Joyaux [25/09 - 18/11/09, Montpellier, Grenoble et Paris]

[marc]

[dusuau]

Qui y va ce soir?
Ya Carbone qui remplace Phavorin ds le PD3 d'Émeraudes.

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"Quand un cachalot vient de tribord, il est prioritaire. Quand il vient de bâbord aussi. "

[haydn]

Merci Dusuau, c'était bien Alessio Carbone qui a dansé ce soir en remplacement de Stéphane Phavorin dans Emeraudes, avec Sarah Kora Dayanova et Séverine Westermann.


Compte-rendu à suivre...

[haydn]

Quelques mots de la représentation de ce 26 octobre 2009, qui proposait une nouvelle distribution pour les trois volets de Joyaux.


Dans Emeraudes, on retrouvait avec plaisir le couple éprouvé formé par Isabelle Ciaravola et Christophe Duquenne. Elégance et légèreté étaient au rendez-vous, même si l’on aimerait aussi un jour pouvoir applaudir ces deux artistes dans Diamants, dont la chorégraphie paraît taillée pour eux. De même, Mélanie Hurel nous a gratifiés d’une prestation soignée dans la Sicilienne, même si sa danse est (délibérement) très retenue, peu démonstrative.

De manière un peu paradoxale, c’est néanmoins Alessio Carbone qui a dominé ces Emeraudes, alliant prestance, beauté du style et présence scénique (ne serait-ce que sur de simples pas de liaison, il peut servir de modèle à beaucoup, tant sa démarche est étudiée, contrôlée). Il a de surcroît été un serviteur attentionné pour Mlles Dayanova et Westermann. Séverine Wetermann, qu’on ne voyait plus guère sous les feux de la rampe, alors qu’une carrière rapide semblait s’ouvrir à elle il y a quelques années, a d’ailleurs fait un «come-back» réussi dans ce pas de trois «à la française».

Dans Rubis, Jérémie Bélingard, que l’on n’attendait plus à pareille fête, a réalisé une démonstration magistrale, mêlant sans excès virtuosité et humour. Sens du show, ludisme et ironie discrète ont caractérisé cette belle performance, au cours de laquelle le danseur badinait avec une Clairemarie Osta au charme piquant. Le corps de ballet était de bonne tenue, et quelques personnalités en émergeaient, telles Pauline Verdusen, Aubane Philbert ou, une fois de plus, Eléonore Guérineau. Un regret pourtant, celui de voir une artiste de la qualité de Miteki Kudo réduite à jouer les utilités parmi ces Joyaux alors qu’elle aurait pu faire – mais il est maintenant sans doute trop tard – une Giselle ou une Aurore de premier ordre, à l’image de Noëlla Pontois, sa mère.

Diamants, et tout particulièrement la Polonaise conclusive, auront valu à Marie-Agnès Gillot un beau succès personnel, avec, à la chute du rideau, de nombreux rappels réclamés par un public enthousiaste. Son énergie, son abattage hors du commun ont emporté l’adhésion, avec d’autant plus d’enthousiasme qu’elle était portée par un orchestre beaucoup plus nerveux que lors de la Première du 21 octobre. Le tempo paraissait plus allant, et le final de la Troisième Symphonie prenait cette fois vraiment le caractère tourbillonnant, exubérant, que lui confère sa structure contrapuntique en fugue. On saluera aussi la grande versatilité de son partenaire, Karl Paquette, homme de toutes les circonstances, et qui a eu le tact de ne pas s’imposer et de laisser sa partenaire à la joie d’une ovation méritée.

