La Bayadère, ONP Bastille 07/03- 15/04 2012

[sophia]

Pour en revenir à Gamzatti-Gilbert, c'était quelque chose comme la perfection, et je lâche rarement ce mot, que je trouve assez ridicule. Alors c'est vrai, les rôles légers (le type "soubrette") sont plus proches de son tempérament, mais c'est ainsi pour tous les danseurs, il y a des rôles ou des styles pour lesquels ils sont plus naturellement faits que d'autres. Avec le nombre d'étoiles vieillissantes ou limitées que compte l'Opéra, elle est de très loin la plus "versatile", et toujours sur le pont avec ça, alors que demander de mieux?

Hier, j'ai vraiment pensé que l'Opéra nous proposait là une Gamzatti d'exception, alors que l'on est frustré du côté des Nikiya et des Solor - et ça ne date pas d'aujourd'hui. Froustey et Dayanova promettent aussi, même si elles ont forcément moins d'expérience. J'ai vu des séries de ce ballet avec le Mariinsky (et le Bolchoï), et c'est exactement l'inverse, avec les plus belles Nikiya du monde, des Solor pas mal non plus, mais des Gamzatti inodores (faute de renouvellement, car il y a de la réserve). Il n'y a que le Bolchoï qui me semble disposer de tout actuellement sur ce ballet.

C'est sûr, après Dupont et Cozette, j'attends d'autant plus Ould-Braham (et la Zakh aussi quand même)! Maintenant, il n'y a peut-être pas qu'une opinion personnelle là-dedans. Disons que je fais partie de cette caste d'amateurs dogmatiques qui pensent qu'une Nikiya, même française, doit avoir des bras et un dos, une Odile savoir fouetter, une Kitri pouvoir sauter... et que tous les talents d'acteur du monde n'y changeront rien!

[kikisou]

Bien que m'y connaissant très peu je l'avoue, je ne partage pas l'avis de Sophia et à mon avis on était très loin de la perfection... Peut-être avec Zakharova et Bullion, ainsi que Gillot, ce sera mieux.. pour ceux qui auront la chance de pouvoir y aller.

Un petit mot pour Aurélie Dupont que je trouve sublime.

[Vanille]

[haydn]

Critique proprement hallucinante dans PariScope / Premiere, j'ai vérifié trois fois la date, c'est bien de la reprise 2012 qu'il s'agit...

[Elaine]

Je reviens sur la première de La Bayadère de mercredi dernier et complète les remarques précédentes. A mon sens, Dorothée Gilbert a donné du dynamisme et un certain caractère à son personnage. Sans être une actrice hors pair, elle joue son rôle de méchante en gardant sa distance avec une Gamzatti très datée 19e siècle. Elle ne croit pas à son personnage mais le traite comme il convient, en s'amusant et en faisant de grands yeux menaçants, dans un costume violet foncé qui lui sied particulièrement bien! Certains "dansomaniaques" jugent la prestation d'Aurélie Dupont du 7 mars à l'aune d'autres antérieures. Ne pouvant faire de telles comparaisons, je soulignerais plutôt son incroyable présence sur scène : elle dégage une assurance rare et attire tous les regards.
Très applaudi, Emmanuel Thibault était cantonné à son bref rôle phare, qu'il maîtrise peut-être trop bien désormais pour s'y donner avec foi. Qui peut lui en faire le reproche ?
Quelques danseuses se sont distinguées, en particulier Sabrina Mallem presque ivre dans la danse indienne, Mathilde Froustey parfaite de légèreté en Manou et qui campera sans aucun doute une Nikiya de rêve, et Charline Giezendammer dans la danse Djampo et en deuxième ombre.
La ferveur du fakir Allister Madin et la sauvagerie des Hindous faisaient plaisir à voir.
Quant à Solor (Josua Hoffalt), les applaudissements de la salle - visiblement prévenue de l'issue de la représentation - lui ont permis de dépasser un premier acte un peu terne et tendu pour s'épanouir dans un acte III plus délié et convaincant.
Le corps de ballet a fait preuve d'une belle homogénéité dans les ensembles, en particulier dans la troisième partie, et l'immense salle de la Bastille était visiblement envoûtée par la poésie himalayenne : la fascination était palpable autour de moi. C'est surtout cela que je souhaite faire partager aux lecteurs qui n'ont pas eu l'occasion de se déplacer ! Sans doute pas exceptionnelle pour des connaisseurs exigeants, la soirée restera mémorable pour l'amateur.

[haydn]

Bienvenue Elaine! Et merci pour ces premières impressions.

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[chloe.c]

Un petit rajout également même si tout a été dit (ou presque) : un peu déçue de la 1e ombre de Mlle Dayanova samedi soir, surtout après ce que j'ai pu voir d'Héloïse Bourdon (sur youtube) à la première. Quel dommage, moi qui apprécie tant cette danseuse, j'ai trouvé que sa variation manquait d'assurance pour le coup !
Sinon, beaucoup apprécié Mlle Froustey et Giezendammer, en plus de M. Hoffalt qui était beaucoup moins crispé qu'à la générale.
Enfin, un corps de ballet superbe, surtout cette descente des ombres hypnotique...

