because rather than the teachers having to work on turn-out, gaining a degree here and there, FLOP - you've got someone who's BORN turned out.

Less work.

And Big Trouble later.

Because a naturally very turned out person is weak. Goes with the terrain. And as soon as he hits age 23 or 24 and his muscle-tone begins to decrease, with the soft tissue beginning to dry out, trouble begins to hit.

Secondly, we want to pick up the leg.

The human leg was never designed to be waved about the ears. What's cute at age 12, is a disaster-area at age 17 when the leg becomes very heavy - several kilos!

The standing leg cannot take it, nor can the hip-joint or spine

Why, over the last 30 years, the ballet world has agreed to go barking down the path of the Crazy Horse Saloon, says something about ... No, I won't say it.

We hard-point the foot and go over the shoe on pointe, 'cus it "looks prettier". And destroys the kneee and ankle-joint.

We allow hyper-extended elbows, and the arms behind the shoulder line, because someone, somewhere, thought it looked "Balanchine". Spinal injuries. And for the same reason, we shift all weight to the forefoot. Wrong centre of gravity.

And we over-cross the fifth, everywhere because ... because ... No functional because whatsoever.

And do not get me started on Goleizovski-style lifts.


Suffice it to say, that these injuries, which would land certain choreographers and teachers in GAOL were they choreographing or teaching on animals, have CAUSES.

There are no effects without causes, except in statistics!

We need to take a very cold hard look at what it is we are teaching, and what it is we are ALLOWING choreographers to do to people's bodies. And change it, for God's sake.

We owe it to these dancers who deserve a lot better of us.

And before Shooting (Down) Stars, one might wish to reflect upon the above.

[néo-balletomane]

[Ritournelle]

Est-ce que quelqu'un a vu les débuts de Laura Hecquet en Nikiya?

[lopatkino]

Comme je semble être le seul ici à avoir vu les débuts de Hecquet, je m'y colle .

La soirée du 24 décembre a été magnifique.
La représentation a été une très grande réussite, grâce aux individualités aussi bien qu'aux qualités d'ensemble.

Je ne sais pas si c'était dû à la bonne entente entre les danseurs principaux ou à l'ambiance particulière de la veille de Noël, mais tout le monde était plus galvanisé que de coutume : chef, orchestre, corps de ballet, danseurs solistes, il y avait, chez tous, plus d'inspiration, d'implication ou d'esprit de cohésion qu'aux deux autres représentations auxquelles j'avais assisté (Hernandez/Bourdon/Viikinkosky et Kim/Shapran/Bourdon).
Au niveau de la salle, j'ai l'impression qu'il y avait bien plus de spectateurs venus à l'occasion des fêtes que de balletomanes (ce que semble confirmer l'absence de retours sur ce forum - du reste, pour beaucoup ici, la série était finie et c'était déjà l'heure des bilans). Cela explique sans doute la faible réaction du public au 1er acte pourtant assez grandiose sur les plans tant esthétique que dramatique. Mais heureusement, les spectateurs se sont montrés beaucoup plus réceptifs au 2ème acte, avec son faste irrésistible et ses divertissements hauts en couleur. Et aux saluts finaux, toute l'équipe artistique était souriante, ravie des ovations enthousiastes du public et aussi, sans doute, satisfaite d'avoir assuré un spectacle de très haute tenue.

Je voyais Marchand pour la première fois dans un grand rôle, et, si je n'y avais pas vu Kim peu de temps avant, je l'aurais sans doute qualifié de Solor de rêve. Marchand a une allure princière, c'est un interprète intelligent et juste, il a une technique superlative et de la musicalité, et c'est un excellent partenaire : que demander de plus ! De magnifiques débuts donc. S'il fallait absolument un bémol, je dirais qu'il peut encore affiner le rôle en accentuant un peu plus l'aspect romantique (il pourrait par exemple mouvoir ses bras de manière plus souple). Le guerrier noble, valeureux et sûr de lui est déjà parfaitement campé - il n'a pas d'excès de déférence pour le Rajah, se plaçant presque comme un égal vis-à-vis de lui, et il lui tient même tête de manière plus affirmée que les autres Solor vus sur cette série. Il pourrait aussi apporter encore plus de virtuosité car, même si celle-ci est déjà de haute volée, on a l'impression qu'il en a encore sous le pied...