[sophia]

Concernant la représentation d'hier, je rejoins Haydn en partie, notamment sur un point: la prestation de Bélingard dans Rubis. On ne le voit qu'une ou deux fois par saison, mais lorsqu'enfin il apparaît, dans une oeuvre qui convient à son style, c'est peu de dire qu'il ne rate pas son coup... Alors certes, il n'a ni les sauts ni la virtuosité du bas de jambe de Heymann, mais là où ce dernier appréhendait la chorégraphie tout en force et dans une espèce de spirale de pur brio, Bélingard fait, quant à lui, réellement preuve de ce relâchement, de cette classe, de cette incroyable détente jazzy, attachés au caractère américain de la chorégraphie en tant qu'hommage au music-hall, et qu'on peut aussi ressentir chez ce merveilleux danseur qu'est Benjamin Millepied lorsqu'il interprète les oeuvres de Robbins. Avec cela le sens du show (du Bélingard, mais pas trop quand même) et un humour nécessaire et omniprésent (totalement absent de la première, à mon sens), cela sauve aussi la chorégraphie du ridicule dans lequel elle s'enlise dès les premières minutes... Eh oui, Bélingard est vraiment drôle... et brillant... Il ressemble au fond à ce cancre à qui le prof aurait parfois envie de mettre 20/20, plutôt qu'au premier de la classe, tellement tête à claques...
Le couple formé avec Clairemarie Osta est harmonieux et attachant (même si le mot ne se prête guère à la situation), mais celle-ci me semble en revanche un peu trop sage, un peu trop sur la retenue pour le style coquin du tableau (si l'on en reste à une lecture "sympathique" de celui-ci...). Emeraudes lui convient sans doute mieux... Rétrospectivement, je repense avec un certain plaisir à Aurélie Dupont, qui a de surcroît une plus grande vélocité et un meilleur sens de l'attaque dans l'allegro.

Après une première quasi-parfaite, Emeraudes m'a un peu déçue, en-dehors de Carbone, irréprochable, qui domine le tableau par l'élégance et la sobriété de son style. Les placements du corps de ballet n'étaient pas toujours impeccables, mais c'est vrai, il reste un sens du style, un raffinement et une pureté de mouvement qu'on ne retrouve pas de manière aussi homogène dans les deux tableaux suivants.

Enfin, Diamants... Certes, le couple Gillot/Paquette n'est pas idéal, au même titre que peut l'être la paire Letestu/Martinez (esthétiquement et formellement éprouvée), il y a une trop grande disparité de style, de présence... Il n'en reste pas moins que je trouve qu'il y a plus d'émotion et de générosité dans le moindre port de bras de Melle Gillot que dans toute la prestation, jugée parfaite par certains, de la première... Diamants a besoin de ce frémissement pour être autre chose qu'une caricature du style impérial. Très belle polonaise conclusive, qui méritait vraiment d'être vue de face.

[masha]

J’ai vu jeudi et hier lundi. La distribution de lundi me paraît plus satisfaisante dans Emeraudes et Rubis. Les deux soirs, je n’ai franchement pas aimé Diamants, hier j’ai trouvé que l’orchestre jouait trop fort.

Christophe Duquenne a un port de bras de loin supérieur à Mathieu Ganio, et où celui-ci effectue mécaniquement des gestes qu’il ne semble pas ressentir, Christophe Duquenne offre un moelleux, un abandon, une musicalité plutôt réussie. C’est un peu le même compliment que l’on peut faire à Jérémie Bélingard et Emilie Cozette qui semblent donner un peu d’eux mêmes dans cette chorégraphie ridicule de Rubis que Mathias Heymann et Marie-Agnès Gillot exécutent en virtuoses constamment à fond la caisse, soulignant les passages un peu lourds. Jérémie Bélingard et Emilie Cozette font mieux avaler la pilule…
Alessio Carbone m'a paru déplacé mais peut-être est-ce la chorégraphie... enfin les deux autres garçons d'Emeraudes étaient perdus dans leurs rêveries et s'accordaient mieux avec leurs partenaires et la musique.

Pour Diamants, j’ai trouvé Agnès Letestu et José Martinez tristes et austères dans leurs recherches visibles des lignes, Marie-Agnès Gillot confondant virtuosité et force, Karl Paquette effacé par sa partenaire... Vraiment, Diamants m’a fait penser au luxe qui dégouline…

[paco]

je rejoins entièrement Haydn et Sophia pour la représentation d'hier soir. Je me suis régalé avec la prestation de Jérémie Bélingard dont Rubis semble écrit pour lui, c'est complètement son univers : un humour maîtrisé couplé à une virtuosité qui colle parfaitement à la partition, une sorte de swing qui donne soudain un certain relief à ce ballet.
A part Rubis j'ai aussi adoré Diamants, où M.A. Gillot a fait passer une électricité que je n'avais pas ressentie dans ce ballet jusqu'à présent.

