Nouvelles du Ballet de Hambourg

[haydn]

Photo de famille pour le Ballet de Hambourg. La compagnie vient d'achever sa saison chorégraphique 2014 2015 par une tournée à Venise, où elle a présenté La Troisième symphonie de Mahler sur la prestigieuse scène du Théâtre de la Fenice.

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[haydn]

John Neumeier reçoit en ce moment même le Prix Kyoto, qui lui est remis dans la ville impériale japonaise du même nom. Parmi ceux qui ont reçu précédemment cette distinction, figure Maurice Béjart.

[nabucco]

Entre-temps, Neumeier est revenu en Allemagne, puisqu'il était présent dimanche dernier pour son Oratorio de Noël donné à Baden-Baden (devant un public... peu juvénile... c'est peu de le dire...), avec à chaque fois qu'il entre dans la salle une belle salve d'applaudissements... De manière moins enthousiasmante, il a dû aussi annoncer un incident dans les décors juste après le chœur d'ouverture, qui a interrompu la représentation pendant une demi-heure...

John Neumeier, Weihnachtsoratorium I-VI
Musique : Johann Sebastian Bach, Weihnachtsoratorium (version intégrale, musique enregistrée)
Chorégraphie, costumes et lumières : John Neumeier
Décors : Ferdinand Wögerbauer

Un homme : Lloyd Riggins
La mère : Anna Laudere
Son mari : Carsten Jung
Un berger : Karen Azatyan
Deux anges : Silvia Azzoni, Alexandr Trusch
Hamburger Ballett

Baden-Baden, Festspielhaus, 15 novembre 2015

L’histoire de la Nativité est marquée par le voyage : d’abord le recensement qui oblige Marie et Joseph à se rendre à Bethléem, ensuite, après la naissance de Jésus, la fuite en Égypte pour protéger l’enfant des persécutions d’Hérode. Ainsi commence et finit l’Oratorio de Noël de Bach, ce vaste cycle de six cantates conçu par Bach pour être interprété aux différents moments du cycle liturgique qui va du jour de Noël à l’Épiphanie dix jours plus tard. Ce thème du voyage, de la migration, a visiblement frappé John Neumeier lorsqu’il a chorégraphié ce cycle, les trois premières cantates en 2007, le cycle complet il y a moins de deux ans. Inutile de dire que, dans le contexte actuel, les scènes où s’entrecroisent les trajectoires des porteurs de valises sont particulièrement émouvantes. Neumeier n’a pas voulu ancrer sa version du récit biblique dans un contexte précis, ni le nôtre, ni le contexte historique – d’où l’abstraction des noms des personnages.

Le ballet est présenté à Baden-Baden, lors de l’habituelle résidence automnale du Ballet de Hambourg, dans une distribution qui est encore proche de celle de la création, seul Carsten Jung ayant bénéficié, en quelque sorte, d’une promotion, puisqu’il est passé du rôle du Berger à celui de Joseph. L’autre grande différence par rapport aux représentations à Hambourg est l’usage d’une bande enregistrée : la qualité artistique de l’excellent enregistrement dirigé par René Jacobs n’est pas en cause, et il est peu probable que les solistes d’un accompagnement live auraient pu rivaliser avec Dorothea Röschmann et Werner Güra, mais le passage par les haut-parleurs nuit tout de même beaucoup à l’impact de la musique : l’installation du Festspielhaus fonctionne dignement, mais la musique en sort en quelque sorte lissée. Ce n’est peut-être pas sans impact sur notre perception de l’ensemble de la chorégraphie : le talent de Neumeier pour créer de vastes tableaux d’ensemble où chaque danseur semble vivre par lui-même, son sens du discours musical, cette danse large et généreuse, tout ceci est souvent d’une grande beauté plastique ; pour autant, dans les parties les moins dramatiques de la pièce, cette beauté plastique semble parfois un peu vaine, comme parfois dans d’autres des grandes chorégraphies musicales de Neumeier. L’ouverture du ballet, avec cette scène muette en guise d’image du monde réel suivie par l’exubérance presque hors œuvre du chœur initial, a une certaine efficacité, mais c’est néanmoins les aspects les plus directement dramatiques que naît l’émotion du spectateur : même si Neumeier insiste sur l’importance qu’a pour lui le personnage de Joseph, c’est avant tout Marie qui porte cette émotion. L’enfant n’est jamais figuré dans le ballet, mais l’admirable Anna Laudere fait sentir sa présence tout au long de la pièce, tant sa maternité inquiète et pleine d’amour tout à la fois irradie sa danse. Ce n’est plus pour Neumeier le temps de ces pas de deux acrobatiques qui étaient le climax des grands ballets narratifs des années 1970, et la notion même de virtuosité en est transformée ; la relation avec Carsten Jung est moins directe, moins charnelle que les partenariats de La dame aux camélias, et Neumeier est plus attentif ici aux acteurs individuels, que ce soit le berger de Karen Azatyan, transfuge du ballet de Munich, ou la belle danseuse qui ouvre avec énergie et grâce le ballet.
Pour qui a surtout l’habitude de voir Neumeier dansé – souvent merveilleusement – par le ballet de Stuttgart ou celui de l’Opéra de Paris, le retour à la troupe de Hambourg est toujours un moment précieux. Difficile de trouver les mots pour décrire ce qui fait la patte unique de la compagnie de Neumeier, mais il y a un rayonnement particulier, une concentration dans l’intensité énergétique qui émane de tous les danseurs qu’on ne trouve pas ailleurs. C’est vrai du corps de ballet, c’est vrai des deux beaux anges de Silvia Azzoni et Alexandr Trusch, et c’est vrai aussi du personnage un peu marginal joué par Lloyd Riggins, homme d’aujourd’hui qui observe l’histoire sacrée avant de s’y fondre : premier soliste à Hambourg depuis vingt ans, maître de ballet depuis quelques années, Riggins incarne la tradition continuée que le jeune Neumeier a créé il y a plus de quarante ans.

