Etés de la Danse 2010 : Ballet de Novossibirsk / Barychnikov

[masha]

[nabucco]

La critique musicale, chorégraphique, théâtrale est de tout façon moribonde en France, avec tellement peu de critiques professionnels* que ceux qui restent ne sont pas vraiment pressés par la concurrence...
J'y serai ce soir...

*Et les critiques professionnels, ça sert ! Certes, ils peuvent être tendancieux et écrire moins bien qu'on ne le souhaiterait, mais quand on est professionnel, on a le temps de s'informer, de lire, de comparer, bref de mettre en perspective bien mieux que ce que pourront jamais faire tous les non-professionnels qui peuplent les sites Internet de critiques qui ont fleuri en France plus que nulle part ailleurs !

[haydn]

Pour Masha : le malentendu avec Sophia vient de ce qu'il y a une confusion entre critique et promotion. Mais maintenant, si le service de presse de l'Opéra de Paris a été plus efficace pour solliciter les médias - c'est son rôle - que celui des Etés de la danse, on ne peut effectivement pas lui reprocher d'avoir bien fait son travail...

Pour Nabucco : je ne pense pas qu'il y ait encore beaucoup de médias, du moins dans la presse écrite, qui emploient encore à plein temps des critiques, et ceux-ci exercent pour la plupart un ou plusieurs autres métiers ; cela ne laisse plus le temps non plus de mettre les choses en perspective. La plupart des journaux ont par ailleurs taillé dans les effectifs et la pagination, et on sait très bien quelles sont les rubriques sacrifiées en premier (certainement pas le sport ou les faits divers...).

Enfin, on demande de plus en plus aux journalistes professionnels d'être "polyvalents", en clair, d'écrire sur n'importe quel sujet, qu'ils le maîtrisent ou non : un jour la Bourse, le lendemain le cinéma et le surlendemain l'informatique. Ainsi des blogs tenus par des "amateurs" qui eux connaissent bien un domaine précis, s'avèrent souvent plus pertinents et mieux documentés que des médias professionnels de caractère généraliste, à qui Internet fait de plus en plus peur, notamment pour cette raison.

[Dansesaveclaplume]

[laurence]

Je ne vois pas pourquoi on ne chronique pas les reprises...et en tout cas cette reprise là me semble être d'une véritable importance...pour le monde de la danse et pas simplement... puisque le monde du cirque y était aussi...et sans dout bien d'autres...mais arrêtons le spectacle de la salle...peu m'importe qui est là... l'essentiel est que la danse donne envie...envie de tout ... et pas simplement aux afficionados...Or ce" spectacle repris" est d'une rare qualité, d'une musicalité extrême, d'une élégance parfaite et démontre comme le fait aussi d'ailleurs "Lucian Freud"que le beau mouvement, le mouvement intérieure celui qui est porté par le seul plaisir, celui qui irradie dans l'espace et qui ne s'arrête pas simplement à l'extrèmité des doigts, celui qui est dirigé et anticipé par le regard et par delà par le cerveau, peu importe l'âge, peu importe la forme de corps, le sexe, la danse... c'est à cette respiration de vie que l'on adhère et qui vous transporte.
C'est peut être ce qui a été demandé par Mikhail Baryshnikov à Mats Ek, à Alexei Ratmansky,à Benjamin Millepied pour construire ce spectacle et je crois que pour une fois les deux derniers ont teinté leur création d'une sorte d'humour inspiré par lui et c'est très réussi... cet humour que l'on retrouve dans les films montrès par la Cinémathèque de la Danse Jeudi... Merci à Ana Laguna et à Mikail Baryshnikov de faire de telle reprise...merci aux "Grands" de faire des reprises pourr toucher les petits qui les regardent les yeux écarquillés...le plus de petits possible...

[nabucco]

Un grand moment de la saison chorégraphique parisienne, c'est évident ! Cela dit (et je ne suis pas le seul, je crois, à penser cela...), l'intérêt chorégraphique des pièces de Ratmansky et de Millepied m'a paru quand même très modeste, et du coup c'était un peu frustrant de voir Baryshnikov danser ces petites choses. La comparaison avec Mats Ek, dont on oublie trop souvent à quel point c'est un authentique génie, était vraiment écrasante, d'autant qu'Ana Laguna continue à vivre cette danse de façon extraordinaire, comme sans limite physique. Après la bouleversante Susanne Linke au Théâtre des Abbesses la semaine dernière, les danseurs âgés sont à la fête, et on se dit que l'Opéra laisse se faire un gâchis sans nom à laisser partir sans rien faire pour tirer parti de la maturité artistiques d'un Laurent Hilaire ou d'un Kader Belarbi...

[serge1 paris]

Est il vraiment mentionné dans le programme que Polina Semoniova danse le Lac des Cygnes le 15 et non le 13 qui est le soir de la première ?

C'est un peu étonnant dans la mesure où elle participe également au Gala.

Sait on qui danse quoi pour le Gala ?

Dina Vichneva pour la première de Bayadère le 20 c'est une très bonne nouvelle. C'est aussi un exploit car d'après son "schedule" elle danse le même rôle au Mariinski le 18 ...

[Dansesaveclaplume]

Polina Semionova est bien indiqué pour le 15 juillet.

