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Présence de DOUG FULLINGTON à Paris le 18 octobre
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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Lun Oct 19, 2015 10:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Premier exemple de la notation Stépanov, avec la variation de l'une des Ombres (cabrioles), tirée de l'acte des Ombres de La Bayadère (datée de 1900, écrite pour Anna Pavlova). Cette partition est particulièrement précise et bien informée. Il y a trois portées : celle du bas indique les mouvements des jambes et les pieds, la deuxième portée, les mouvements des bras et des mains, la troisième en haut, les mouvements de la tête et du torse. La partition est écrite en 6/8. La hauteur des levers de jambe est également indiquée, de même que les déplacements dans l'espace.




Un exemple de notation beaucoup moins détaillé que précédemment : il s'agit de la fin du pas de trois du Corsaire. Contrairement à la variation de La Bayadère, les mesures ne sont pas indiquées. Le rythme est donc sujet à discussion. Cela signifie que si deux personnes décident de remonter le pas, elles aboutiront très probablement à un résultat différent.




Parfois, il n'y a que des mots sur la partition (en cyrillique ou, ici, en français) et des déplacements. L'exemple donné est celui de la variation du Satyre tirée du Roi Candaule (reprise beaucoup plus tard dans le pas de deux de Diane et Actéon), variation qu'a du reste dansée Balanchine. Tout est ici à imaginer ou presque.



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Emilie1



Inscrit le: 29 Juin 2010
Messages: 272

MessagePosté le: Sam Oct 24, 2015 7:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour illustrer et montrer les variations traduites dans la notation Stepanov, il n’y avait pas de meilleure solution que d’en faire directement une démonstration dansée. C’est ce qu’ont fait, courageusement, de jeunes élèves, étudiants du CNSMDP (élèves des classes d’Isabelle Ciaravola, Bertrand Belem et Jean-Guillaume Bart) ou de Londres.



Variation de Siegfried (acte III) :

Etonamment, la variation dansée à l’origine par Siegfried à l’acte III (pas de deux du cygne noir) est la valse (acte III) aujourd’hui dansée par Rothbart.

D’emblée, Doug Fullington fait remarquer que la plupart des variations hommes qu’il a travaillées jusqu’ici ont tendance à présenter 1 ou 2 tours uniquement dans les pirouettes. Parfois, si l’entrechat 6 est terminé en cinquième position, c’est très rarement le cas des doubles tours en cinquième position.
De plus, il précise qu’il n’y a pas de temps mort pendant les variations : au lieu de marcher pour remonter, le mouvement remonte de lui-même ce qui rend la danse très vivante. Ça ne signifie pas qu’on ne voit jamais des gens marcher pour se placer, mais c’est moins flagrant que ce qu’on voit aujourd’hui. En règle générale, Petipa utilisait des pas de liaison pour effectuer ces déplacements.

Doug Fullington demande ensuite au jeune danseur qui vient de danser la variation ce qui lui a semblé le plus difficile dans cette variation dansée à la manière du XIXe. Le jeune homme répond que la variation demande une endurance particulière avec notamment une partie entière composée de petite batterie. Il y a donc un important travail à effectuer sur le souffle mais également sur les épaulements et les ports de bras.

Doug Fullington ajoute que la particularité des variations, c’est qu’elles répondaient au concept de la danse de l’époque, ce que les Italiens appellent « en rond de danse », c’est-à-dire que les variations sont regardables à 360° et qu’elles ne perdent d’intérêt esthétique sous aucun angle, ce qui est très différent des variations actuelles, majoritairement frontales.

Doug Fullington ajoute ensuite qu’il porte un intérêt tout particulier à ce qu’était un cours au XIXe, que ce soit en France ou en Russie, car pour bâtir cette capacité respiratoire, ils devaient avoir une manière très particulière de travailler.


Variation de la Princesse Florine, La Belle au bois dormant (acte III):

Les rôles de l'Oiseau bleu et de la Princesse Florine ne sont pas notés tout à fait complètement. Pour la Princesse Florine, la variation est notée de façon très claire pour les jambes, mais pour les bras, les épaulements et les ports de tête, il n’y a que la moitié de ce qui serait nécessaire pour remonter une version fidèle à celle d’origine.

Ici, les combinaisons de pas sont souvent faites des 2 cotés et on note une utilisation étonnante de la demi-pointe dans la variation, notamment dans les déboulés.
La notation Stepanov permet également de noter que Petipa n’avait aucun problème à faire répéter certains mouvements 6, voire 7 fois parfois.

