Coppélia (Opéra Garnier, 17-30 mars 2011)

[nabucco]

[Ambrine]

Sophia a écrit :

[sophia]

C'est une reconstruction (de la chorégraphie russe de Petipa/Cecchetti - 1884 -, là où Lacotte reprend l'original parisien de Saint-Léon - 1870), donc la perspective est radicalement différente de celle de Bart, qui propose une relecture "sombre" de l'argument initial de comédie, avec une chorégraphie bien à lui.

Pour ma part, je dirais qu'il y a vraiment à boire et à manger dans les reconstructions (ou supposées telles) actuelles, mais ce que fait Vikharev a le mérite d'être sans concession. Il en est en fait de cette Coppélia comme de ses autres ballets. Les scénographies sont d'une splendeur assez inégalable, dès lors que l'on accepte leur caractère muséal, avec notamment des costumes recréés dans le style impérial (tutus colorés et dépareillés, jupon assez long, loin des tulles rigides).
Du point de vue chorégraphique, c'est aussi passionnant, avec des enchaînements de pas complexes remontés d'après les notations Stepanov qu'on a perdu l'habitude de voir avec le développement du style "russe international" qui domine un peu partout. La pantomime, très importante dans le second acte de Coppélia, est plus problématique pour un spectateur d'aujourd'hui.

Maintenant, je ne dirais pas que sa Coppélia est quelque chose à revoir dix fois de suite comme un Lac ou une Giselle, qui restent appréciables par-delà les "versions". C'est beau, amusant, charmant, à coup sûr, ce sera superbement dansé (Ossipova et, je l'espère, Lopatin?), mais c'est sans aucune émotion ni tension dramatique. On regarde simplement ça comme un magnifique tableau de maître (j'ai fait un compte-rendu du ballet l'été dernier qui se trouve dans le fil sur les tournées du Bolchoï).

[Ambrine]

Merci ! Le regarder comme un "magnifique tableau de maître" me suffit amplement. On ne peut pas tout avoir ...

[marc]

Un couple de ma connaissance au bureau, hier, n'a pas pu se rendre au Palais Garnier. Il a proposé les deux places à leur fils de 21 ans, ainsi qu'à un de ses copains. Les deux jeunes ont donc assisté au "Coppélia" de Bart, et c'était la première fois qu'ils voyaient un ballet à l'Opéra de Paris. Bingo, ils ont trouvé cela génial, et le fiston, d'après ce que m'a dit sa mère ravie, est parfaitement enthousiaste sur ce qu'il a vu. L'image poussièreuse qu'il se faisait des ballets a volé en éclat avec le plaisir qu'il a pris au spectacle de Patrice Bart. Un futur balletomane peut-être... En tout cas, si je rapporte cette petite anecdote, c'est qu'elle correspond peut-être au plus beau compliment qui puisse être fait à un chorégraphe.

[Monica]

Je ne connaissait pas cette version de M. Bart. Je suis allée hier soir au cinéma très contente de pouvoir assister à l'Opéra Garnier pour la première fois (via satellite ), de voir Dorothée Gilbert, Mathias Heymann et José Martínez en direct. J'avais lu vos commentaires mais je suis allée avec un esprit positif prête à passer une bonne soirée avec une nouvelle lecture de ce ballet...mais...je vous le jure, je n'ai pas pu...

Dorothée est parfaite pour le rôle de Swanilda, j'ai bien aimé Mathyas, que je n'avais jamais vu, de très beaux sauts et José mangnifique dans tous les sens, mais...je n'ai aimé ni la corégraphie, ni les décors, ni la salade musicale, ni l'histoire tout à fait incompréhensible... surtout dans le premier acte qui n'a aucun sens.

Le public dans la salle est resté très froid, par rapport au DQ du Bolchoi ou la Giselle du Royal Ballet où il y a eu des applaudissements et des bravos.

Mais je dois dire qu'au moins moi, je l'ai fait, surtout après les variations éspagnole et écossaise brillament dansés par Mlle Gilbert!

[PasdeDeux]

La variation écossaise est géniale, c'est le clou et le seul intéret du spectacle

[sophia]

C'est aussi la concession à la tradition...

Sinon, une question pour Monica et les cinéphiles du lundi soir, est-ce qu'il y avait, en marge du spectacle proprement dit, des intermèdes en coulisses intéressants, comme avec les retransmissions du Bolchoï (interviews, répétitions...)?

[Berlioz]

Outre la traditionnelle intervention de la directrice de la danse, quelques prises de vue ont été retransmises, se limitant au maquillage des étoiles et à leur échauffement dans le foyer.

[sophia]

Il y a une petite deuxième partie - "coulisses" - à la vidéo postée il y a quelques jours : http://www.aufeminin.com/video-culture/patrice-bart-coppelia-opera-de-paris-n71081.html

[Monica]

je ne suis pas restée voir l'intermède cette fois-ci, en plus dans ce cinéma si gentil, on nous a invité à une coupe de vin !! (je ne sais pas si c'est à cause de ça qu'à chaque transmission il y a de plus en plus de monde )

En tous cas, au début on a eu une vidéo du maquillage, échaufement, etc. et un speech de Mme Lefèvre. Mais pas d'interview, ni de coulisses en direct, dommage.

[sophia]

Il y a un article sur Patrice Bart dans Le Figaro d'hier, seulement accessible aux abonnés ("Le dernier coup de ballet de Patrice Bart").
‎

[sophia]

"a horror."
"dramatically uninteresting."
"everything here is grotesquely, insistently unmusical — even anti-musical."
"Mr. Bart — as a dancer once an unsurpassed exemplar of the most irritating features of the Parisian style — seems to parade his choreographic unmusicality here as if it were a point of honor."
"epitomize all that has long been worst about Paris Opera style."
"It’s like reading the prose of a bore who thinks that good style resides principally in long words and correct punctuation."
"an anti-Coppelia."
etc, etc, etc.

En-dehors des danseurs, loués ou excusés, autant dire que la Coppélia de Patrice Bart ne ressort pas vivante de la critique d'Alastair Macauley dans le New York Times. On est loin du ton courtisan des critiques de chez nous!

A Classic Comedy Upended: Changing Female to Male, and Old to Young (29/03/11)

[nabucco]

On pourrait reprocher à cette critique que donner 50 coups de couteau à la même victime alors qu'elle a expiré au 10e, c'est un peu superfétatoire, mais en même temps cette Coppélia est tellement exemplaire que je crois que ce serait une erreur de s'en tenir au simple mépris. Si je voulais résumer en une phrase la leçon qu'on pourrait tirer de cet échec artistique, ce serait celle-là: "Il n'y a pas de plus profonde erreur sur une scène que de croire le sérieux plus profond que la comédie".

[Monica]

oui mais ce n'est pas seulement ça, la corégraphie per se, les pas quoi, sont anti-musicales. Les pas de deux plutôt ennuyeux et les danses de caractère n'ont aucun caractère, on sentait comme si l'orqueste jouée toute seule, et les danseurs sautaient et tournaient sans aucun but, lequel est de DANSER au son d'une musique archiconnue avec des rythmes très particuliers et marqués.