Pour le détail du gala du 7 juillet :
CHOPINIANA, avec les solistes de Novossibirsk.
TARANTELLA, avec Ashley BOUDER et Daniel ULBRICHT
LE TRICORNE, avec José Martinez
CENDRILLON, avec José Martinez et Agnès Letestu
TCHAIKOVSKI Pas de deux, avec Olesia NOVIKOVA et Leonid SARAFANOV
LE CORSAIRE, avec Polina Semionova et Igor ZELENSKY
LES FLAMMES DE PARIS, avec Elena Lytkina (Novossibirsk) et Ivan VASSILIEV
LES DANSES POLOVTSIENNES (ballet de (Novossibirsk)

[haydn]

Merci pour ces précisions, ***

[sophia]

Dommage quand même que Maria Alexandrova ne soit pas présente pour accompagner José Martinez dans Le Tricorne... C'est un duo fantastique...

[haydn]

J'ai donc vu Ana Laguna et Mikhaïl Barychnikov cet après midi au Théâtre de la Ville ; certains n'avaient pas hésité à estimer qu'il s'agissait là DU spectacle de l'année 2010. La majorité du public a d'ailleurs semblé partager cet avis, les deux danseurs ayant été salués par une formidable salve de bravos à la fin de la représentation.

En ce qui me concerne, je n'ai malheureusement pas ressenti du tout la même émotion, qui m'avait saisi hier avec Ulyana Lopatkina à Versailles ; la danseuse russe y avait fait preuve d'une probité artistique absolue, et sa démarche, au seul service de la culture de son pays, était exempte de toute arrière pensée mondaine ou commerciale.

Je ne vais évidemment pas me lancer dans un ridicule exercice de déboulonnage de la Statue du Commandeur : les deux pièces écrites spécifiquement pour Mikhaïl Barychnikov, Valse-fantaisie, d'Alexeï Ratmansky, et Years later, de Benjamin Millepied, ont été celles qui m'ont apporté le plus de plaisir. Le grand danseur russe, même s'il n'a évidemment pris aucun risque technique, y déploie un sens du théâtre et de la posture toujours remarquables, à l'image de sa stupéfiante fraîcheur physique. Valse-fantaisie développe un humour acide, désabusé, typiquement russe, tandis que Years later est une sorte de réminiscence aigre-douce de la jeunesse de Barychnikov ; confronté à un film datant de son adolescence, l'artiste tente en vain de rééditer les exploits circassiens dont il était alors capable.

En revanche, Ana Laguna dégage un profond malaise dans Solo for two, de Mats Ek ; sur la détestable et rabâchée musique d'Arvo Pärt se développe une danse à la noirceur outrée, qui engendre un véritable sentiment de malaise chez le spectateur. Sous le prétexte apparent - mais était-ce le but premier poursuivi ici par Mats Ek? - de s'attaquer au tabou (en fait, plutôt un poncif de la sociologie bien-pensante de ces dernières années) de la "sexualité des seniors", pour employer une litote à la mode, Solo for two nous entraîne aux confins d'un voyeurisme maladif et malsain. Pas un millimètre carré de chair inconvenante n'est montré, et pourtant...

En seconde partie de programme, Place, toujours de Mats Ek, et qui exploite peu ou prou la même thématique, passe mieux. L'exhibition délibérée de la laideur, de la vieillesse, est tempérée d'une ironie distanciée et corrosive, qui n'est pas sans rappeler la réussite d'Appartement. La musique - malheureusement enregistrée - du Fläskkvartetten - est utilisée avec finesse et à propos pour appuyer les effets de la chorégraphie.

Si l'on ne se plaindra évidemment pas d'avoir pu admirer, grâce à cette tournée, l'immense artiste qu'est toujours Mikhaïl Barychnikov, on regrettera tout de même que cela se fasse au travers d'un programme tellement bien formaté que les réactions émotives des spectateurs semblent avoir été elles-mêmes prévues et calibrées de manière à participer de l'illusion théâtrale.

[mathis]

[haydn]

S'il y a parmi nous des lecteurs (frederic?) qui ont vu cette pièce interprétée par Sylvie Guillem, je serais très intéressé par leur avis, est-ce qu'ils ressentaient la même chose ou ont perçu les intentions du chorégraphe de manière très différente?

[kreul]

J'ai vu cette pièce via le DVD de Guillem et lors de représentations données par le ballet de l'opéra de Lyon & le ballet Cullberg.
Ce qui m'a interpellé, dans ce morceau choisi, c'est que Solo for two est une pièce sur la relation humaine, plus précisément la relation homme/femme. Or ce solo est celui du "tableau", dévolu à la femme qui exprime sa frustration... Alternent dans Solo for two l'homme et la femme qui, s'ils se rencontrent, ne se retrouvent jamais, et pourtant n'aspirent qu'à se joindre.
Et sorti de ce contexte, le solo dansé par A. Laguna perdait non pas en puissance mais son sens intrinsèque...
Toutefois, je n'ai pas eu votre lecture Haydn (cf. "sexualité des senoirs") mais plutôt, compte tenu de la différence d'âge entre les interprètes (je parle ici de Guillem & Laguna) j'ai plutôt eu la lecture de questions qui se posent et s'imposent à la femme (voire à la relation de couple) quel que soit l'âge et l'expérience de la vie.
Mais ce solo est surtout, me semble t il, révélateur du désespoir banal, dont Mats Ek fait une traduction bouleversante. Et Laguna une interprète exceptionnelle.
Dommage que la pièce n'ait pas été présentée en entier...

[haydn]

C'est en fait pour cette raison précise que je posais la question. Je me demandais justement si l'interprétation d'Ana Laguna - et comme, en plus, comme vous le soulignez à raison, il ne s'agit que d'un solo extrait de son contexte - ne faussait pas la perception de l'œuvre. Mais en même temps, je pense que Mats Ek a confié ledit solo à Ana Laguna en toute connaissance de cause, et il devait bien être conscient aussi que cela risquait d'en altérer le sens.