Notre-Dame de Paris (R. Petit, ONP Bastille 30/06-16/07/14)

[haydn]

Comme promis, retour sur la mémorable soirée du 5 juillet 2014.

Contrairement à l'avis que certains / certaines ont exprimé ici, je pense que partir sur Notre-Dame de Paris était, pour Nicolas Le Riche, un très bon choix.

D'une part, le danseur était lui-même très apprécié de Roland Petit ; le chorégraphe marseillais n'avait-il pas écrit Clavigo tout exprès pour lui et Clairemarie Osta?

D'autre part, Notre-Dame de Paris, qui n'avait pas figuré à l'affiche de l'Opéra depuis une bonne décennie, est un ballet qui lui permet de mettre en valeur à la fois ses qualités athlétiques et interprétatives, sans réclamer de prouesses techniques exagérées. Que n'aurait-on dit s'il était parti, comme cela a pu être suggéré, sur un ultime Albrecht, un Siegfried ou un Basilio? A 45 ans, un danseur, aussi bon soit-il, n'a plus le "jus" qu'il possédait à 25, et les persiflages du genre "Le Riche, ce n'est plus ce que ça a été, moi, mon bon monsieur, vous savez, je l'ai vu dans Giselle en 1998, là c'était autre chose..." auraient fusé de toute part.

En Quasimodo, Nicolas Le Riche tire sa révérence dans un rôle où il est indiscutable, et où il est en mesure de tenir la dragée haute aux étoiles des générations montantes.

Si le trio Alice Renavand / Stéphane Bullion / Audric Bezard avait surtout mis en exergue les allusions, pour ne pas dire les obsessions à caractère sexuel, qui parsèment le ballet de Roland Petit, d'Yves Saint-Laurent et de René Allio (la chorégraphie et la scénographie forment un tout indissociable), Nicolas Le Riche, Eleonora Abbagnato et Josua Hoffalt reviennent eux, mutatis mutandis, aux fondamentaux du drame hugolien. La qualité du partenariat Esmeralda / Quasimodo y est pour beaucoup. Eleonora Abbagnato et Nicolas Le Riche ont souvent brillé ensemble dans les ballets de Roland Petit ; les deux danseurs se connaissent sur le bout des doigts, et chacun peut à la fois anticiper et accompagner au mieux les réactions de l'autre.

Il faut savoir gré à Mlle Abbagnato de n'avoir pas campé une Esmeralda univoque, croqueuse d'hommes dépravée. Si cette conception du personnage est pertinente jusqu'au quatrième tableau ("la cour des miracles"), elle n'a plus de sens par la suite, ce que la flamboyante sicilienne a parfaitement compris. Elle a su montrer tout le dégoût que doit lui inspirer le triste et pervers Frollo, et faire preuve d'empathie, de compassion voire même d'une pointe d'amour envers le Bossu, incarné par un Nicolas Le Riche tout à la fois noir et mélancolique ; le danseur avait manifestement à cœur d'offrir à son vrai public une grande et belle dernière représentation.

Josua Hoffalt, lui, a séduit le public - qui l'a très largement ovationné, ce qui est une vraie performance, compte-tenu des circonstances particulières de la représentation - par une danse d'une grande virtuosité, des sauts superbes, et ce mélange d'élégance et de rugosité, caractéristiques de l'art d'un... Nicolas Le Riche, dont il devrait être un digne successeur (ni l'un ni l'autre ne sont des danseurs "nobles" au sens strict du terme, et du moins pour ce qui est des rôles classiques, sont davantage destinés à des emplois mêlant prestance et - relative - rusticité, tels Albrecht ou Basilio). La relève était là, sur scène.

Le plus à plaindre, lors de cette soirée, n'était cependant pas Quasimodo, mais le malheureux Florian Magnenet, qui a hérité du rôle ingrat de Phoebus, personnage ridiculisé par Roland Petit, qui ne laisse à l'interprète pas l'ombre d'une chance de se mettre en valeur, ne serait-ce que par la technique. M. Magnenet n'a rien a se reprocher, il a fait ce qu'on attendait de lui, et a eu bien du mérite à regarder stoïquement ses trois complices se faire applaudir par un public déchaîné.

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[frederic]

Non, je crois que Haydn a raison: ce furent bien 20 bonnes minutes d'ovation et nous sommes sortis de Bastille à 21h55! Pour ma part, j'ai déjà tout dit sur le ballet et les interprètes, mais il reste une certaine tristesse. C'est une époque de l'Opéra de Paris qui est révolue, et donc une grande partie de notre vie de balletomane. Assurément, le départ d'un très grand artiste.

[marc]

Merci Haydn pour les photos. Je suis content de voir que l'Opéra de Paris a fait ce qu'il fallait avant la soirée privée du 9 juillet. Mais il est vrai qu'avec les pressions de LucyOnTheMoon il n'avait pas trop le choix !

[paco]

[LucyOnTheMoon]

[MikeNeko]

L'opération de notre lunaire Lucy était quand même un sujet de discussion pour les ouvreurs et ouvreuses à l'entracte

Je n'étais en tout cas pas au courant du sac à surprises, et ça fait plaisir !

[LucyOnTheMoon]

"sac à surprises" ????

[MikeNeko]

Le sac avec les petites étoiles, confettis, plumes etc pour doucher d'éclats les valeureux retraitants

[LucyOnTheMoon]

je n'y suis pour rien, je vous assure ! je n'ai fait que distribuer des tracts

[PetitCygne]

On peut expliquer à ceux qui n'étaient pas là le 5 l'opération menée par LucyOnTheMoon svp ? C'est à sa demande qu'il y a eu des confettis ?

[LucyOnTheMoon]

à PetitCygne : Voir MP

[vivoune]

J'avoue que je suis curieuse aussi ! J'aimerais beaucoup savoir ce que vous avez semble-il si bien organisé LucyOnTheMoon !

[LucyOnTheMoon]

Pour répondre une bonne fois à tout le monde : j'ai "tenté" d'organiser quelque chose, mais n'ayant eu aucune réponse à mes sollicitations je suis persuadée de n'avoir eu aucune part dans ce qui s'est passé samedi !! Il y a eu finalement quelque chose de formidable et c'est tant mieux , mais je n'y ai aucun mérite !!! Et tant qu'on y est, je tiens à remercier publiquement Joelle qui a "oeuvré" tout autant que moi, mais qui je crois n'a pas eu de retour concret non plus... Seul quelqu'un de "l'intérieur" pourrait nous donner les clés du mystère...

[Joelle]

Merci pour les mercis ! Mais ce n'était qu'une petite pierre...

Je crois que nos messages non subliminaux ont quand même fini par atteindre leur but (même si nous n'avons pas eu de retour officiel), et c'est bien là le principal !

[Joelle]