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Concours de promotion Ballet de l'Opéra de Paris 2013
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Bayadere



Inscrit le: 23 Mar 2012
Messages: 8

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 6:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis très très heureuse pour François Alu!!
C'est un très beau danseur et sans aucun doute une future étoile...


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Elendae



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Messages: 13

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 7:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Second jour du concours, je dois dire que j'ai presque passé un meilleur moment aujourd'hui qu'hier, tellement ces messieurs ont osé des belles prises de risques avec panache ou, au pire, un grand courage ! Les classes des quadrille et des coryphées sont particulièrement enthousiasmantes, avec beaucoup de danseurs encore très jeunes mais ayant un énorme potentiel. Le niveau global des sujets laissait un peu plus à désirer (sans faire de mauvais jeu de mot avec leur imposée...).

Chez les quadrilles, le choix était difficile tant les personnalités étaient variées et intéressantes. Mon favori était Jérémy-Loup Quer, un vrai coup de coeur pour ce tout jeune danseur qui démontre déjà beaucoup de sensibilité, de musicalité, tout en étant très bon techniquement. J'aurais mis Hugo Marchand en 2nd tellement son potentiel est palpable malgré quelques petites imperfections, mais quelle présence ! Mathieu Contat a beaucoup de ballon, sa variation libre (Siegfried) manquait un peu de précision mais il a fait un beau concours. Alexandre Labrot m'a impressionnée par le moelleux de son imposée, Germain Louvet nous a gratifiés de sauts écart splendides dans sa très difficile variation libre (Colas / Spoerli). Coup de coeur aussi pour Florent Mélac, qui démontre beaucoup de personnalité, son Frollo était très réussi. Quel dommage cette chute dans l'imposée...Mais il est encore très jeune aussi.

Les coryphées ont été également très enthousiasmants : François Alu a, comme prévu, « cassé la baraque » avec une libre comme une imposée très très abouties, des sauts magnifiques, des pirouettes bonus, des doubles-assemblées comme on n'en voit rarement sur la scène de l'opéra...Sa place de sujet va nous permettre de le voir plus souvent en solistes, je m'en réjouis d'avance.
En revanche, je ne comprends pas le reste du classement, Hugo Vigliotti et Sébastien Bertaud ayant, à mon sens, livré les meilleures prestations et démontrant des personnalités très attachantes.
Le premier car on est transporté en le voyant danser, même si ça n'est pas toujours parfait, car son énergie est assez unique, j'ai été en particulier soufflée par sa variation libre, une des plus belle de la journée, qui lui allait de plus comme un gant (Push comes to shove-T.Tharp).
Le second a une présence magnétique, son imposée était très belle et je n'ai pas relevé de difficultés majeures, son Don José ensuite était formidable même si la 2ème partie était un peu plus difficile pour lui (ce qui fut le cas aussi d'Audric Bézard, j'y viens). Donc je ne m'explique pas le non classement de ces deux danseurs.
Yann Chailloux a fait deux jolies variations, un peu scolaires à mon goût, mais avec beaucoup d'élégance.
Mickaël Lafon, après avoir retrouvé la scène dans le Fils Prodigue en septembre, suite à une longue absence, a tenté le concours avec beaucoup de courage. J'ai trouvé très touchant le petit mot personnalisé du jury sur la feuille des résultats, est-ce courant ?

La classe des sujets a globalement eu toutes les peines du monde à se tirer correctement de la variation du Prince Désiré. Seul Audric Bézard s'en est finalement bien sorti et j'ai beaucoup apprécié l'autorité et l'élégance qu'il dégageait. Son imposée était réussie, surtout dans le première partie, puis l'essoufflement s'est un peu fait ressentir, comme pour Sébastien Bertaud, sur la fin de la variation. Je suis toutefois d'accord avec le jury, pour moi, il a fait le meilleur concours.
Yannick Bittencourt a fait une très jolie variation libre, très aérienne, mais l'imposée manquait vraiment de précision et les équilibres laissaient à désirer. J'ai eu le coeur serré en voyant Florimond Lorieux, car on perçoit chez lui un énorme potentiel déstabilisé par, peut-être, un manque d'assurance. Allister Madin a, comme toujours, personnalisé avec bonheur ses deux variations, qui n'étaient pas parfaites mais ne pouvaient absolument pas être considérées comme scolaires. Pierre-Arthur Raveau m'a fait un peu le même effet que Mathilde Froustey hier, j'ai eu l'impression qu'il n'était pas à son niveau habituel. Son Oiseau de feu était cependant très expressif, lyrique, avec un très beau travail du haut du corps.
Au final, pour moi, aujourd'hui, les 1ers promus de chaque classe méritaient totalement leur place, le reste du classement me paraît moins compréhensible.

