Concours de promotion ONP 6-9/11/2013

[dounits]

Merci pour ces résultats rapides !
Je suis tout à fait en accord avec le jury pour les classes de quadrilles et de coryphées. H. O'Neill a exécuté deux très belles variations et L. Baulac a déployé une très belle énergie dans In the middle. La variation de P. Lacotte, exigeante techniquement, a donné du fil à retordre à de nombreuses candidates (notamment la dernière ligne droite avec la série de tours en dedans-développé 2nd). H. O'Neill a démontré beaucoup de sang-froid et de maîtrise. J'avais relevé la bonne prestation de C. Gandolfi dans sa libre (Nikiya acte II), qui a réussi à faire passer beaucoup d'émotion.
Chez les coryphées, Sae Eun Park est en effet au-dessus du lot (particulièrement dans la variation imposée). J'y ai particulièrement apprécié sa musicalité (sa compréhension des phrases musicales) et ses mouvements maîtrisés si intelligemment, sans maniérisme. A noter les belles performances de M. Barbeau (Grand pas classique), C. Ranson (Sacre de Béjart), J. Mathis, qui m'a agréablement surprise de charisme dans Raymonda, et L. Vareilhes pour la fraîcheur qu'elle a apporté à un concours moins original dans le choix des variations libres que celui des hommes.
Enfin, la classe des sujets a présenté un très bon concours (sans grosses prises de risques là non plus dans le répertoire des libres ; j'entends par "risque", "originalité"). Il était assez difficile de départager le groupe de tête : S.K. Dayanova, L. Hecquet, A. Albisson, H. Bourdon. j'ai été là aussi très agréablement surprise par S. Westermann (comparé à son concours de l'an passé), qui a présenté une imposée très honorable et une libre très propre (Paquita version Petipa). Quant au palmarès, Albisson, oui bien sûr, mais j'ai été impressionné, sur ce concours par la noblesse de la danse de S.K.Dayanova (et je ne suis pourtant pas un inconditionnel d'habitude). Une grande maîtrise et une grande maturité dans ses deux variations. Bravo à elle.
Et bravo à toutes les candidates bien sûr !

[NEOPHYTE]

Comme j'avais trouvé Héloise Bourdon exceptionnelle en Nikiya je suis surprise qu'elle ne choisisse pas une de ses variations pour le concours...

Amandine Albisson a fait le bon choix ....

Quant à Sae Eun Park et François Alu j'ai l'impression que ce sont 2 météorites,leur progression est fulgurante.

[Joelle]

Les discussions ont dû être difficiles au niveau du jury pour qu'aucun choix ne se dessine pour la deuxième promotion Sujet... Dommage !

[MikeNeko]

Toutes mes pensées à toutes les danseuses ayant participé au concours. De toute façon, pour être dans la maison, il faut du talent

Bien évidemment, je fais un gros bravo aux promues, et je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher une petite marque sonore (anglaise) de joie en découvrant le résultat du passage à Première Danseuse

Je suis également particulièrement heureux du bon classement de Leila Dilhac, que j'aime beaucoup voir dans le corps de ballet, surtout quand l'oeuvre est romantique

[haydn]

Merci à l'ami Dusuau, qui s'est chargé (c'était prévu ainsi) de l'intérim du webmaster, occupé du côté de Teatralnaya Plochad comme vous le savez.


Pardon à nos lecteurs de ne pas avoir été "au taquet" comme je le suis habituellement au concours, mais, n'ayant pas le don d'ubiquité, je ne pouvais être à la fois à Moscou et à Paris. Et je dois avouer que je tenais vraiment à voir Marco Spada.


Je ne vais évidemment pas commenter des prestations que je n'ai pas vues. Je me bornerai à dire qu'Amandine Albisson faisait partie des candidates les plus sérieuses pour le poste de première danseuse, et qu'on parlait déjà d'elle lors de précédents concours. Rien de franchement étonnant donc, même si le nom d'Aurélia Bellet, qui avait très bien dansé l'an passé - mais pas récompensée de ses efforts par une promotion - circulait pas mal aussi.

