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Soirée Lifar - Ratmansky [ONP, 21 09 - 26 10 2011]
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Lulu



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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 7:29 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je n'ai vraiment pas ressenti les mêmes choses que Haydn sur cette distribution. Confused
Phèdre était toujours aussi beau, un petit mieux pour la Phèdre d'Agnès Letestu. Un Stéphane Buillon pas trop mal dans son rôle et J. Hoffalt extraordinaire. Je n'ai pas vraiment apprécié Mathilde Froustrey un peu étrange dans ce style.

Je pensais que j’allais peut-être trouver cette nouvelle création de Psyché plus intéressante et originale qu’a la première, avec cette nouvelle distribution. Mais, non! Ce ballet est vraiment une horreur. On dirait vraiment une œuvre pour veilles bourgeoises endimanchées. Seul point positif la prestation de Mathieu Ganio. Très beau dans ce rôle ingrat. Je n’ai pas du tout accroché à la Psyché de Mlle Gilbert que j’ai trouvé plutôt maniérée et du coté technique : en dedans et manquant de travail de pointes léché, dommage cela lui donne des lignes de jambes courtes. Ils font bien sur ce qu’ils peuvent et la platitude de la chorégraphie ne les aide pas à nous faire comprendre l’histoire. Le pas de deux m’a paru toujours aussi long et dégoulinant de mièvrerie. (comme le passage où Mathieu ganio se met les mains sur le coeur, en forme de coeur, simulant les battements cardiaques pour nous dire qu'il est amoureux...kitsh et affligeant!) Le corps de ballet est plus en place qu’a la première, mais malheureusement, ils ne peuvent faire oublier ces costumes ridicules et ce décor outrancier. En revoyant ce ballet une troisième fois, j’ai encore plus remarqué les pas piqués à divers chorégraphe et les plagiats évidents. Mad

La salle n’est pas pleine et il reste apparemment de nombreuses places pour les dernières soirées. Ce programme ne fait pas tout à fait recette, dommage pour un début de saison. Sad




Dernière édition par Lulu le Jeu Sep 29, 2011 6:08 pm; édité 2 fois
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haydn
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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 7:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ce qui est du remplissage de la salle, là je suis d'accord avec vous Lulu, il restait des places vides un peu partout... Mais bizarrement, quand on va sur le site de l'ONP, il n'y a plus que des places de 1ère ou 2ème catégorie à vendre (92 ou 70 €).



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haydn
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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 10:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Article aigre-doux de Roslyn Sulcas dans le New York Times, concernant apparemment, même si ce n'est pas précisé, la représentation du 27 septembre.


On retrouve malheureusement les mêmes préjugés à l'endroit de Serge Lifar, toujours qualifié de "personnage controversé", avec lien sur un article revenant sur sa germanophilie supposée. Soixante ans après, on pourrait peut-être aborder les choses avec un peu plus de recul.

Les interprètes (A. Letestu, J. Hoffalt) se font étriller au motif qu'ils ne sont pas parvenus à donner une vraie intensité dramatique à l'ouvrage, et se sont contentés d'exposer l'action. Le Thésée de Vincent Chaillet n'est même pas évoqué.

Le ton est plus amène envers la Psyché d'Alexeï Ratmansky, même si Roslyn Sulcas précise que les afficionados de l'Opéra de Paris qui attendaient quelque chose d'une nouveauté radicale en ont été pour leurs frais.

Aurélie Dupont ("une révélation" ! - il serait peut-être temps...), Alice Renavand ("remarquable d'intensité et de brio"), ainsi que les quatre zéphirs (Mallory Gaudion, Daniel Stokes, Simon Valastro, Adrien Couvez, aériens, pleins d'humour, à la danse bondissante) sont encensés.


Myths and Legends Open Paris Ballet, par Roslyn Sulcas (The New York Times)

Citation:
History and tradition, the present and the new. That seems to be the thinking behind the Greek-myth pairing of Serge Lifar’s 1950 “Phèdre” and Alexei Ratmansky’s new “Psyché” with which the Paris Opera Ballet has just opened its season here. (In another nod to tradition, the opening-night gala last week was canceled because of a technicians’ strike. Plus ça change, etc.). On Tuesday, however, the show went on, and a pretty intriguing show it was. You don’t see much of Lifar’s work outside of France, and even in France his checkered career makes him a somewhat controversial figure. (He directed the Paris Opera Ballet from 1930 to 1947, was ousted for collaborating with the Vichy regime, then reinstated.) But national heritage is taken seriously at the Paris Opera, and Lifar pieces surface occasionally in dutiful homage...



