Décès de Jean-Yves Lormeau, Etoile @Opéra de Paris

[haydn]

Jean-Yves Lormeau, ancien danseur Etoile à l'Opéra de Paris puis professeur à l'Ecole de danse et au CNSMDP est mort ce matin. C'est Elisabeth Platel, son amie de toujours, qui a annoncé la nouvelle.

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[Gimi]

Élisabeth PLATEL et Jean-Yves LORMEAU ont tous deux été nommés Étoiles à l'issue de la représentation de Giselle (version Alicia ALONSO) le 23 décembre 1981, au Palais des Congrès. Elle interprétait ce soir là le rôle titre; Jean-Yves LORMEAU était, "par hasard", dans la salle.
À l'époque, il était le Premier Danseur "increvable" qui, dans les longues séries, finissait par remplacer toutes les Étoiles...

[haydn]

Jean-Yves Lormeau et Elisabeth Platel

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[haydn]

Quelques séries de photos dans lesquels on peut voir Jean-Yves Lormeau, sur le site de la Bibliothèque nationale de France :


Icare (1984), chor. Serge Lifar


Hautbois (1990), chor. Lar Lubovitch


Non légendé, si quelqu'un a une idée...

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[Alexis29]

Violin Concerto / Balanchine

[haydn]

Merci!

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[haydn]

Sans doute l'une des dernières photos de Jean-Yves Lormeau. Merci à Isabelle Aubert qui m'a permis de la diffuser.

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[sophia]

Souvenir - à plus d'un titre : Le Songe d'une nuit d'été, Neumeier, Dupond, Lormeau, Pontois.

https://www.youtube.com/watch?v=5U3Gfk43otI

[Bary]

Même si je n'interviens quasi jamais sur le forum, là, je me dois de dire que c'est une bien triste nouvelle.
C'était un danseur noble, certes extrêmement exigeant et représentant dignement l'opéra et l'image même du danseur étoile.

[clio]

pour moi c'est la première intervention.....pour évoquer le souvenir de ce grand danseur..!
en novembre 1985 il "accompagnait" Sylvie Guillem dans le lac des cygnes, dans le rôle du prince (version Bourmeister)...
une pensée émue pour ce grand artiste

[haydn]

Bienvenue Clio, même si votre première intervention a dû se faire en réaction à une information un peu triste.

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[Nati]

pour les lusophones, un article brésilien puisque si je comprends bien il avait dirigé le ballet du théâtre de Rio de Janeiro.

http://oglobo.globo.com/cultura/teatro/morre-aos-60-anos-jean-yves-lormeau-ex-diretor-do-bale-do-teatro-municipal-14597668

[haydn]

Dès la fin des années 1980, Jean-Yves Lormeau se rendait très régulièrement au Brésil, et notamment à Rio de Janeiro. A l'occasion d'une tournée de l'Opéra de Paris en 1974, Lormeau, qui n'était à l'époque "que" Sujet, s'était lié d'amitié avec Dalal Achcar, directrice de la Fondation du Théâtre Municipal de Rio de Janeiro (et par ailleurs exécutrice testamentaire de Margot Fonteyn). Celle-ci lui a demandé de revenir régulièrement "coacher" la compagnie locale. Jean-Yves Lormeau passait dès lors quasiment la moitié de l'année au Brésil, et il avait d'ailleurs acquis un appartement à Impamena. Pour le Ballet de Rio de Janeiro, il avait monté notamment Giselle et Le Lac des cygnes. Lormeau y dansait souvent lui-même les rôles principaux pour, de son propre aveu, les "rôder" avant de s'y risquer à l'Opéra de Paris. A Rio, le danseur était toutefois en terre assez familière, puisque l'Opéra Municipal a été construit d'après les plans établis par... Charles Garnier :



Non vous ne rêvez pas... on est bien au Brésil.

L'un des spectacles les plus étonnants auxquels Lormeau a participé à Rio fut Fioresta Amazonica, un ballet de Dalal Achcar et... Frederick Ashton, dont la créatrice du rôle féminin principal était Margot Fonteyn. Il s'agissait d'une sorte de version "tropicale" de Roméo et Juliette, qui se voulait également une œuvre politiquement engagée contre la déforestation massive en Amazonie. Dans le rôle de "Roméo" (en fait, un chef indien), Jean-Yves Lormeau alternait avec Julio Bocca et Alexandre Pereda.

