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sophia



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Messages: 22087

MessagePosté le: Mar Mar 28, 2017 1:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un petit article de Philippe Noisette sur Ekman dans Paris Match (avec une grosse coquille dans le titre).


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Mer Mar 29, 2017 10:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Quelle déception abyssale que ce A Swan Lake d'Ekman, à la hauteur des espoirs qu'on avait pu placer en lui après avoir vu certaines de ses pièces courtes pour le NDT.
Un clip-vidéo d'1h20 à peine, quelques jolis effets visuels vite épuisés, de la déjante qui tombe à plat... A part ça, on se demande bien ce qu'on va pouvoir en raconter! Rolling Eyes


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paco



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Messages: 3559

MessagePosté le: Jeu Mar 30, 2017 7:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sophia a écrit:
Quelle déception abyssale que ce A Swan Lake d'Ekman, à la hauteur des espoirs qu'on avait pu placer en lui après avoir vu certaines de ses pièces courtes pour le NDT.
Un clip-vidéo d'1h20 à peine, quelques jolis effets visuels vite épuisés, de la déjante qui tombe à plat... A part ça, on se demande bien ce qu'on va pouvoir en raconter! Rolling Eyes

Eh beh, moi qui avais mobilisé une dizaine d'amis pour y aller, ça promet... Crying or Very sad (il y a des moments où j'aimerais entrer dans un trou de souris, surtout n'y être pour personne... Wink


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frederic



Inscrit le: 23 Jan 2007
Messages: 976

MessagePosté le: Jeu Mar 30, 2017 10:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Sophia est sévère. Ce n'est pas dénué de faiblesses mais il y a 2 tableaux, le 1er et le dernier, qui sont superbes!


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Danseur en bleu



Inscrit le: 08 Juin 2014
Messages: 53

MessagePosté le: Ven Mar 31, 2017 3:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis aussi plus nuancé que sophia. Certes, à la sortie, on ne sait pas trop ce que l'on a vu, il y a beaucoup de tableaux non dansés, dont certains sont sans intérêt (à mes yeux). Mais cela ne me paraît pas moins chorégraphique que certaines pièces de danse-théâtre (auxquelles certains attribuent le qualificatif de "chef d'oeuvre" sans que je ne comprenne pourquoi), même si la présence/contrainte de l'eau crée le prétexte à des moment parfois inattendus, à des longueurs pendant lesquelles ces artistes font les enfants dans une grande pataugeoire.

Il faut toutefois souligner que leur amusement est communicatif et ce n'est pas dénué d'humour. Ils ont dû avoir de franches rigolades dans la préparation d'un tel spectacle, si l'on oublie la propension d'un tel dispositif à provoquer des blessures.
Aussi je suis d'accord avec frederic, les deux tableaux du début et de la fin sont du plus bel effet.


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paco



Inscrit le: 28 Oct 2005
Messages: 3559

MessagePosté le: Ven Mar 31, 2017 11:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je sors de la représentation de ce vendredi et, euh.... j'ai adoré !! Embarassed Embarassed Embarassed
(et par la même occasion j'ai sauvé ma peau, mes amis ayant également adoré, tout comme semble-t-il une large partie du public si on en juge par le triomphe au rideau final - bon, après c'est le TCE : qui n'a pas eu un triomphe au TCE... Laughing )

Je comprends la réaction de Sophia, car effectivement ce spectacle n'a rien à voir, en profondeur et en style chorégraphique, avec ce que l'on connaît de Ekman via le NDT. D'ailleurs on ne peut pas vraiment, ici, parler de chorégraphie ni de spectacle de danse - comme le souligne à juste titre Danseur en bleu-.

Mais il n’empêche que, si l’on oublie que le spectacle est dans la catégorie « Danse » du programme du TCE, le niveau de créativité de ce que l’on voit, la qualité de préparation et la précision des mouvements de la troupe sont assez formidables.