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Gracian2



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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 2:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je voudrais réagir à cette rengaine ridicule qui revient constamment : "Lifar n'a pas été trés net pendant la guerre".

Et Cocteau ? Il n'a pas négligé quelques huiles allemandes au début de la guerre (il y en avait certains de cultivés) et l'interdiction de sa pièce "La machine à écrire" interdite par le préfet de police a été levée par ordre venu des occupants.

Sans parler de sa publication de "Ode à Arno Breker", le sculpteur officiel de l' Allemagne nazie, lors d'une grande exposition en son honneur (Cocteau l'avait bien connu avant-guerre quand il travaillait à Paris). Mais Cocteau était intelligent et adroit, ce que n'était pas Lifar.

Lifar ne s'occupait de rien en dehors de la Danse et de sa renommée. Vaniteux, il s'est facilement laissé manipuler par la propagande nazie, très heureuse de montrer un danseur célèbre apparaissant à toutes les fêtes et cérémonies généralement filmées par les actualités.

La jalousie aidant on l'a forcé à la Libération à ne plus danser et à se réfugier à Monte-Carlo.
Tout cela est idiot. Il a été naïf et maladroit, c'est tout ce qu'on peut lui reprocher.


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doudou



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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 3:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Gracian2 a écrit:
Je voudrais réagir à cette rengaine ridicule qui revient constamment : "Lifar n'a pas été trés net pendant la guerre".

Et Cocteau ? Il n'a pas négligé quelques huiles allemandes au début de la guerre (il y en avait certains de cultivés) et l'interdiction de sa pièce "La machine à écrire" interdite par le préfet de police,a été levée par ordre venu des occupants.

Sans parler de sa publication de "Ode à Arno Breker", le sculpteur officiel de l' Allemagne nazie, lors d'une grande exposition en son honneur (Cocteau l'avait bien connu avant-guerre quand il travaillait à Paris). Mais Cocteau était intelligent et adroit, ce que n'était pas Lifar.

Lifar ne s'occupait de rien en dehors de la Danse et de sa renommée. Vaniteux, il s'est facilement laissé manipuler par la propagande nazie, trés heureuse de montrer un danseur célèbre apparaissant à toutes les fêtes et cérémonies généralement filmées par les actualités.

La jalousie aidant on l'a forcé à la Libération à ne plus danser et à se réfugier à Monte-Carlo.
Tout cela est idiot. Il a été naïf et maladroit c'est tout ce qu'on peut lui reprocher.

Nous nous éloignons du sujet mais il faut en effet raison garder.

Durant l'Occupation, dans les milieux artistiques comme dans d'autres, les cas de résistance comme de collaboration relèvent de toutes petites minorités. Dans l'entre deux (la grande majorité), les gens ont continué à vivre, donc pour les artistes à exercer leur art (sauf bien évidemment les artistes juifs). De plus, l'attitude des Français a été évolutive. Beaucoup qui approuvaient Pétain en 1940 après le choc de la débâcle ont peu à peu changé d'opinion au fur et à mesure de la guerre.

A la Libération, l'épuration a été parfois le fait de résistants de la vingt-cinquième heure ayant eux-mêmes eu des positions ambigües et qui en ont rajouté afin de se dédouaner. Des règlements de compte ont aussi eu lieu dans lesquels certains éléments ont pu peser qui n'avaient que peu à voir avec l'attitude des intéressés pendant l'Occupation.

Dans le cas de Lifar, outre certaines jalousies, son anti-communisme déclaré (il a dû quitter son pays à cause de la Révolution russe) lui a sans doute fait tort.

Il est en tout cas certain que l’épuration n’a en aucun cas été un exercice de justice sereine et que beaucoup ont échappé à leurs responsabilités comme d’autres ont été lourdement et excessivement punis. La question reste encore douloureuse et délicate et il faut se garder de trancher péremptoirement sur cette question.