Bravo à tous, en tous les cas !


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LysNoir



Inscrit le: 18 Déc 2009
Messages: 358

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 7:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

@Elendae: Pour répondre à votre interrogation dur Hugo Vigliotti, c'est vrai qu'il a du talent à revendre: énergie, panache, bonne technique...Mais je crains qu'il ne soit pénalisé par son gabarit, il est tout de même beaucoup moins grand que ses camarades et pour un soliste, vu la taille des filles aujourd'hui, c'est compliqué...


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Elendae



Inscrit le: 15 Oct 2010
Messages: 13

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 8:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

LysNoir a écrit:
@Elendae: Pour répondre à votre interrogation dur Hugo Vigliotti, c'est vrai qu'il a du talent à revendre: énergie, panache, bonne technique...Mais je crains qu'il ne soit pénalisé par son gabarit, il est tout de même beaucoup moins grand que ses camarades et pour un soliste, vu la taille des filles aujourd'hui, c'est compliqué...

C'est ce qui se dit, mais si la (petite) taille constitue un réel handicap, pourquoi alors avoir recruté tout dernièrement Antonin Monié, qui n'est pas vraiment un géant non plus ?...


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Jonquille



Inscrit le: 22 Avr 2005
Messages: 1796

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 8:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Mais je crains qu'il ne soit pénalisé par son gabarit, il est tout de même beaucoup moins grand que ses camarades et pour un soliste, vu la taille des filles aujourd'hui, c'est compliqué...


Que vaut-il mieux faire : promouvoir un coryphée méritant mais petit ou un grand dont on ne sait s'il saura porter (par exemple) ?

Il serait temps de (re)définir le statut de Premier Danseur et Première Danseuse à l'Opéra. Pour moi cela doit être un(e) soliste capable de danser un grand rôle classique du répertoire (après on peut aussi danser du contemporain en parallèle). Interpréter un ballet en trois actes nécessite une solide technique et de l'endurance. J'espère grandement qu'Audric Bezard et Valentine Colasante en seront capables. Car cette promotion devrait signifier une petite "consécration" et non une soudaine mise en avant. Comment savoir si un danseur mérite d'être soliste avant de l'avoir réellement mis à l'épreuve ?


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haydn
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Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 8:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Comme promis, un petit compte-rendu sur le concours masculin, qui a réservé quelques surprises.

A commencer donc par la promotion d'Audric Bezard au rang de Premier danseur, alors qu'on s'attendait plutôt à ce que ce soit Pierre-Arthur Raveau qui décroche la timbale. Rappelons tout de même qu'Audric Bezard comptait parmi les possibles promus lors de précédents concours, qu'il semble plutôt apprécié par la direction de l'Opéra National de Paris, et qu'il a souvent été mis en avant, même si depuis quelque temps on ne lui avait plus accordé de rôles de premier plan.

Au vu des prestations réalisées aujourd'hui par les Sujets sur la scène du Palais Garnier, l'avancement en grade dont va bénéficier M. Bezard apparaît en tout cas justifié. Les différents postulants ont presque tous éprouvé de sérieuses difficultés à maîtriser la redoutable variation du Prince tirée du second acte de La Belle au bois dormant, et Audric Bezard fut le seul à ne commettre aucune faute technique notable. Cela soulève d'ailleurs quelques interrogations, les chorégraphies de Rudolf Nouréev étant censées constituer, depuis ces tentes dernières années, le répertoire classique "naturel" du Ballet de Paris. Peut-être l'heure est-elle venue de tourner la page...

Pour son programme libre, Audric Bezard a choisi la sécurité, avec la variation de Don José, extraite de Carmen, de Roland Petit, largement à sa portée. On ne saurait d'ailleurs le lui reprocher, puisqu'il venait de faire la démonstration de ses qualités de virtuose dans La Belle au bois dormant.

