Nouvelles du Théâtre du Châtelet

[haydn]

Dans un prospectus distribué ce soir aux spectateurs, le Châtelet annonce la venue en septembre-octobre 2013 du Ballet national de Chine avec "Le Lac des cygnes" et "Le Détachement féminin rouge".

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[sophia]

Les détails pour la venue du Ballet National de Chine :

Le Lac des cygnes (version Makarova) : du 25 au 29 septembre 2013
Le Détachement Féminin Rouge : du 1er au 3 octobre 2013

[haydn]

Petit tour au Théâtre du Châtelet ce soir afin de découvrir L.A. Dance Project, la compagnie de Benjamin Millepied, en résidence à Paris pour quelques jours.

La représentation débutait par le supposé "événement médiatique" de cette tournée, la création de Reflections, signée du directeur-fondateur de la troupe. Le propos de cette affaire - dûment sponsorisée par un joaillier célèbre - est de dresser un catalogue, en quarante minutes, pas moins, des diverses façons d'envisager les relations amoureuses entre gentils humanoïdes : femme + homme, homme + homme, femme + femme (on a même droit à un frotti-frotta mignonnet, mais comme on n'est pas chez les voisins d'en face, au Théâtre de la Ville, les choses s'arrêtent avant la séance de polissage du Mont-de-Vénus), trio, partie carrée et plaisir solitaire. C'est à Charlie Hodges qu'échoit le rôle de l'indécis-indéterminé, qui hésite sur son genre et ses attirances. Et, de manière plutôt inattendue, c'est lui qui se sort le mieux de cette chausse trappe, parvenant à composer un personnage narcissique, s'étourdissant de virtuosité pour fuir le dilemme censé le ronger. La musique est à l'avenant de la chorégraphie, aimable et lisse. Et ce n'est pas parce que David Lang empile des tritons sur des quartes et des quintes à vide qu'il devient l'égal de Cage, ou parce qu'il enfile quelque Perpetuum mobile véloce que le voila Nancarrow réincarné.

Suivait Winterbranch, de Cunningham. Le contraste est saisissant. Violence brute, ambiances industrielles, où la noirceur la plus angoissante alterne avec les éclairages les plus crus. On est à mille lieux de la bluette arc-en-ciel. L'ouvrage, qui date pourtant de 1964, n'a rien perdu de son actualité. Cunningham nous place face au monde tel qu'il est, impitoyable, et non tel que voudraient nous le vendre le show-biz et la politique. Du très grand art, servi par la musique volontairement paroxystique, à la limite du soutenable, de La Monte Young, condisciple de Karlheinz Stockausen à Darmstadt. Le public du Châtelet, apparemment davantage porté sur les reality show télévisuels que sur les expérimentations de ce qui fut l'avant-garde artistique new-yorkaise, n'a pas suivi et a sifflé Winterbranch, un chef d’œuvre pourtant.

La conclusion revenait à William Forsythe et à son Quintett, dont la tonalité plus légère permettait d'évacuer un peu les émotions fortes que venaient de nous infliger Cunningham. Le programme était, il faut le dire, plutôt bien structuré, avec une montée en tension, qui culminait avec Winterbranch, pour s'apaiser ensuite et laisser place à une relative sérénité. Quintett est une pièce d'une délicieuse nonchalance, qui demande de la part des danseurs beaucoup d'esprit, ainsi qu'une désinvolture maîtrisée. A ce jeu là, c'est Nathan Makolandra qui s'est montré le plus habile, le plus "witty", jouant malicieusement avec ses partenaires, Amanda Wells et surtout Julia Etchen, pimbêche blonde toute à son affaire dans ce Forsythe aigre-doux (la pièce a été écrite à la suite du décès de l'épouse du chorégraphe).

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[Pink Lady]

L'annonce de la venue du Ballet National de Chine constituait en effet le principal intérêt de la soirée.

J'y étais jeudi soir, contrairement à paco il m'a semblé que la salle était remplie aux 3/4 (les balcons étaient moitié-vides). Le public, jeune en effet, était enthousiaste et les applaudissements ont été nourris - quant à savoir si l'ovation était destinée au chorégraphe ou au mannequin...

Les deux pièces de Benjamin Millepied ne m'ont pas vraiment emportée. Moving parts m'a fait penser à une séance de photo pour un magazine de mode : fond design, fille magnifique, accumulation de clichés, longueurs. Je n'ai pas saisi le lien entre Reflections et son sponsor Van Cleef & Arpels (oui, je m'attendais à des bijoux plutôt qu'à des maillots kaki). Quant au Forsythe, il m'a semblé que l'esprit n'y était pas, mais c'était surtout une belle occasion de découvrir le style prolifique du chorégraphe.