Avec ces deux prestations, l'ensemble de ces "Joyaux" m'a paru moins fade que d'ordinaire. Une belle soirée

[haydn]

Pour Masha : Vouliez-vous dire Mathias Heymann & Aurélie Dupont / Jérémie Bélingard & Clairemarie Osta? Marie-Agnès Gillot et Emilie Cozette dansaient la grande soliste respectivement le 21-22 et le 26 octobre.

Pour l'orchestre, je l'ai trouvé personnellement sensiblement meilleur hier soir, surtout dans le Tchaïkovsky (même si un cor est entré une mesure trop tôt au début de la réexposition, dans le finale...). En ce qui concerne le volume sonore, à Garnier, le rendu est très différent selon que l'on se trouve au premier ou au troisième rang d'une loge, même de face. Lorsqu'on est dans un fond de loge, le son est très atténué alors qu'il parait trop fort au premier rang.

[masha]

pardon, j'ai fait un peu court... Je n'ai pas cité leur partenaire car je voulais faire un rapprochement comparatif. Je comparais Mathias Heymann et Jérémie Bélingard comme Marie-Agnès Gillot à Emilie Cozette dans Rubis... J'aime mieux les danseurs qui donnent un peu de chaleur intérieure dans leur danse. c'est d'ailleurs pareil pour Christophe Duquenne...
Pour Diamants, j'étais au premier rang de loge mais deux étages plus haut hier... le son monte-t-il comme la chaleur?

[doudou]

[haydn]

Ce n'est pas une boutade, masha, le son monte effectivement. Vous pouvez en faire l'expérience si vos voisins organisent une fête chez eux et mettent la musique à fond... vous serez bien plus dérangée si ce sont les voisins de l'appartement du dessous que s'il s'agit de ceux du dessus...

[paco]

la preuve la plus flagrante du son qui monte est à Bastille. Faites une fois l'expérience du dernier rang du 2e balcon pour un Wagner ou un Strauss, vous finirez probablement chez l'ORL, inversement la même oeuvre au fond du parterre sonnera sourde et molle

[wagneriano]

Exactement. Et aux rangs de 1 à 15 de l'orchestre, les voix sont bien souvent couvertes par l'orchestre.

[Jonquille]

Ce soir Florimond Lorieux a remplacé Yann Saïz dans les demi-solistes de Diamants.

Par ailleurs dans Emeraudes il me semble que c'est Karine Villagrassa qui a dansé et non Gwenaëlle Vauthier. A confirmer...

[Déméter]

Je ne verrai pas Joyaux cette saison mais vos commentaires sur la prestation de J. Bélingard m’ont rappelé de si bons souvenirs que j’ai troqué ma paresse et ma souris pour le clavier.
J’ai pu l’apprécier avec C-M. Osta dans Rubis en février 2003 et, à l’époque, tous les deux (C-M. Osta dansant alors à l’égal de J. Bélingard) avaient offert un véritable festival au public : comme déjà dit, virtuosité sans excès, toujours au service de l’humour et de l’esprit jazzy de la pièce, . . ., tout y était et ils avaient alors soulevé l’enthousiasme du public.
Je découvrais Rubis et ne pouvais imaginer combien la chorégraphie pouvait effectivement tendre vers le ridicule dansée autrement : j’ai vraiment eu un choc (dans le mauvais sens du terme malheureusement) en le revoyant en DVD et me suis demandée si c’était bien le Rubis que j’avais vu sur scène.
J’en profite donc pour remercier chaleureusement et à posteriori C-M. Osta et J. Bélingard pour cette représentation mémorable.
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Sophia a dit :