Pierre-Arthur Raveau, qui a été bien mis en avant dans les distributions au cours des derniers mois, doit sans doute être un peu déçu. Nul doute qu'il accédera lui aussi dans un avenir proche au rang de Premier danseur. Il a réalisé aujourd'hui un concours de très bon niveau, qui justifie sa place de second au classement. En Prince Désiré, il s'est montré un peu moins propre qu'Audric Bezard, ce qui lui a sans doute coûté la promotion. En revanche, son Oiseau de feu (variation libre, chor. Maurice Béjart) ne souffrait aucun reproche, et il y a brillamment fait la preuve qu'il possède une vraie stature de soliste.

On relèvera aussi quelques programmes libres originaux, comme Rhapsody, de Frederick Ashton (musique : Serge Rachmaninov, sur des thèmes de Paganini), retenu par un Simon Valastro qui n'a pas eu peur d'affronter ce numéro de haute voltige dont le dédicataire et créateur n'était rien moins que ... Mikhaïl Barychnikov. De même, Fabien Révillion, à la recherche de sensations fortes, nous a gratifiés non pas d'une, mais de deux variations du Prince, l'imposée en version Nouréev, évidemment, et la libre dans la chorégraphie de Rosella Hightower.


La classe des Coryphées était la plus homogène des trois. Les candidats avaient préparé le programme imposé - la Mazurka extraite d'Etudes, de Serge Lifar - sous la direction d'Andrey Klemm, qui a manifestement fait du bon travail : quasiment tous les candidats se sont avéré capables d'exécuter correctement ce cheval de bataille du répertoire de l'Opéra de Paris, où les fondamentaux de la technique et du style français sont mis en valeur. Priorité au ballon, à la rapidité et à la propreté de la petite batterie.

La promotion de François Alu - qui relevait de blessure - ne faisait guère de doute, et la première place du classement lui a été fort logiquement attribuée. Sa variation libre, Solor, au troisième acte de la Bayadère, a été une vraie leçon de danse, avec, là, des double-assemblés parfaitement exécutés, tels qu'on aimerait les voir plus souvent sur scène. Mais gardons-nous aussi de tresser trop promptement des lauriers exagérés à M. Alu. Le plus bel avenir lui est promis, mais il lui reste encore du chemin à parcourir, et ce dont il aura le plus besoin maintenant, c'est de sérénité, de tranquillité d'esprit, afin d'affronter le destin dans les meilleures conditions.

Pour le second poste de sujet, la lutte était plus ouverte, et la chance a souri à Yann Chailloux, qui a brillé dans son difficile choix de variation libre, l'adage de Siegfried à l'acte I du Lac des cygnes, qui, contrairement à la Mazurka d'Etudes, réclame des aptitudes qui ne sont pas celles sur lesquels les méthodes françaises d'enseignement de la danse mettent particulièrement l'accent : lyrisme, ampleur du geste...

D'autres candidats auraient aussi pu prétendre à une promotion, tels Hugo Vigliotti, bondissant et agile, Axel Ibot, bien à son affaire dans Arepo (M. Béjart), ou encore Mathieu Botto, qui a fait bonne impression dans l'Arlésienne. On n'épiloguera pas sur le cas de Sébastien Bertaud, qui aurait mérité de passer sujet depuis belle lurette, mais qui semble décidément poursuivi par quelque mauvais sort. On notera toutefois que le jury a eu l'élégance de souligner les mérites et le courage de Mickaël Lafon, qui faisait son retour après une absence de plusieurs années ; victime d'un grave accident de la route, on pouvait craindre que sa carrière de danseur ne soit définitivement compromise, mais il aura heureusement trouvé la force de remonter sur les planches.