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MiCo



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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 4:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Dans Libération aujourd'hui: "Ouverture de saison sucrée (sic!) pour le ballet du Palais Garnier. Surprenante ouverture pour le ballet de l'Opéra, qui offre des sucreries. [...] Psyché butineuse avec Aurélie Dupont et un doux Éros, Stéphane Bullion, sorti d'une boîte de chocolats. [...] Phèdre est aussi insolite. Costumes acidulés, très pop (re-sic!), chorégraphie linéaire, tableaux reposants sur une succession de pauses, ne fournissant guère aux interprètes de solides partitions - même si Marie-Agnès Gillot, par son envergure, et Alice Renavand, par sa vivacité, donnent un peu de consistance à ce ballet trop stylisé. M.-C.V."
Libération, jeudi 09/11, p. 27.
J'ai vu les deux distributions également, dont la première le 22/09 qui cumulait les deux circonstances particulières d'avoir dansé la Première de ce spectacle et d'avoir été dans l'incertitude du maintien de la représentation jusqu'à assez tard, après l'annulation de la veille. Pour ces raisons, j'essayerai de la voir à nouveau avant d'en parler, tant les différences entre les deux distributions ont paru importantes, au-delà celles que l'on peut attendre entre les personnalités des danseurs... Seule Alice Renavand m'a paru juste et, encore une fois, absolument convaincante lors de la première. Je n'imagine pas que M.A.G. ou N. Le Riche ne puissent pas investir le rôle avec plus de justesse, d'autant plus lorsque l'on voit, après, A. Letestu et S. Bullion...

Sinon, concernant les deux œuvres, j'ai beaucoup aimé Phèdre et son décor dans lequel j'ai aimé voir ce qui me semblait le dessin de Cocteau en mouvement. De ce point de vue, l'œuvre me semble profondément originale, c'est à dire personnelle (ensuite, les goûts...). Tout le contraire de Psyché, qui m'a semblé sans grande personnalité, ni intérêt, n'épargnant ni les longueurs, ni un argument confus. Un peu comme si Phèdre risquait, naturellement presque, d'être abimé par ses interprètes quand Psyché pouvait être sauvé par eux. Ce qui s'est passé, pour moi, lors de la première soirée avec Phèdre, hier soir avec Psyché. D'où l'envie de revoir la première distribution... Est-ce que quelqu'un d'ailleurs a vu la première distribution le 22, puis un autre soir et y a vu une évolution dans la prise de rôle?


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nabucco



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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 5:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le terme "sucré" pour l'ensemble me convient assez bien, je dois dire... Quant au terme de "pop" pour Phèdre, c'est vrai qu'on pourrait parfois se croire dans un univers seventies, par exemple avec le déjà largement commenté costume d'Aricie...


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MiCo



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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 5:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Du sucre dans Psyché (trop?) et quoique la musique m'évoque plutôt la dentelle, mais dans Phèdre?
Aricie en pop star seventies, quand d'autres la voient triomphante en héroïne manga, tout ça depuis les années 50! Et dire que l'on a cru lire entre les lignes que Cocteau n'était qu'un triste et mondain ringard...


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 5:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour en revenir au supposé passé "collaborationniste" de Lifar, j'avais, dans les premières années de Dansomanie, relaté un incident qui avait opposé le danseur au Président de la république Albert Lebrun :

Les années Lifar à l'Opéra de Paris : 1931-1932

haydn a écrit:
La saison 1931-1932 connut un petit évènement qui allait coûter à Serge Lifar un mois de mise à pied (annulée par grâce présidentielle, s'il vous plaît!), pour une chorégraphie qui ne fut finalement jamais créée, La Nuit antillaise, et qui avait pour thème... la catastrophe de l'éruption de la Montagne Pelée et la destruction de la ville de Saint-Pierre, à la Martinique.


Le Petit journal du 16 novembre 1931 relate ainsi l'incident :


Citation:
Ainsi que nous l'avons rapporté en quelques lignes, il y a eu un incident à la "nuit antillaise" donnée mercredi soir à l'Opéra. Cet incident, qui a mis en cause Serge Lifar, le jeune et célèbre maître de ballet de l'Opéra, a été jugé comme un geste d'autant plus discourtois qu'il a eu pour témoin le chef de l'Etat.

