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Donation par "Vestris" d'un tableau de John NEWMAR

 
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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Ven Avr 07, 2023 11:26 am    Sujet du message: Donation par "Vestris" d'un tableau de John NEWMAR Répondre en citant

Donation de la Société Auguste Vestris au Conservatoire de Saint-Quentin


Frédérique Macarez
Maire de Saint-Quentin

Marie-Laurence Maître
Maire-Adjoint chargée de la Culture

et le Conseil Municipal de Saint-Quentin (Aisne)

ont invité le 30 mars 2023 à 18 heures

la population à assister à la remise d'un tableau peint par le pianiste allemand John NEWMARK au Conservatoire de la ville.

La cérémonie a été suivie d'un récital par deux élèves du Conservatoire.

Le tableau (gouache) avait été peint dans les années 1980 par John NEWMARK, accompaniste, entre autres, de Kathleen FERRIER.

Il avait été donné au président de la Société Auguste Vestris début années 2000 par Michel BOURDA, ami de John Newmark, en remerciement pour l'article paru dans Classical Singer (ci-dessous).

La donation a été faite en souvenir du violoncelliste Eliane MAGNAN, née et enterrée à Saint-Quentin.

Pendant la cérémonie, le Président de Vestris a pu rappeler le rôle central joué par la musique et les pianistes dans tous les master-class donnés par VESTRIS depuis 15 ans, et a notamment cité Tania IKHMOUTAMETOVA, membre du Conseil Scientifique de Vestris, et Atanas KAÏCHEV, sans lequel les master-class n'auraient jamais eu le même retentissement.




Dernière édition par Katharine Kanter le Ven Avr 07, 2023 11:32 am; édité 1 fois
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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Ven Avr 07, 2023 11:29 am    Sujet du message: Michel Bourda se souvient de John NEWMARK Répondre en citant

JOHN NEWMARK (1904-1991)


Aux côtés de Michael Raucheisen, Gerald Moore et Paul Ulanowsky, Newmark était parmi les pianistes-accompanistes les plus importants du 20ème siècle. Il a été l’ami personnel et conseiller artistique du contralto anglais Kathleen Ferrier, et l’accompaniste privilégié de sa consœur Maureen Forrester, du ténor danois Axel Schiotz, de la soprano Elizabeth Schumann, du celliste Paul Tortelier, et de tant d’autres sommités de la profession.

Le 8 octobre 2003 marquait le 50ème anniversaire de la disparition de Kathleen Ferrier, foudroyée à seulement 41 ans par un cancer inguérissable à l’époque. En son souvenir et en celui de John Newmark, qu’il a fréquenté pendant 30 ans, le Français Michel Bourda a souhaité donner cet interview à Katharine Kanter, président de la Société Auguste Vestris.

Fait à Montréal en plusieurs sessions entre octobre 2001 et 2003.


Introduction

John Newmark est né Hannes Neumark à Brême en 1904, dans une famille juive très musicienne, convertie au Protestantisme à la fin du 19ème siècle. Helléniste passionné des œuvres de Homère, dans sa jeunesse il devint une sensation musicale, et put étudier d’abord auprès de Karl Boener puis auprès d’Ann Eisele à Leipzig.

En 1939, il dut fuir l’Allemagne, d’abord en bateau de pêcheur vers la Hollande, puis vers Shanghaï et finalement après maintes aventures, vers le Canada, où la Guerre le vit interné dans un camp pour « sujets d’un pays ennemi ». Parmi les autres internés se trouvaient plusieurs musiciens, qui voulurent immédiatement faire de la musique à ses côtés.

En 1944, Newmark, libéré du camp, se dirigea sur Montréal où affluaient alors de nombreux réfugiés Juifs. Pour son bonheur, il put y rencontrer de nouveau les frères Joachim - Walter et Otto – ainsi que Helmut Blüte et Franz Kramer. Ainsi, la perte irréparable que subirent l’Allemagne et l’Autriche allait enrichir le Nouveau Monde, grâce à ces musiciens qui ont transformé la vie intellectuelle au Canada.

Interview avec Michel Bourda


« Vestris » - Comment John a-t-il contribué à l’avancement de la musique classique au Canada?

