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Ornella
Inscrit le: 03 Mai 2013 Messages: 363 Localisation: Versailles
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Mer Fév 05, 2014 12:42 pm Sujet du message: |
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Enfin, c'est un tout ce ballet, pas seulement une question de tel ou telle... Depuis son entrée au répertoire à l'Opéra de Paris, je trouve de manière générale qu'il a eu bien du mal à se trouver des distributions satisfaisantes (je ne retiens pour ma part que Ciaravola/Moreau, puis Dupont/McKie - à l'inverse, le duo avec Le Riche, à l'entrée au répertoire, ne fonctionnait pas du tout). Cette reprise - de trop, en cette fin de règne? - m'a en tout cas, hier soir au moins, paru bien poussive dans l'ensemble et vu les restrictions drastiques en matière de distributions... (on a quand même de plus en plus de mal à croire en l'infaillibilité de jugement des Cranko boys!). Espérons que la soirée Cullberg / De Mille soit plus enthousiasmante (a priori, je dirais oui).
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Imtheboy
Inscrit le: 07 Déc 2008 Messages: 89
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Posté le: Mer Fév 05, 2014 1:31 pm Sujet du message: |
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Je suis un peu surpris de ces réactions mitigées sur le duo McKie/Ciaravola. J'ai trouvé qu'ils ont dansé, hier soir, le pas-de-deux final, avec une fougue, presque une hargne, que je n'avais jamais vue auparavant. J'avais vu McKie-Dupont, et avais trouvé que le duo ne fonctionnait pas si bien. En fait, j'ai toujours trouvé qu'Aurélie Dupont, aussi belle et élégante soit-elle, avait tendance à se regarder danser comme certains s'écoutent parler (une thèse qui me semble confirmée par les documentaires sur la danseuse et ses interviews). Ce qui n'est pas la posture idéale pour les pas-de-deux. Hier soir, les deux artistes étaient vraiment au corps à corps, m'a-t-il semblé : c'était bouleversant.
Quant à Heymann, quel glorieux danseur. J'ai davantage senti l'histoire passer à travers Lenski ce coup-ci, certainement grâce à lui. Pour réaliser, entre parenthèses, que Lenski et Tatiana étaient les deux personnages à agir avec honneur. Onéguine, qui ne jure que par ça, en est incapable. C'est le même principe qu'Alceste : donner des leçons au monde entier, précisément parce qu'on est le premier à vivre sur ce que l'on dénonce à grands cris. Les plus malades sont toujours obsédés par les "maladies" des autres.
Je regrette par ailleurs la non-distribution de M. Ould-Braham, qui est à mes yeux la plus exceptionnelle des danseuses-étoile de l'Opéra de Paris depuis le 31 décembre dernier et sa "Belle au bois dormant".
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Mer Fév 05, 2014 11:55 pm Sujet du message: |
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A vrai dire, ce n'est pas Aurélie Dupont en tant que telle que je regrette (je suis assez d'accord du reste avec ce que vous en dites), mais ce qu'Evan McKie avait réussi à faire d'elle et avec elle il y a deux ans. Ici, chacun arrive avec ses armes, déjà bien éprouvées : elle avec la théâtralité et la flamme - presque trop exacerbées à certains moments - qu'on lui connaît - mais une danse moins fluide qu'auparavant -, lui avec son charisme, ses lignes superbes, son expérience du rôle et des portés acrobatiques, mais au fond rien ne se passe entre eux sur le plan émotionnel, rien ne grandit ni ne se tend. De ce point de vue, le partenariat avec Grémine/Paquette est plus signifiant. J'ai ressenti le même hiatus du côté d'Olga et de Lensky : Mathias Heymann danse remarquablement et il y met tout son coeur, mais l'on ne croit guère à son couple avec Charline Giezendanner (à cet égard, on pouvait regretter l'absence de Myriam Ould-Braham en Olga, qui a une empathie naturelle avec ses partenaires), qui danse certes joliment, mais peine franchement à se distinguer dans les ensembles de ses charmantes amies, Sae Eun Park ou Héloïse Bourdon, pour ne citer que les plus remarquables. Sans doute les représentations suivantes affermiront-elles le quatuor... il n'empêche, cet Onéguine aux distributions bouleversées me semble partir sur des bases encore bien hésitantes.