Serge Lifar, dans une lettre qu'il adressait, hier soir, à M. Albert Lebrun [Président de la République, ndlr], a exprimé ses plus vifs regrets de l'incident.

Quelle est la genèse de cet incident? Serge Lifar, qui aime passionnément son art, avait préparé un poème chorégraphique qui devait symboliser la reconstrution de Saint-Pierre renaissant de ses cendres.

De son côté, Paul Colin, décorateur, avait préparé une fresque puissante qui synthétisait l'effort de l'homme dnas la reconstruction de sa demeure.

Le thème de Lifar s'harmonisait donc entièrement avec le thème du peintre.

Jusqu'à cinq heures, mercredi, le jeune maître de ballet avait répété en compagnie de Mlle Didion et lorsqu'il quitta l'Opéra, en fin d'après midi, il était persuadé que le soir même, tout se passerait dans les conditions normales et qu'il pourrait danser devant le décor spécialement exécuté pour lui.

Mais les machinistes refusèrent, après 5 heures, de poursuivre leur travail et c'est de là que vient tout le mal...

Tout de suite on avait parlé de sanctions que M. Rouché, directeur de l'Opéra, allait prendre.

Certes, M. Rouché a eu dans la journée d'hier une conversation assez longue avec M. Huisman, directeur des Beax-Arts.

Mais l'incident le dépasse. La salle appartenait en effet aux organisateurs de la Nuit antillaise et c'est à eux que Serge Lifar avait prêté son concours.

Cependant, M. Mario Roustan [l'organisateur de l'évènement] pouvait-il accepter qu'un geste discourtois, aussi fondé et excusable soit-il, pût être commis en présence du chef de l'Etat sans qu'une immédiate sanction ne frappât l'auteur? Non!

Ul a notifié à Serge Lifar qu'il était frappé d'une suspension d'un mois, avec interdiction d'aller danser ailleurs.

Mais l'indulgence proverbiale de M. Albert Lebrun et son droit de grâce...



En fait, Serge Lifar, furieux que son décor ne soit pas entièrement achevé, du fait du refus des machinistes de travailler au de la de 5 heures, fin normale de leur service, avait le soir même, déclaré à l'assistance, dans laquelle se trouvait le Président Lebrun, que dans ces conditions, lui non plus, ne danserait pas...



Les syndicats ont gardé envers Lifar une rancune tenace, et la Libération, l'épuration a été prétexte à des règlements de comptes qui n'avaient qu'un lointain rapport avec l'attitude du chorégraphe face aux occupants allemands.


Loin de moi l'idée de vouloir faire de Lifar un saint ou un héros de la Résistance, mais jamais on n'aura pu lui reprocher d'avoir livré quelque salarié de l'Opéra que ce soit aux Nazis ; il n'a jamais non plus, contrairement à d'autres artistes français qui n'ont pourtant pas été trop inquiétés après la guerre, participé aux voyages de propagande organisées par Abetz et Goebbels. Pour y échapper, Lifar a eu l'habileté - même s'il n'a pas fait preuve d'héroïsme - de produire des certificats de maladie de complaisance.



