sophia
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Posté le: Jeu Fév 26, 2009 7:47 pm Sujet du message: Programmation de la Cinémathèque de la Danse |
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Lundi 3 mars, à 20h, à la Cinémathèque de la Danse (salle Henri Langlois):
JEROME ROBBINS, fragments
Iere partie
Première partie de l'hommage que rend la Cinémathèque de la Danse à Jerome Robbins.
En collaboration avec l'Opéra national de Paris et The Robbins Rights Trust.
Tarif: 6€ (TR: 5€)
Citation: |
Connu pour être le maître d’œuvre de West Side Story, transposant Roméo et Juliette dans les quartiers chauds de New York où s’affrontent les bandes rivales de jeunes en blue-jeans - Jerome Robbins sera parvenu à décloisonner les genres. Dans ce film aux nombreux oscars (1961), la danse n’est pas traitée en divertissement rajouté, comme une sorte de « bonus » jubilatoire, mais l’on n’assiste pas, non plus, à la captation cinématographique d’un ballet. La danse, ici, fait avancer l’action au même titre que les dialogues et le chant, et elle en dit tout aussi long sur les réalités sociales et les clivages raciaux.
Dès ses débuts de chorégraphe - dans les années 40 - Robbins manifeste son talent à pouvoir ainsi associer ballet, comédie musicale, théâtre et cinéma, pratiquant par la suite ces activités soit de façon parallèle, soit en les fusionnant dans ses œuvres même.
Jerome Robbins (1918 - 1998), fils de russes émigrés, aura donc réussi, au cours de sa longue carrière, à être un danseur doué (créateur du Capriccio espagnol de Leonide Massine en 1943, ou du Tyl Eulenspiegel de Balanchine en 1951), un chorégraphe pleinement de son temps (fini les contes de fées ! Il opte pour le reflet du réel, embrassant un vaste champ d’investigation, de l’austère silence de Moves en 1959 à la joie sereine de A Suite of Dances en 1994), et un metteur en scène précis et inventif, s’attachant à traduire, de manière lisible pour les spectateurs, les comportements humains.
Avec Fancy Free en 1944 - sa première réalisation pour le Ballet Theatre (appelé ensuite American Ballet Theatre / ABT), Robbins définit déjà ce que pourrait être la « jeune danse américaine » : un sujet d’aujourd’hui (ici, le récit presque banal de trois marins en permission, rencontrant des filles dans un bar de Manhattan), utilisant un métissage de danse classique et de jazz, sur une musique originale composée par Leonard Bernstein, autre jeune homme talentueux (ils ont, tous les deux, vingt-six ans!). Ce ballet de trente minutes va être étoffé en comédie musicale, donnée à Broadway (On the Town - 1945), avant de devenir un film (Un jour à New York), tourné par Stanley Donen (1949), avec Gene Kelly et Frank Sinatra. Bel exemple de la démarche de Robbins, toute sa vie durant.