Michel Bourda : Huguette Paré,producteur du programme « Les musiciens par eux-mêmes » à Radio Canada, disait « Avant lui, il n’y avait rien ». C’est John, écrit-elle, qui nous a appris à aimer la musique et à étudier le Lied allemand.

Avant que John n’arrive au Canada, on chantait les Lieder en français ou en anglais. John et les autres musiciens réfugiés, germanophones, ont fait connaître le Lied au Canada.

John a aussi fait enregistrer un disque avec les œuvres de Max Reger, compositeur alors peu connu en Amérique du Nord.

John avait une prédilection pour le répertoire français, qu’il présentait souvent, et il a aidé Kathleen Ferrier à étudier le Poème de l’amour et de la mer d’Ernest Chausson, qu’elle allait chanter sous la direction de John Barbiroli.

Par ailleurs, John encourageait toujours les jeunes compositeurs, qui venaient le consulter. Il faisait tout pour les mettre en avant, et insistait pour que leurs œuvres figurent au programme de ses concerts. Aux côtés du contralto Maureen Forrester, il joua beaucoup de ces œuvres pour la première fois en public.

J’aurais souhaité que tous les enregistrements de John stockés dans les archives de Radio Canada soient finalement publiés, ainsi que les enregistrements radio faits à l’étranger. Et j’aurais souhaité voir une traduction allemande et anglaise de sa biographie par Renée Maheu, Un Piano sur la Mer.


« Vestris » : John décida de demeurer à Montréal plutôt que New York - où la vie musicale était bien plus intense. Pourquoi ?

Michel Bourda : En tant que Juif allemand, John se sentait très lié à Montréal, ville qui l’avait accueilli avec tant de spontanéité – en dépit de propositions bien plus lucratives arrivées de New York et Londres. La reconnaissance envers la ville qui l’avait reçu en ami lui importait plus que l’intérêt personnel. Cela en dit long sur son caractère.

Montréal était aussi la seule ville en Amérique du Nord qui lui rappelait l’Europe, ville à la fois française et internationale. Il se sentait chez lui, et y a vite trouvé sa place. Par ailleurs, Montréal n’est pas si éloigné des autres grandes villes du continent.

John a donné d’innombrables récitals à Montréal, ainsi qu’à la radio et à la télévision. Puis, lorsque les Jeunesses Musicales du Canada ont commencé à lui envoyer les meilleurs éléments du pays, son champ d’action s’est élargi. Voilà comment il en est venu à accompagner Maureen Forrester à la Salle Gaveau pour son premier récital parisien, et Joseph Rouleau au Wigmore Hall de Londres, ce qui a fait leur réputation d’abord en Europe, puis dans le monde.

Pendant un quart de siècle, il a accompagné les récitals de Maureen Forrester sur tous les continents. Il était comme son frère, et c’est grâce à lui et à son professeur de chant Bernard Diamant, qu’elle est devenue une artiste aussi remarquable.

« Vestris » - Quelle formation avait-il reçu en Allemagne ?

Michel Bourda - John a commencé ses études musicales à Dresde, puis auprès de la Suissesse Ann Eisele à Leipzig ; elle était disciple d’Alfred Reisenauer, qui lui était disciple de Franz Liszt.

La famille de John – père, mère et les deux oncles – étaient d’excellents musiciens. Quant à lui, dès l’enfance il s’est montré fort habile et surtout musicien dans l’âme.

John écrit :

« Tous les jeudi soirs, pendant 35 ans, mon père, admirable pianiste, son frère médecin qui travaillait le violon avec ferveur tous les jours, et mon autre oncle, architecte et violoncelliste, jouait en trio. Ils s’y sont mis très jeunes, et ont continué pour leur propre plaisir et celui des autres ! C’était de vrais amateurs, dans le sens qu’ils adoraient la musique et déchiffraient à vue tout le répertoire du trio. L’été, la musique s’envolait depuis notre salon jusque dans les rues environantes, et le lendemain, les voisins s’arrêtaient et remerciaient notre père pour la sérénade de la veille … Voilà l’ambiance où je grandis. Enfant, c’était souvent Brahms qui me réveillait. Dès l’âge de dix ans, je tournais les pages pour mon père et à douze ans, il me laissait jouer la main gauche. Puis un jour, il s’éclipsa discrètement pour me laisser jouer tout seul avec ses frères. Le nez dans la partition, mes oncles ont découvert avec étonnement que c’était leur petit neveu qui les accompagnait au piano. »

[Mémoires inédites de John Newmark, citées dans John Newmark et son Temps par Renée Maheu, Les Intouchables (Montréal), ed.]

