La Sylphide [Opéra Garnier, 22/06-15/07/2013]

[haydn]

L'occupante de la place centrale du trio des Sylphides était bien Laurence Laffon, comme je le pensais. J'aurais mieux fait de me fier à mes yeux plutôt qu'à la feuille de distribution et à l'avis de ma voisine de loge qui va en être quitte pour faire pénitence...

Donc, honneur à Mlles Lévy, Laffon et Hecquet (dans l'ordre, de jardin à cour) pour leur magnifique prestation d'hier soir.

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[MikeNeko]

Les enfants... le couple Mélanie Hurel - Mathias Heymann ce soir fut absolument MA-GNI-FI-QUEU ...
ils avaient eu peu de temps pour se mettre ensemble dans ce couple, mais là, après plus de temps, le jeu de couple est un petit plaisir, et l'harmonie est vraiment frappante de sincérité. Ils s'entendent vraiment bien...

Vraiment vraiment de quoi passer une soirée exceptionnelle.
... et... ça tombe bien, le corps de ballet, de nouveau, - sans Sae Eun Park ce soir-, fut fantastique. Et pourtant j'en entends encore en sortant se sermonner elles mêmes pour des petites erreurs... vraiment, les danseurs sont souvent leurs plus grands critiques.

J'aime toujours autant Muriel Zusperreguy en Effie, son jeu, sa danse... son interprétation des pas... j'aime j'aime

Laurène Levy (!) toujours aussi légère dans son pas de deux, accompagnée par l'efficace Fabien Revillon.

Bonheur, le public était discipliné (en tout cas autour de moi) !
Miracle miracle...

Par contre pas de miracle pour la musique... ça commence à faire un moment que je n'ai pas eu de Sylphide sans problème, enfin bon, ce n'était que sporadique, heureusement

bravo bravo

[haydn]

Je reviendrai sur la représentation d'aujourd' hui, mais autant le dire tout de suite, la Sylphide d'Amandine Albisson a été pour moi une très très bonne surprise.

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[Florestiano]

De mon côté, les surprises furent bien plus nombreuses !

- Il m'aura fallu attendre tout ce temps sur cette série pour trouver un trio de Sylphides qui tienne la route, et mieux que cela. Symbiose parfaite pour ces trois danseuses (je n'ose citer la feuille de distribution, du coup, haydn...).

- Marc Moreau s’accommode bien mieux d'une Laurène Lévy motivée que d'une Mathilde sur le départ. On sent un peu trop qu'il entend bien montrer toute l'étendue de son ballon, mais c'est vraiment bien réalisé.

- Événement : cela fait des années que je dois écrire ici que Florian Magnenet ne me parle pas et que je lui trouve un charisme, disons, inexistant (avis globalement pas méga original). Je l'ai redécouvert ce soir et ai été sidéré non pas par sa présence ou son jeu - faut pas exagérer non plus - mais par la propreté et le rayonnement de sa danse. Il a été un excellent partenaire et a livré des variations de très haute tenue qui n'avaient rien à envier à d'autres James mieux estimés - même si l'orchestre a dû dangereusement accélérer pour écourter la série d'entrechats au II.

- Et puis, bien sûr, Amandine, qui a dû bosser dur depuis la séance de répétition avec Laurent Hilaire - et Yannick Bittencourt comme partenaire. Sa Sylphide est un diesel ; j'ai trouvé qu'elle avait eu un peu de mal à démarrer, mais à partir du pas de l'Ombre, nous sommes allés de ravissements en enchantements. Dans ce rôle, pas totalement dans le cœur de cible de son emploi naturel, elle fait montre de toute l'étendue et la solidité de sa technique (des équilibres tenus superbes, des bras idéalement lestes, des petits mouvements de pieds mignons comme tout). Bravo ! Encore une soirée "jeune" qui montre que la prise de risque dans les distributions est gagnante. On regrettera juste de n'avoir pas pu voir Bittencourt comme prévu initialement.
(Au fait, Pierre-Arthur Raveau était sur scène ce soir ; s'il a été blessé, il est donc rétabli...)

Et au rang des non surprises :

- orchestre au rendez-vous, ce soir,

- un corps de ballet toujours au top,

- un public insupportable de ploucs et d'américains : des flashs en non stop toute la représentation, des vieux qui tiennent salon en anglais en plein spectacle, des gens qui ne désactivent pas les sons sur leur appareil photo en veux-tu en voilà. Au secours...



