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Malixia
Inscrit le: 28 Jan 2008 Messages: 375
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Posté le: Mar Avr 21, 2015 11:06 am Sujet du message: |
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Comme Ornella, j'ai découvert L'Histoire de Manon lors de la pré-générale, et j'en garde un ressenti assez différent.
Je ne connaissais ni le ballet, ni le chorégraphe, et j'ai été tout à fait emportée par le travail des pas de deux - jusqu'à en avoir presque les larmes aux yeux lors du "bedroom pas de deux" clôturant l'Acte I. Mais, à y réfléchir plus avant, il est vrai que je ne retiens que quelques moments en particulier sur l'ensemble du ballet (outre le "Bedroom pas de deux" déjà cité, les variations de Lescaut et de sa maîtresse dans l'Acte II, et la fin du ballet à partir de la scène du geôlier), qui ont malgré tout réussi à sublimer le souvenir de ma soirée. Il faut dire que Ludmila Pagliero, en forme olympique après son retour de blessure, a également participé de cette bonne impression.
Je reverrai donc Manon avec plaisir en condition de spectacle, et espère obtenir une place pour la dernière, avec Dorothée Gilbert.
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Ritournelle
Inscrit le: 13 Juin 2013 Messages: 577
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Posté le: Mar Avr 21, 2015 11:10 pm Sujet du message: |
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J’ai découvert L’Histoire de Manon en octobre avec la diffusion en salles du Royal Ballet. Fort séduite par l’énergie et la théâtralité qui s’en dégageaient, je me suis dit en sortant du cinéma que je serai probablement déçue en voyant le ballet dansé à Paris. Malheureusement je ne m’étais pas trompée ; ces deux éléments n’étaient pas assez présents pour vraiment faire décoller la soirée.
La Manon de Laetitia Pujol manque de volupté, de sensualité et d’une dualité candeur / manipulation plus marquée pour incarner l’héroïne de Prévost. En résulte une tension dramatique plutôt faible, notamment dans le pas de trois avec Monsieur de G.M. et Lescaut. On rêve alors de voir Eve Grinsztajn qui aurait probablement fait des merveilles avec ce personnage.
Si Manon était le centre du spectacle avec un Des Grieux plutôt effacé dans la version du Royal Ballet, j’ai bizarrement eu l’impression inverse hier soir. Le rôle semble taillé sur mesure pour Mathieu Ganio, romantique et élégant. Le couple fonctionne bien, malgré des portées parfois difficiles, et on atteint quelques moments de grâce avec le pas de deux final.
Côté seconds rôles, j’ai beaucoup aimé découvrir Stéphane Bullion sous un aspect comique. Alice Renavand a apporté une belle énergie, tout comme Marine Ganio et Eléonore Guérineau dans leur duel de courtisanes chipies.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Jeu Avr 23, 2015 8:12 pm Sujet du message: |
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Laetitia Pujol et Mathieu Ganio ont apparemment mis Philippe Noisette, le critique chorégraphique des Echos dans un état d'extase assez avancé. Il n'hésite en tous cas pas à écrire : "on a frôlé le plus que parfait" :
Citation: |
En ce soir de première, le 20 avril, on a frôlé le plus que parfait avec une Pujol capable de passer de la passion à la déchéance, un Ganio tout en nuances. Ces deux étoiles du Ballet de l’Opéra de Paris ont des profils moins en vue que d’autres dans la maison. Ils sont pourtant la raison d’être d’une telle compagnie qui doit varier les jeux.
Il sera difficile d’arriver à ce degré d’intensité durant les représentations à venir. La barre est placée très haut : leur succéderont les couples Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt, ou Aurélie Dupont (qui fera ses adieux le 18 mai) et Roberto Bolle (la vedette de la Scala). Manon n’a pas fini de reprendre goût à la vie. |
Dans les pas de Manon à l’Opéra de Paris, par Philippe Noisette (Les Echos)
J'avoue avoir été nettement moins enthousiaste... |
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Dim Avr 26, 2015 10:05 pm Sujet du message: |
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La critique du Monde est tout aussi dithyrambique, et j'avoue que, même si je n'y étais pas, ce ton me laisse quand même très circonspecte.
J'ai vu pour ma part Manon cet après-midi. Comme je l'ai dit plus haut, j'ai du mal à m'enthousiasmer pour ce ballet à l'atmosphère déliquescente et vaguement fin-de-siècle, qui n'a plus grand-chose à voir avec le roman de l'abbé Prévost et dont le caractère anachronique est sans nul doute accentué par la partition (réorchestrée) de Massenet. Mais soit, c'est une adaptation personnelle, remplie des obsessions du chorégraphe, et il faut reconnaître que MacMillan sait raconter une histoire et construire des caractères puissants, qui sont une épreuve du feu pour ses interprètes.