Pour ce qui est de Sae Eun Park, je pense que cela n'aura pas surpris grand monde, et, sauf accident imprévu, elle paraît promise au plus bel avenir.

Idem pour Hannah O'Neill, qui prend du galon dès son premier concours. A titre personnel, je suis très heureux de la promotion de Léonore Baulac ; en revanche, je suis un peu triste pour Leila Dilhac, qui est une danseuse très vaillante, toujours aux avants-postes dans le corps de ballet, et qui fait régulièrement de bons concours, notamment dans les variations classiques. J'espère vraiment que ses mérites seront reconnus dans un proche avenir.

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[Joelle]

Et c'est vrai que la prestation de L. Dilhac a été superbe ce matin...

[Ritournelle]

Quelques impressions personnelles du Concours des danseuses

Quadrilles
Contrairement aux garçons, la difficulté de la variation imposée n’a pas fait peur aux quadrilles qui se sont présentées en grand nombre. Et enfin Léonore Baulac est promue ! Sa distribution dans La Dame aux Camélias a dû lui donner des ailes. C’est surtout dans sa libre tirée d’In the Middle qu’elle s’est détachée de sa classe en dégageant une énergie et une force incroyables. On sentait vraiment qu’elle en voulait !
Hannah O’Neill, qui vient d’entrer dans le corps de ballet, n'a pas été parfaite techniquement mais a séduit par une présence radieuse. Sa Gamzatti manquait un peu de piquant à mon goût.
Pas de surprise dans le reste du classement, avec les prestations réussies de Leïla Dilhac (très bonne technique mais sa Manon m’a laissée de marbre), Jennifer Visocchi (Esmeralda envoutante) et Alice Catonnet (parcours très équilibré pour son 1er concours). Laura Bachman était à la peine dans l’imposée mais a réussi l’une des plus belles libres en Coppélia.
Déception de ne pas voir classée Claire Gandolfi qui est passée outre les difficultés de Célébration et a surtout impressionné en Nikiya. Camille de Bellefon et Amélie Joannidès ont aussi montré de véritables tempéraments d’artistes dans leurs variations libres.

Coryphées
Sae Eun Park, une promotion évidente. Il y avait tout dans sa Flûte parfaitement exécutée avec une facilité apparente : l’élégance, la musicalité, la technique, une certaine émotion (ce qui m’a surpris en bien après l’avoir vue en gala). De même pour sa flamboyante variation libre (L’Automne de The Four Seasons).
J’ai personnellement beaucoup aimé aussi Emilie Hasboun, musicale, élégante et précise dans sa Flûte et touchante en Manon.
Concernant les autres coryphées, il n’y avait pas de parcours équilibré ; ça manquait de précision technique ou de piquant dans l’interprétation. On a eu droit cependant à des libres très réussies de Lydie Vareilhes (sensuelle et charismatique dans le Grand Pas de Twyla Tharp) et de Charlotte Ranson qui a montré une grande maîtrise et sa force d’interprétation en contemporain avec un choix de variation courageux (l’Elue du Sacre de Béjart). Certaines ont souffert de la comparaison entre variations libres. C’est le cas de Fanny Gorse, Flûte sensuelle mais manquant le charisme de la quadrille Jennifer Visocchi en Esmeralda. Idem pour la Nikiya de Juliette Hilaire, pâle à côté de celle de Claire Gandolfi. Letizia Galloni, qui semblait trop stressée, avait fait le même choix que Sae Eun Park.