Dans la notation Stepanov, on ne voit jamais de lever de jambe au-delà de 90°. Nous savons aujourd’hui que certains danseurs ne le respectaient pas, mais c’était pourtant bien le précepte en vigueur académiquement parlant. Aujourd’hui, Doug Fullington précise que ça pose un certain nombre de problème aux danseurs qui n’ont plus l’habitude de tenir des positions à la hauteur.
De plus, la virtuosité à l’époque est très différente de celle d’aujourd’hui. A ce titre, dans la notation, il est souvent précisé un seul tour de pirouette chez les dames et un seul tour en l’air pour les hommes. On était beaucoup moins dans la recherche de la virtuosité mais davantage dans l’exactitude et le contrôle.


Variation de l’Oiseau bleu :
Enrico Cecchetti a créé ce rôle même s’il ne l’a pas dansé très longtemps. On ne peut pas exclure que ce soit sa propre chorégraphie qui soit annotée.
Historiquement, nous savons de manière certaine qu’en 1890, il n’y avait qu’une seule diagonale avant la fin de la variation.
Doug Fullington pense que ce n’était pas vraiment la véritable fin de la variation et que celle-ci était en fait plus longue mais Petipa avait conscience que le ballet commençait à devenir vraiment trop long et a donc, notamment, coupé la variation.

Dans cette variation, on note des sissones très surprenantes car effectuées avec les jambes pliées. C’était très commun au XIXe, période durant laquelle il était plus fréquent de trouver des sissones avec les jambes pliées que des sissones jambes tendues.
Autre particularité technique dans les entrechats 6 : ils sont en effet effectués les bras le long du corps car, selon Petipa, les bras ne devaient pas aider dans les sauts.


Variation d’Aurore, acte III :
La notation que nous avons pour Aurore ne nous donne que les pieds. Malheureusement, on n’a pas de certitude de ce qui se passait avec le torse. Nous ne savons pas non plus à quelle ballerine appartenait la version notée de la variation.
De plus, la notation présente quelques difficultés assez importantes qui sont courantes dans la notation Stepanov. En effet, parfois il est écrit qu’une combinaison se fait 4 fois puis ensuite qu’une autre combinaison de pas commence, sans être clair sur le moment où cette 2e combinaison de pas commence sur la partition. Pour résoudre ce problème, il n’y a qu’une seule manière : voir toute la chaîne de transmission jusqu’à nous de cette variation. Mais ce n’est pas fiable car notre compréhension a évolué. Ce que nous savons c’est que l’approche de Petipa à la musique était extrêmement carrée. Pour être franc, Doug Fullington précise que Tchaïkovski était un compositeur extrêmement complexe qui écrivait des choses asymétriques. A cet égard, à certains moments, Doug Fullington dit qu’on peut considérer que l’approche de Petipa vis-à-vis de ce que représente le compositeur est simpliste.

Parmi les particularités de cette version, on notera surtout le manège final. Dans les versions actuelles, il est généralement composé de 4 tours développés à la seconde. Dans la notation Stepanov, il est indiqué un pas de bourrée avec un petit tour détourné suivi d’un développé à 45°. Il retient notre attention sur les sissones avec les jambes pliées là encore.

Doug Fullington précise qu’il y a, à Saint Pétersbourg, une partition avec notation métronomique de cette variation. En général, les tempi joués sont moins rapides que ceux qu’indiqués sur cette partition. A ce titre il indique qu’au XIXe, les gens avaient une manière de bouger bien plus vive qu’aujourd’hui.


Variation de la Fée Argent (acte II, La Belle au bois dormant) :
A la base, elle est issue d’un pas de quatre (Or, Argent, Saphir et Diamant). La musique de la Fée Or a été transférée dans le 2e acte de la Belle et celle de la Fée Saphir a été tout simplement coupée. Les Fées Or, Saphir et Argent dansent donc ensemble.

Cette variation n’est pas énormément différente de celle que l’on connait aujourd’hui. Ici, il est clair que l’accent est mis sur un travail rapide et impeccable du pied.
Ce sont des pas très communs que l’on retrouve dans la chorégraphie de Petipa. Dans cette variation, il est très intéressant de noter la position de la jambe dans l’attitude devant qui semble être, selon les photographies d’époque, une attitude plus fermée que celle que nous connaissons aujourd’hui.

Dans cette variation, il n’y a que la notation des jambes donc la reconstitution effectuée pour le haut du corps n’est pas garantie.


Variation de Désiré (Acte III) :
Il y a beaucoup de mystères à propos de cette variation dans la notation. On ne sait pas qui en est le chorégraphe ni le danseur dont la variation précise a été notée. Lors de la première représentation en 1890, nous ne savons pas si un danseur a réellement dansé quelque chose sur cette musique.
Nous savons qu’à l’origine la scène était un pas de quatre composé d’Aurore et du Prince mais également des fées Or et Saphir, ces dernières n’ayant pas eu grand-chose à danser depuis le début de l’acte. Il y a une variation qui est notée pour ces 2 fées, variation qui est dansée après l’adage. Doug Fullington pense que ces 2 fées ont pu danser lors du début de la musique de l’adage.
De plus, ce qui est possible c’est qu’on ait ensuite enlevé les 2 fées pour qu’un jeune danseur effectue la variation de Désiré. Ce qui est en tout cas certain, c’est que la variation notée est difficile (12 brisés volés, un manège de coupés jetés…).