Ludmila Pagliero aurait dû faire ses débuts lors de la précédente série, mais une blessure l'en avait alors empêchée. Sa Manon m'a paru fort réussie, fraîche et sentimentale au premier acte, séductrice et sensuelle au second (Marianela Nunez, déjà résignée, n'avait pas là ce caractère vénéneux et dominateur), résolument tragique au troisième. Tout cela est peut-être un peu littéral, mais au moins, l'ambivalence du personnage est là, rendue avec justesse et même avec une certaine émotion dans le dernier tableau. Son engagement total, son épuisement, au moment des saluts, étaient palpables. Le partenariat avec Josua Hoffalt, en jeune homme sage - un brin timide - et bien né qui s'emballe d'amour pour la jeune femme, m'a semblé tout à fait bien fonctionner - voilà un couple qui marche! Il faut toutefois reconnaître que les variations de Des Grieux ne sont pas forcément impeccablement ciselées - les tours, notamment, sont bien laborieux - et que de ce point de vue, on est très loin de la qualité de danse d'un Bonelli dans le même rôle. C'est dans ces moments-là, notamment, que l'on sent l'absence de familiarité des danseurs de l'Opéra avec le style de MacMillan. Cette greffe, qui prend plus ou moins, on l'éprouve du reste au niveau du corps de ballet - cela ne m'avait pas paru si flagrant la dernière fois. Peu sollicité sur le plan chorégraphique, le corps de ballet l'est énormément sur le plan théâtral... et à cet égard, l'acte I était sans vie, avec des danseurs se contentant de "faire décor", oubliant d'être acteurs, oubliant le réalisme imposée par cette adaptation. Au second acte, les filles de chez Madame tentent de se faire joliment canailles, mais l'ensemble, un peu forcé, manque quand même et de naturel et d'âpreté. Un peu trop sages et sur la réserve aussi les seconds rôles, Alessio Carbone, bien gentil pour incarner cette brute épaisse de Lescaut, et Muriel Zusperreguy, un peu trop policée pour incarner de manière convaincante la Maîtresse de Lescaut. Cette dernière a certes parfaitement dansé sa partie (un fan personnel dans la salle?), mais sans lui conférer un caractère ou un humour très marqués. En revanche, Aurélien Houette (Monsieur G.M.) et Yann Saïz (le Geôlier) s'inscrivent bien dans l'atmosphère licencieuse et obscène du ballet.
A noter que Sarah Kora Dayanova faisait son retour sur scène dans le rôle de Madame après un long arrêt. Elle a reçu un bouquet lors des saluts.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Lun Avr 27, 2015 7:16 pm Sujet du message: |
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Ce qu'il faut faire - et ne pas faire - dans Manon : brève démonstration en vidéo avec Dorothée Gilbert et Hugo Marchand.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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marc
Inscrit le: 16 Fév 2009 Messages: 1157
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Ven Mai 01, 2015 1:09 am Sujet du message: |
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Eh bien, moi, pour une fois, Marc, je me suis amusé comme un petit fou!
Manon, comme je l'ai déjà dit, est sans doute l'un, voire le ballet que j'exècre le plus dans tout le répertoire prétendu "néo-classique", et, après la soporifique première (complaisamment) encensée par la presse et les groupies institutionnelles, j'avoue que je n'attendais rien de bon de cette seconde soirée. Je m'étais fait violence afin de pouvoir rendre-compte aux lecteurs de Dansomanie de ce qui s'y était passé, mais c'était sans enthousiasme que je me suis traîné à la représentation. Et finalement, je n'ai pas du tout regretté le "sacrifice".
Et de manière très inattendue, j'ai trouvé MacMillan distrayant. Autant dire les choses clairement, ce qui nous a été servi par le quatuor Abbagnato / Magnenet / Colasante / Bezard n'était certainement pas marqué du sceau de l'orthodoxie, et les puristes habitués du Royal Ballet ont du grimper aux tentures de leur loge... On se serait cru à Cinecittà, au beau milieu du tournage d'une série B, avec Riccardo Freda à la caméra. La Manon d'Eleonora Abbagnato avait des airs d'escort-girl pour mafieux de retour d'une razzia aux Galeries Lafayette un jour de soldes. Audric Bezard - excellent de bout en bout - se la jouait gentilhomme vénitien en état avancé de décomposition et solidement défoncé à la grappa, enjambant sans complexe deux siècles pour aller partager sa vie de débauche avec une Goulue échappée d'un claque de Montmartre, campée par une Valentine Colasante à la Toulouse Lautrec, pétaradante, débordante de vitalité.