Sujets
Amandine Albisson : une promotion attendue et sans surprise compte tenu de sa distribution la saison passée et prochainement en Aurore. Elle a montré un effort d’interprétation dans ses deux variations ; cependant j’avoue qu’aujourd’hui elle ne m’a pas paru la plus élégante ni émue.
Si on prend en compte uniquement le concours, c’est Laura Hecquet que j’imaginais promue à sa place alors qu’elle a été classée 2ème. Dès qu’elle entre en scène, quelque chose se passe et elle incarne réellement un personnage avec un style élégant bien à elle. Elle a dansé une Raymonda parfaite : en plus d’une grande maîtrise technique, c’est la seule à m’avoir fait croire que la scène se déroule dans un rêve. Elle a été magistrale également dans sa variation de l’Ombre.
Aurélia Bellet a montré qu’elle aussi méritait la place de Première danseuse : sa Raymonda élégante et sa sensuelle Carmen mettaient en valeur sa forte personnalité.
Les parcours de Charline Giezandanner et Sabrina Mallem étaient beaucoup plus inégaux. Manquant d’assurance en Raymonda, elles ont réalisé de belles libres, la première fraîche et joyeuse et la deuxième parfaite en Esmeralda (rappelant sa Bohémienne interprétée la saison passée dans Le Loup du même chorégraphe). Héloïse Bourdon que j’apprécie beaucoup d’habitude sur scène était plutôt éteinte ; le stress du concours peut-être?
L’incompréhension et la déception viennent de l’absence de Sara Kora Dayanova du classement. Par rapport aux autres sujets, elle a dansé deux variations très réussies avec beaucoup de prestance et de style.

[Swann]

Bravo à toutes. J'espère qu'on pourra enfin voir Sae Eun Park dans des rôles de soliste. Après son concours époustouflant l'année dernière, je m'attendais à la voir un peu, mais elle n'a pas quitté les lignes (voire les dernières lignes) du corps de ballet. Elle est un peu distribuée dans la Belle, dans de petits rôles mais c'est déjà ça.

[danse-0pera]

J'ajoute également mes quelques impressions sur ces 2 jours de concours. Malgrè le très bon niveau des danseurs et danseuses de l'Opéra, on peut s'étonner parfois de quelques approximations dans les directions, le travail des pieds, dans les ports de bras... Je m'interroge donc sur les indications et les lignes directrices données par les répétiteurs... Toutefois et de manière plus positive, j'ai trouvé que le niveau de chaque classe était élevé voire même en progression.

- Chez les Quadrilles hommes les promotions de Messieurs Hugo Marchand et Germain Louvet ne sont pas surprenantes au regard des prestations de chacun. La variation du Pas de 5 des pierres précieuses - très difficile - a fait souffrir la majorité des concurrents et ce sont bien ces 2 danseurs qui s'en sont sortis le mieux. Germain Louvet bénéficie de belles qualités physiques, bien mises en valeur dans la variation de Lucien d'Hervilly. Hugo Marchand a réalisé une belle variation de Tchaïkovsky pas de deux, pleine de légèreté et de fraîcheur. A noter aussi, le concours plutôt réussi de Florent Mélac; on sent chez ce danseur les prémices d'un véritable artiste. Espérons qu'il soit plus chanceux dans les années à venir et qu'il puisse obtenir la promotion qui lui permettra de s'exprimer réellement.
- J'avoue avoir été plus étonnée des promotions des Coryphées. Sébastien Bertaud ne m'a pas tellement convaincue (bien qu'il n'ait pas démérité): ses prestations manquaient de brillant et sa variation libre (Push comes to shove de Twyla Tharp) souffrait à mon sens d'un manque d'humour et de 2nd degré. Concernant Axel Ibot, il a réalisé quant à lui un beau concours avec une variation imposée vive et une très belle prestation dans Dances at a gathering. Pour autant, Maxime Thomas méritait pleinement la promotion au grade de Sujet: ses variations étaient interprétées avec beaucoup de personnalité et d'intelligence. Son danseur en brun (Dances at a gathering) était aussi plein de fraîcheur et de finesse. Egalement, Hugo Vigliotti a encore une fois effectué un beau concours. Si sa variation libre (Le rire de la lyre de José Montalvo) était très bien effectuée, c'est un choix qui n'est peut-être pas judicieux dans un concours de promotion. J'aimerais souligner aussi les belles prestations de Grégory Dominiak qui a notamment démontré un superbe sens du mouvement et une vraie présence dans Appartementde Mats Ek.
- Chez les Sujets, le niveau des concurrents était très élevé et homogène. Les promotions accordées ne font aucun doute: Messieurs Pierre-Arthur Raveau et François Alu sont clairement des danseurs qui ne peuvent rester au sein du corps de ballet. Le 1er dispose de toutes les qualités d'un danseur de l'Opéra: danse soignée, joli travail de bas de jambe, élégance... Son Albrecht comme son Marco Spada ont été parfaitement exécutés. Ma préférence se porte sur François Alu qui a une danse sure, explosive, unique. Outre ses qualités techniques, Monsieur Alu démontre sa sensibilité dans Giselle puis de vraies qualités d'interprète dans Le fantôme de l'Opéra (Roland Petit): il y est hypnotique et mystérieux. Fabien Révillion n'a pas démérité en réalisant un excellent concours; ses progrès sont tout à fait notables. Il en va de même pour Florimond Lorieux, danseur très musical.

