En attendant les feuilles mortes : revue de presse d'automne

[haydn]

Les journaux sont parus tôt ce mois-ci, avec déjà Danse, Dance Europe, Ballet 2000 et Danser-Télerama. Ce dernier titre ne consacre pas moins de 6 pleines pages à Jérôme Bel et Véronique Doisneau, alors que d'ordinaire, l'Opéra de Paris y est quasiment boycotté.

Les mêmes ont aussi droit à une double-page dans Dance Europe, mais je vous reparlerai de tout cela dès que j'aurais eu le temps de lire la presse specialisée plus en détail

[haydn]

En couverture de Danser d'octobre, c'est Antonio Gadès, auquel le journal rend hommage. A une retrospective signée Martine Planells, s'ajoutent les souvenirs de Rosalia Gomez, critique de danse au Dario de Sevilla.

Autre dossier copieux et intéressant, celui consacré au Kabuki ; l'art japonais sera en effet à l'honneur lors du prochain Festival d'automne à Paris. L'article est accompagné d'une présentation de la nouvelle star nippone du Kabuki, Ebizô IV, de son vrai nom Ichikawa Shinnosuke VII.
Les photos qui illustrent le document sont vraiment superbes.

Et comme annoncé, une fois n'est pas coutume, l'Opéra de Paris figure en bonne place dans Danser, avec six pages d'interviews croisées entre Jérôme Bel, Brigitte Lefèvre et Véronique Doisneau. On y apprend notamment que Jérôme Bel aurait voulu "recréer" le défilé du corps de ballet...

Heureuse initiative, Danser reprend la série historique de Nicolas Six, suspendue lors des deux dernières livraisons, avec cette fois-ci un passionnant papier sur Emile Jacques-Dalcroze.

Dernier grand reportage de ce numéro, celui dévolu à Karine Saporta, qui monte Feu le music-hall, en hommage à Colette au Théâtre du Vieux Colombier.

La page "critiques" est assez maigre ce mois-ci, et l'on notera le commentaire mi-figue mi-raisin de Jacky Pailley sur Le temps d'aimer, de Theirry Malandain, au festival de Biarritz. Le journaliste de danser semble un peu gêné aux entournures : manifestement, il n' a pas aimé, mais ne veut pas taper trop dur sur Malandain quand même.

Enfin, on trouve la traditionnelle série d'exercies selon la méthode Popard, et une page de conseils juridiques destinés aux intermittents du spectacle.

[suzy]

a propos de dance europe je n'arrive plus aller sur leur site. Dommage car les auditions qui sont mit la bas sont toujours très complet, et je sortait les feuilles pour les mettre au studio pour que les élèves puisse aller faire les auditions

[haydn]

En vedette dans Dance Europe, une longue interview de Monica Mason, la directrice du Royal Ballet, accompagnée de photos de l'époque ou elle était elle-même danse dans la prestigieuse compagnie (1958-1980).

Dans le courrier des lecteurs, une lettre courroucée d'un spectateur déçu de la production de Roméo et Juliette présentée par le Bolchoï à Londres cet été. Lui, sa femme et sa petite fille de 11 ans auraient volu quelque chose de moins moderne. Remboursez!

Et aussi celle d'une balletomane japonaise, furibarde - mais on la comprend - qui est venu exprès de Tokyo pour voir Sylvie Guillem. Patatras, tout a été annulé, et le billet d'avion a été pour sa pomme. La danse est une passion onéreuse et aussi risquée que la spéculation en bourse.

Jérôme Bel bénéficie aussi d'une intreview sur une double page dans le magazine britannique, illustrée des mêmes photos que dans Danser... Outre Véronique Doisneau, François Fargue l'interroge sur le scandale qu'il a provoqué au festival de Dublin, avec son ouvrage jugé obscène. Pour J. Bel, les réactions s'expliquent parce que l'Irlande est un pays toujours dominée par l'Eglise catholique, et qui ne s'est pas encore adaptée aux moeurs du 21ème siècle. Par ailleurs, J. Bel refuse d'être considéré comme un artiste "provocateur", et juge ses créations "very soft"

Encore et toujours la tournée du Bolchoï, avec deux grands articles signés Emma Manning et Marina Radina. Emma Manning défend le très contesté Roméo et Juliette, et loue notamment la prestation de Maria Alexandrova et Yuri Klevtsov (Mercutio).