C'est une sorte de spectacle total : des enchaînements d'images, de postures, de sketches, de passages dansés aussi - encore heureux !-, de mouvements de projecteurs, de chant, de soli instrumentaux (superbe trompette jazzy). Il ne faut pas y chercher des filiations chorégraphiques avec qui que ce soit, et c'est d'ailleurs ce qui m'a plu dans ce spectacle : contrairement à nombre de créations de danse contemporaine ou à des Mixed Bill vaguement néo-classiques/ néo-contemporains, à aucun moment je n’ai eu l’impression de « déjà vu ». On va de surprise en surprise.

S’y ajoute, comme le mentionne Danseur en bleu, une forte dose d’humour (qui fait mouche dans la salle, qui s’esclaffe au moindre gag plus ou moins subtil…), particulièrement dans la partie centrale du spectacle, qui vire au théâtre de l’absurde. Cette partie fait suite à un tableau anxiogène et précède un épilogue dépressif, autant dire que l’épisode central burlesque n’est donc qu’un humour assez acide, plutôt le genre « ouf on peut rire enfin, ça soulage »…

Comme mentionné par Frédéric et Danseur en bleu, il y a de superbes images, dues en grande partie au travail très virtuose des éclairages. Vous citez le premier et le dernier tableau, mais même le « dîner aux chandelles » est superbe d’atmosphère mordorée et de mystère.

Deux faiblesses :

- la vidéo de 15 minutes qui démarre le spectacle, sorte de spot publicitaire complètement inutile et d’autant plus frustrant qu’il est évident qu’il a été ajouté pour la tournée parisienne et ne faisait pas partie de la création (si on en juge par le besoin d’expliquer « pédagogiquement » ce qu’est l’Opéra d’Oslo, ce dont tout le monde se fiche !).
Mais grand soulagement de voir qu’il n’y a ensuite plus du tout de vidéo. Là encore on se dit « ouf on ne nous refait pas le coup du spectacle bobo multimedia vidéaste-scénographe-chorégraphe »….

- le premier tableau, magnifique plastiquement et nécessaire car il « pose le concept », tourne un peu en rond. Il aurait plus d’impact s’il était réduit de moitié.

Mais en dehors de ça, c’est un spectacle frais, abouti, bien construit, impeccablement interprété. Je n’ai pas reconnu le Ekman que je connaissais via les retransmissions du NDT, mais j’ai néanmoins pris beaucoup de plaisir à ce spectacle et considère que, à sa façon, ce Lac apporte beaucoup de modernité et de fraîcheur à un monde de création contemporaine qui a tendance à tourner un peu en rond depuis quelques années…


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marc



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Messages: 1157

MessagePosté le: Sam Avr 01, 2017 12:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

C'était excentrique, loufoque, désarçonnant, inattendu, drôle. Tout le monde était dans l'eau de ce lac piscine. On faisait des glissades, on réinventait des pas de patineurs, on s'aventuraient même parfois à quelques pointes risquées car franchement casse-figures dans la flotte. On barbotait, tapait l'eau de ses mains dans de grandes gerbes éclaboussantes. Le Cygne blanc et le Cygne Noir réglaient leur compte à coup de baffes, un samouraï recevait sur la tête une avalanche de canards en plastique pendant que deux quidams se baladaient sur le lac en pédalo-Cygne et que des enfants jouaient au ballon. Une cantatrice pas chauve et chantante ne trouvait rien de mieux que de se sécher les cheveux les pieds dans l'eau du lac avec un séchoir électrique. Quand le séchoir lui a échappé des mains, elle a grillé tout le monde et fait sauter les plombs, plongeant le théâtre dans le noir jusqu'à ce que le spectacle reparte à la bougie. Cela s'appuyait sur des ensembles chorégraphiés, une belle occupation de la scène, de l'allant, du plaisir, des danseurs qui s'amusaient de toute évidence à barboter. J'ai bien aimé, j'ai passé un bon moment, et je suis très curieux de connaître prochainement le spectacle que Alexander Ekman est en train de monter pour le Ballet de l'Opéra de Paris : Ça risque de décoiffer la vénérable maison ! 😀


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sophia



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Messages: 22087

MessagePosté le: Sam Avr 01, 2017 9:27 am    Sujet du message: Répondre en citant

Eh bien, merci messieurs de ne pas être d'accord avec moi! Wink
Je posterai mon compte rendu, forcément un peu plus nuancé, dès que possible.
Mais personnellement, je m'inquiète plutôt pour la création à venir, d'une soirée entière, à l'ONP... Je trouve ce déjantage très forcé, très fabriqué, et tout cela au détriment de la chorégraphie, sans consistance.
Quant à l'eau, elle m'indiffère assez vite, même si ses effets dans l'air sont effectivement très jolis (mais autant aller voir les Grandes eux de Versailles!... Razz ).