- Chez ces dames, les promotions offertes sont sans aucune surprise: je me réjouis des promotions de Hannah O'Neill - qui a été parfaite en démontrant toute sa maîtrise, sa sensibilité et sa présence dans les 2 variations - et de Léonore Baulac. Cette dernière est une très belle danseuse qui loupait de peu la promotion depuis quelques années. Elle a enfin la récompense qu'elle mérite. Mademoiselle Baulac est une vraie artiste. Sa variation libre (In the middle) était électrisante. A noter aussi les belles prestations de Camille De Bellefon, Claire Gandolfi, Jennifer Visocchi, Laura Bachman et Alice Catonnet - très prometteuses - qui ne sauraient rester au grade de Quadrille.
- Chez les Coryphées, la promotion de Sae Eun Park est évidente. Elle semble être la seule à avoir compris la variation de La Flûte (Suite en blanc, Serge Lifar). Outre ses qualités techniques et sa maîtrise évidente, elle apporte une véritable sensibilité dans la variation imposée et beaucoup de vivacité et de légèreté dans sa variation libre. Je souligne aussi le beau travail de Marion Barbeau qui aurait pu mériter la 2ème place. Si Juliette Hilaire bénéficie de qualités évidentes et superlatives (quels pieds !), elle est peut-être passée un peu à côté de son concours. Cependant, ce n'est que partie remise, on peut en être assuré !
- Chez les Sujets, chaque danseuse a réalisé de belles prestations ce qui a du rendre la tâche du jury assez difficile. Aucune des concurrentes ne s'impose avec force et évidence. Comme souvent, Sarah Kora Dayanova et Héloïse Bourdon ont réalisé un beau concours. La 1ère n'a cependant pas été parfaitement convaincante dans Les mirages. La 2nde m'a beaucoup plus emportée dans sa variation libre, très touchante (Other dances). J'ai été agréablement surprise par Séverine Westermann qui a effectué de bout en bout un beau concours et par Christelle Granier. Je regrette que le travail de cette dernière n'ait pas été plus reconnu car elle a fait preuve d'une belle maîtrise et sa Raymonda était belle, sentie; elle se l'est appropriée avec finesse. La promotion d'Amandine Albisson est tout à fait méritée car cette danseuse bénéficie du petit "quelque chose en plus" qui fait la différence. Cela s'est plus particulièrement ressenti dans sa Nikiya alors qu'il est difficile d'interpréter une telle variation en dehors de son contexte. Désormais Première Danseuse, je pense qu'elle est promise au plus bel avenir et j'ai hâte de pouvoir l'admirer dans des rôles de premier plan.

Quoi qu'il en soit je tiens à féliciter l'ensemble des danseurs et danseuses qui ont participé à ce difficile concours, pour leur courage et leur travail.

[haydn]

Merci à Dounits, Ritournelle et danse-0pera pour leurs comptes-rendus détaillés

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[sophia]

J'avais commencé une petite bafouille sur le concours des garçons avant de partir en Russie, je ne la publie que maintenant, même si elle n'apporte rien de bien neuf, avec mes excuses pour le retard.

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Que dire d'un concours dont - une fois n'est pas coutume - il n'y a rien à dire... sinon que toutes les promotions paraissent méritées, au regard des prestations du jour et des parcours de chacun?

C'est vrai quand même, un concours de l'Opéra sans polémique à la clé, est-ce encore un concours de l'Opéra?

Même les classements me paraissent - en gros - justes, c'est dire.