[Aurélie]

Je trouve les tempi de cette première variation complètement ridicules de lenteur. Héloïse Bourdon est elle aussi en difficulté sur la vidéo...

[Alain]

Pardon Aurélie si je vous contredis mais il est absolument indispensable de faire de ces trois variations des Ombres une interprétation musicale vraiment différente : une variation lente la première puis une très rapide la deuxième et enfin une plus balancée la troisième...
Observez pour cela les vraies courses sur pointes des versions russes de la deuxième variation... Bluffant parfois !
Pour mémoire, en 1974, alors que Rudolf Noureev montait le seul troisième acte de Bayadère au Palais Garnier, la variation de Solor était dansée juste après la rapide (2ème Ombre). Il modifia cet ordre ensuite en 1992 bien sûr mais aussi me semble-t-il en 1974, le succès de cette variation lui faisait , sans mauvais jeu de mot, de l'ombre...
La succession des différents types de "brio" qu'exigent ces miniatures provient aussi ne l'oublions pas du fait que tout comme les deux willis dans Giselle porte des prénoms en rapport avec leur nationalité et donc un tempérament ("stéréotypé" sans doute...), il me semble bien, mais un(e) historien(ne) de la danse pourrait le confirmer... que les trois Ombres sont également de nationalités différentes dans le livret et ceci justifie aussi les tempi...
Si on compare aux tempis d'autrefois, tout est dilué je vous le confirme et cela peut-être en raison des amplitudes physiques démultipliées mais aussi des espaces à parcourir mais je crois surtout que la technique brillante et rapide, vive, se perd au profit des temps d'adages qui s'allongent parfois sans rapport avec le propos même...
On est parfois tenté de ralentir un tempo quand quelques difficultés techniques "ne passent pas" mais ici la maîtrise du ralenti de la première Ombre se trouve dans la suspension elle-même des temps entre les pas, non pas un arrêt mais bien une suspension entre un balancé et un saut, un tour et le décalé qui le suit...
La solidité des relevés suivis de la diagonale notamment provient (un peu à contrario d'une idée reçue) des "séparations" des temps physiques entre les développés de jambe et des relevés sur pointes, la succession des actions donnant au final un legato bienvenu.
On ne peut espérer faire un beau développé "lent" sans un relevé puissant et vif, de même que la descente de pointe légère en arabesque provient d'un bel équilibre dans le relevé-fouetté et non pas tant d'un parfait contrôle de la cheville... L'aplomb est le meilleur allié de l'adage !!!
Pour finir j'applaudis Mlle Froustey qui dans sa variation de la 2ème Ombre réalise parfaitement les doubles tours développés en 4ème devant que beaucoup d'artistes réalisent en descendant de pointes alors que le brio consiste à faire jaillir ce développé synchrone avec la note musicale en restant sur pointe ceci donnant l'effet d'une flèche jaillissante ou d'une explosion de joie... au choix de l'imaginaire... le romantisme éthéré est bien loin mais le contraste est là...

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"Toute oeuvre est morte quand l'amour s'en retire." André Malraux

[Monica]

Je serais plutôt d'accord avec Aurélie...même s'il faut différencier les tempi des trois variations, la première (troisième en Russie) devient trop trop lente donc perd tout sens musical et en plus c'est ennuyant...ce n'est pas un examen où l'on doit voir qui a plus d'aplomb dans un long adage, mais un spectacle avec un public, à mon avis

[Aurélie]

Je veux bien qu'il faille différencier les variations, mais là, c'est trop! Un blanc de 5 secondes entre chaque note, je ne pense pas que ce soit ce qui ait été prévu à l'origine. Si la danseuse y arrive, pourquoi pas, mais si elle galère, comme c'est le cas la plupart du temps, c'est pénible pour tout le monde, alors autant augmenter un peu de tempo! Ca n'en fera pas une variation rapide pour autant.

[kikisou]

Je ne peux qu'admirer votre science à ce sujet....Avez-vous tous pratiqué la danse classique pour être si connaisseurs ?

[haydn]

Certain des intervenants sont effectivement des danseurs professionnels et les autres des amateurs. Faut-il être danseur pour commenter un spectacle? Les journalistes de danse sont ils danseurs? J'en doute, pour la plupart...

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[haydn]

Critique assez curieuse de Pierre Combescot dans le Canard Enchaîné :


Pas un mot sur Dorothée Gilbert, à croire que Gamzatti n'a rien à faire dans l'histoire, mais encensement d'Aurélie Dupont :

[babybelou]

mdr !
Cet article est assez improbable !!!!