[édité par la modération : il n'y avait évidemment pas de mauvaise intention de la part de Florestiano, puisqu'il s'agissait de propos très élogieux envers les artistes, mais les gens, célèbres où non, qui assistent à des spectacles ont le droit au respect de leur vie personnelle, et les conversations d'ordre privé n'ont pas à être rapportées sur Internet. Il s'agit pour moi d'une question de principe.]
(D'où les propos introducitfs de la parenthèse incidente que j'avais initialement écrite : "si haydn l'autorise" )

[haydn]

J'avoue que j'étais a priori assez dubitatif quant au choix d'Amandine Albisson pour incarner La Sylphide ; les qualités de cette danseuse, qui possède un excellent potentiel artistique, n'étaient pas en cause, mais elle me semblait davantage destinée à incarner des rôles plus autoritaires, comme Myrtha, La Sirène dans Le Fils prodigue, Raymonda etc...

La prestation de Mlle Albisson m'aura prouvé que je m'étais totalement trompé, ce que je craignais être un contre-emploi s'est avéré être un choix tout à fait pertinent.

Elle a incarné une Sylphide d'un très bon niveau technique, et de surcroît juste sur le plan dramatique. Très enjouée, elle sait aussi toucher le spectateur dans les instants les plus tragiques. Lorsque James comprend qu'il l'a condamnée à mort en l'enlaçant dans le châle empoisonné que lui a remis la sorcière Madge, elle ne l'accable pas. Elle lui jette un regard doucement mélancolique, qui semble vouloir dire : "ce n'est pas ta faute, c'est moi qui ai voulu t'arracher à Effie, pardon".

Le jeu d'Amandine Albisson est très lisible, son port de tête est fier, d'une très grande élégance, et sa danse est d'une remarquable propreté, même si, dans les équilibres, elle n'a pas (encore) tout à fait la même sûreté qu'une Dorothée Gilbert ou une Ludmila Pagliero. En tout cas elle a prouvé qu'il faudrait compter sérieusement avec elle au cours des années à venir. On ne peut que regretter qu'elle n'ait pas été promue lors du concours de novembre 2013 (on pourrait en dire de même d'autres ballerines talentueuses, telles Mathilde Froustey - qui vient d'en tirer les conséquences -, Héloïse Bourdon, Laura Hecquet ou encore Aurélia Bellet). D'ailleurs l'affiche de cette Sylphide semble avoir été composée à dessein pour souligner l'absurdité d'une situation où le premier rôle est confiée à un Sujet, et le second à une Première danseuse...

Florian Magnenet a, depuis le début de la série, fait de l'excellent travail en James. On ne l'a pas ménagé, puisqu'il est venu à la rescousse pour remplacer les étoiles défaillantes initialement programmées. Son mime est convaincant à l'acte I, sa danse propre et virtuose. Il a connu un léger passage à vide dans la première variation du second acte : les entrechats n'était plus vraiment battus, et tenaient davantage du simple changement de pied. Il ne s'agissait de toute évidence pas d'une insuffisance technique, M. Magnenet ayant maintes fois prouvé ce qu'il sait faire en matière de petite batterie, mais d'un coup de fatigue compréhensible compte tenu du nombre excessif de représentations qu'il a du assurer.

Fort heureusement il a trouvé en lui de nouvelles ressources pour la seconde variation, qui a été parfaitement exécutée. M. Magnenet et Mlle Albisson ont d'ailleurs été largement - et justement - ovationnés par un public enthousiaste à la fin de la représentation. Egalement très applaudis, Laurène Lévy et Marc Moreau, qui formaient un couple très équilibré dans le Pas de deux des Ecossais, à l'acte I. Laurène Lévy est une habituée de toutes les purges techniques du répertoire romantique - les pas de deux et pas de trois en tout genre n'ont plus de secret pour elle - et on aimerait la voire distribuer un jour sur un vrai rôle (elle avait donné également toute satisfaction dans des ouvrages contemporains tels Genus, de Wayne McGregor, où sa très grande laxité peut être exploitée au mieux).

Le corps de ballet a pour sa part réalisé une prestation honnête, même s'il n'était pas aussi impeccable que lors des premières représentations. Là aussi, la fatigue produit son effet, et de nombreux remplacements chez les demoiselles ailées du second acte ont conduit à faire danser des artistes qui n'avaient pas toujours eu le temps de répéter ensemble et de prendre leurs marques. On pouvait néanmoins compter sur la présence de quelques "anciennes" de la troupe, telles Juliane Mathis (qui avait de très jolies postures dans l'acte blanc), Leïla Dilhac ou Alexandra Cardinale - de retour après une longue absence consécutive à une mauvaise blessure - pour maintenir l'ordonnancement des rangs.