Les quadrilles ne sont cette année qu'un petit nombre à se présenter - seulement sept. Ce sont, pour la plupart, de jeunes candidats, depuis peu sortis de l'école. Devant la difficulté de la variation proposée - de la pure technique Noureev et dans ce qu'elle a de plus caricatural -, on se dit qu'une petite sélection a déjà dû se faire. Ce n'est pas plus mal pour le spectateur, car cette variation est, avouons-le, un vrai pensum à regarder. Hugo Marchand et Germain Louvet, dont le hasard a fait qu'ils étaient les deux premiers candidats à se présenter, dominent assez nettement cette classe, et sur l'imposée et sur la libre. Hugo Marchand a tout de même ma préférence. Il possède une superbe technique, mais aussi une élégance qui vit, une musicalité appréciable, des bras expressifs, une présence déjà bien affirmée en scène. La variation du Tchaïkovsky pas de deux lui va bien et elle est interprétée avec aisance, brio et autorité. C'est déjà très au-dessus du niveau quadrille ordinaire. Germain Louvet est à mon goût un peu plus lisse, mais il est radieux, il a du saut, une batterie superbe, et ce qu'il montre dans la variation de Paquita est objectivement meilleur, plus enthousiasmant aussi, que ce qu'on voit ensuite chez la plupart des coryphées dans l'imposée. La suite du classement paraît logique : Cyril Chokroun a fait de notables progrès au regard de ses concours passés, Florent Mélac et Antonio Conforti, plus inégaux sur le plan technique, sont sans doute de jeunes danseurs à suivre.

Une fois n'est pas coutume, la classe des coryphées se montre décevante. Dans l'imposée - une variation des plus académiques extraite du Grand pas de Paquita -, la petite batterie s'avère souvent moins ferme que chez les quadrilles, les sauts ne claquent pas forcément autant qu'on aimerait, la précision n'est pas toujours au rendez-vous. Il semble donc difficile de distinguer clairement un candidat à l'issue de la seule imposée. J'ai tout de même bien apprécié Grégory Dominiak pour sa prestance ou Mathieu Botto pour son brio. Dans la libre, on succombe évidemment au charme d'Hugo Vigliotti, qui a choisi avec Le Rire de la lyre une variation qui lui va idéalement, dans laquelle il peut déployer sa verve comique et sa virtuosité. Mais peut-être faudrait-il, pour plaire à l'Opéra, qu'il sorte de ce registre dans lequel on sait qu'il excelle comme nul autre? Adrien Couvez se défend bien aussi dans Push Comes to Shove qui met en valeur ses qualités théâtrales et sa vivacité. Je ne trouve pas que Sébastien Bertaud et Axel Ibot aient de leur côté fait un concours renversant (le Robbins d'Ibot n'est pas dépourvu de poésie, mais est parfois un brin démonstratif, le Push Comes to Shove de Bertaud, s'il a de la verve et du jus, manque un tout petit peu d'humour à mon goût), mais qu'importe, ils ont ce petit truc en plus, qui a à voir avec le style et le charisme et justifie pleinement une promotion depuis longtemps attendue pour l'un et pour l'autre. Bertaud a toujours été apprécié pour son style et sa personnalité unique, Ibot, plus inégal sans doute, incarne pour moi l'école française à son meilleur - à la manière d'un Emmanuel Thibault -, quand elle cesse d'être synonyme d'ennui.

