Le Lac des Cygnes, Opéra de Paris 29/11/2010-05/01/2011

[maraxan]

mais est-ce que Benjamin Pech dansait ou était-il encore remplacé par Josua Hoffalt?

[haydn]

C'était Josua Hoffalt (dans O Zlozony), je vous en reparlerai demain, dans le fil de discussion approprié.

[maraxan]

je posais la question car il doit, si rien n'est modifié, danser Rothbart demain, et son absence de ce soir n'a pas été annoncée.

[Perle]

Cette avalanche de blessures devrait tout de même inciter à une certaine réflexion.Même les footballeurs se blessent moins (hors contacts violents bien sûr, mais ces contacts n'existent pas dans nos ballets)
Est-ce la programmation trop lourde, l'alternance classique /contemporain, un mauvais suivi médical (chacun se débrouillant seul), un suremploi des danseurs, une mauvaise répartition du travail (cours, répétitions, spectacles, repos) ?
Certains balletomanes souhaiteraient que l'Opéra affiche plus tôt les distributions pour avoir un meilleur choix mais au vu des modifications journalières finalement cela ne changerait rien

[masha]

euh, sauf que là, on ne peut pas dire que les blessés sont ceux qui ont été le plus sollicités en ce début d'année, sauf peut-être Benjamin Pech qui a fait beaucoup de Petit mais il n'était pas sur Paquita!

[doudou]

A cette nuance près que certains danseurs se produisent aussi en dehors de l'opéra.

[Lulu]

Bonjour tout le monde, je permets de vous faire part de mes impressions sur cette production du lac et plus particulièrement sur la représentation du Vendredi 10 décembre 2010.

Le premier acte est plutôt étrange, une mise en scène dénuée de sens : Apres l’ouverture et une envolée de Rothbart kidnappant la belle princesse (tirés tout deux par des câbles très visibles) dans une pose pour le moins douteuse : la princesse (dos au public) a son visage au niveau du nombril du sorcier qui lui fait face au public… Nous découvrons le Prince dormant seul sur un trône dans une salle de bal vide et qui se voit réveillé par des jeunes filles de la cour entrant elles aussi toutes seules dans cette salle au décor assez froid. Elles sont suivies par les hommes de la cour affublés de violet, orange, ocre… et j’en passe; et bizarrement coiffés de façon plutôt moderne avec la raies sur le côté et stylisés au gel. Les demoiselles elles portent des genres de nuisettes pastelles et sont coiffées très classiquement au contraire de leur partenaire. Ils se lancent alors dans une grande valse à la chorégraphie vraiment tarabiscotée qui rend la danse souvent inconfortable et retire aux danseurs cette classe et noblesse qui est nécessaire pour ce style de personnages. A la fin de cette danse on a presqu’envie de leurs demander d’arrêter de gigoter et de calmer le jeu… Trop de mouvement tue le mouvement ! Le corps de ballet m’a paru dépasser par la chorégraphie et manquait pour le moins de propreté. Manque de travail de pointe chez les danseuses, genoux pas toujours tendus et tours en l’air approximatifs chez les hommes. Mais le plus choquant ce soir, fut de voir ce petit danseur dans la valse et la polonaise qui remplaçait, je pense, car il ne savait absolument rien et se trompait tout le temps. Plusieurs des danseurs le guidaient en l’attrapant par le coup ou en le poussant allègrement dans les directions qu’il aurait dû prendre par lui-même. Il a d’ailleurs manqué de faire tomber un de ses collègues dans la polonaise, après un grand jeté atterri malencontreusement sur la jambe de ce dernier! C’était plutôt pitoyable. Je trouve d’ailleurs cette polonaise dansée seulement par les hommes aussi confuse et hectique que la valse. Je me doute bien que le chorégraphe a voulu faire sortir les danseuses plus tôt dans l’acte pour qu’elles puissent se changer en Cygnes et permettre de ne pas avoir d’entracte entre le premier et deuxième acte, mais cette danse de cour entre homme dénote par son manque de virilité. Précèdent cette danse, l’entrée de la Reine (affublée d’une robe tablier de cuisine) manque de noblesse et de grandeur, peut-être aussi du a la petite danse des chevaliers plutôt ridicule et inutile. Le pas de trois fut dansé par Myriam Ould-Braham, Mélanie Hurel qui ont toutes deux bien eu du mal à finir leurs dernières diagonales de leurs variations respectives et Emanuel Thibaut pas très soigné et vraiment effacé. Quant au Prince, Christophe Duquennes , il m’a paru un peu en retrait et pour le moins fébrile. Yann Saïz en Rothbart déambulait au milieu des danses, il est supposé représenter le percepteur du Prince (je pense), mais là il vaut mieux avoir lu le programme pour y comprendre quelque chose.

L’acte suivant nous représente un lac qui aurait investi la salle de bal du palais, donc un lac au milieu de colonnes vaguement gothiques et un escalier en fond de scène qui rend ce lac moins romantique! La Reine des Cygnes Odette était interprétée par Ludmila Pagliero qui dansait le Lac pour la première fois à l’instar de son partenaire. Danseuse extrêmement élégante au travail ciselé, elle m’a impressionné par son charisme, sa qualité d’interprétation et sa finesse. Dommage que son Prince était plutôt absent et que cette version empêche les interprètes de s’adonner totalement aux personnages et à la musique de Tchaïkovski. Les cygnes m’ont paru très militaires, manquant de sensualité et d’énergies aériennes. Ensemble mais sans magie et mystère. Ludmila Pagliero nous a offert un adage et une variation d’une grande beauté. Beaucoup de maturité pour une prise de rôle.

