Etés de la Danse 2010 : Ballet de Novossibirsk / Barychnikov

[sophia]

J'ai parcouru rapidement les distributions de ces derniers mois sur le site du Ballet de Novossibirsk, et c'est principalement Anna Odintsova qui interprète le rôle de Gamzatti quand La Bayadère est à l'affiche, ou sinon Elena Lytkina (quand Anna Odintsova fait Nikiya...).

[sophia]

Valéry Colin était hier l'invité d'Estelle Martin sur TV5 Monde. Quelques brefs extraits de La Bayadère en prime :
TV5 Monde - Interview de Valéry Colin

Un reportage également sur Culture Box (si la vidéo se charge!...):
Culture Box - Le Ballet de Novossibirsk fait son été de la danse au Châtelet

[Aurélie]

Super! Donc, Alvin Ailey en 2012, et le Châtelet encore l'an prochain...

[sophia]

Encore un reportage, cette fois sur France 2, avec des extraits de Balanchine :
France 2 - Un "Lac des Cygnes" venu de Sibérie au théâtre du Châtelet

Et sur M6, Le Lac des cygnes avec Olessia Novikova et Léonide Sarafanov filmés lors d'une répétition :
M6 - Cygnes du destin

[LysNoir]

J'"ai regardé les vidéos avec grand plaisir car je ne suis plus à Paris en ce moment et je regrette d'avoir raté le passage de la troupe. Ils sont jeunes, sympathiques et semblent bien en jambes...A une prochaine fois, j'espère!

[Enya]

[sophia]

En fait, je me suis rendue compte que le reportage de France 2 était le même que celui disponible sur Culture Box (que je ne pouvais pas voir sous Firefox, seulement sous Internet Explorer)... J'espère que celui-là marche en Chine!

[Enya]

Oui, Culture Box marche bien en Chine sous Internet Explorer . Et le reportage sur M6, il est très étrange de ma part - je peux l'écouter mais je ne peux pas trouver l'écran sur le site

[nikiya]

[haydn]

Compte-rendu à suivre pour la Première de la Bayadère par le Ballet de Novossibirsk.

En bref, une Nikiya (Diana Vichneva) d'une perfection absolue, mais qui devenait presque exaspérante tant tout était prévisible, sans bavure, impeccable. C'est surtout la variation du Serpent, au deuxième acte, qui énervait par son coté vraiment trop glamour, brillant, sans aucune faille. C'était si beau que cela ne laissait plus de place à l'émotion.

Dans le troisième acte, le ton était plus juste, et cette froide perfection convenait bien mieux à l'univers irréel dans lequel évoluent les Ombres des Bayadères descendues des cimes de l'Himalaya.

Igor Zelensky, en Solor, n'a lui, à quarante et un an, rien perdu de son énergie et de son panache, et porte Diana Vichneva - qui certes, n'est pas un très gros gabarit - avec une aisance déconcertante.

La Gamzatti d'Anastasia Kolegova, encore une soliste venue du Mariinsky - on aurait bien aimé aussi découvrir les artistes du Ballet de Novossibirsk dans les rôles principaux - était de très bon niveau, nerveuse, engagée ; elle nous a gratifiés d'une série de fouettés très spectaculaires dans la fameuse variation du second acte, mais on regrettera parfois aussi une technique exagérément démonstrative (les six O'clock enchaînés les uns après les autres dans cette même variation du II en étaient l'expression la plus voyante et la plus dérangeante).

Deux demi-solistes se détachaient nettement du lot : Semyon Velichko, qui, dans l'Idole dorée a exécuté des tours absolument incroyables (il a d'ailleurs été rappelé sur scène après sa prestation), et Elena Lytktina. Après une danse "manou" honnête mais sans relief particulier dans le second acte, elle a incarné une Première ombre magnifique de style et de technique au III, en faisant honneur à sa compagnie.

Le corps de ballet était lui aussi d'un très bon niveau, tant chez les hommes (danse des Fakirs) que chez les dames, avec des alignements impeccables, et comme toujours chez les Russes, de magnifiques ports de bras et de tête.