Quant au public, il y avait certes des comportements quelque peu discourtois de la part de touristes qui n'avaient que faire du spectacle, mais il y avait aussi beaucoup de familles et de spectateurs venus de province, et manifestement heureux d'assister à une belle représentation de ballet. Je n'aurai pas l'outrecuidance de qualifier de "ploucs" tous ceux qui ne sont pas au fait des dernières tendances de la vie mondaine à Paris. Parfois j'aimerais même pouvoir faire partie de ceux qui parviennent encore à s'émerveiller ingénument...

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[Florestiano]

(ben oui, haydn, j'ai cette outrecuidance de qualifier de ploucs ceux qui ne savent pas se tenir au spectacle alors que ce ne sont pas des gosses de 4 ans ; et je peux vous dire que cette catégorie comprends également des personnes parfaitement au courant des dernières tendances mondaines à Paris... Au moins ces dernières ne défilent-elles pas, en plus, en marcel, mais ça, c'est un autre sujet)

[haydn]

Je ne voudrais pas qu'on nous accuse de faire dans le parisianisme forcené, en méprisant ceux qui ne font pas partie du sérail des balletomanes d'Ile de France...

Après, le comportement de certains touristes peut laisser à désirer (j'en ai même vu en short-baskets-marcel en train de siphonner au goulot des canettes de bière à l'entracte), mais, comme l'Opéra fait, pour d'évidentes raisons financières, tout pour attirer ce genre de clientèle au détriment des habitués-des-places-pas-trop-cheres-où-on-voit-assez-bien-quand-même, beaucoup moins rentables commercialement, il ne faut pas s'étonner de devoir supporter les "nuisances" visuelles et sonores qui vont avec...

Par ailleurs, les ailes de la malheureuse Sylphide ont une fois de plus refusé de se détacher correctement (la sorcière utiliserait-elle un poison bas-de-gamme?), et c'est Florian Magnenet qui a dû l'en débarrasser. Mais je dois dire que c'est Vincent Chaillet qui a géré cet incident malheureusement récurrent avec le plus de doigté et d'élégance (je me suis par ailleurs aperçu que je n'avais pas souligné, dans mon compte rendu de la représentation du mercredi 10/07, la qualité de ses équilibres au IIème acte, particulièrement soignés).

Enfin, je suis d'accord avec Florestiano en ce qui concerne Marc Moreau, qui était beaucoup plus à l'aise et détendu aux côtés de Laurène Lévy qu'il ne l'avait été avec Mathilde Froustey dans le Pas de deux des Écossais.

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[doudou]

Je reviendrai sur les représentations du 13 et celle du 15 juillet plus en détail plus tard. Juste un mot pour signaler les saluts de la dernière. Stéphane Phavorin a reçu des fleurs (qu'il a offertes à Melle Albisson) et plusieurs saluts particuliers à l'invitation de Pierre Lacotte et du couple Sylphide-James, ainsi qu'un salut à trois devant le rideau.

[MikeNeko]

Amandine Albisson et Florian Magnenet nous ont offert un beau final, la première toujours aussi gracieuse et judicieuse dans ce rôle, le second qui n'a jamais vascillé même dans la grande difficulté et avec l'envie d'en découdre malgré la fatigue.

Mais surtout, Stéphane Phavorin, qui était donc pour la dernière fois sur scène et à qui nous avons rendu un bel hommage sonore (on a fait ce qu'on a pu).
Ca m'a fait très plaisir, et en plus je n'ai jamais eu une aussi bonne place que ce soir ! (une amie avec l'oeil m'a fait remarquer que j'étais assis à côté d'étoiles (!) ).

Personne n'a démérité ce soir, et c'est avec grand regret que j'ai vu partir tout ce beau monde ... pour je ne sais combien d'années...
Notre corps de ballet décidément, je ne l'ai jamais vu aussi beau que pendant cette Sylphide.

[genoveva]

[summerluna]

Stéphane Phavorin seems to have had his farewell as Witch on 15th July.

http://youtu.be/3hQRaf07wT8

http://youtu.be/w8dH1Djv84w


Does anyone know what he will do after that?

I hope he will keep standing on the stage as a guest because I think he is talented as a extraordinary character artist.

[MikeNeko]

I talked a little bit with him the week before his farewell stage appearance.
He is starting a new career as a dance teacher, right after summer if i remember correctly, but not for POB (i don't know his future class location).

He said he was thrilled about his new position, even though he reckoned it might be sad for those who liked seeing him on stage. He was looking genuinely happy, that lifts the soul.

I don't think we will see him again on stage though...

[Alain]

[Joelle]

This is quite a pity if we do not see him again on stage, as he was a very expressive character/danser...

C'est très dommage effectivement de se dire qu'on ne le reverra plus scène ; il a toujours été un danseur très expressif...

[summerluna]

Thanks a lot for the answer about Stéphane Phavorin:)

It's sad to hear he wont' be on the stage but I wish him the best of luck for his new career!