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Imtheboy
Inscrit le: 07 Déc 2008 Messages: 89
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Posté le: Jeu Fév 06, 2014 12:30 pm Sujet du message: |
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Je comprends mieux votre point de vue. C'est drôle que nous ayons eu des ressentis si différents sur le couple McKie/Ciaravola (je les ai trouvés extrêmement impliqués émotionnellement). C'est la première fois que je la voyais dans un grand rôle classique, et donc je "découvrais" ses talents de tragédienne dont j'avais souvent entendu parler. C'est peut-être le fait que je découvre cela qui m'a tant transporté, j'ai "marché" à fond. Le visage d'Isabelle Ciaravola me fait penser à celui de certaines grandes actrices ou chanteuses tragiques.
Je partage votre avis sur Mathilde Froustey dans le rôle d'Olga. Elle était vraiment idéale, et cela correspondait avec le tempérament primesautier du personnage : quelqu'un qui n'a pas envie, encore, de s'engager dans l'existence. Je n'avais d'ailleurs jamais remarqué à quel point la chorégraphie de Cranko souligne le fait que Lenski et Olga n'arrivent pas à se trouver.
(Enfin, pour ceux qui s'intéressent aux voies du désir, les triangles amoureux d'Onéguine correspondent à merveille avec la théorie du désir mimétique de René Girard ; c'est le rival qui me fait désirer l'objet, non pas l'objet en tant que tel.)
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Ven Fév 07, 2014 6:19 am Sujet du message: |
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J'avoue sécher cette série d'Oneguine. Il aurait fallu inviter Lucia Lacarra, impériale dans ce rôle.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3559
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Posté le: Ven Fév 07, 2014 5:00 pm Sujet du message: |
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Vos deux remarques me donnent soudain une fringale de Lacarra, ça fait longtemps qu'elle n'a plus dansé à Paris...
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Ven Fév 07, 2014 6:48 pm Sujet du message: |
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Oui, je rêve evidemment! Mais tout de même: cette maison devient pingre en terme d'invitations. Il y aura bien Diana Vishneva qui viendra danser Psyche de Ratmanśky. Mais Lacarra dans Oneguine? Une tuerie!....
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Ven Fév 07, 2014 7:45 pm Sujet du message: |
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Pour en revenir aux étoiles "maison", un documentaire sera tourné (il comportera des vues de la représentation du 28/02) à l'occasion des adieux d'Isabelle Ciaravola, et fera ensuite l'objet d'une diffusion (à une heure que l'on espère décente) sur France 3. |
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frederic
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 976
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Posté le: Ven Fév 07, 2014 8:45 pm Sujet du message: |
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Une heure décente? Là, vous êtes comme moi Haydn, vous rêvez!
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ElenaK
Inscrit le: 24 Avr 2013 Messages: 817
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Posté le: Sam Fév 08, 2014 4:20 am Sujet du message: |
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Florestiano a écrit: |
J'espère qu'haydn ne m'en voudra pas pour ce hors-sujet, mais je tenais à signaler à titre incident la présentation en ce moment à la MC 93 de Bobigny d'une adaptation d'Eugène Onéguine par la compagnie de théâtre moscovite Vahtangov. |
Merci Florestiano pour cette information. J'ai vu le spectacle et je vous assure que ce n'est pas vraiment du Pouchkine. Le metteur en scène (russo-lituanien) n'a rien laissé de la fameuse légèreté des vers pouchkiniens et a rendu les personnages méconnaissables, en négligeant leurs caractéristiques pourtant généreusement décrites par le poète. Dans le roman de Pouchkine, vous pouvez trouver de l'ironie, mais pas du sarcasme et surtout pas une once de vulgarité qui fleurit tellement dans le spectacle de Tuminas. A mon avis, si (comme je l'ai lu quelque part) dans ce spectacle, en tirant sur Lenski, Oneguine visait la vulgarité, il aurait dû fusiller tout le monde sur le plateau, en commençant par Tatiana et en terminant par se tirer une balle dans la tête.
