Benjamin Millepied [ex?] directeur du Ballet de l'Opéra

[MikeNeko]

Je me demande de quel ballet il peut s'agir... Le Lac des aulnes ?

[paco]

[Florestiano]

Et c'est tant mieux. Je ne sais pas si le ballet de l'Opéra est "le meilleur corps de ballet du monde", mais il suffit d'assister à une représentation d'un ballet classique pour se rendre compte que beaucoup d'artistes distribués ne sont capables que d'annoner des pas et non de proposer quelque chose d'original et d'exaltant.
Et quand on voit où nous ont menés les soit-disant thuriféraires de l'École française, j'ai une certaine tendresse pour ces propos de Benjamin Millepied, qui montrent peut-être la voie d'une prise de conscience, de la part des danseurs eux-mêmes, du fait qu'il y a sans doute des fondamentaux techniques à revisiter

[sophia]

C'est vrai que ses propos sont très paradoxaux : d'un côté, l'inévitable concession à la formule publicitaire - "la meilleure troupe du monde" (mais dans quoi?) -, comme pour flatter les danseurs et le public local, et de l'autre, "les danseurs sont fantastiques en danse contemporaine, mais ici, l'enjeu reste le ballet classique." Bref, on s'en fiche un peu du contemporain - disons que ce n'est pas sur ça qu'on attend l'Opéra -, l'important maintenant est de revenir aux fondamentaux, et là, y'a du boulot!

[Alexis29]

Benjamin Millepied le formule un peu différemment puisqu'il dit "... dont le niveau général est le meilleur du monde" ce qui me semble tout de même un peu moins prétentieux.

[Marie-Ange]

BM "spécialiste du ballet", c'est un peu fort de café! J'ai l'impression de quelqu'un de beaucoup plus étroit que les danseurs de la compagnie...

[sophia]

Je ne vois pas ce qu'il y a de surprenant ou de choquant là-dedans - si l'on entend ballet au sens anglo-saxon. Je suis d'accord avec Alexis29 pour dire qu'il n'est pas le plus à même de transmettre les ballets du XIXe siècle (il peut tout de même instiller quelques idées stylistiques, on ne peut de toute façon pas tomber beaucoup plus bas dans la fadeur, qui est devenue la marque aujourd'hui des Noureev - grâce à ceux qui sont de fait ses "héritiers"), mais pour le reste, Robbins, Balanchine, etc., qui ont toujours été des piliers du répertoire de l'Opéra (et il est certain qu'on ne va pas en voir moins), il me semble qu'il a plus que son mot à dire. En tout cas, en tant qu'ancien danseur étoile et chorégraphe, je lui trouve plus de légitimité pour se qualifier ainsi qu'une Brigitte Lefèvre, qui d'ailleurs ne se mêlait guère du travail en studio et dont les ambitions étaient à mon sens d'un autre ordre.

[paco]

[Marie-Ange]

Sauf qu'un répétiteur ne fait pas forcément un directeur non plus. Et en quoi BM serait-il plus légitime que les autres maîtres de ballet made in US invités déjà et depuis toujours à l'Opéra de Paris pour travailler Balanchine et Robbins?

[haydn]

Je pense que tout le monde a compris que vous n'êtes pas une fan de Benjamin Millepied, c'est votre droit, mais ce n'est pas pour autant qu'il mérite qu'on lui fasse des procès d'intention. Et par ailleurs, côté danseurs, même si personne ne fera jamais l'unanimité, les retours sont plutôt bons, notamment du fait de sa présence quotidienne dans les studios de répétition et de l'intérêt qu'il porte à leur travail.

_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/

[LucyOnTheMoon]

Je me permets, excusez-moi maestro, de trouver au contraire sa reflexion pertinente et j’espère que les non-fans de Millepied ne vont pas être contraints au silence. Pour ma part je l’imagine tout à fait bien dans la fonction de "maître de ballet", répétiteur ou autre chose... mais "diriger" le ballet de l’Opera, c’est quand même un peu plus que ça! Quand il dit (dans le Figaro) que "l’Opera est une maison qui pourrait marcher toute seule" cela m’inquiète et en plus ce me semble une façon de renier le boulot de tous ceux qui, en dehors des aspects purement artistiques, font que ça "marche" justement. Depuis l’annonce du départ de l’amiral BL il est de bon ton ici de critiquer son bilan sur un ton de "bon débarras et vite tournons la page". Je laisse volontiers la critique de son bilan "artistique" à tous les sachants qui s’expriment ici. Mais reconnaissons au moins que c’était une bosseuse et qu’elle n’a pas eu peur de mettre les mains dans le cambouis administratif - peut-être pas toujours de la façon la plus heureuse, j’en conviens, mais au moins elle s’en est occupée. Il faudra bien que Millepied s’y mette aussi! Il remplace la directrice, pas le 1er maître de ballet...