Après l’ABT, Jerome Robbins sera appelé, en 1948, par George Balanchine au New York City Ballet qui vient d’être fondé. Une admiration réciproque les unit, bien que leur manière d’appréhender la danse diffère un peu :
autant Balanchine cherche à moderniser l’héritage classique, travaillant sur la forme et la technique, élargissant le vocabulaire et développant la rapidité, vers une danse plus abstraite visualisant la musique, autant Robbins s’emploie à analyser et faire percevoir les relations humaines : ce qui se passe entre deux êtres, dans un groupe d’amis (Dances at a Gathering), la mise en évidence des différents âges d’un couple (In the Night), l’influence de la vie urbaine sur l’individu (Glass Pieces), empruntant à la loufoquerie du dessin animé (The Concert), au
folklore (Other Dances), au drame expressionniste (The Cage, où des insectes femelles dévorent un intrus), à la fantaisie parodique (The Four Seasons, un « à la manière de… »). D’ailleurs, Robbins aime bien le « ballet dans le ballet » (Afternoon of a Faune, variation de celui de Nijinski,
où deux danseurs se regardent dans le miroir de la salle de répétition que le public est sensé représenter). Robbins a l’art de mêler la vie réelle et le théâtre, l’une pénétrant l’autre. De son maître, l’anglais Antony Tudor (chorégraphe et professeur à l’ABT), il garde ce sens de la motivation du mouvement : c’est le cheminement intérieur qui doit guider les pas, permettant ainsi à la danse d’exprimer des sentiments intimes. Robbins dirigeait d’ailleurs ses danseurs comme des acteurs, exigeant avec obstination le geste juste, c’est-à-dire le plus simple et direct, donc le plus efficacement compréhensible. Il pourchassait ce qui était « sur-joué » ou seulement « décoratif », à la recherche d’une vérité nue, d’une sincérité vécue. Qualités venues du cinéma, où l’acteur se veut « naturel ». Robbins a, en effet, « importé » dans le ballet des procédés cinématographiques comme l’ « arrêt sur image » avec insertion d’un vagabondage de la pensée (un personnage se détache, rêve une action, puis revient à son point de départ, comme si de rien n’était). De même, il a su insuffler à la comédie musicale les principes d’une danse à la rigueur toute « classique » (Le Violon sur le toit ou le Roi et moi), ou amener fluidité et décontraction dans le ballet : on y passe insensiblement de la marche à la danse, comme le fait Fred Astaire.
Le Ballet de l’Opéra de Paris, qu’il nommait affectueusement sa « deuxième famille » (après le New York City Ballet), a eu la chance de pouvoir travailler avec lui sur une quinzaine d’œuvres entrées au répertoire, et le public français d’en apprécier la beauté, la sensibilité ou la drôlerie, d’en recevoir l’humanisme généreux.
Josseline Le Bourhis
février 2009
Source: http://lacinemathequedeladanse.com/ |
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26656
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Posté le: Mar Mar 03, 2009 11:48 am Sujet du message: |
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Espérons que l'hommage à Jerome Robbins programmé hier soir (2 mars 2009) à la Cinémathèque de la Danse fera l'objet d'une seconde séance.
Le public était malheureusement assez clairsemé, mais de nombreuses personnalités du monde du ballet avaient néanmoins fait le déplacement : Brigitte Lefèvre, Anne-Marie Sandrini, Agnès Letestu, Jean-Guillaume Bart et Dominique Delouche, notamment, ainsi que Jean Guizerix, qui, sur la scène de la Salle Henri Langlois, a improvisé un petit intermède déclamé et mimé à la mémoire du célèbre chorégraphe américain disparu il y a dix ans.
La séance proposait un montage de divers extraits de films se rapportant à Jerome Robbins. Si les (trop) longues séquences tirées de West Side Story, que tout un chacun peut aisément voir par ailleurs, ne s'imposaient pas vraiment, en revanche, les spectateurs de la Cinémathèque auront pu découvrir en exclusivité deux captations réalisés par le Service Audiovisuel de l'Opéra de Paris, lors des répétitions générales de The Cage, avec Isabelle Guérin et Agnès Letestu, ainsi que d'Afternoon of a Faun, qui mettait aux prises Eleonora Abbagnato et Nicolas Le Riche. Ces films ne feront très vraisemblablement jamais l'objet d'une diffusion commerciale, et on risque de ne pas les revoir de sitôt.
Isabelle Guérin, l'une des interprètes fétiches de Jerome Robbins à l'Opéra de Paris, signe (en répétition pourtant), une performance absolument remarquable dans The Cage, et on ne pourra que regretter qu'une part significative du final de ce ballet spectaculaire ait été coupée.
Eleonora Abbagnato est elle aussi à ranger au nombre des "spécialistes" de Robbins. Elle avait également laissé un souvenir marquant dans The Cage, ainsi que dans Afternoon of a Faun, dont elle avait dominé les distributions.
La séance s'est achevée par la diffusion de In The Night, dans une captation officielle cette fois, réalisée en septembre 2008 ; la distribution réunissait les trois couples suivants : Clairemarie Osta / Benjamin Pech, Stéphane Bullion / Agnès Letestu et Delphine Moussin / Nicolas Le Riche.
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