Certes, la mise en scène contient des idées intéressantes comme les doubles personnages d’Onéguine et de Lenski ou la narration qui se déroule dans les deux (ou même trois) temps ainsi que quelques jolies scènes dans le second acte avec des détails sympathiques (comme le bocal de confiture ). Mais le sujet n’est pas très bien développer : on ne nous dit pas pourquoi Onéguine commence tout-à-coup à courtiser Olga (il s’y met dès qu’il arrive à la fête de Tatiana). En ce qui concerne la lecture du texte par les interprètes, la façon dont ils mettent les accents fait disparaître la délicieuse mélodicité des vers de Pouchkine et les transforme en prose. Je suppose que ce n’est pas le choix des comédiens, mais l’exigence du metteur en scène. Pourtant, Vladimir Simonov (le hussard retraité – Zaretski ?) et Youlia Borissova avec son partenaire virtuel Innokenti Smotkounovski, le grand acteur russe dont la voix on entend dans la scène de rêve de Tatiana, ont su préserver cette mélodicité.
Visuellement, pendant tout le spectacle, c’est l’hiver qui règne sur le plateau. Or, Pouchkine, dans Evgueni Onéguine, chante les saisons. En Russie, les enfants apprennent par cœur les strophes consacrées à l’automne, hiver et printemps dès qu’ils apprennent à lire, sans même savoir que ces poèmes sont tirés d’un roman. Dans le spectacle de Tuminas, on n’entend qu’un seul passage sur l’automne, mais il est lu par Vassili Simonov ("vieux" Lenski) d’une façon monotone, ne nous laissant aucun doute : on ne l’a gardé que pour des raisons purement utilitaires – il fallait bien annoncer l’approche de l’hiver (pourtant, l’automne était la saison préférée du poète). Sous cet aspect, pour moi, Onéguine de John Cranko, avec toutes ses incohérences et les détails incongrus, est bien plus proche de l’esprit Pouchkine. Les pièces du cycle les Saisons de Tchaïkovski, malgré l’ordre aléatoire dans lequel elles sont utilisées dans la partition, évoquent cette humeur contemplative du roman.
Quant aux "monstres sacrés" qui jouent dans le spectacle, si Galina Konovalova (princesse Alina - cousine moscovite), qui a 98 ans dont plus de 75 sont consacrés au Théâtre Vakhtangov, n’est pas très connue au public non théâtral, Youlia Borissova (le rêve de Tatiana) est devenue une vraie icône grâce à son interprétation du rôle de Nastassia Filippovna dans l’adaptation cinématographique du roman de Dostoevski l’Idiot (1958, réalisateur - Ivan Pyriev). C’était très émouvant de la voir sur scène et constater qu’à ses 88 ans elle a toujours le même regard hypnotisant. En fait, elle n’a pas beaucoup changé depuis plus d’un demi-siècle, il n’y a que sa voix qui trahit les années passées. Ludmila Maksakova (la nounou et professeur de danse), qui à son âge respectable fait des portés dans les scènes de la classe de danse, est une des plus belles actrices du cinéma soviétique, tandis que les noms de Vladimir Simonov et, surtout, de Sergueï Makovetski sont déjà inscrits dans l’histoire du cinéma russe.
J’ai eu l’impression que Serguei Makovetski avait des problèmes avec ses cordes vocales. Il parlait d’une voix enrouée, difficilement reconnaissable.
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LucyOnTheMoon
Inscrit le: 18 Nov 2008 Messages: 984
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Fanchon
Inscrit le: 03 Mar 2006 Messages: 378 Localisation: liege
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Posté le: Lun Fév 10, 2014 5:26 pm Sujet du message: |
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Je suis allée voir Onéguine pour la première fois samedi dernier. Je n'ai pas de point de comparaison, mais j'ai beaucoup aimé le spectacle. La distribution est je pense la même que precédemment, Ciaravola/McKie et Giezendanner/Heymann.
Si Evan McKie était légèrement hésitant à son entrée en scène, il a vite retrouvé une présence imposante qui sied à son personnage, il a, comme on l'a dit plus haut, un physique romantique et a été très applaudi.
Mlle Ciaravola, que je voyais danser pour la première fois, est au sommet de son art. Difficile de croire qu'elle a atteint l'âge fatidique de la retraite!
Contrairement à certains commentaires, j'ai aimé voir danser Charline Giezendanner, très fraîche, un rayon de soleil sur scène, et Mathias Heymann, magnifique comme toujours!
J'avais emmené un ami, qui venait voir son premier ballet (c'est beaucoup de premières fois 😄) et qui était enthousiaste à la sortie, encore un de converti! 😊
_________________ Fanchon
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