Au second acte, la scène du tripot nous transportait au Casino de San Remo, dans une ambiance merveilleusement décadente que d'Annunzio devait observer depuis les coulisses. Là, Audric Bezard, formidable Lescaut, s'est complètement déchaîné, et jamais je n'aurais soupçonné en lui pareil comédien.
A mentionner impérativement : l'adorable péripatéticienne travestie en garçon de Myriam Kamionka, qui, poursuivons la métaphore cinématographique, paraissait sortir tout droit d'une comédie leste de Sacha Guitry. On n'oubliera pas non plus le très théâtral Monsieur de G.M. personnifié par Yann Saïz.
Au troisième acte, on passe de la série B transalpine à la série Z hollywoodienne, dans une ambiance très "Pirates des Caraïbes", avec un Aurélien Houette impeccable de sadisme et de perversité, dans un rôle de taulier taillé à sa mesure. On pourra bien sûr m'objecter que dans toute cette affaire, Kenneth MacMillan et l'Abbé Prévost en prennent pour leur grade. Qu'on ne saurait non plus dissimuler certaines déficiences : Eleonora Abbagnato truande un peu sur la hauteur des arabesques et l'ambitus des écarts, Florian Magnenet sue sang et eau dans les portés - Mathieu Ganio avait eu la tâche plus facile, avec Lætitia Pujol. Mais, pour une fois que Manon - et même si l'opération de dynamitage était peut être menée involontairement par les interprètes - réussissait à me divertir, pourquoi faire la fine bouche?
Pour être tout à fait complet et honnête, signalons que quelques huées en provenance des loges à cour ont ponctué les saluts finaux, mais je ne suis pas certain qu'elles traduisaient un mécontentement par rapport à la qualité du spectacle. C'est plus probablement son récent engagement (honoris causa?) à la direction du ballet de l'Opéra de Rome qu'une fraction du public aura voulu faire "payer" à Mlle Abbagnato. |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Ven Mai 01, 2015 10:10 am Sujet du message: |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Ven Mai 01, 2015 10:27 am Sujet du message: |
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Deux choses que j'ai omis de signaler dans le feu de l'action, hier soir :
- le très bon trio de courtisans, composé d'Axel Ibot (vrai comédien, veule et arrogant à souhait) , Allister Madin et Hugo Marchand
- le retour de Sarah Kora Dayanova, après une longue absence due à une mauvaise blessure. Elle a prudemment repris dans un rôle non dansant, mais assez valorisant car très visible, celui de Madame. |
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silvia
Inscrit le: 24 Mai 2006 Messages: 198 Localisation: rome
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Posté le: Ven Mai 01, 2015 12:16 pm Sujet du message: |
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Haydn from your report of the evening I'm not sure you appreciated the performance of Abbagnato or not. As you write it, it seems a performance almost over the lines, a little parodie of Italian B Movies (you did not speak indeed of the main stream of Neorealism but quoted exacly B Movies). So may you be a little more clear? thank you, merci
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Ven Mai 01, 2015 1:05 pm Sujet du message: |
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Naturalmente la mia critica era ironica e divertente, Silvia. Ma ho sinceramente apprezzato lo spettacolo. Eleonora Abbagnato era esageratamente teatrale, quasi isterica, ma almeno c'era dell'azione, c'era dell'avventura! MacMillan - specialmente il suo balletto Manon - mi annoia di solito molto, ma questa volta non mi sono addormentato un secondo. É come al cinema, a volte si può preferire Gino Cervi a Vittorio Gassman (chi ha recitato anche nei film di Riccardo Freda )
Ed Audric Bezard era veramente straordinario! |
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silvia
Inscrit le: 24 Mai 2006 Messages: 198 Localisation: rome
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nikiya
Inscrit le: 13 Déc 2005 Messages: 76
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Posté le: Ven Mai 01, 2015 5:12 pm Sujet du message: |
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Vous m'étonnez Haydn, l'une des règles que vous avez établie sur ce forum est de ne pas se moquer et de ne pas verser dans la méchanceté gratuite. Pourtant, je ressens beaucoup de moquerie dans votre compte-rendu. Beaucoup de personnes détestent Eleonora, je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais compris, malheureusement c'est un fait. Alors il n'est point besoin d'alimenter leur haine.
_________________ Je danse par passion,et elle me nourrit amplement.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Ven Mai 01, 2015 5:48 pm Sujet du message: |
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??? Je dis que j'ai aimé la Manon d'Eleonora Abbagnato, et vous me parlez de "moquerie" ou de "méchanceté"? J'ai un peu de mal à vous suivre là... |
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