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rothbart



Inscrit le: 09 Avr 2008
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MessagePosté le: Jeu Sep 29, 2011 11:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour avoir vu Psyché ce soir (29/9), je trouve assez déconcertant que la plupart s'arrêtent à un jugement assez rapide sur les décors et costumes "kitsch".
A mon sens, il faut rentrer dedans avec un regard frais et un peu enfantin.
La toile de Karen Kilimnik et le fond sonore d'eau qui ruisselle y aident un peu pour qui n'arrive pas à la dernière minute abruti par le champagne et les caquetages de l'entracte.
De ces Dieux de l'Olympe, Ratmanski semble avoir retenu qu'ils s'amusaient beaucoup et tel est l'esprit de la plupart des légendes grecques où les Dieux ressemblent souvent à de grands enfants capricieux, prêts à tout pour faire triompher leurs désirs.
Dés lors, il s'amuse aussi et n'hésite pas à en faire un peu trop. Je crois que l'humour est une dimension parfaitement voulue et il convient dès lors de ne pas se prendre trop au sérieux en abordant ce ballet. Il est nécessaire d'accepter ce second degré si l'on veut rentrer dedans, et cet environnement exubérant, cadre certes kitsch mais pas désagréable pour autant, d'un univers tout aussi léger et fantasmagorique. N'oublions pas que l'on est dans l'univers des contes et légendes, pas de la tragédie.
Bien sûr cela surprend, surtout le tableau des jardins d'Eros avec ses grosses fleurs, sa coupe en or et ses animaux en stretch vinyl à fourrure. Mais aujourd'hui pour surprendre, est-ce que le kitsch n'est pas la meilleure carte à jouer dans cet univers compassé, habitué au minimalisme comme tout critère d'une modernité acceptable?
Coté danse, on voit que Ratmanski possède toutes les clefs du classicisme et du néo classicisme et qu'il jubile dans l'art de les décliner. Ce n'est peut être pas un inventeur de pas et quand bien même?
C'est un plaisir de retrouver Auréle Dupont, mutine et virtuose. Bullion est splendide (mais j'imagine que Ganio doit apporter une fraicheur et une vivacité plus dans l'esprit général).
J'aurais souhaité une Vénus un peu plus autoritaire tout en étant très charnelle, Amandine Albisson est peut être un peu passe partout.
Les 4 Zéphyrs (qui ressemblent plus à des satyres) m'ont beaucoup amusé.
Amusement, virtuosité, mais aussi sensualité sont donc les maîtres mots qui définissent ce ballet et à ce niveau là on sait bien que le public de l'Opéra n'aime pas rire.
Laughing
La Phèdre à coté m'a semblé être un OVNI revenu du fin fond de la galaxie.
C'est triste, c'est fade, c'est tarabiscoté dans les gestes et pire cela ne laisse passer aucune émotion. Ce qui est un comble pour un thème comme Phèdre.
Bien sûr le décor est d'une vacuité totale et les costumes sont grotesques (et pour le coup, là, ce n'est certainement pas dans le but de nous titiller les zygomatiques).
Les couleurs notamment sont monstrueuses. Ah! quand j'ai vu débarquer Paquette avec sa perruque et son collant jaune banane assortis, je me suis tordu...).
Alors probablement, tout cela était peut être plus pertinent en 1950 quand le souvenir des Ballets russes était frais, quitte à en prendre les travers. En effet coté déco, le fait de travailler avec de grandes signatures de l'art faisait peut être une belle affiche, mais je n'ai jamais été personnellement sensible au travail des Braque, Picasso, Léger ou autres pour le spectacle. Les professionnels du genre ont tout de même réalisé un tout autre travail (les Cassandre, Bakst, etc..). J'ai bien conscience de ne pas être intello-politiquement correct en écrivant cela.
Cocteau a produit d'agréables dessins, mais je pense que ses compétences de décorateur étaient bien limitées. Lui au moins a eu l'intelligence de ne pas s'employer pour son film "La Belle et la Bête" et de recourir à Bérard...
Alors que dire de l'interprétation dans la mesure où ce qui est donné à danser est impeccablement dansé?
Peut être qu'à l'exception d'Alice Renavand, ils ont tous l'air de se demander ce qu'ils font dans cette galère (au sens d'épave ressortie des flots) et qu'ils n'y croient pas une seule seconde.
J'avais adoré "Suite en blanc" pour son académisme flamboyant, "Les Mirages" pour son onirisme, mais là je réalise qu'il n'y aurait certainement aucune pertinence à vouloir remonter l'intégrale des Lifar.


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Gracian2



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MessagePosté le: Ven Sep 30, 2011 7:19 am    Sujet du message: Répondre en citant

Assisté enfin hier soir à ce spectacle si diversement commenté .

« Phèdre » je l'ai vu en 50. Quand j'ai lu dans « En scène » les propos de Claude Bessy insistant sur l'oeuvre de Racine, j'ai compris que ce serait raté.

Cocteau a toujours aimé l'excès. Songez à Edwige Feuillère, mythique impératrice de « L'aigle à deux têtes », Édith Piaf, déchirante dans « Le bel indifférent ». Ce sont les fiévreuses créations de Jean Babilée qui ont donné à Cocteau l'idée du « Jeune homme et la mort ». C'est la théâtralisation outrée des rôles dansés par Toumanova qui lui ont fait penser à Phèdre. 