John se refusait à jouer sans qu’il n’ait la partition devant lui, mais la nature l’avait doté d’une faculté de déchiffrage à vue telle, que les musiciens n’en croyaient pas leurs yeux. Il savait, comme par instinct, y compris face à une œuvre qu’il n’avait jamais vue. Le basse-bariton Gaston Germain (Walter et Otto Joachim, Helmut Blum, le flûtiste Mario Duschesnes et le ténor Léopold Simoneau le confirment) écrit : « Il prend la partition en ses mains, la feuillette, se met au piano et se met à jouer avec précisément les tempi, les nuances et le style qu’auraient souhaité le compositeur et le poète. »

« Vestris » : Avait-il la nostalgie de l’Allemagne ?

Michel Bourda : L’Allemagne est toujours restée pour lui la mère-patrie. Il était pétri de dévotion pour sa culture, son théâtre, et le grand amour qu’entretenait son peuple pour la musique. Jusqu’en 1933, sa réputation en Allemagne était grande.

Plus tard, il retournait en Allemagne visiter son demi-frère Richard, sa nouvelle belle-sœur et les enfants du premier mariage de Richard à Brême. Puis il prenait la mer pour Helgoland, lieu de villégiature de sa jeunesse.

Il y a joué pour la radio berlinoise, et dans les années ‘50, il a fait un récital pour la radio à Cologne avec Maureen Forrester.

« Vestris » : A part la musique, que faisait-il ?

Michel Bourda : Toute la création artistique l’attirait – il visitait les musées, et faisait d’assez belles photos pendant ses voyages. Il assistait souvent au théâtre, et passait beaucoup de temps à rédiger ses Mémoires qui ne sont pas encore publiées, chose regrettable – sauf quelques pages dans la biographie par Renée Maheu.

Très urbain, il n’était point attiré par la campagne, quoique les arbres et les plantes (qu’il cultivait à la maison), le fascinaient. Devant une histoire drôle il riait facilement, et écoutait très bon enfant. Hôte affable, il adorait recevoir et aussi, raconter lui-même des histoires drôles.

Les oiseaux, les fleurs l’enchantaient aussi, surtout les pivoines rouge-sombre qui fleurissaient au moment de son anniversaire. Jusqu’au jour de sa mort je lui envoyais autant de pivoines qu’il avait vécu d’années sur cette terre. Pour son dernier anniversaire, le 12 juin 1991, il en reçut 87.

Dans la vie de tous les jours, il était assez minutieux, de sorte que ses partitions, carnets, programmes de concert, critiques ... étaient fort bien rangés (pour un artiste!), à tel point que les fonctionnaires des Archives nationales étaient épatés.

La peinture abstraite l’attirait : sur une période de cinq ans il a peint 250 œuvres haut en couleur et traversées par la lumière ; il n’utilisait jamais le pinceau, uniquement la spatule. Ces tableaux se trouvent actuellement dans les collections de musiciens et mélomanes. Parmi les couleurs il évitait, chose curieuse, le vert.

Si la vie de John était agitée, c’était dans l’État de Maine aux USA qu’il allait vers l’océan et la paix.

« Vestris » : Rares sont ceux qui étudient la langue allemande de nos jours ; la plupart des chanteurs n’en savent que ce qu’il faut pour lire le texte d’un Lied. Que pensait John de la relation entre poème et partition ?

Michel Bourda : John écrit dans ses mémoires : « Les grands interprètes, sans exception, cherchent d’abord à communiquer le sens du texte, les mots l’emportant sur la musique. A mon sens, si le poème est la fleur, la musique est le vase. »

« Vestris » : Parlez-nous de Kathleen Ferrier

Michel Bourda : John mettait Kathleen Ferrier au-dessus de tout. Sa voix si singulière, resplendissante, l’envoûtait, ainsi que sa musicalité inouïe. Surtout, Kathleen était un être humain singulier, transcendantal. Pour John elle était « un ange, qui nous a été arraché avant que son heure n’ait sonné. »

A sa mort, la douleur qui le frappa ne l’a plus quitté.