Chez les sujets, ce sont logiquement (et fort heureusement) les deux meilleurs candidats, déjà distribués comme des solistes, qui ont été promus. La variation imposée n'était pas un "obstacle", au sens où elle est tout à fait classique et réunit à peu près toutes les difficultés de la technique masculine qu'un sujet de l'Opéra est censé maîtriser. Je ne sais pas si elle a été choisie pour mettre en valeur un candidat plutôt qu'un autre, mais à mes yeux, Pierre-Arthur Raveau est le seul à l'avoir vraiment sublimée par son sens du phrasé musical. Son Albrecht est enchanteur et si je ne devais retenir qu'une seule prestation du concours de promotion, alors ce serait celle-là. De son côté, François Alu fait montre, avec son physique très compact, d'une technique tout à fait impressionnante, il lui manque encore peut-être un peu de poésie et d'élégance pour ce rôle de prince. C'est surtout dans la libre que celui-ci se distingue, avec la variation du Fantôme de l'Opéra, qui le montre sous une facette plus aventureuse, différente de celle du technicien virtuose. Raveau a sans doute fait un choix plus conventionnel, au regard de son style et de ses goûts personnels, avec une variation extraite de Marco Spada, mais je serais bien la dernière à le lui reprocher. Il redonne vraiment ses lettres de noblesse à la danse française! Fabien Révillion mérite pleinement sa troisième place grâce à une variation libre, tirée du Donizetti pas de deux de Legris, exécutée à la perfection (un murmure a même parcouru la salle lorsque la musique s'est arrêtée). Ce choix purement technique reste toutefois discutable, dans la mesure où il l'avait déjà dansé lors d'une Soirée Jeunes Danseurs aux côtés d'Eléonore Guérineau. Avec ces trois-là, le concours était plié. En outsider, j'aurais sans doute classé Allister Madin. Son Albrecht n'était peut-être pas inoubliable, mais j'ai trouvé qu'il se sortait bien de la variation de Robbins (1ère variation de Other Dances), alors que sur l'ensemble du concours, les Robbins m'ont en général plutôt (beaucoup) déçue. A ce propos, j'ai été frappée par le grand nombre de variations libres, à tous les niveaux, tirées du répertoire américain (Balanchine, Robbins, Tharp), celui là même que dansait et que connaît bien Benjamin Millepied. Certes, Robbins est souvent présent au concours, mais les candidats l'ont-ils choisi sciemment, sachant que Millepied était au jury et - incidemment - avait été un génial danseur en brun? En même temps, c'était peut-être risqué.

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Je n'ai bien sûr pas vu le concours des dames, je me permets juste de donner mon point de vue très relatif sur les résultats :

Chez les quadrilles, je suis déçue de la troisième place de Leila Dilhac (et je pense qu'elle l'est encore plus), qui se distingue chaque année mais n'est jamais promue, alors qu'elle aurait tout autant sa place chez les coryphées que d'autres. Bravo en tout cas à Léonore Baulac, qui a d'évidentes qualités.

Je me réjouis des promotions, qui, en l'état, vont de soi, d'Hannah O'Neill et Sae Eun Park. Evidemment, on va très vite avoir droit aux remarques condescendantes du genre "elles n'ont pas le style...", "les bêtes à concours, quelle horreur...", "Melle X, qui est malheurement tombée à la fin de sa variation, est tellement plus artiste...". Pour ma part, je me réjouis de ce sang neuf apporté à la compagnie, non pas pour la nouveauté en soi, mais simplement parce que ces deux-là sont brillantes et que les solistes doivent être davantage que de gentilles danseuses proprettes.

Chez les sujets, je n'avais pas vraiment de "favorite". Contrairement à ce qui s'est passé chez les garçons - les deux promus étant quand même au-dessus du lot -, la promotion de l'une ou de l'autre ne tenait qu'à des affaires de goût ou d'attachement personnels (jusqu'à un certain point évidemment). La bizarrerie du classement le montre bien du reste. En ce qui me concerne, Amandine Albisson ne m'enthousiasme pas particulièrement. Pour son parcours, bien qu'elle ait eu des hauts et des bas, et son style impeccable, j'aurais préféré voir promue Laura Hecquet.

[Katharine Kanter]

M. Millepied go ahead, be Modern, and DO IT.

Abolish the Concours.

We are no longer in 1860. What was fitting at the time, is no longer.

People must be promoted in the light of actual performance, on stage.

Full stop.

Secondly, my two cents' worth on this latest Trial by Jury.

I am less than enchanted with Miss Park's appointment.

For the past three or four years, we had been seeing a great deal less of leg-tossing and splitting - the Guillem-era well and truly over - and a return to the unforced elegance that one is entitled to expect from this troupe.

This latest appointment is very 1980s. a return to the brittle, legs-all-over-the-place, épaulement-free style that has been wreaking havoc with the fundamentals.