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haydn
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Messages: 26517

MessagePosté le: Sam Avr 01, 2017 10:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je sais qu'avec sophia nous avions déjà été en désaccord au sujet de Tree of codes de McGregor. Là je ne peux malheureusement pas la contredire, car un bref séjour à l'hôpital m'a empêché de voir le spectacle, mais sur le principe, je n'ai rien contre le fait de vouloir "faire le show". Un spectacle de danse, pour être bon, n'a pas forcément besoin de virer au pensum pseudo-intellectualisant. Divertir n'est pas méprisable en soi.



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sophia



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MessagePosté le: Sam Avr 01, 2017 10:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

Cela me paraît toujours très vain d'opposer le divertissement pur et le spectacle sérieux, intellectualisant... Un divertissement peut être d'une grande richesse (musicale, dansistique, plastique...) et comporter différents niveaux de lecture tout en restant un divertissement. Là, en tout cas, n'est absolument pas la question. Les pièces de McGregor sont justement enrobées dans un discours pompeux et d'une prétention sans nom, destinées à les justifier (dont on peut d'ailleurs fort bien se passer, mais il n'empêche). Tel n'est pas le cas d'Ekman, c'est vrai, et c'est la raison pour laquelle mon a priori était favorable, d'autant que les pièces courtes que j'avais vues avec le NDT, en particulier Maybe Two et Left Right, Left Right, étaient formidables.
Les défauts de A Swan Lake sont donc à mon avis d'un autre ordre que divertissement vs intellectualisme : la pseudo-déjante surréaliste usée jusqu'à la corde (personnellement j'ai très peu ri), le manque de consistance chorégraphique (c'était le Ballet de Norvège qui dansait... ah bon?... mais d'autres auraient tout aussi bien fait l'affaire...), les effets de groupes vus et revus, mais qui ici ne débouchent sur rien (vs. Crystal Pite, avec laquelle on sent une parenté bien sûr), l'esthétisme qui tourne à vide (ah ben, c'est joli, dis donc... mais what else?). Pour moi, même si je garde de lui le côté cinématographique, c'est un peu un concentré des tares et d'un certain vide inhérents à la post-modernité, qui se complaît ad nauseam dans la dérision et le pastiche.




Dernière édition par sophia le Sam Avr 01, 2017 11:13 am; édité 2 fois
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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
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MessagePosté le: Sam Avr 01, 2017 11:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le Lac d'Ekman prend l'eau selon Ariane Bavelier du Figaro et le papier de Philippe Noisette sur Sceneweb (pas relu au passage), pour être poli, n'en est pas moins très critique.


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paco



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MessagePosté le: Sam Avr 01, 2017 12:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sophia a écrit:

Mais personnellement, je m'inquiète plutôt pour la création à venir, d'une soirée entière, à l'ONP... Je trouve ce déjantage très forcé, très fabriqué, et tout cela au détriment de la chorégraphie, sans consistance.
Quant à l'eau, elle m'indiffère assez vite, même si ses effets dans l'air sont effectivement très jolis (mais autant aller voir les Grandes eux de Versailles!... Razz ).