Kathleen Ferrier voulait que ce soit John et non Josef Kripps qui l’accompagne au piano ; c’est ainsi qu’ils ont ensemble reçu le prix de l’Académie Charles-Cros de Paris pour leur interprétation de Frauenliebe und Leben de Schuman et des Vier Ernste Gesänge de Brahms.

Lorsqu’elle se rendit compte que sa maladie était grave au point qu’elle ne pourrait plus se rendre en Amérique et travailler avec John, elle lui écrivit : « Ah, que ton jeu si merveilleux me manquera – plus que je ne puis l’exprimer. —K ».

Un autre chanteur dont la voix chaleureuse et profonde parlait à John était George London, qui à son tour était fasciné par la musicalité de John. Ils ont fait de nombreuses tournées ensemble. Lors d’une tournée, le pianiste alors auprès de Kathleen Ferrier à l’étranger a fait une dépression nerveuse. En urgence Kathleen appela John pour qu’il vienne le remplacer. George London, qui avait eu vent de la voix de Kathleen par d’autres chanteurs, dit à John d’y aller et surtout, de prendre le premier avion. Ce geste magnanime est resté dans le souvenir de John ; des larmes lui venaient aux yeux à chaque fois que l’on évoquait la mort de George London en sa présence.

« Vestris » : Qu’est-il advenu des instruments sur lesquels jouait John ?

Michel Bourda : A l’instar des autres grands musiciens, John voulait que d’autres puissent les jouer après sa mort.

Ainsi, son Steinway a été légué à l’Orford Arts Centre, berceau des Jeunesses Musicales du Canada, où grâce à une fondation abondée par des donateurs anonymes, un studio au nom de John Newmark a été ouvert aux jeunes musiciens du monde entier. Son pianoforte Clemente a été légué au Musée de la Civilisation dans la ville de Hull près Ottawa, et est utilisé pour des récitals.

Aux Archives nationales à Ottawa se trouvent certaines partitions de John, sa correspondance avec d’autres musiciens, ses carnets et des clichés photographiques. Il a légué ses partitions de musique vocale à Maureen Forrester, de musique de chambre et de clavier à Marc Durand, et sa bibliothèque à l’Université McGill.

Grâce au fonds Les Amis de l’Art, le prix John Newmark est attribué chaque année au mois de juin à l’occasion du concours Prix d’Europe.

« Vestris » : Qu’attendait John des collègues musiciens ?

Une grande sensibilité musicale, un attitude rigoureusement professionnelle, un engagement sérieux et sans relâche au travail, la connaissance approfondie des langues étrangères.

Il méprisait l’amateurisme et la paresse ; les artistes qui arrivaient à moitié préparés pour un concert l’insupportaient. Par contre, face à ceux qui se donnaient totalement à leur art, sa patience était infinie. En ses propres mots :

« Celui qui souhaite devenir un excellent pianiste-accompaniste doit acquérir de multiples talents. Se familiariser avec un vaste répertoire musical, avec la poésie, l’histoire, la mythologie et tant d’autres formes artistiques. Etudier les langues qui s’imposent ainsi que les styles inhérents à chaque époque. Savoir déchiffrer à vue et transposer avec la vitesse d’un éclair. (…)

« Quelle joie indicible de travailler et répéter avec d’autres musiciens ! Le voyage qu’entreprend notre esprit dans les pensées d’un autre être humain, la découverte exaltante d’aspects insoupçonnés et le fait que souvent, on peut comprendre et contribuer aux processus de pensée d’un collègue.

« Et que dire de la faculté d’entendre ! Il faut pouvoir entendre, appréhender chaque respiration du chanteur, chaque coup d’archet, et ce dans une fraction de seconde. Etre conscient du plus minime changement ou variation de son produit par notre partenaire, pour y apporter exactement la doigté, l’intensité voulue à l’instant même que se produit tel ou tel changement inattendu. »

[Extraits des Mémoires inédites de John Newmark, dans « John Newmark et son Temps »]

***

Première publication : Classical Singer (revue version papier, USA) le 1er octobre 2005
En ligne ici en anglais https://www.csmusic.net/content/articles/john-newmark-pianist-mentor/
Voir aussi le volet consacré au pianiste Marie-Pierre Soma, sur http://augustevestris.free.fr.


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