Magnifique prise de rôle également pour Laura Hecquet en Nikiya. Marchand et elle forment un couple bien assorti et très en phase, ce qui est d'autant plus remarquable qu'ils dansent ensemble pour la première fois (au moins dans un grand ballet du répertoire, sauf erreur de ma part). Je n'ai perçu aucun couac dans leur partenariat, aucun déphasage, aucune hésitation, aucune fébrilité dans les portés. Une belle harmonie en tout cas, les deux danseurs brillant du même éclat.
La Nikiya de Hecquet est, des trois que j'ai vues sur cette série (les autres étant Shapran et Bourdon), celle qui a su le mieux restituer toutes les facettes du personnage.
A l'acte I, Hecquet est d'abord une jeune fille amoureuse, dans un pas de deux avec Solor, fusionnel et empreint de lyrisme, où elle s'abandonne telle une Juliette. Elle devient ensuite une vrai danseuse sacrée, très digne et presque hiératique, dans un pas de deux avec l'esclave où elle semble habitée par l'esprit et le mystère de la divinité. Ces deux séquences m'ont profondément touché, mais avec des émotions complètement différentes.
Dans sa danse au serpent de l'acte II, ses cambrés soyeux, ses équilibres suspendus et ses penchés délicats traduisent avec beaucoup de justesse la douleur contenue et l'incompréhension face à l'amour trahi. Je n'ai juste pas compris pourquoi elle était tout d'un coup si souriante après avoir reçu la corbeille de fleurs des mains de la servante. Si quelqu'un la voit d'ici le 31 et en a une interprétation, je suis preneur...
Dans le dernier acte, c'est une vision enchanteresse qui s'offre à nous. Hecquet y est parfaite : éthérée, spectrale, et avec même quelque chose d'un peu morbide, tout à fait adapté au caractère de cet acte des ombres. Hormis quelques tremblements au moment de descendre des pointes et de plier les genoux à la fin des tours dans le "pas de deux au voile", tout m'a paru parfaitement maîtrisé, y compris les réceptions, veloutées à souhait (chez les 2 autres danseuses, ça claquait bruyamment). Elle avait à l'égard de Solor une tendresse distante et résignée, dans une présence/absence troublante. J'adore cette "grâce spectrale" que Hecquet arrive à incarner !
Hecquet sait mouvoir les bras et les mains, incliner les épaules, pencher la tête d'une multitude de manières différentes, et cette science, alliée à ses talents d'interprète, lui permet de trouver le ton juste dans des registres variés.
Si Shapran a fait une variation au serpent plus intense et plus complexe émotionnellement, j'ai une nette préférence pour Hecquet sur tout le reste. Et sur la totalité du ballet, Hecquet est pour moi la Nikiya la plus aboutie et la plus émouvante.

En Gamzatti, Colasante était totalement convaincante. Ce n'est pas une princesse hautaine et imbue de son rang, mais une princesse humaine, qui aime et souffre comme tout un chacun. Je lui ai trouvé une noblesse naturelle, sans le moindre effet de menton. Cela se voit également dans sa danse, d'une grande sûreté technique et d'une belle musicalité, mais sans aucune concession à l'effet, aucune ostentation. La grande classe !

Le reste était également réjouissant, particulièrement :
- l'excellente danse Manou de Guérineau, précise, rythmée et espiègle (la meilleure des trois que j'ai vues)
- la magnifique idole dorée de Révillion : silhouette idoine, des tours et des réceptions très bien maîtrisés et avec ce qu'il faut de virtuosité, et les grands jetés exécutés avec beaucoup d'abattage, et toujours cette grande élégance du geste, cette souplesse et cette harmonie dans les mouvements. Ce n'est peut-être pas le plus explosif des 3 idoles que j'ai vues (les autres étant Thibault et Alu), mais c'est sans conteste celui que j'ai préféré, à cause de cette alliance réussie entre technique et esthétique. Après avoir l'avoir vu dans la danse indienne (où déjà il combinait de manière étonnante grâce et engagement physique), j'attendais beaucoup de son idole dorée, et j'ai été comblé !
- la meilleure descente des ombres parmi les 3 vues sur cette série (moins de tremblements, moins de décalage, plus de cohésion et de présence)

La veille de Noël 2015 restera pour moi un très très grand souvenir !

[jplali]

Merci pour cet avant-goût de la séance de ce soir !

[CatherineS]

[fandorine]

Hugo Marchand et Laura Hecquet ont également dansé un des pas de deux de l'Anatomie de la Sensation de Mc Gregor cet été.

[lopatkino]

[lopatkino]

[CatherineS]

[lopatkino]

[Delph']

Merci Lopatkino pour ce résumé qui m'a servi de mise en bouche pour la représentation de ce soir.
C'est la première fois que je découvrais Laura Hecquet dans un grand rôle. Je ne suis a priori pas trop fan de cette danseuse. Je lui reconnais une excellente technique, mais c'est physique.
Bref, je dois reconnaître qu'elle m'a emportée ce soir, loin de Bastille, loin de Paris!
C'est vrai qu'elle a un vrai talent lyrique, exprimé pas seulement avec le pantomime et son visage, mais avec tout son corps. Ce que l'on demande à une vraie danseuse étoile. Effectivement ses cambrés et arabesques sont mémorables.

Bonne surprise également pour Hugo Marchand. Il y a encore quelques hésitations aux réceptions de sauts de ses manèges, mais il campe effectivement un Solor très juste.

Assez déçue de Valentine Colasante. Cela manquait de légèreté. Pourtant la technique est là...

Quelques mots sur les ombres pour compléter le tableau :
Hannah O'Neill parfaite en première ombre. Des arabesques qui font planer. Elle va finir par me faire rêver. Technique impeccable!
Très étonnée de Mélanie Hurel, en deuxième ombre. Je n'ai aucun souvenir d'avoir vu cette danseuse. Deux pirouettes complètement penchées!! A priori gros problèmes d'équilibre! Très étonnée de son statut de première danseuse quand on voit le niveau de certains sujets.
Sabrina Mallem en troisième ombre est correcte. Encore un peu de travail...
Le corps de ballet était bien ensemble, très beau! Cependant quelques problèmes de hauteurs de bras. C'est toujours le point faible à Paris...
Très étonnée aussi de voir que le corsage de certaines danseuses semblait peu ajusté...
Dans l'ensemble, très beau ballet ce soir, beau corps de ballet c'est réjouissant!!

[haydn]

Je suis désolé d'avoir du intervenir dès votre premier compte-rendu, Delph', mais les remarques franchement agressives sur le physique des danseuses [et des danseurs d'ailleurs] ne peuvent être acceptées. Qu'on n'aime pas, pour diverses raisons, tel ou tel artiste, pas de problèmes, mais il y a des façons plus ou moins blessantes de dire les choses. J'espère que vous voudrez bien me comprendre.

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