La Fille du Pharaon est commentée de manière élogieuse, et jugée supérieure aux représentations parisiennes, du fait de la présence de Sergueï Filin. Svetlana Zakharova, mais surtout à nouveau Maria Alexandrova, ainsi qu'Anastasia Yatsenko, Ekatarina Shipulina et Elena Andrienko sont encensées.

Pour le reste, il y a un compte-rendu du festival Tanzsommer à Insbruck (Autriche), un état des lieux de la danse en Finlande, un reportage sur la tournée du Royal Ballet au festival de Sintra (Portugal).

Il y a aussi le Critic's choice annuel. Pour le correspondant français du journal, François Fargue, la meilleure danseuse féminine de la saison passée est Aurélie Dupont, suivie de Dorothée Gilbert (Don Quichotte, Kitri), d'Agnès Letestu (La Sylphide ? ), de Marie-Agnès Gillot (Signes) et de Juliette Gernez (Afternoon of a Faun). Chez les hommes, la palme revient à ... Emmanuel Thibault (Don Quichotte, Basilio), suivi de Carlos Acosta (idem) et d'Alessio Carbone (Don Quichotte, le Gitan).
Meilleur spectacle : la Fille du Pharaon, par le Bolchoï.
Plus mauvais spectacle : Kassandra, d'Anne-Teresa de Keersmaeker, au Théâtre de la ville.

Dernier article qui mérite d'être cité, le reportage de Mary Brennan sur Magyar Dance Festival, en Hongrie.

[haydn]

Et pour répondre à Suzy, le site web de Dance Europe est effecivement en rideau actuellement. Il semblerait qu'ils n'aient pas renouvellé à temps le dépôt de leur nom sur le web... Espérons que ce sera vite réparé.

www.danceeurope.net

[haydn]

Apparemment, ils lisent Dansomanie, chez Danse Europe. Le site remarche depuis ce matin


www.danceeurope.net

[haydn]

Numéro un peu terne de Ballet 2000, avec pas grand chose de réellement intéressant. Les fans l'acheteront cependant, vu qu'il y a un grand poster d'Aurélie Dupont dans... le Parc, de Preljocaj, ce qui n'est pas franchement à la pointe de l'actualité tout de même.

On saluera tout de même l'article élogieux de Vincent Le Baron sur les performances des danseurs de l'Opéra de Paris au concours de Varna, que j'ai déjà cité par ailleurs, ainsi que le portrait consacré à Angelin Preljocaj, justement, par Marinella Guatterini.

Mention aussi la double-page consacrée à Antonio Gadès, et le cahier "Photo archives", avec notamment P. Dupond, R. Nouréev et Eric Vu An dans La tempête, sur la scène du Palais Garnier en 1984.

[sophia]

Dans ce même numéro de "Ballet 2000", il y a aussi une critique assez négative de la représentation de "Jewels" de Balanchine, tel que l'a interprété le ballet de l'Opéra de Paris lors de sa tournée en Espagne de cet été. Le critique Roger Salas souligne notamment l'inadéquation entre le style de l'Opéra et celui de Balanchine (le Kirov est ainsi étonnamment jugé bien supérieur à ce jeu-là). Seuls sont épargnés les solistes de "Diamonds", Agnès Letestu et José Martinez, mais aussi Wilfried Romoli loué pour sa "maturité" et... Emmanuel Thibault dont l'auteur de l'article célèbre "le brio et le saut" .