Tout cela est très juste (ainsi que ce que vous écrivez dans le post suivant), mais... il n'empêche que l'on passe une sacrée bonne soirée et que, en soi, ce spectacle est très réussi. Tout dépend comment on l'aborde : si on s'en tient au fait qu'il figure dans la saison "Danse" du TCE, alors oui on n'y comprend plus rien et on se demande bien en quoi il y a de la danse là-dedans - le peu de "chorégraphie" étant, comme vous l'avez souligné, assez limité-.
Si en revanche au lieu de l'insérer dans une rubrique "Danse" on l'avait inséré dans une rubrique "théâtre contemporain", voire "cirque" (au sens Cirque du Soleil, dont ce spectacle me semble très proche dans l'esprit voire dans l'esthétique), alors le regard est tout autre et on ressent davantage toute la créativité et le panache de ce spectacle.

Cela m'a rappelé certains Béjart de mon enfance : il lui arrivait, à la Monnaie, de créer des spectacles - oubliés depuis- dont la danse était quasiment absente. Je me souviens de divers essais créatifs avec Michel Bouquet, Maria Casarès, Al Bano ("Felicitààààà"), ... C'était un mélange de postures, de sketches, de danse - un peu-, de théâtre, d'images. Très chouette mais il est vrai que ceux qui venaient avec la même approche que pour "Notre Faust" ou ses Stravinsky repartaient complètement déboussolés en se demandant dans quoi Béjart se fourvoyait.

Alors pour revenir à votre réflexion : oui en effet je pense que la création pour l'ONP n'aura rien à voir avec ce Lac et sera plus proche de ses courtes pièces vues au NDT, plus de la "Danse". Car effectivement, hier je ne voyais pas trop ce que les Marque, Bertaud et autres Bourdon allaient faire dans un multimedia de postures, théâtre, mime, chant, ...

Mais ceci étant dit on ne peut nier que ce Lac est drôlement bien fichu Very Happy


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Skywie



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Messages: 82

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2017 2:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai pour ma part partagé la très grande déception de Sophia puisque je pensais bêtement que j'allais voir un ballet ... qui plus est un "lac des cygnes" Confused Shocked

Les quelques tableaux avec un intérêt chorégraphique arrivaient après tellement d'ennui que je n'avais plus suffisamment de patience pour les savourer. Embarassed

les amis qui m'ont accompagné se sont aussi senti un peu floués par ce titre


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sophia



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MessagePosté le: Lun Avr 03, 2017 7:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il n'est pas inutile parfois de se renseigner à l'avance sur ce qu'on va voir. Wink Il est clair que le travail d'Ekman, en général, n'a rien à voir avec le ballet classique.
Cependant, je trouve l'utilisation du titre, archi-consacré, "Swan Lake" in fine bien troublante. Car ce n'est nullement "a" Swan Lake - cette pièce n'ayant rien d'une relecture, à la Mats Ek par exemple. Quant à Maillot, il avait eu l'humilité d'intituler sa propre version du Lac des cygnes simplement Lac.


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sophia



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Messages: 22087

MessagePosté le: Ven Avr 07, 2017 10:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

A Swan Lake
Alexander Ekman
Ballet national de Norvège
29 mars 2017


C'est peu de dire qu'Alexander Ekman, chorégraphe suédois issu de la toujours passionnante mouvance NDT, était attendu à Paris. L'annonce récente de la collaboration avec l'Opéra de Paris du chorégraphe-que-toutes-les-compagnies-s'arrachent, déjà consacré « petit génie » par une presse à l'hyperbole (trop) facile, avait fini d'aiguiser les curiosités d'un public local toujours avide de surprise et de nouveauté. A vrai dire, on partageait nous-même cette attente : l'homme a un talent certain et ses pièces courtes créées pour le NDT, telles Maybe Two, Left Right, Left Right ou Cacti, étaient formidables d'inventivité, à la fois drôles, humaines et émouvantes. Du divertissement sophistiqué tendance Europe du Nord, chic et choc et néanmoins sympathique.