Thirdly, the class of sujets, to my mind, has more to do this year with a Grande Absente, than with the present appointment

In a word, we have a female François Alu in the person of Eleonore Guérineau. That woman has simply got everything going for her, except the rake-thin Look. Why can men - such as Alu - get away with it but not the ladies?

Guerineau is tiny, but moves very, very big. A superlative technique. Presence. Epaulement. Speed. We need to see much more of her.

(BTW, unless my eyes deceived me, Westermann - interesting dancer - tossed off three or four tours en dedans at the end of the set variation.)

Amongst the coryphées, like the delightful Lydia Vareilhes, who is a real bête de scène, Letizia Galloni was most impressive. Excellent in the set variation - wit, style, confident in her technique, individuality and presence. Both girls will be going places.

This writer missed the quadrilles, rats ! .... delighted though by the two appointments.

[sophia]

Cela va sans dire, ce concours doit être aboli.

Mais je crains qu'il ne se heurte à une forteresse indéboulonnable, à laquelle adhèrent, qui plus est, la majorité des danseurs et, je pense aussi, la plupart des balletomanes.

J'aimerais me tromper.

[mizuko]

Photos de danseurs promus sur le site de Dance Cube japonais.

Messieurs : http://www.chacott-jp.com/magazine/news/concours/post-106.html

Dames : http://www.chacott-jp.com/magazine/news/concours/post-107.html
* Pardon, il semble que ce n'est pas encore en ligne!

[haydn]

Si une promotion chez les filles paraît absolument indiscutable, au vu, non pas du seul concours, mais du potentiel artistique, c'est bien celle de Sae Eun Park... Le fantôme de Sylvie Guillem ne rôde pas partout, et de toutes façons, on ne peut plus danser aujourd'hui comme on dansait en 1805, au temps de Vestris. Les levers de jambe d'Evguénia Obraztsova dans Marco Spada auraient certainement aussi hérissé Katharine Kanter, et pourtant, ils ne paraissaient jamais déplacés.

Pour ce qui est d'Eléonore Guérineau, qu'on se rassure, elle n'a été victime d'aucune cabale malveillante, et elle va bien. Simplement, pour des motifs d'ordre personnel, elle ne pouvait se présenter cette année au concours.

Et quid du concours? Noureev avait déjà voulu le supprimer, ou du moins le faire évoluer, mais il a dû renoncer face à l'opposition des danseurs. Ce n'est pas simple de s'en prendre à pareille institution, qui figure dans les statuts de l'établissement. Il est difficile de savoir quelle sera la marge de Benjamin Millepied, s'il souhaite vraiment introduire des réformes en ce qui concerne les modalités d'avancement et de carrière des danseurs.

Le système actuel montre ses limites, certes, mais par quoi le remplacer?
L'un des principaux problèmes vient de la composition du jury. Le système de parité entre des représentants élus par les danseurs et la direction de la danse est plus ou moins calqué sur celui des commissions paritaires chargées de statuer sur l'avancement des agents de l'administration. Sauf que là, c'est d'artistes, et non de bureaucrates qu'il est question. Il est légitime qu'un directeur de compagnie puisse choisir les danseurs qui correspondent à son projet, à ses idées ; en même temps, le concours, public, doit servir de rempart à l'arbitraire et aux promotions de complaisance. Cela peut fonctionner, plus ou moins bien, si les représentants des danseurs et ceux de la direction forment deux blocs bien homogènes, capables de neutraliser les excès dans un sens ou dans un autre. Mais dans la pratique, on voit bien que des stratégies individuelles de carrière, des négociations complexes, un règlement parfois difficile à comprendre (successions de scrutins, où des recalés d'un tour peuvent finalement se retrouver en tête de liste etc...) viennent perturber l'ordre des choses...

Mais inventer un nouveau système n'est pas simple. Supprimer le concours, certes, mais par quoi le remplacer? Ceux qui s'offusquent que le candidat de leur cœur n'ait pas réussi à se hisser au premier rang du classement, accepteraient-t-ils plus facilement que la direction décide autoritairement de qui "montera", et de qui ne montera pas? J'imagine d'ici les cris d'orfraie que certains ne manqueraient pas de pousser.

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