Durant l'été 1994, Jean-Yves Lormeau a été finalement nommé Directeur du Ballet de Rio de Janeiro, avec prise de fonction effective durant la saison 1996-1997. Jean-Yves Lormeau fera ses adieux à la scène aux côtés d'Elisabeth Platel dans Violin Concerto de Balanchine (merci à Alexis 29!) le 25 décembre 1996. Ce fut la dernière fois qu'une étoile de l'Opéra de Paris eut droit à des adieux en grande pompe, avec pluie de paillettes et de confettis, avant que la tradition ne reprenne son cours avec le départ d'Elisabeth Maurin en 2005.

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[haydn]

Jean-Yves Lormeau en quelques dates :

1962 - Découvre la danse à l'âge de douze ans à l'occasion d'une visite au Conservatoire de Saint-Germain en Laye
1969 - 1er Prix du Conservatoire de Paris (aujourd'hui CNSMDP)
1971 - Engagé au Ballet de l'Opéra National de Paris
1973 - Promu Coryphée
1974 - Promu Sujet
1977 - Promu Premier danseur (seul du grade cette année là, où d'autres futures célébrités, Patrick Dupont, Olivier Patey, Elisabeth Platel et Viviane Descoutures accédèrent au rang de Sujet).
1981 - Nommé Danseur étoile le 23 décembre par Rosella Hightower après une représentation de Giselle, où il interprétait le rôle d'Albrecht aux côtés d'Elisabeth Platel, devenue Etoile lors de la même soirée.
1996 - Quitte la scène le 25 décembre après une dernière représentation de Violin Concerto (Balanchine), aux côtés d'Elisabeth Platel (dont l'amitié ne lui aura jamais fait défaut, et, étrangement, native comme lui de Saint-Germain en Laye).

Jean-Yves Lormeau, fils de militaire, n'était à priori pas destiné à la danse, et se sentait plus attiré par le sport de compétition. Son premier professeur de ballet fut Jacqueline Cochet, épouse du tennisman Henri Cochet (l'un des "Quatre mousquetaires", avec Jean Borotra, Jacques Brugnon et René Lacoste, qui remportèrent ensemble six fois la Coupe Davis). Il travailla ensuite principalement avec Yves Brieux et Christiane Vaussard. Il prit aussi des cours à Léningrad avec Nicolaï Morozov, Maître de Ballet au théâtre Maly - et lui même élève d'Alexandre Pouchkine, le professeur de Nouréev et Barychnikov - ainsi qu'avec Stanley Williams, au New York City Ballet.

Ses principaux rôles furent Albrecht (Giselle), Aminta (Sylvia, version Lycette Darsonval, créateur du rôle à Pekin en 1979), et Roméo dans Roméo et Juliette, de Youri Grigorovitch, ouvrage dans lequel il forma un couple fameux avec Claude de Vulpian. Il faut également mentionner le double rôle d'Obéron et de Thésée, dans Le Songe d'une nuit d'été de John Neumeier, où il obtint un grand succès lorsque le ballet entra au répertoire de l'Opéra de Paris, en juin 1982.

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[haydn]

Quelques anecdotes et phrases bien senties, pas toujours très "politiquement correctes" (selon les normes d'aujourd'hui) :

"Mon plus grand malheur, dans cette vie de danseur, c'est de toujours avoir une femme entre les mains. De devoir faire passer mon art par le biais d'une femme. De ne pas être comme un sculpteur devant son bloc de pierre. Remarquez-bien que si une femme est une valeur pour le XIXème siècle, elle l'est en tant qu'objet à conquérir, à choyer, du moins avaient-elles de la classe. N'oublions pas que ces femmes arboraient sur la scène les bijoux dont on leur avait fait cadeau. C'est dire qu'il leur fallait aussi coucher".

"Giselle, c'est le malheur d'Albrecht, son malheur matérialisé. Ce malheur, lui seul le crée. Giselle n'est qu'une ombre, une buée".

A un journaliste de Vogue qui l'interrogeait sur ses phobies (!), Jean-Yves Lormeau fit la réponse suivante :