Créé pour le ballet de Norvège en 2014 et revisité cette année pour la venue parisienne de la troupe, A Swan LakeUn Lac des cygnes – dit tout à la fois le pouvoir d'attraction irrésistible du mythe initié par Petipa et Ivanov au XIXe siècle et le refus poli d'en faire aujourd'hui toute une affaire. Ambitieux et modeste donc - a priori. Du reste, Ekman s'est libéré, non sans finesse, du poids de la tradition russe, délicat à soutenir dans le registre contemporain qui est le sien, en recourant non à la musique iconique de Tchaïkovsky mais à celle, d'une efficacité très cinématographique, du compositeur suédois Mikael Karlsson. Le principe de son Lac est simple et d'une naïveté un peu folle : prendre résolument au pied de la lettre l'image, archi-consacrée, du Lac des cygnes et faire danser les danseurs... dans l'eau – sur un lac réel en quelque sorte. Le défi est donc d'abord technique, tant pour les artistes que pour les scénographes et machinistes (rappelons tout de même que l'idée n'est pas entièrement neuve : il y eut, au XIXe siècle, à Paris, un Théâtre Nautique, à la vie brève, installé Salle Ventadour, où l'on montait des ballets aquatiques). Il justifie à cet égard que le spectacle ait été entièrement reconfiguré pour la venue de la troupe norvégienne au TCE et coupé de son premier acte - terrestre.

La représentation s'ouvre sur un petit film habilement monté, narré par Ekman en personne - certes un brin narcissique -, qui donne à voir dans un premier temps quelques images du Lac des cygnes dans son versant le plus classiquement classique – avec Plissetskaïa et Oulanova en vedette -, avant de nous plonger - si l'on peut dire - dans la conception et la préparation du spectacle à l'Opéra d'Oslo, fascinant paquebot futuriste construit lui-même sur les eaux d'un fjord. «147 ans plus tard » - dixit le générique de fin de la vidéo et l'introït du spectacle proprement dit -, le A Swan Lake ekmanien ne se veut pas tant une relecture d'un classique, à la manière de Matthew Bourne ou de Mats Ek, qu'une vision post-moderne et criblé de références hétéroclites, où un jeu de mots vient se substituer à la complexité symbolique du récit originel. Le tableau inaugural, auquel fait visuellement écho le dernier, construit dans un même esprit esthétisant, dit, à cet égard, à peu près tout ce qu'il y a dire de la pièce, une pièce délestée de toute chorégraphie pointue comme de toute narration articulée : sous forme de masses indistinctes, qui rappellent, avec beaucoup moins d'inventivité, le travail d'une Crystal Pite, les danseurs glissent, courent, chutent dans l'espèce de piscine - version pataugeoire - géante installée sur la scène, dessinant ou sculptant dans les airs et dans le clair-obscur des gerbes d'eau éphémères du plus bel effet.

Entre ces deux moments visuellement emblématiques, qui ne sont pas eux-mêmes sans longueurs, on avoue qu'on a, peu ou prou, perdu le fil, hésitant entre doux ennui et légère consternation, attendant en vain que quelque chose – enfin – advienne. On a ainsi aperçu, par intermittences, deux cygnes – un blanc, l'autre noir –, bizarrement costumés, mis en scène dans un duo façon « je t'aime, moi non plus », une cantatrice folle – forcément -, jetant un sèche-cheveux dans l'eau et provoquant un court-circuit, des joueurs de trombone débarqués d'on ne sait où, et puis, volant dans les airs ou traversant la scène, des ballons, des bouées, des canards en plastique, des matelas pneumatiques, et même – pensez donc! - une ballerine sur pointes (que diable venait-elle faire dans cette galère?). Nous faut-il encore mentionner le cosmonaute aux ailes de cygne, qui surgit - paroxysme de l'Absurdie générale - lors de l'ultime scène surréalisto-loufoque, projetant le spectateur « 437 ans plus tard » - dans une sorte de version sci-fi du Lac des cygnes?

Pour mémoire, on rappellera qu'en 2014, le ballet de Norvège avait présenté au Théâtre des Champs-Élysées, dans le cadre de ce même festival Transcendances, un superbe triple-bill Kylian, dans lequel brillait notamment le diamant noir Gods and Dogs. Ici, cette belle compagnie s'efface derrière le concept, derrière un spectaculaire grandiloquent et pourtant désespérément vide. Déjanté, vous avez dit déjanté? On aurait aimé au moins sourire.


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