Dans la classe des Quadrilles, l'on avait peine à dégager quelques individualités. La variation de James (La Sylphide, acte II, chor. Pierre Lacotte), qui est constituée de pas d'école très techniques, était a priori un bon choix pour débusquer les meilleurs virtuoses parmi les jeunes danseurs. Peu d'entre eux sont cependant parvenus à surmonter toutes les difficultés qu'elle comporte. Dans les variations libres, on regrettera quelques initiatives malheureuses qui ont conduit des artistes encore peu expérimentés à aborder des pièces qu'ils n'avaient aucune chance de maîtriser. Personnellement, ma préférence est allée à Hugo Marchand, à la danse élégante et soignée tant dans La Sylphide que dans la Mazurka d'Etudes, son choix personnel. Espérons que le prochain concours lui sera favorable. J'ai également beaucoup aimé Florent Mélac, victime d'une chute malheureuse dans sa variation imposée, mais qui a fait forte impression dans Notre-Dame de Paris (Acte I, variation de Frollo, chor. Roland Petit). Soulignons également le bon comportement d'Alexandre Labrot, très correct en James, et impeccable dans Giselle (variation soliste du "Pas de deux des paysans"), ainsi que le cran d'Alexandre Carniato, qui, année après année, se donne la peine de préparer le concours même lorsqu'il sait que ses chances de promotion sont infimes. Avec Genus, de Wayne McGregor, il se sera offert un petit plaisir personnel, dans un répertoire où il s'est souvent signalé très favorablement et où il a toujours rendu de bons services à la compagnie.



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LysNoir



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Messages: 358

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 8:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Elendae a écrit:
LysNoir a écrit:
@Elendae: Pour répondre à votre interrogation dur Hugo Vigliotti, c'est vrai qu'il a du talent à revendre: énergie, panache, bonne technique...Mais je crains qu'il ne soit pénalisé par son gabarit, il est tout de même beaucoup moins grand que ses camarades et pour un soliste, vu la taille des filles aujourd'hui, c'est compliqué...

C'est ce qui se dit, mais si la (petite) taille constitue un réel handicap, pourquoi alors avoir recruté tout dernièrement Antonin Monié, qui n'est pas vraiment un géant non plus ?...


Ah, mais il n'y a pas que des solistes, dans une compagnie...Un petit gabarit peut être avantagé pour certaines difficultés techniques et se voir offrir les "purges" (ce n'est pas péjoratif)...Simplement, pour aller chercher Odette ou affronter Myrtha, ça va être dur...Idem pour le contemporain et ses portés périlleux...


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babybelou



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Messages: 30

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 8:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour tous ces comptes-rendus qui à la fois se recoupent et se complètent !
Petite question Haydn : pourquoi Alexandre Carniato a-t-il aussi peu de chances d'être promu ?


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haydn
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Messages: 26517

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 9:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a pour moi deux raisons à cela : c'est déjà un "ancien", et actuellement, la priorité semble être plutôt à la promotion des jeunes pousses (ce qui peut se comprendre, car dans les toutes prochaines années, il va falloir combler un gros "trou" générationnel avec les départs en retraite de ceux qui ont été recrutés en masse dans les années qui ont immédiatement précédé ou suivi l'ouverture de l'Opéra Bastille et le passage brutal de l'effectif de la compagnie d'environ 90 à 150 danseurs), et d'autre part, Alexandre Carniato est plutôt identifié "contemporain" - je pense que lui-même apprécie beaucoup le répertoire actuel, et il est tout de même rare que ce soit une variation tirée de chorégraphies avant-gardistes qui soit retenue pour le programme imposé. Là, clairement, la Sylphide ne lui était pas favorable.



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Aurélie



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MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 9:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aimerais savoir comment se sont manifestées les "félicitations" du jury pour Mickaël Lafon ?


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sophia



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Messages: 22087

MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 9:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

"Alors, ce concours messieurs, qu'est-ce que vous en avez pensé?"

Comme on pouvait s'y attendre, le niveau des garçons, toutes classes confondues, est plus hétérogène que celui des filles, mais c'est aussi avec les garçons qu'on a les plus belles surprises et les plus belles émotions, de celles que l'on n'a pas forcément eues hier. En termes de spectacle, cette journée m'a paru en fait bien plus satisfaisante. La pression semble moins forte, on voit globalement plus de prises de risque et plus de panache dans les prestations. Les résultats, c'est une autre question, et pour faire court, en-dehors de la promotion plus que méritée d'Alu, danseur que je trouve franchement exceptionnel (il domine le corps de ballet un peu à la manière de Sae-Eun Park chez les filles), je ne peux pas dire que je sois au septième ciel ce soir. C'est bien beau de dire : il/elle a été le meilleur/la meilleure (en soi, c'est déjà discutable). Mais après? Qu'est-ce qu'un premier danseur / une première danseuse?

Donc, mes impressions.

