Tokyo Ballet [ONP Garnier 18-22 mai 2012]

[sophia]

Culture Box a mis en lien les extraits d'un documentaire sur la création de Kabuki.

[chien en peluche]

[Gracian2]

Comme c'est curieux, Maurice Béjart qui a si bien su capter les traditions différentes des nôtres, absorbant leur fondement, leurs valeurs et les restituant si justement dans leur essence, comme dans "Bhakti", "Farah", "Golestan", échoue complètement avec "le Kabuki".

Il a choisit une des plus célèbres pièces retraçant le destin tragique des 47 rônins. Il a décidé de suivre l'action en y associant des personnages contemporains et de créer une chorégraphie japonisée assez décevante. Personnellement cela m'a beaucoup gêné. Voir une dame vêtue d'un kimono de parade, monter sur pointe, effectuer des dégagés et des pirouettes m'a choqué et je serais curieux de connaitre les réactions de la presse japonaise de 1986.

Je suis peut-être trop familiarisé avec la culture japonaise, mais ce somptueux spectacle, remarquablement interprété, demeure pour moi bâtard dans la forme, dans cette musique symphonique outrancière, digne d'un film d'épouvante, s'enchaînant avec koto et shamisen, dans cette curieuse salade où l'on retrouve du bunraku et du kendo.

Le Kabuki est extrêmement populaire, du moins l'était-il en 1968 quand je suis allé au Japon. Leur Grand théâtre situé sur Ginza était toujours plein. Le Kabuki ressemble aux spectacles présentés le siècle dernier au Châtelet, avec mise en scène spectaculaire, effets grandioses et grosses vedettes. Au Japon, l'arrivée des héros sur le pont qui traverse le public était salué par les hurlements de leurs fans. Je n'ai rien retrouvé de cet esprit dans le ballet de Béjart.

Tout a été mieux quand j'ai décidé d'oublier Béjart, le Kabuki et les infortunés rônins et de suivre un splendide spectacle exotique magistralement dansé.

Haruo Goto est digne de prendre la place d'une des étoiles de l'Opéra. Takahashi, aérien, bondissant, Tsukamoto, la superbe Yoshioka, enfin tous font preuve de qualités techniques remarquables.

Il est quand même curieux que l'Opéra ait invité cette énorme compagnie accompagnée de lourds décors et accessoires, pour seulement six représentations.

[sophia]

Des photos de Kabuki (Laurent Philippe).

[mizuko]

An article on Chacott's Dance Cube with two photos by Sébastien Mathé, one of which is "tenugui-throwing".

http://www.chacott-jp.com/magazine/news/other-news/post-88.html

[Pink Lady]

Je trouve la qualité de ces photos, les couleurs et les détails assez exceptionnels compte tenu des circonstances (chez moi ça donne du noir et blanc flouté), même si je me doute qu'un photographe professionnel est bien équipé

[sophia]

On dirait presque des tableaux. Je me souviens d'une photo des adieux de Manuel Legris, prise du même endroit, dans un style identique.

[Thes]

Bonjour, Haydn et tous les lecteurs de dansomanie.

C’est la première fois que je vous adresse mon message, bien que je lise silencieusement depuis plusieurs années.
A l’occasion de la tournée de Tokyo ballet a l’Opera Garnier, je voudrais poster quelques mots sur l’oeuvre de ballet Kabuki, en essayant de réponde à Haydn et à Gracien2.

J'ai vu le ballet Kabuki plusieurs fois depuis 1986 jusqu’a maintenant. J’adore toujours.
Pour moi, ce n’est pas le kitch. Au contraire, je suis touchée par la comprehension profonde de Bejart envers la culture japonaise. Kabuki de Bejart est basé sur une histoire vécue tres renommée de 47 ronins (samourais sans leur seigneur). Le theme est la fidelité, l’honneur, l’amour, la mort… Pour ce point, Bejart comprend l’essentiel. Je crois que ce sont des themes que Bejart aimait à traiter.
Depuis cet évènement vecu au début de 17eme, cette histoire continue à attirer les gens jusqu’à maintenant. On ne saurais pas combien de versions théâtrales ou cinématographiques existent. Donc, pour les japonais, il n’est pas trop difficile de comprendre les scènes de cette oeuvre, meme s’ils ne savent pas le Chushingura de vraie kabuki. Chaque fois que j’assiste à ce spectacle, au fur et à mesure que le programe avance, l’émotion monte en moi et je finis à m’émouvoir. Cela veut dire que le ballet Kabuki dont la structure est bien calculée, transmet, par la dance, l’ âme japonaise et l’esprit de Chushingura, c'est-a dire la fidelité.
Bien sur qu’il y a des balletomanes japonais qui disent que c’est la kitsherie. Mais pour moi, si c’est bien construit et bien dansé, cela me suffit, comme Madame Batterfly bien chanté. Donc j’aime également “Seven Haiku of the Moon” (1989) de John Neumeier” bien concu avec de belles scènes. Si vous trouvez une discordance entre 2 cultures chez Kabuki, je crois que c’est parce que Bejart était trop attiré par la culture japonaise.

Pour Gracien2, je ne me souviens pas exactement des réactions de la presse lors de la première, mais je pourrais dire que l’oeuvre avait attiré les regards. La NHK a diffusé un long documentaire sur le processus de la repetition de Tokyo ballet avec Bejart, de même que la premiere. Il y avait finalement au moins une personne attiree :c’est moi !

Comme fan de Bejart, je serais heureuse si vous appréciiez quand-même quelques scènes et mouvements de Kabuki et quelques solistes et le corps du ballet de Tokyo.

[haydn]

Bienvenue Thes et merci pour ce compte-rendu, que vous avez de plus fait l'effort de rédiger en Français (Thes est Japonaise).

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[Gracian2]

Merci Thes de nous donner vos impressions.
Je vous signale que sur Youtube il y a un extrait d'un interview de Maurice Béjart travaillant avec le Tokyo Ballet lors des dernières répétitions.

[Thes]

Merci Gracien2,
Je vais voir you-tube

Un petit secret sans importance:
Tokyo ballet ne possède pas 47 danseurs masculins.
Donc, quand il donne ce spectacle au Japon, il demande généralement des figurants. Mais cette fois-ci, je suis sur que, à la dérnière scène, il y a des danseuses déguisant en samouraï

[haydn]

Il est aussi possible qu'ils aient recruté des figurants sur place, à Paris. C'est une pratique courante lors des tournées, cela coûte moins cher que de payer le déplacement de figurants recrutés dans le pays d'origine, et ça limite les problèmes de visas.

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[Thes]

Possible, Haydn!

[cymbales]

C'est même sûr : des figurants habituels de Garnier ont été appelés pour Kabuki, et une fois n'est pas coutume, on leur a demandé un petit peu de danse. Après, je n'ai pas vu le spectacle, il y avait peut-être également des femmes parmi les samouraïs.

[Pink Lady]

Je viens de regarder la fiche de distribution, qui ne liste en fait que 34 Rônins (tout en indiquant qu'ils sont 47), une façon simple de résoudre le problème... Est-ce toujours le cas ou seulement lorsque le spectacle est donné à l'étranger ?
Quant à savoir si des femmes se sont glissées parmi les samouraïs, ça me paraît difficile vu les costumes mais un lecteur japonais pourra sans doute nous le confirmer en consultant les noms ci-dessous (merci Joël).