haydn
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 Posté le: Jeu Jan 19, 2012 6:35 pm Sujet du message: |
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Rudi van Dantzig (1933 - 2012) était arrivé assez tardivement à la danse, à l'âge de 16 ans, après avoir vu au cinéma Les Chaussons rouges. Suite à un accident, qui le blessa au dos, il dut arrêter de se produire sur scène, et occupa, de 1965 à 1991, les fonctions de directeur au Het Nationale Ballet, à Amsterdam. Van Dantzig revendiquait l'influence de Sonia Gaskel et Martha Graham.
Pour l'Opéra de Paris, Rudi van Dantzig avait, à la demande de Rudolf Nouréev, monté No man's land en mars 1984 - une certaine Sylvie Guillem y fit des débuts fulgurants -, puis créé, en 1987, Sans armes, citoyens, sur la Symphonie Funèbre et Triomphale d'Hector Berlioz.
Sans armes, citoyens était une parodie pacifiste des Flammes de Paris, et le dernier tableau (les Sans-Culotte avançant en brandissant furieusement le drapeau tricolore) est d'ailleurs identique à celui du ballet de Vainonen.
La création de Sans armes, citoyens tourna à la catastrophe ; l'ouvrage - jamais repris - fut accueilli sous les huées par le public du Palais Garnier. Ce fut la dernière collaboration de Rudi van Dantzig avec l'Opéra de Paris.
Les créateurs de l'ouvrage étaient pourtant des artistes de premier plan : Elisabeth Platel, Michael Denard, Jean-Yves Lormeau pour les rôles principaux, Marie-Claude Pietragalla, Kader Belarbi et Wilfried Romoli - tous trois jeunes Sujets à l'époque, pour les personnages secondaires.
La critique tailla un costume en sapin à van Dantzig :
| Le Quotidien de Paris a écrit: |
| Une "révolution" lamentable. C'est plus proche des Galeries Lafayette pendant les soldes que d'un ballet pour l'Opéra de Paris. Les Larmes de Greuze vues par Sacha Guitry, sans le talent. |
| Le Figaro - René Sirvin a écrit: |
Sans armes citoyens commence sur le quai du métro Liberté. Déjà les poncifs y affluent! Balayeurs africains, femme juive arborant une étoile jaune, touristes en vison... et André Chénier, qui, tristement assis sur sa chaise, sert de liaison avec le tableau suivant. Celui-ci se déroule devant un arc de triomphe en construction, sur une large place, où se côtoient aristocrates et gens du peuple. Au fond, quelques notables soupent aux chandelles : dehors, des pauvres et des enfants affamés se serrent autour d'un brasero. Les heurts sont inévitables, le peuple exaspéré menace les aristocrates... et c'est le drame.
Mais Rudi van Dantzig a choisi le ton du mélodrame et de l'image d’Épinal, puis il tombe carrément dans le genre Grand Guignol lorsqu'il tire sur scène une charrette,une guillotine, une potence et décapite ses aristocrates sous les yeux du public. |
| France-Soir - Jacqueline Cartier a écrit: |
Il paraît que les danseurs de l'Opéra ont pris plaisir à répéter sous la direction du Hollandais Rudi van Dantzig. Ils ont dû être bien déçus en entendant les huées qui ont accueilli "Sans armes citoyens!", une fresque qui se veut monumentale sur la Révolution française [...].
Sans armes mais aussi sans invention, la chorégraphie se déroule platement. Ce qui a amusé les danseurs, c'est sans doute de faire du mimodrame qui relègue ce ballet dans l'expressionnisme du cinéma muet catégorie B ou de certaines œuvres moralisatrices qui, à l'Est, n'apportent rien de nouveau.
Michael Denard, Jean-Yves Lormeau et Annie Carbonnel [...] se font guillotiner, pendre ou passer par les armes par Wilfried Romoli, Elisabeth Platel et Fabien Roques, lesquels après cette Terreur, pris de remords, exécutent des pas de deux conventionnels avec leurs victimes ressuscitées, avant le Final de la réconciliation générale dans un monde meilleur. |
Les danseurs eux-mêmes avaient une opinion beaucoup plus positive de Rudi van Dantzig que la presse et le public parisiens :
| Danser - Valérie Hanotel a écrit: |
Jean-Yves Lormeau
"Ce qui est bien, c'est qu'on a eu largement le temps de répéter avec lui. Rudi est un chorégraphe étonnant. Il est arrivé avec des idées précises, un ballet tout à fait codifié, structuré. Je me suis tout de suite senti en confiance avec lui. Je n'ai pas eu d'impulsion personnelle, mais au contraire une grande envie de le suivre. Ce qui n'est pas dans mon caractère. Il a une gestuelle très établie, une histoire, un rythme à lui. Autant de points de repère qui nous rassurent. C'est l'une des premières fois que je participerai à une création à l'Opéra. Nous travaillons trop rarement avec les chorégraphes. Il faut être deux pour une création."
Wilfried Romoli
"Pendant les répétitions, Rudi a commencé par bien installer le corps de ballet, puis il a travaillé avec les solistes. Il crée très vite. Ce qu'il fait est très dansé, très fouillé, et non du corps de ballet inanimé. J'ai déjà travaillé avec lui pour No man's land. C'est l'un de premiers qui m'aient donné ma chance en me confiant un rôle complet d'étoile. Il arrive en salle de répétition avec ses pas chorégraphiés. Il sait ce qu'il va demander à chacun. Chaque personnage étant défini, c'est au danseur de suivre. Il est timide et très nerveux, mais on peut lui parler. Il est profondément humain."
Elisabeth Platel
"Je n'avais jamais travaillé avec lui. Ce qui m'a frappé, c'est sa précision. C'est un chorégraphie qui sait ce qu'il veut et sait comment l'obtenir. Il nous a vus danser avant même de commencer les répétions de No man's land. Il venait et il est venu cette fois encore à la fin des cours. Un quart d'heure avant la fin, il arrivait, nous observait d'un oeil très critique et nous disait ce qu'il avait aimé ou pas. Pour moi, il a de grandes qualités chorégraphiques."
Michael Denard
"C'est la première fois que je travaille avec lui. J'aime beaucoup ce qu'il fait. Il s'occupe de tous les personnages en même temps. On voit les caractères se dessiner peu à peu, comme un tapis dont tous les motifs se montent ensemble. Et puis l'homme est très agréable. Aussi patient que compréhensif. Il n'est pas coincé dans son monde et loin des danseurs. Je ne pense pas qu'il accouche dans la douleur." |
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