Quadrilles

Les quadrilles avaient en imposée la première variation de James, tirée de l'acte II de La Sylphide de Lacotte. C'est une variation redoutablement, sinon exclusivement, technique, une suite de pas d'école, un pensum pour certains (que l'on est loin du génie dansant de Bournonville!), qui s'inscrit parfaitement dans le style de l'école française. En ce sens, aussi périlleuse soit-elle, je la trouve bien adaptée à des quadrilles, que l'on attend d'abord sur la technique. Pour autant, on ne peut pas dire qu'il y ait un candidat qui l'ait vraiment maîtrisée. Les danseurs sont tous très appliqués à exécuter proprement les pas, sans pour autant dominer l'exercice, qui se solde trop souvent par un festival de réceptions lourdes et imprécises, de pieds flex et d'erreurs musicales. Alexis Saramite l'avait vraiment bien entamée de ce point de vue (avec les moyens d'un danseur de 40 ans), et puis hop, il se trompe de direction et c'en est terminé. Dommage, car son Abderam avait une véritable épaisseur. Je n'aime pas jouer les passéistes, mais l'on sent là quelque chose de l'ancienne génération. Certains ont tout de même limité la casse sur James, tels Alexandre Labrot, Hugo Marchand et Germain Louvet. A vrai dire, ce sont aussi un peu les mêmes que l'on retrouve sur la variation libre. Alexandre Labrot se tire proprement de la variation du pas de deux des Paysans ; Hugo Marchand, malgré quelques erreurs, se distingue par son élégance, sa maturité et son charisme dans la Mazurka de Suite en blanc ; Germain Louvet, avec des imperfections lui aussi, montre un beau potentiel dans la variation de Colas version Spoerli. Bref, ce sont Marchand et Labrot que j'aurais classés aux deux premières places. A part ça, on peut sans doute regretter certains choix de libres, comme ce Marco Spada bien trop difficile pour Cyril Chokroun (Jérémy-Loup Quer s'est mieux sorti du sien) ou cet Abderam, si peu en adéquation avec la personnalité discrète de Jean-Baptiste Chavignier. N'y a-t-il pas des maîtres de ballet pour éventuellement conseiller les candidats? On soulignera enfin l'excellente prestation de Florent Mélac dans la variation de Frollo, qui donne de bons espoirs pour la suite. Malheureusement, une lourde chute dans la variation de James compromettait sa montée dès cette année.


Coryphées

Voilà la classe enthousiasmante de la journée, et je dirais même de l'ensemble de la compétition. Tous ou presque auraient mérité une promotion. Le concours commençait très fort avec Hugo Vigliotti, dont la fougue contagieuse fait mouche dans la Mazurka de Lander, même si c'est parfois au détriment de la précision. Avec François Alu juste après, on touche simplement la perfection : sauts, pirouettes, réceptions, tout est magnifiquement exécuté et contrôlé, avec ce petit truc en plus (combien de pirouettes, mon dieu?) qui donne le frisson et vous donne juste envie de l'ovationner à la fin. Enfin autre chose qu'un bon danseur, enfin autre chose qu'un soliste propre, solide et honnête, ce qui semble parfois le nirvanâ actuel de l'Opéra (attention, il y a déjà des "puristes" pas contents devant tant de pirouettes et de tours en l'air, je vous assure...). Forcément, ça retombe un peu ensuite, mais tout de même, on ne peut que saluer le très beau travail de préparation de cette classe avec Andreï Klemm. Personne vraiment ne déparait dans l'ensemble. Sur la libre, c'est Alu toujours, avec un Solor (variation du 3e acte) d'une qualité que l'on n'a pas vue sur scène lors de la dernière Bayadère avec les étoiles (le fameux manège de double-assemblés était impeccable). Hugo Vigliotti, dont je ne m'explique pas le non-classement (voire la non-promotion), m'a enthousiasmée avec un Push comes to shove exactement taillé pour son tempérament : sens du rythme, sens de la comédie, qui se projette très loin dans le théâtre, et évidemment tout ce qu'il faut d'énergie et de virtuosité pour faire vivre la chose. Pour la deuxième place, mon coeur balance entre lui et Axel Ibot, dont les qualités de virtuose ne sont plus une découverte, mais qui a aussi fait montre d'une belle dynamique et d'un véritable magnétisme dans Arepo (à la chorégraphie putassière au possible, mais c'est une autre question). Yann Chailloux, néanmoins, n'a pas volé sa deuxième place, notamment grâce à sa libre, la variation lyrique de Siegfried, agrémentée de très beaux épaulements. Belles prestations encore de Grégory Dominiak dans les Sept Danses Grecques (mais ce n'est pas vraiment un défi) et de Matthieu Botto dans L'Arlésienne. Sébastien Bertaud, éternel perdant, sait toujours séduire par ses grandes qualités artistiques, mais j'ai un peu l'impression de voir chaque année un équivalent masculin de Mathilde Froustey : ses variations se renouvellent peu (Petit / Béjart, Béjart / Petit...) et un petit quelque chose de désabusé vient entacher chaque fois ses prestations.