[haydn]

[nabucco]

Non, mais à ce point, j'avoue, ça m'a quand même fait un choc. Par ailleurs, pour fréquenter irrégulièrement la MC93, je peux dire que les moins bien élevés ne sont pas forcément là où on le croirait...

[haydn]

La critique de Dominique Adrian est maintenant en ligne sur le site de Dansomanie, avec les photos d'illustration :




15 novembre 2015 : Weihnachtsoratorium I-VI (John Neumeier)



L’histoire de la Nativité est marquée par le voyage : d’abord le recensement qui oblige Marie et Joseph à se rendre à Bethléem, ensuite, après la naissance de Jésus, la fuite en Égypte pour protéger l’enfant des persécutions d’Hérode. Ainsi commence et finit l’Oratorio de Noël de Bach, ce vaste cycle de six cantates conçu par Bach pour être interprété aux différents moments du cycle liturgique qui va du jour de Noël à l’Épiphanie dix jours plus tard. Ce thème du voyage, de la migration, a visiblement frappé John Neumeier lorsqu’il a chorégraphié ce cycle, les trois premières cantates en 2007, le cycle complet il y a moins de deux ans. Inutile de dire que, dans le contexte actuel, les scènes où s’entrecroisent les trajectoires des porteurs de valises sont particulièrement émouvantes. Neumeier n’a pas voulu ancrer sa version du récit biblique dans un contexte précis, ni le nôtre, ni le contexte historique – d’où l’abstraction des noms des personnages.

Le ballet est présenté à Baden-Baden, lors de l’habituelle résidence automnale du Ballet de Hambourg, dans une distribution qui est encore proche de celle de la création, seul Carsten Jung ayant bénéficié, en quelque sorte, d’une promotion, puisqu’il est passé du rôle du Berger à celui de Joseph. L’autre grande différence par rapport aux représentations à Hambourg est l’usage d’une bande enregistrée : la qualité artistique de l’excellent enregistrement dirigé par René Jacobs n’est pas en cause, et il est peu probable que les solistes d’un accompagnement live auraient pu rivaliser avec Dorothea Röschmann et Werner Güra, mais le passage par les haut-parleurs nuit tout de même beaucoup à l’impact de la musique : l’installation du Festspielhaus fonctionne dignement, mais la musique en sort en quelque sorte lissée. Ce n’est peut-être pas sans impact sur notre perception de l’ensemble de la chorégraphie : le talent de Neumeier pour créer de vastes tableaux d’ensemble où chaque danseur semble vivre par lui-même, son sens du discours musical, cette danse large et généreuse, tout ceci est souvent d’une grande beauté plastique ; pour autant, dans les parties les moins dramatiques de la pièce, cette beauté plastique semble parfois un peu vaine, comme parfois dans d’autres des grandes chorégraphies musicales de Neumeier.

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[nabucco]

Je ne sais pas si la parution en DVD de cet Oratorio de Noël, dans la distribution que j'ai vue à Baden-Baden, a été signalée...

[sophia]

John Neumeier n'était pas présent à Moscou pour La Dame aux camélias, retransmis en direct, pour cause de première de Duse, ballet qui voit le retour sur scène d'Alessandra Ferri.