[haydn]

Il ne s'agit pas de former un club d'adorateurs de B. Millepied, et par ailleurs, je n'ai jamais laissé passer le moindre commentaire excessif envers B. Lefèvre, ceux qui auraient aimé se défouler me l'ont assez reproché. Mais on ne peut pas faire grief à B. Millepied de vouloir s'occuper de politique artistique plutôt que de bureaucratie. Pour la bureaucratie, il y a un administrateur, dont c'est la mission. Nouréev ou Lifar ne s'encombraient pas non plus de tâches administratives.

_________________
Un petit "j'aime" sur la page Facebook de Dansomanie : http://www.facebook.com/Dansomanie/

[LucyOnTheMoon]

oui, au siècle dernier

[paco]

Non, ça n'a rien à voir avec l'époque. Nous sortons de 5 années où l'ONP s'est transformée en une immense administration, fort coûteuse en comparaison de ses consoeurs étrangères, et déshumanisée sur le plan artistique. Depuis 5 ans, la seule vision communiquée dans les media était celle du Directeur Administratif (qui est heureusement parti avec l'arrivée de la nouvelle Direction) ou du Conseil d'Administration. Finalement on finissait par penser que la seule ambition de l'ONP était de se transformer en machine à faire du cash et à mieux tirer profit de la clientèle touristique. Si vous regardez bien, même Brigitte Lefèvre, dont on ne peut nier la forte personnalité et une passion artistique, s'exprimait de moins en moins. Ce n'est qu'à l'approche de son départ qu'elle a recommencé à occuper les media et à parler de danse. Depuis 5 ans, en tant que spectateur, j'avais l'impression d'être devenu au pire un usager, au mieux une machine à sous, en tous les cas certainement pas un spectateur légitimement venu pour vivre une expérience artistique forte.

Eh bien cela fait fichtrement du bien de voir aujourd'hui une sorte de trio (Lissner-Millepied-Thiellay) où les rôles se répartissent clairement. Oui, je trouve sain, très sain, plus que rafraîchissant, que Mr Millepied estime que son rôle est de donner une vision pour la danse, de créer un souffle, une dynamique au sein de la compagnie, de ne parler que d'Art, de danse, de rapport entre son art et le public, et d'estimer que son rôle n'est pas de s'occuper de l'administratif. Pour cela, il y a déjà suffisamment de monde à l'ONP !!

[sophia]

Je pense aussi que le directeur d'une compagnie aussi importante doit choisir, à un moment donné, son/ses champ(s) de compétences. Brigitte Lefèvre a régné pendant vingt ans et imprimé une certaine image à la compagnie. De tout cela, il reste du bon, du moins bon, mais il est difficile de nier ce phénomène naturel qui s'appelle l'usure du pouvoir. Le fait est que les changements sont attendus de partout. Dans ce contexte, il est évident que le nouveau directeur ne peut pas tout faire, être sur tous les fronts. Il a apparemment choisi d'être un directeur maître de ballet (ce qui ne veut pas dire chorégraphe - qui s'en plaindra? -, on peut quand même supporter une création par an de Benjamin...) et c'est très bien ainsi. Cela me semble important de redonner une impulsion artistique à la troupe, sévèrement jugée ces dernières années, et pas que par des méchants-blasés-mais-qui-sont-ils-pour-critiquer-les-"meilleurs-danseurs-du-monde"? L'image d'arrogance et de fermeture de l'Opéra de Paris, exacerbée ces dernières années et ce, dans une époque qui ne peut plus l'admettre, émanait de la sphère administrative, mais les danseurs en ont aussi payé le prix par ricochet - malheureusement. On verra bien ce que ça donnera - peut-être rien -, mais pour l'instant, qui peut savoir? Il y a - il y aura - sans doute des tas de raisons de critiquer Millepied - ses programmations, ses distributions, son discours politiquement correct qui n'est pas vraiment ma tasse de thé..., mais ce qui s'esquisse à travers les quelques paroles lâchées dans la presse me semble plutôt positif, sur le plan humain au moins.
La prochaine étape espérée - et je ne vois pas pourquoi il ne faudrait pas en parler, Millepied ayant lui-même soulevé la question -, c'est pour moi la suppression définitive du concours - cette dépense d'énergie inutile qui tend à infantiliser les danseurs, discrédité qui plus est par l'abus des intérêts claniques -, avec des danseurs directement promus par le directeur, des danseurs qui sont avant tout le reflet, subjectif certes, de sa politique artistique.