Cette Phèdre, Cocteau est allé la chercher dans la Grèce de pacotille où il a conçu son « Orphée ». Intelligent, il a su utiliser l'outrance de Toumanova - qui surjouait tous ses rôles – pour camper cette splendide reine de mélodrame qui n'a plus rien à voir avec Racine. Lifar a dû en parler, certainement, mais il n'a jamais vu la pièce car il a parfaitement adhéré aux idées de Cocteau. Il a joué son jeu, développé une stylisation pseudo-antique, en partie soulignée par un décor fait de croquis, et des costumes qui sont presque des déguisements. Cet esprit de défi a disparu et ce n'est pas seulement dû aux soixantes années écoulées.

M.T. Gillot est piaffante à souhait - bras éloquent, pointes acérées - mais il lui manque cet excès, un peu grand-guignol, ce coté monstre-sacré qui permet de donner vie à ce qui pourrait n'être qu'une caricature. Karl Paquette. est un très bel Hippolyte, très propre, très en place ; mais ce n'est pas assez. Seule Renavand a su donner du relief et de la force à son Oenone. Chaque fois que je la vois je suis frappé par la conviction qu'elle apporte à toutes ses créations. Nicolas le Riche fait ce qu'il peut du personnage très court de Thésée.

J'ai la conviction que Lifar s'est souvenu de Balanchine réglant pour lui « Le fils prodigue », soulignant les poses figées mettant en valeur sa beauté pour pallier aux insuffisances de sa technique. Sa chorégraphie a gardé ce coté esthétisant s'inspirant des fresques antiques

De mes souvenirs de 1950 demeure surtout l'intensité de Toumanova, proche par moment du ridicule, mais sauvée parce que l'ensemble des danseurs étaient au même niveau, Lifar compris, (qui n'a jamais eu peur de cabotiner). Je me souviens d'un éclairage éclatant, un plein feux presque constant que j'ai trouvé hier plus nuancé. Les costumes donnaient l'impression d'être un peu bâclés en 50 et le jaune des collants des garçons m'a paru très agressif, la queue de cheval d'Aricie m'avait autrefois semblé blanche comme les cheveux d'Hippolyte.... mais tout cela est très subjectif, je peux me tromper.

”Psyché” après tout ça paraissait un peu sucré, mais pourquoi pas ?

Les décors sont amusants, avec un petit clin d'oeil aux féeries de Petipa. Les costumes, assez incroyables, semblent sortis de plusieurs ballets différents. Les zéphirs par exemple (plutôt Tramontane!) sont d'étonnants ours barbus. Seuls les tutus-fleurs arrivent à être élégants.

Aurélie Dupont est un régal, elle a la grâce, la candeur, la retenue qui conviennent à une nymphe, sa technique parfaite à son accoutumée. Stéphane Bullion est également un Eros viril et plein de charme. La chorégraphie d'Alexei Ratmansky est curieuse. Plaisante certes, mais on ne voit pas son propos, on ne trouve pas de ligne. C'est une chorégraphie émiettée, il jette des pas à poignées, un peu dans toutes les directions et on s'ennuie un peu. Emerge le long pas de deux Psyché-Eros, très réussi, les interprètes se laissant bercer par les chants et la musique dans une langueur assez érotique.

En dehors de l'origine des chorégraphes on ne voit pas quel est le lien entre ces deux ballets ! La soirée a au moins le mérite de briser la routine.
Beaucoup de fauteuil libres hier dans les hauteurs.


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Lulu



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MessagePosté le: Ven Sep 30, 2011 9:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Gracian2 a écrit:
Beaucoup de fauteuil libres hier dans les hauteurs.


En effet avec toute l’offre de spectacle en tout genre dans la capitale et la crise financière; payer pour voir un programme pareil doit vous laisser sur votre fin. La représentation et bancale et même si elle paraît trainer en longueur, elle est plutôt courte (deux œuvres seulement). Confused
J’ai emmené des amis qui ne connaisse rien à la danse, ils se sont ennuyés et ont trouvé le spectacle plutôt vieillot. Le plus étrange c’est qu’ils ont pensé que Psyché datée de la même époque que Phèdre! Shocked Ils étaient étonnés d’apprendre que c’est une création. J’ai eu mal au cœur quand ils m’ont confié à la fin du spectacle qu’ils trouvaient la danse classique kitsch et vieillotte … Sad


