Youth America Grand Prix (YAGP) 2012

[sophia]

Et sans vouloir remuer le couteau dans la plaie ni prôner un modèle à la Lopatkina, je ne vois pas comment des vedettes qui dansent désormais quasiment en free-lance, avec un agenda affolant, pourraient approfondir ou peaufiner des rôles de ce type, si éloignés de leur emploi naturel (et s'il y a un rôle un tant soit peu profond dans le répertoire masculin classique, c'est bien celui d'Albrecht). C'est déjà difficile pour les jeunes étoiles en résidence des grandes compagnies, sans cesse sollicitées par de nouveaux rôles, de nouveaux répertoires, avec la pression qui va avec... Donc ne pas se leurrer non plus, c'est le star-system qui prime sur la recherche artistique. Rappelons a contrario que Vassiliev s'était préparé deux ans avant de danser Spartacus au Bolchoï.

[NEOPHYTE]

Sophia, vous avez peut-être raison, le rôle d'Albrecht est difficile à maîtriser.
Cette année, les critiques new-yorkais n'ont pas été convaincus par les Albrecht de l'ODP.
Et pourtant, nos danseurs sont dans une grande compagnie, ils ont tout le temps de peaufiner leur personnage...

[sophia]

Disons qu'il y a eu énormément d'articles, souvent mitigés, et pas vraiment d'unanimité - dans un sens comme dans un autre.

Dans mon souvenir (j'ai un peu la flemme de ressortir tout ça), les critiques négatives ou réservées (surtout adressées à Hoffalt, voire à Ganio) ne visaient pas l'inadéquation au rôle ni le manque de technique, de travail ou d'élégance, mais plutôt le défaut de théâtralité ou de projection (d'où une focalisation assez générale des articles sur la qualité du corps de ballet, certains parlant à peine des solistes). Bref, le ton était plutôt du genre "tout ça c'est bien joli, mais what's the point?" Comme dit, il n'y a pas non plus besoin d'être Américain pour penser cela.

Il me semble difficile de toute façon de comparer les uns et les autres. Vassiliev évolue dans un tout autre système à présent que les danseurs de l'ONP (ou même du Bolchoï). Il fait - et à mon avis se contente de faire - du Vassiliev quel que soit le rôle, car il sait pertinemment que c'est pour ça qu'on vient le voir, même si ça n'est pas du goût de tout le monde. En Basilio ou en Ali, ça passera toujours merveilleusement (encore que...), en Albrecht, on attend peut-être autre chose que de la bravoure. Mon constat, sous forme de justification, était donc en même temps une critique : au Bolchoï, tout en étant ultra-typé, il avait un cadre, un coach personnel, des séances de répétition planifiées et une troupe porteuse derrière lui (et un répertoire bien plus varié qu'il - ou elle - ne le prétend, tout au moins bien plus que ce qu'il est actuellement), maintenant ce n'est plus du tout le cas, donc pourquoi et comment changerait-il?

Mais bon, on s'éloigne nettement du point de départ, qui n'est jamais qu'un pas de deux dans un gala volontiers spectaculaire...

[NEOPHYTE]

Je n'ai pas pu m'empêcher de mettre en parallèle les critiques dont fait l'objet Ivan Vasiliev (et je suis certaine qu'une bonne critique est souvent constructive) avec une certaine tolérance vis à vis du niveau technique de l'ODP.

Les journalistes américains nous ont servi d'excellentes critiques sur l'ODP et si le style d'Ivan Vasiliev n'est pas celui d'un "danseur noble", le niveau technique de l'ODP n'est pas celui d'Ivan Vasiliev....

Par contre, je suis d'accord avec sophia pour dire que l'équipe du Bolchoi procure aux danseurs un coaching de très haut niveau (je pense aux progrès de David Hallberg quelques mois après son arrivée au Bolchoi).

[sophia]

Les danseurs de l'ONP sont ce qu'ils sont, avec leur style d'école, et Vassiliev, qui a une tout autre culture - en plus d'une folie unique -, est un peu seul dans la quatrième dimension, non?

A part ça, oui, il y a à mon sens une indulgence certaine vis-à-vis de certains solistes/étoiles masculins, qui sont loin d'avoir un niveau technique exceptionnel, non seulement au regard de ce qu'on a pu voir auparavant dans la maison, mais aussi au regard de ce qu'on peut voir parfois/souvent ailleurs.