[haydn]

En fait, il était difficile d'avoir des billets, car les caissiers hésitent beaucoup à vendre les 3èmes galeries sur les côtés notamment. Même dans les premières catégories, on peut tomber sur de mauvaises places, avec un pilier ou une rambarde en plein dans le champ de vision, suite à la rénovation-massacre dont le théâtre à fait l'objet dans les années 1980. Il est probable que la direction doit faire face aux récriminations de spectateurs furieux de la mauvaise visibilité, et qu'elle se laisse ainsi une petite marge de manœuvre pour recaser les plus mécontents.

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[paco]

[paco]

[sophia]

Parfois, on ne sait pas trop, c'est vrai, mais là, aucune ambiguïté, les applaudissements étaient très épars, et il y a même eu un "merci" hurlé du haut d'un balcon qui sonnait comme un "ouf, c'est terminé!"

[haydn]

Je pense qu'il n'y avait malheureusement aucun doute... l'accueil réservé à Winterbranch a été glacial, et l'individu qui a crié "merci" l'a manifestement fait dans un sens ironique ("ouf, c'est fini")... Je me suis moi-même attiré des regards réprobateurs pour avoir tenté de couvrir les huées par quelques "bravos" sonores...

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[haydn]

Transmission de pensée entre sophia et moi...

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[paco]

ah en effet, pas d'ambiguité possible...

Jeudi soir, deux dames de mon balcon, très choquées par les frotti frotta gentillets de Reflections, ont vaguement crié un "bouh" fort peu audible, puis ont quitté la salle en levant les yeux au ciel. Je doute qu'elles fréquentent assidument le Théâtre de la Ville, ou le Festival d'Avignon...

[haydn]

Petit reportage avec vidéo sur la tournée du L.A. Dance Project de B. Millepied sur CultureBox (France TV) :




Millepied et son laboratoire du L.A.Dance Project au Châtelet

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[Gracian2]

Pas de revendeur de billets hier soir devant le Chatelet, le théâtre était plein. Beaucoup de jeunesse mais la majorité des spectateurs avait passé la cinquantaine.

L'oeuvre de Benjamin Millepied, "Reflections", commençait la soirée. Quarante minutes de danse décontractée, bonne articulation de couples et groupes, chorégraphie plaisante sur une sorte de bégaiement de piano, on y retrouve l'influence de plusieurs créateurs contemporains, ce qui est très compréhensible, tout cela agréable et remarquablement interprété, mais le rideau retombé, il ne reste pas grand chose en mémoire. Les différents couples semblent manquer d'ardeur, seul celui qui hésite parait s'animer et la scène finale parait ne pas vouloir conclure. Cette chorégraphie diluée manque singulièrement d'émotion. Quatre rappels, pas très chauds

Après l’entracte, un ballet de Merce Cunningham complètement déstructuré de 1964, "Winterbranch". C'est le début de ses recherches aléatoires les plus radicales, où le rôle de la lumière est aussi important que celui des danseurs.

Après plusieurs minutes dans le silence et le noir absolu, on distingue vaguement quelque chose rampant sur le sol, puis deux mains sont éclairées, puis un rayon de projecteur balaie de haut en bas la scène alors que la salle se rallume un instant, etc. Cunningham ne cherche pas la provocation mais tient à donner au hasard toutes les possibilités de le surprendre.

Toujours dans la pénombre on distingue un peu plus tard, sur des gargouillements de LaMonte Young, quelques beaux déplacements typiquement cunninghamiens. Applaudissements, huées et rires dans la bonne humeur à la fin.

Pourquoi diable Millepied a-t-il choisi d'associer ce Cunningham extrême au programme de cette soirée?

Après un second entracte, "Quintett" de William Forsythe, déjà vu en 2011 au Théâtre de la Ville. Quelle stupéfiante liberté possède Forsythe! Il y a tant d'énergie, de jeunesse dans cette chorégraphie, rien ne le limite, tous les mouvements se lient, se complètent avec bonheur sur ce chant repris continuellement jusqu'à la fin. Ce ballet une fois de plus m'a bouleversé.

Nombreux rappels et ovations enthousiastes à la fin.

A signaler Charlie Hodges, maitre de ballet. Il semble savoir magnifiquement faire travailler ses danseurs et lui-même parait capable d’exécuter les variations classiques les plus exigeantes.

[paco]

[haydn]

Apparemment oui, c'est à lui que revient une grande partie du mérite. Ayant vu la représentation d'hier, avec ce Cunningham percutant (qu'apparemment Gracian2, lui, n'a pas trop aimé), je ne dirais pas qu'il s'agit d'un spectacle "sans intérêt". Rien que pour Winterbranch, je ne regrette pas d'être venu, même si l'ouvrage n'a rien de "divertissant"... En revanche, le gentillet Reflections m'a laissé sur ma faim, et Triade ou même Amovéo (2ème mouture, sans les costumes de Mark Jacobs) que Millepied avait présentés à l'Opéra de Paris m'avaient plu bien davantage.

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