Cependant, la notation n’est pas très claire sur certains points. Pour certaines combinaisons de pas, il est en effet noté qu’elles doivent être répétées 2 ou 3 fois mais toujours sans indication musicale précise. De plus, il est noté 12 brisés volés, or la musique ne colle pas à ces 12 brisés volés. Doug Fullington a donc pris, pour combler la musique, des pas courants dans d’autres variations.


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sophia



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Messages: 22087

MessagePosté le: Dim Oct 25, 2015 11:01 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Emilie1. Comme dit plus haut, ces explications étaient/sont passionnantes et remettent en question bien des lieux communs sur l'évolution de la technique.

Si je peux me permettre, je rajouterai que la variation de Siegfried évoquée et notée date de 1899. A la création, en 1895, c'est Alexandre Gorsky (marqué comme "2e cavalier" sur la partition), alors jeune danseur virtuose (il partira par la suite à Moscou où il remontera à sa façon certains ballets de Petipa), qui dansait la variation du bal de l'acte III (il doublait en quelque sorte Pavel Guerdt qui avait 51 ans - ce procédé était courant au Théâtre Mariinski quand le premier danseur était trop âgé) et Doug Fullington a, me semble-t-il, précisé aussi que c'est Gorsky lui-même qui avait chorégraphié cette variation.

On retrouve l'ensemble des variations qui ont été montrées lors de cette démonstration et d'autres choses encore sur la vidéo du "Works and Process" du Musée Guggenheim, interprétées par les danseurs du Pacific Northwest Ballet et commentées par Doug Fullington (qui, à Bordeaux, nous a parlé avec Marian Smith de la reconstruction de Giselle au PNB et de Paquita à Munich). L'intérêt est aussi qu'elles sont mises ici en miroir avec les versions que l'on connaît aujourd'hui. Pour la démonstration parisienne, les jeunes danseurs n'avaient pu apprendre et répéter que la veille et/ou le matin même, les variations étaient fractionnées, et nous n'avons pas pu voir cette confrontation.



1- Pas de deux de l'Oiseau bleu et de la Princesse Florine
- Adage
- Variation de l'Oiseau bleu
- Variation de la Princesse Florine
- Coda
2- Pas de deux du Cygne Noir (26'12)
- Adage
- Variation de Siegfried
- Variation d'Odette
- Coda
3- Pas de deux d'Aurore et du Prince Désiré (1'02)
- Adage
- Variation des Fées Or et Saphir
- Variation d'Aurore
- Variation de Désiré
- Coda


Il y a d'autres vidéos autour des reconstructions d'après les notations Stépanov, je les ajouterai plus tard.


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Dim Oct 25, 2015 11:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour comparaison, Sergueï Konaev nous envoie sa version "animée" de la variation masculine de l'acte III du Lac des cygnes, d'après la notation de Gorsky : https://www.youtube.com/watch?v=VHgRYrCKK1o


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Jeu Nov 05, 2015 9:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Giselle revisited, un autre "Works & Process at the Guggenheim" avec Doug Fullington et les danseurs du PNB, consacré cette fois à la reconstruction de Giselle* (il en a du reste été largement question lors du colloque Petipa de Bordeaux) :

http://www.ustream.tv/recorded/11925622

(on n'en trouve qu'un court extrait sur YT, je ne sais pourquoi il n'y figure pas dans son intégralité)

*Les sources de cette reconstruction figurent sur le site du PNB.


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Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
Messages: 1415
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 10:13 am    Sujet du message: Doug Fullington à la Galleria Nazionale di Arte Moderna Répondre en citant

Nouvel article sur le master class de Doug à Rome (en italien):


http://dancingpost.squarespace.com/dancingpost-main/2015/11/2/la-danza-va-al-museo-inediti-coreografici-svelati-da-doug-fullington?fb_action_ids=752647341533845&fb_action_types=og.likes


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Mer Mai 25, 2016 11:31 am    Sujet du message: Répondre en citant

Très intéressante vidéo, qui présente 11 (!) solos du Prince Désiré - et autant de variantes chorégraphiques -, parmi lesquels les versions notées par Stépanov, l'une "traduite" par Doug Fullington (dansé lors du Works & Process at the Guggenheim), l'autre par Alexeï Ratmansky pour sa Belle milanaise :

https://www.youtube.com/watch?v=E5Jh5WD1El8


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