La production du Ballet de Novossibirsk, qui remonte à Tchaboukiani, a été récemment rafraîchie, et se situe dans la tradition héritée de Petipa, dont l'esprit semble réellement habiter la chorégraphie. Point d'excès de sophistication dans les pas, un décor fait de toiles peintes, dans un style très XIXème siècle, avec juste ce qu'il faut de kitsch, et des costumes d'une richesse sans excès. C'est d'autant plus agréable que le plateau reste suffisamment libre d'obstacles pour permettre à la danse de se développer à son aise.

Comme déjà signalé au sujet du Lac des cygnes, la scène du Théâtre du Châtelet est certainement plus exiguë que celle dont dispose la troupe chez elle à Novossibirsk. Comme il eût été sacrilège de se passer des trente-deux ombres exigées par la tradition, Igor Zelensky a habilement rusé : la totalité des Ombres n'étaient présente sur le plateau qu'à l'occasion des poses statiques, où du moins là ou les mouvements de la chorégraphie ne requérait que peu d'espace, puis, de chaque coté, quatre Bayadères se faufilaient discrètement dans les dégagements pour ne plus laisser que vingt-quatre de leur collègues sur la scène...

Enfin, l'Orchestre National d'Île-de-France, placé sous la direction d'Andrei Danilov, aura de nouveau convaincu par le sérieux de sa prestation. Certes, Minkus ne sera jamais Tchaïkovsky, même entre les mains les plus expertes, mais jamais, de mémoire de ballettomane, je n'ai entendu une Bayadère si bien exécutée : tempi alertes, justesse des cordes et des cuivres presque irréprochable (quelques petites bavures dans le Pas d'action du II, c'est tout), et une interprétation nerveuse, toute de muscle et sans graisse aucune. Il faut dire aussi que ce soir, nous avions droit à la musique écrite par Minkus, sans les tripatouillages très malhabiles qui viennent d'ordinaire alourdir une orchestration qui n'a vraiment pas besoin qu'on en rajoute... Résultat : un festival de coloris de bois, de cordes diaphanes, et bon débarras le dzim-boum-boum et les doublures éléphantesques de la ligne mélodique au tuba ou aux trombones, façon Lanchbery. Un régal.

[sophia]

Je suis de plus en plus d'accord avec vous, Frédéric, on parle des étoiles du Mariinsky (que j'adore, là n'est pas la question...), mises en avant à Paris, et l'on oublie - c'est un peu dommage - le Ballet de Novossibirsk, absolument remarquable une fois de plus dans cette Bayadère, tant sur le plan de la discipline et de l'harmonie musicale du corps de ballet que de la qualité des demi-solistes alignés : l'Idole dorée de Semyon Velichko, la Manou d'Elena Lytkina, les Ombres, notamment la 1ère, encore Elena Lytkina, qui nous a offert une variation tout à fait exceptionnelle par son sens de l'attaque et une qualité de saut qu'on ne voit plus guère aujourd'hui, les filles du Pas d'action, les Fakirs, les Djampo... sans oublier les rôles de caractère (un Brahmane très inspiré et un Rajah... d'envergure...).

Donc ce soir, c'était parterre d'invités et plateau de stars du Mariinsky, avec en plus de Diana Vichneva et Igor Zelinsky, Anastasia Kournikova... euh pardon...Kolegova en Gamzatti-surprise... Une vraie soirée de première, d'une perfection un peu froide, une Vichneva magnifique évidemment, somptueuse, théâtrale, virtuose, mais très russe internationale, et un Zelensky dont l'élan et la saltation restent exemplaires malgré l'âge... Tout est mené avec vivacité, clarté, entrain, ça nous change des tempi languissants franco-anglo-noureevo-makaroviens, devenus résolument insupportables... Il faudra sans doute attendre d'autres soirées pour capturer l'émotion du drame, manque de bol, c'était pour moi la dernière, et j'en suis à vrai dire un peu triste... La Sibérie est vraiment trop loin... Alors SVP, parlez moi de la suite...