Sujets

Cette classe de sujets est globalement assez décevante, tout au moins pas très emballante, que ce soit sur l'imposée ou sur la libre. En même temps, ce que l'on voit est dans la continuité du concours d'il y a deux ans, qui n'avait pas suscité davantage d'enthousiasme, avec la promotion, un peu par défaut, de Florian Magnenet. Cette année, donc, nous avons eu une promotion du même type, une promotion de celui qui a fait le moins mauvais concours et parce que vous comprenez, messieurs-mesdames, nous avons besoin de grands danseurs (sauf que les nouvelles étoiles sont de plus en plus petites). La variation du Prince Désiré est en soi terriblement anxiogène (pour dire le moins), et elle a donné plus que du fil à retordre aux candidats. C'est malgré tout un peu problématique, car après tout, c'est encore cela en grande partie le classique Opéra. Audric Bezard est en effet celui qui s'en est le mieux tiré, sans commettre de fautes majeures (notamment sur la dernière ligne de tours posés qui a été une hécatombe). Pour oublier cette malheureuse imposée, parlons des libres, même si, là encore, il était difficile de distinguer un candidat qui ressortait vraiment : Audric Bezard a bien assuré son Don José, mais non, je ne peux pas dire que j'ai jamais véritablement adhéré à sa présence et à son style de danse. Pierre-Arthur Raveau, lui, avait fait un choix intelligent et intéressant avec L'Oiseau de feu de Béjart : il abordait là un répertoire différent de celui des princes et autres jeunes gens sympathiques du répertoire classique qui lui colle à la peau et qui lui permettait en même temps de montrer son lyrisme et ses belles qualités de saut. Il a sans doute besoin de gagner en maturité scénique, mais je crois quand même que c'est lui que j'aurais promu, il est l'espoir - l'un des espoirs - de la compagnie et l'on a déjà commencé de le préparer dans ce sens. A côté, je ne vois pas trop sur quel type de répertoire on va distribuer Audric Bezard, qui ne s'est pas au demeurant fait connaître comme "porteur-sauveur" de la compagnie. Yannick Bittencourt et Marc Moreau ont quant à eux montré de belles qualités dans leurs Robbins respectifs (Other Dances et The Four Seasons), avec quelques fragilités toutefois. Enfin, j'ai bien apprécié les choix originaux de Fabien Révillion, qui semble aimer les curiosités du répertoire (cette année, c'était la variation du Prince Désiré version Hightower, tellement plus organique que celle de Noureev, et elle n'est pas sans poser de difficultés non plus) et de Simon Valastro (Rhapsody d'Ashton - mais qui a dansé cela à l'Opéra? Et quand? I'd really like to know...).




Dernière édition par sophia le Sam Nov 10, 2012 9:31 am; édité 7 fois
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haydn
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MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 9:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Aurélie a écrit:
J'aimerais savoir comment se sont manifestées les "félicitations" du jury pour Mickaël Lafon ?


Ben tout simplement par une mention sur le procès-verbal officialisant les résultats du concours.



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Aurélie



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MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 9:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, donc je vais m'acheter des lunettes parce que je ne les ai pas vues ! Laughing


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Aurélie



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MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 10:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Les résultats sont en ligne sur le site de l'opéra :

http://www.operadeparis.fr/actualites/


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haydn
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MessagePosté le: Ven Nov 09, 2012 10:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

France Télévision a pour la première fois cette année suivi le concours, et des séquences ont été filmées lors de la répétition générale, ainsi qu'à la sortie des épreuves. Quatre danseurs ont été tout particulièrement placés sous les feux des caméras, pour évoquer leur préparation, puis leurs émotions à l'annonce des résultats : Léonore Baulac, Héloïse Bourdon, Pierre-Arthur Raveau et François Alu. Smile



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