Le mercato est-il un phénomène récent ?

[paco]

Je ne suis assidument dansomaniaque que depuis une quinzaine d'années, et je suis un peu perdu depuis deux ans dans cette sorte de "mercato" ou de flux d'exils réciproques auquel on assiste dans le monde du Ballet. Mettons à part Tamara Rojo qui avait une opportunité à saisir (diriger l'ENB), mais les autres mouvements : Cojocaru, Hallberg, Kobborg, Polunin, Vasiliev, Osipova, Froustey, Sarafanov, Galeazzi... Lunkina est toujours "cachée" au Canada mais j'imagine qu'on va bientôt nous annoncer qu'elle rejoint telle ou telle compagnie...

Ma question est : ces mouvements à répétition ont-ils toujours existé ? Ou est-ce un phénomène qui s'amplifie ? Et à quoi est-il dû ?
Bien sûr on me citera l'épisode Guillem passant de l'ONP au RB, mais il me semble qu'il était isolé, qu'il n'y a pas eu dans la même année 4 ou 5 autres transfuges de célébrités ?

[sophia]

Le "star-system" a commencé à se développer au XIXe siècle, peut-être même un peu avant. Les vedettes du temps - les Taglioni, Elssler, Grisi... - n'étaient pas attachées à vie à un théâtre et étaient de fait "internationales", voyageant sans cesse d'une contrée à une autre, au fil de leurs contrats (disons que c'était essentiellement à l'échelle de l'Europe et de la Russie). Une hiérarchie plus ou moins implicite des théâtres existait du reste, avec un centre qui s'est progressivement déplacé de Paris vers Saint-Pétersbourg.

Au XXe siècle, on peut penser à la "fuite des cerveaux" russes durant l'ère soviétique et post-soviétique. Elle est peut-être freinée aujourd'hui parce que les répertoires se sont ouverts et que les danseurs sont mieux payés, mais elle n'a pas disparu. Maintenant, elle concerne sans doute davantage des corps de ballet ou solistes arrêtés dans leur progression qui préfèrent partir pour avoir un statut d'étoile dans une compagnie occidentale.

Ce ne sont que quelques pensées qui me viennent...

[Marie-Ange]

Exception faite de quelques compagnies comme l'Opéra de Paris, les autres compagnies fonctionnent avec des contrats de danseurs d'un an renouvelable. Les flux sont fréquents et augmentés lors des changements de direction. Il me semble que la médiatisation sur Internet fait découvrir à tous un phénomène de toujours, il est vrai ralenti ces dernières années à l'Opéra de Paris, peut-être du fait de la plus grande facilité offerte aux danseurs d'aller se produire à l'extérieur.