[frederic]

Production superbe, absolument russe, décors et costumes qui font paraitre bien terne celle de l'opéra de paris, corps de ballet impeccable, solistes exceptionnels, Velichko qui confirme dans l'idole dorée, Zelenski impérial bien qu"il ne fut pas toujours un très bon partenaire, Vishneva incandescante, notamment dans l'acte 2 où elle impose d'emblée le silence à la salle; un haut du corps, dos et bras qui disent toute l"histoire, l'amour, la jalousie, le dépit, c'est du grand art. Beaucoup d'émotions pour ma part, j'y retourne jeudi, courez y si vous voulez voir et entendre la Bayadère, je veux dire vraiment la Bayadère!...
Ps; volez vous vers Londres, Sophia? .

[haydn]

Elle roule, il vaut mieux, une grève des contrôleurs aériens est annoncée...


Ne vous méprenez pas sur le sens de mon commentaire, et de mon appréciation différente de la vôtre en ce qui concerne la performance de Diana Vichneva, frederic : je n'ai jamais vu sur scène une Variation du serpent aussi bien dansée, techniquement parlant. Tout était impeccable. Mais c'était tellement parfait que cela en tuait un peu l'émotion. Il n'y avait aucune incertitude, Vichneva était tellement souveraine, sûre d'elle, qu'on ne pouvait avoir aucun doute, toutes les difficultés allaient être surmontées sans la moindre bavure. Mais dans cette variation-là, la fragilité d'une Delphine Moussin me touche plus, même s'il n'y a pas la même éblouissante virtuosité.

[Florestiano]

Une petite question me tarabuste à l'issue de la représentation de la Bayadère de ce soir. Le programme fait mention de l'épilogue du ballet : "Solor, sorti de ses songes, se précipite au temple pour prier les dieux de lui pardonner. Trop tard, le temple s'écroule, et Solor voit l'ombre de Nikiya lui échapper à jamais." La fiche de distribution reprend du reste cette allusion. Or, à moins que je sois passé à côté de quelque chose, il ne m'a pas semblé que cette scène ait été présentée. Y aurait-il une raison particulière à cela ?

Sinon, il est stupéfiant de voir à quel point la qualité de l'accompagnement peut radicalement changer notre manière d'appréhender un spectacle. Quand l'orchestre Colonne a massacré, avec une remarquable constance au fil des représentations, des scènes entières de la Bayadère à l'Opéra de Paris, nous avons eu droit ce soir à un accompagnement de très haute tenue. Nos oreilles conservaient notamment un souvenir douloureux de la variation de Nikiya dans l'acte II et des premier et deuxième pas de deux de l'acte III. Rendons grâce aux violon et violoncelle supersolistes de l'ONDIF d'avoir par la beauté de leur jeu permis aux danseurs de s'épanouir pleinement et au public (en tout cas à moi ) de se régaler !

Je tenais par ailleurs juste à souligner ce qui m'a paru être l'un des moments de grâce de cette soirée, au-delà de la prestation sidérante de Diana Vishneva : la descente des Ombres et plus largement la performance globale du corps de ballet dans le troisième acte. Des alignements parfaits jusque dans l'angle d'inclinaison des bras, une synchronisation remarquablement maîtrisée, des équilibres et arabesques ne tremblotant pas pour un sou : cela donnait l'impression qu'il n'y avait pas 32 danseuses sur scène mais un tout organique qui progressait en toute harmonie. Quel plaisir !

[haydn]

Effectivement, j'ai comme vous Florestiano l'impression que la fin a été écourtée. Peut-être que frederic, qui, si je ne me trompe, avait déjà vu cette production en Russie, pourrait nous dire ce qu'il en est réellement?

Il me semble aussi qu'il y a eu des coupures dans le 3ème acte (danse des chandelles au début, et galop des Bayadères à la fin). Je ne serais pas étonné qu'il y ait fallu faire "tenir" le ballet dans les trois heures fatidiques (au-delà, il faut payer un service supplémentaire aux musiciens et aux personnels techniques, ce qui alourdit considérablement la facture pour l'organisateur).