Le troisième acte ne nous offre pas un très grand changement de décor, qui décidément est froid et pas vraiment grandiose. Les costumes comme au premier acte sont dans des couleurs pastelles et comme l’interprétation des danses de caractères plutôt fades. La mazurka et la czardas avait un air très parisien et ne pouvaient pas vraiment rivaliser avec les compagnies de ballet du fin fond de l’Europe de l’est. La danse espagnole était dansée par une très belle Sabrina Malem et une Daria Dayanova moins élégante, qui avait une drôle de façon de soulever ses jupons! La napolitaine était parfaitement exécutée par Myriam Ould-Braham et Malaury Gaudion. La danse des princesses toutes habillées de la même façon et agitant avec plus ou moins de noblesse leurs éventails/tapettes à mouches ne m’a pas semblé plus existante. Le pas de trois du Cygne noir fut très bancal. Christophe Duquennes a était un partenaire plutôt laborieux, hésitant, piétinant et mettant rarement sa partenaire sur ses jambes ! Il la même lâché complètement dans une pirouette au doigt manquant de la faire tomber. Je ne sais d’ailleurs comment Ludmila Pagliero a fait pour pouvoir rester debout toute seule! Cette artiste a un aplomb époustouflant et a eu le mérite de danser son premier lac des cygnes quasiment seul dans les adages. Après cette incident j’ai eu plus l’impression qu’Odile allait dévorer le Prince de rage plus qu’elle le séduisait. Malheureusement pour lui sa variation ne fut pas plus brillante, manque de sureté et de bravoure. Il faut dire que cette version est particulièrement scolaire et ne met pas en valeur l’interprète. Idem pour la variation d’Odile, qui finit par un manège continu d’entrepas : des soutenus !!! Malgré un début de variation un peu hésitant, Ludmila Pagliero s’en est très bien sorti vu l’adage qu’elle a plus ou moins fait toute seule. Sa série de fouettés avec double fut impressionnante bien que pas tout à fait complète. Mais le contraste d’interprétation entre Odette et Odile était saisissant. Yann Saïz était très convaincant dans Rothbart un rôle qui lui va comme un gant.

Le dernier acte, nous replonge dans le Lac (à l’escalier…) avec des danses de cygnes à la chorégraphie assez poétique. Même si le corps est plutôt concentré dans l’exécution qu’investie dans l’interprétation. Il y a vraiment une énergie plutôt robotique dans ce corps de ballet que voluptueux et sensuelle. Les passages des roulé-boulé sur les genoux m’a paru scabreux et encore une fois pas très confortable. Ludmila Pagliero interprétait une Odette déchirée et d’une grande sensibilité, même si de nouveau le dernier adage fut parfois laborieux dû au manque d’attention de son partenaire. Il est évident qu’elle a le charisme et le talent d’une Etoile. On se demande d’ailleurs pourquoi distribuer une jeune première danseuse dans un rôle aussi ardu avec un premier danseur en fin de carrière et qui de surcroit n’a jamais eu l’opportunité de danser ce ballet! Vu son âge et son métier on aurait peut-être pu penser qu’il soit un atout pour cette jeune danseuse, mais ce ne fut pas le cas. J’aimerais pouvoir revoir cette danseuse dans ce rôle parfait pour elle, mais avec un autre partenaire (et pourquoi pas dans une version plus avantageuse).
L’orchestre malheureusement n’a pas rattrapé les faiblesses de cette production, le premier violon grinçait allègrement et on sentait la fatigue des cuivres au dernier acte!

Bref vous l’aurez compris une soirée assez spécial et une version du Lac des Cygnes qui a mal vieilli. Je ne sais pas si c’est le fait que Noureev a disparu depuis plus de dix-sept ans, si les maitres de ballet sont dépassés, ou si c’est la compagnie qui perd en qualité. Mais en tout cas, j’ai l’impression que le Ballet de l’Opéra de Paris aurait bien besoin d’un souffle nouveau et retrouver l’inspiration grâce à de nouvelle production, spécialement pour le Lac!

[masha]

[haydn]

Bienvenue Lulu, et merci pour ce premier compte-rendu très circonstancié.

J'ai l'impression qu'on va avoir l'occasion de revoir Ludmila Pagliero en Odette/Odile, car il n'y a plus beaucoup de solutions de rechange, s'il s'avère nécessaire qu'Agnès Letestu s'arrête suite à blessure... Agnès Letestu remplaçait elle-même déjà Dorothée Gilbert le 24 décembre, et des représentations supplémentaires ont déjà été données à Marie-Agnès Gillot et à Laetitia Pujol. Quant à Emilie Cozette, elle est sollicitée dans Apollon, où elle danse Terpsichore, et où elle risque aussi de devoir se substituer à Agnès Letestu, qui était distribuée simultanément sur les deux productions.

Au train où ça va, il ne restera bientôt plus qu'à remplacer le Lac version Nouréev par celui de Matthew Bourne...

[doudou]

[sophia]

Télérama consacre un petit article au Lac que danseront samedi Ouliana Lopatkina et José Martinez. Le dernier Lac du danseur qui partira cette année en retraite.

http://www.telerama.fr/art/le-lac-des-cygnes,63525.php

[Jonquille]

Sait-on quand José Martinez fera ses adieux officiels ?

[LysNoir]

Je pense que ce sera lors de la dernière de coppélia, amois de Mars, car il y a un défilé de programmé pour ce soir là, ce qui est exceptionnel.

[doudou]

[Jonquille]