Onéguine (Cranko) [16 avril - 20 mai 2009]

[Katharine Kanter]

Cranko a le mérite - accordons-lui cela - d'avoir tenté de traiter, quoiqu'avec les moyens du bord, de sujets d'envergure.

Sa génération a malheureusement été très influencée par l'arrivée du Bolchoï à Londres dans les années 50, avec les portées prétendument héroïques (hystériques?) typiques de l'art stalinien ... au mépris du bon goût, et surtout, du bon sens anatomique.

Ashton avait beaucoup plus de talent chorégraphique que Cranko, beaucoup plus, comme l'on voit dans ses Symphonic Variations, qui sont du moins pour moi, un joyau.

Cependant l'intronisation du Sadlers Wells comme Ballet Officiel Impérial à Covent Garden, et la disparition, dans les années '70, pour motif économique, des dizaines de troupes où bouillonnait l'innovation chorégraphique comme celle - importante - de Walter Gore, a éliminé l'amicale rivalité qui eut permis de maintenir une tension artistique.

Personnellement, je crois que je n'aurais pas trop aimé danser ces ballets narratifs de Cranko, avec ces portées, et ces choix musicaux si douteux, mais je persiste à croire que chez lui, cela émane tout de même d'une vraie recherche.

La réussite des ballets de Cranko, où le corps de ballet est peu ou mal déployé, dépend en (trop) grande mesure de la qualité de jeu d'acteur et de "stagecraft" des intérprètes principaux, sujet sur lequel, dans le cas des interprètes parisiens, je n'oserais surtout pas me prononcer.

[LucyOnTheMoon]

Pour aller dans le sens de Paco et répondre à Haydn, on peut aimer le contemporain ET détester Jan Fabre (c'est très réducteur de ne citer que lui comme représentant de la chorégraphie contemporaine. Et Carlson ? Et Preljocaj ? Et Mats Ek... ? pour ne parler que de ceux qui se sont dernièrement frottés au ballet de l'ONP - fin de la parenthèse). On peut trouver parfaitement ennuyeux (plutôt qu'indansables, parce que bien sûr ça dépend pour qui) certains ballets de Noureev et se laisser émouvoir ou surprendre par d'autres - et ça vaut pour le néoclassique, pour Roland Petit, pour Forsythe, pour Béjart etc... OK, là on s'éloigne un peu du sujet initial, le modérateur ne va pas être content (mais c'est pas moi qui ai parlé de Jan Fabre en premier )
A lire tous les commentaires je m'attends à ne gère aimer le ballet de Cranko, que je ne découvrirai qu'après-demain. Qu'importe, c'est toujours bon à prendre, pour la culture Au pire je ne serai pas déçue, au mieux j'aurai une bonne surprise. Et si vraiment j'en sors avec l'impression d'avoir passé une mauvaise soirée, eh bien je n'aurai plus qu'à ne pas y retourner, et c'est tout.

[paco]

[haydn]

Pour LucyOnTheMoon : il s'agissait d'ironie de ma part, je pensais que cela allait de soi...

Pour Paco : les décors et costumes ne sont pas ceux de la création à Stuttgart en 1965, qui doivent être usés depuis longtemps, mais ceux qui servent actuellement au Bayerisches Staatsballett, qui a Onéguine à son répertoire. Il s'agit bien évidemment de copies réalisées postérieurement pour Munich.

[sophia]

Les décors et costumes de Jürgen Rose que l'on voit dans la production parisienne sont néanmoins ceux - refaits bien sûr - de la création... à Stuttgart (que, pour ma part, je trouve très bien).

[nabucco]

Oui, et même si je ne l'ai pas encore vu (ni à Munich, ni à Paris), je suis frappé de la différence d'appréciation entre la France et l'Allemagne non seulement pour ce ballet précis, mais pour tout le répertoire néo-classique de Cranko et Neumeier. En Allemagne, ce sont des triomphes partout, en France cet accueil au minimum tiède, au pire franchement méprisant. Je tiens aussi à (re)dire que, dans cette différence, il faudrait absolument prendre en compte les questions stylistiques: le ballet de l'Opéra, par comparaison, semble ne pas réussir à s'approprier véritablement ce style, mais c'est tellement plus facile de taper sur les chorégraphes plutôt que de remettre en cause l'interprétation...

Et pendant ce temps, pour rebondir sur ce que disait Mme Kanter de l'influence délétère du ballet soviétique, on s'extasie pour la chorégraphie misérable et vulgaire d'un quelconque Spartacus...

[rothbart]

J'adore Spartacus
(Lifar aussi notament "suite en blanc" et Balanchine en génèral ...même si j'aurais définitivement dû naitre au 19 e...)
je crois qu'il ne faut pas faire de procès au néo classicisme en général,il n'y a que des cas particuliers.

[Ambrine]

[frederic]

Comme tous les grands ballets narratifs, Oneguine repose en grande partie sur le talent de ces interprêtes principaux. Comme dans la Dame de Neumeier- que beaucoup semblent apprécier ici- le corps de ballet est fort secondaire. Je n'ai pas vu la production parisienne mais il me semble que Nabucco ouvre une piste: l'opéra de paris est il fait pour ce style? Pas sur! En tout cas, je ne partage pas les avis sur la prétendue faiblesse de la partition. Et je continue de croire que si les interpretes sont à la hauteur, c'est un ballet fantastique, en tout cas, pour ce qui me concerne, bien meilleur que la Dame aux camélias.

[haydn]

Nous serons au moins d'accord là-dessus, Frédéric : je trouve comme vous qu'Onéguine est nettement plus intéressant que la Dame aux camélias, avec une action dramatique plus ramassée et plus efficace.

Par ailleurs, les solistes que j'ai pu voir jusqu'à présent étaient bons, même si, à l'exception peut-être de Manuel Legris, ils n'avaient pas la même expérience de ce type de ballet que les danseurs qui avaient assuré les représentations viennoises l'an passé (Polina Semionova -Tatiana, Tamás Solymosi - Onéguine, Vladimir Malakhov - Lenski, Maria Yakovleva - Olga). Les artistes des principales compagnies allemandes et autrichiennes dansent en effet ce genre d'ouvrages narratifs à longueur d'année, ce qui, indépendamment de toute considération technique, leur confère évidemment plus de "bouteille" en matière d'expression théâtrale.

[rothbart]

Il faudrait quand même cesser une fois pour toute de parler des ballets de Noureev.Il s'agit des grands classiques (oui il faut les repasser) chorégraphiés par Petipa (la plupart du temps) dans une version Noureev (qui pourrait en être éventuellement une autre).Rendons à César ce qui lui appartient et parlons donc plutôt des ballets de Petipa.

[Enya]

[doudou]

Un article d'Ariane Bavelier dans Le Figaro à propos des adieux de Manuel Legris dans Onéguine.

[Katharine Kanter]

Ashton, Symphonic Variations (extracts)

http://www.youtube.com/watch?v=KNU0BlqnkVQ

Probably last public performance by Belinda Hatley in England.

[laurence]

Il me semble qu'une chorégraphie en redondance avec la musique relègue la danse à une illustration et cela me déplait...