[haydn]

Merci Sophia de ces précisions, j'avais en effet oublié de citer cette critique, intitulée "Un Balanchine mal à propos", où Roger Salas critique également les costumes de Christian Lacroix, qui remplacent ceux d'origine, et revient également sur Symphony in C, donné au début de la saison 2003-2004 au Palais Garnier, pour regretter qu'on ait pas plutôt choisi Palais de Cristal, la version originale - bien plus intéressante -de l'oeuvre, sur laquelle l'Opéra de Paris possède les droits. Mais peut-être que les business men du Balanchine Trust y avaient mis leur grain de sel...

[haydn]

Après la série de gaffes et de coquilles qui ont émaillé les numéros précédents, Danse d'Octobre 2004 apparaît comme beaucoup plus soigné. "Denise" a-t-elle été licenciée, ou des récriminations de lecteurs mécontents ont-elles incité la rédaction à faire du zèle?

A lire en priorité, une longue et intéressante inteview de Josette Amiel, illustrée de photos historiques, à l'occasion de la reprise d'Etudes à l'ONP, dont elle a dirigé les répétitions. On y apprend que l'ancienne danseuse étoile avait d'abord commencé à prendre des cours pour devenir... acrobate de cirque, avant d'opter pour la danse. On remarquera tout spécialement un portrait d'elle en Kitri, qui fait vraiment rêver.

Aurélia Hardy signe également une rétrospective de la saison 2003-2004, où l'on apprend qu'elle a peu apprécié les créations de Kylian et Bombana, mais beaucoup Céline Talond ans Giselle / Mats Ek et Marie-Agnès Gillot dans Signes.

L'édito de Michel Odin est moins hargneux que d'ordinaire, et le rédac'chef se réjouit (mais si, lui aussi!) de la nomination de Frédéric Flamand à Marseille, qui devrait enfin mettre un terme à la crise que traverse le BNM. On l'espère aussi, et il est vrai que le journal de M. Odin a toujours soutenu M.-C. Pietragalla, alors qu'on lui tirait dessus de partout. Allez, pour cette position courageuse, on lui pardonnera l'impéritie de "Denise".

Danse propose également deux longs reportages abondamment illustrés, l'un sur le festival Le temps d'aimer, à Biarritz (ils ont décidemment Thierry Malandin) à la bonne), sur Mireille par le Ballet des jeunes d'Europe en Arles, et sur le festival d'art Russe à Cannes.

L'étranger est aussi à l'honneur, avec des papiers développés sur le Ballet national du Portugal, Roméo et Juliette par le ballet de l'Opéra d'Oslo, accompagné d'une interview de son directeur, Espen Giljane, ainsi que des comptes-rendus de Smoke, par le Zürcher Ballet et du spectacle de fin d'année de l'école de danse de l'English National Ballet.

Enfin, les fans trouveront un entretien avec la danseuse de flamenco Eva Yerbabuena.

[haydn]

La livraison d'octobre de BalletTanz, la principale revue allemande consacrée à la danse classique, vient compléter cette revue de presse :



A noter, en page 15, une courte mais intéressante inteview de ... Brigitte Lefèvre, où elle parle de ses pouvoirs de décision à la direction du Ballet, en ce qui concerne la programmation et les distributions.

En substance, Brigitte Lefèvre explique qu'elle essaye de concilier les désirs des danseurs, et ce qu'elle considère comme bon pour la compagnie dans l'ensemble et le public.

Elle indique que G. Mortier, aussi bien que H. Gall auparavant, lui laissent toute latitude pour organiser la saison, même si l'ancien et le nouveau directeur sont selon elle des connaisseurs et que leur avis est évidemment pris en considération, même si elle affirme "qu'on ne lui donne pas d'ordres".

Pour le reste, un article (en anglais) sur la chorégrahie de la cérémonie d'ouverture des J. O. d'Athènes, un dossier sur l'influence de la mondialisation sur l'évolution de la danse (si si...) et un autre sur les rapports entre l'opéra et le ballet.

On trouvera également un portrait abondamment illustré du danseur et chorégraphe portugais Rui Horta et une série de critiques de spectacles, avec en vedette Tempus fugit, de Sidi Larbi Cherkaoui au dernier festival d'Avignon.