[chien en peluche]

J'ai décidé d'aller voir la tournée du Ballet de Hambourg au Japon en mars 2016. Mais il m'est difficile de faire deux aller et retour à Tokyo. Je dois donc choisir un spectacle parmi les trois spectacles programmés : Lilliom, Un gala, Le Songe d'une nuit d'été.
Je n'ai vu sur scène que La Dame aux camélias de l'ONP en 2008 à Paris, en 2013 à Tokyo. Quant au DVD ou au cinéma, j'avais vu Sylvia et La Troisième symphonie de Mahler. D'autre part, j'avais déjà vu un certain nombre d'extraits de ses oeuvres aux galas, par exemple, World Ballet Festival organisé par NBS etc.
Je préfère en général les ballets d'action. Je pense donc maintenant au Songe d'une nuit d'été.
Mais avant de faire la dernière décision, j'aimerais avoir vos conseils : pour connaître bien les caractéristiques ou ce qui est l'essentiel de Neumeier, quel est le meilleur choix?
Je suis désolée pour les lecteurs germanophones, je ne parle pas allemand. Mais si vous le pouvez, les conseils en anglais sont bienvenus. Si je ne pratique pas l'anglais, je n'ai aucun problème pour la compréhension écrite. Et, bien entendu, en français aussi. Merci par avance.

[Angela]

Le Songe d'une nuit d'été is the best choice by far: beautiful pdds, much dancing, very funny scenes, one of Neumeier's best ballets in both story-telling and choreography. Liliom is more acting and less dancing, for my taste it was rather boring, but they may bring Alina Cojocaru to Japan for this piece, if you want to see her. A Neumeier gala might also be nice to see all of his soloists and excerpt from many pieces.


A Midsummer Night's Dream Trailer: http://hamburgballett.de/video/sommernacht.html
Liliom Trailer: http://hamburgballett.de/video/liliom.html

[chien en peluche]

Thank you very much, Angela, for your answer to my question.
Sorry, but I will continue writing in French.
Comme vous l'avez bien deviné, Alina Cojocaru, avec Carsten Jung, sont prévus pour toutes les trois représentations de Lilliom. Mais heureusement, ce couple dansera aussi Le Songe d'une nuit d'été de la matinée du 12 mars dans le rôle de Hippolyta/Titania et de Theseus/Oberon. Cette matinée, me semble-t-il, est déjà plus louée que les deux autres représentations. Cojocaru est très populaire chez nous aussi. Qunat au gala, on n'en a pas encore les détails du programme.
D'autres conseils sont toujours bienvenus, j'ai encore un peu de temps de me décider.

[silvia]

Usually in the Gala, Neumeier conceives the program as a portrait of his so different facets and inspiration in order to give a general idea of his world. The Gala is generally very well conceived, with different moods and possibilities to appreciate all the dancers of the company. I agree with Angela that Dream is one of his masterpieces of the first period. Liliom has been created 4 years ago, is very 'human' deeply moving in a way and Alina Cojocaru is breathtaking in the role of Maria. The theme of loss and longing is at the center of this complex piece with wonderful score by Michel Legrand.

[chien en peluche]

Thank you very much, silvia, for your message. It will be difficult for me to go to see both Lilliom and A Midsummer Night's dream. But, I have a possiblity of going to one of the perfomances of the Gala, two days before the beginning of A Midsummer Night's Dream. Anyhow, thank you for your opinion.

[chien en peluche]

Quoique mizuko en avait déjà parlé dans le fil consacré aux Nouvelles du Japon, p.55, je me permets de vous rappeler ici la programmation de la tournée du Ballet de Hambourg au Japon :
Liliom - Le vendredi 3 mars (18:30), le samedi 4 mars (14:00) et le dimanche 5 mars (14:00)
Un Gala intitulé "L'univers de John Neumeier" - Le mardi 8 mars (18:30) et le mercredu 9 mars (18:30)
Le Songe d'une nuit d'été - Le vendredi 11 mars (18:30), le samedi 12 mars (14:00) et le dimanche 13 mars (14:00)
Toutes les représentations auront lieu à la grande salle du Tokyo Bounka-kaïkan d'OUëno. Alina Cojocaru, comme invitée, assumera toutes les trois représentations de Lilliom, et la représentation du 12 mars du Songe en rôle d'Hippolyta/Titania.

[chien en peluche]

J'ai fait hier nuit la recherche dans les archives de Dansomanie. J'y ai trouvé beaucoup de critiques sur les oeuvres de Neumeier, notamment celles de nabbuco. Quelques-unes de ces critiques que j'avais déjà lus, je les ai relus, et il y a aussi celles que je ne connaissais pas. Ces critiques ne sont pas toujours celles sur les spectacles du Ballet de Hambourg. Elles n'en sont pas moins très précieuses pour savoir ou imaginer quel est l'univers de ce chorégraphe. Merci beaucoup à tous les contributeurs, mais particulièrement à nabucco.