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sophia



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MessagePosté le: Ven Sep 30, 2011 9:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pourtant, on trouve presque toujours chez Ratmansky un écart notable avec la rhétorique classique, que ce soit dans les pas, les décors, la narration..., qui fait que ses oeuvres sont vraiment bien de leur temps (je le dis de manière neutre, ce n'est pas en soi pour moi un gage de qualité, c'est même peut-être la limite de ce chorégraphe, que par ailleurs j'aime beaucoup). Cet écart, c'est par exemple le minimalisme néo-constructiviste de l'excellent Petit Cheval, chorégraphié pour le Mariinsky, ou, ici, le kitsch de la scénographie de Psyché, les personnages secondaires, en très léger décalage avec le merveilleux du conte (entièrement d'accord avec l'analyse de Rothbart, je n'ai malheureusement pas trop le temps d'écrire un long compte-rendu en ce moment). Après, on entre ou on n'entre pas dans le second degré, le kitsch délibéré (et tellement - trop? - actuel), la fausse naïveté de cet univers, en effet très étranger à la culture parisienne du ballet.

En revanche, il n'y a aucun second degré ni aucune distance dans Phèdre que je juge pour ma part irrecevable (je suis rassurée d'apprendre que l'oeuvre n'a rien à voir avec Racine, je dirais qu'elle en est même l'antithèse esthétique). On rit, on se moque, on se frotte les yeux (d'ennui aussi), alors qu'on devrait pleurer ou trembler. La tragédie devient parodie, relue à l'aune de références populaires contemporaines, en réalité totalement anachroniques (la pop-culture, les mangas, Flash Gordon, les séries de science-fiction, etc...). A la pseudo-modernité de Phèdre (tout comme Ratmansky, Lifar a emprunté au présent et au passé - Fils prodigue etc - et je ne vois pas où est le problème, toute l'histoire de l'art en général et de la danse en particulier est faite de cela...), il est alors facile d'opposer le classicisme tellement peu novateur de Psyché. Sans voir que le sucre se mêle aussi ici d'une pincée de sel (une lecture de l'ouvrage parfaitement assumée par Ganio et Gilbert selon moi).




Dernière édition par sophia le Ven Sep 30, 2011 10:04 am; édité 4 fois
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haydn
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MessagePosté le: Ven Sep 30, 2011 9:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

Kitsch et vieillot, c'est votre avis, Lulu, pas le mien et même si je dois aller à l'encontre de préjugés "modernistes", je continuerai à défendre Lifar, et Ratmansky par la même occasion.

Et je remarque que même s’il y a des controverses, nous avons, sur Dansomanie, rarement eu autant de compte-rendus et de débats autour d'un spectacle, ce qui veut dire qu'il intéresse les balletomanes, même s'il suscite des réactions tranchées...

Et vous-même Lulu, il me semble que vous assistez à un nombre important de représentations, donc, à moins que vous n'ayez décidé de renflouer à vous toute seule les caisses de l'Opéra, si vous y retournez, c'est que malgré tout, vous y trouvez un certain intérêt...


A propos de tiroir-caisse, lors du remboursement des billets "physiques" au guichet, après la grève qui a affecté la première, un mauvais gag s'est produit : seuls les 30 premiers clients ont pu être dédommagés en espèces, les suivants ont été renvoyés chez eux faute de liquidités, et ont été invités à faire comme les titulaires de billets dématérialisés, en laissant leur numéro de carte de crédit...


Pour demain, le préavis de grève est maintenu, mais il semblerait que ce soit surtout la représentation de Faust à Bastille qui soit visée.



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MessagePosté le: Ven Sep 30, 2011 10:51 am    Sujet du message: Répondre en citant

L'article (ultra-minimaliste) de Libé signalé hier par MiCo est maintenant accessible librement sur le site du journal :

Ouverture de saison sucrée pour le ballet du palais Garnier, par Marie-Christine Vernay (Libération)

Citation:
Surprenante ouverture pour le ballet de l’Opéra, qui offre des sucreries. La première, le rituel Défilé, sur la Marche de Berlioz, présentant les 154 danseurs de la maison et les recrues de l’école. L’exercice, toujours charmant, gagnerait à moins de désuétude et à un petit coup de jeune.



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