Laurine
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Posté le: Lun Oct 08, 2012 3:05 pm Sujet du message: Décès de Boris Traïline |
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Après avoir passé sa vie sur les ailes de la danse, Boris Traïline, danseur étoile, professeur, puis agent artistique est décédé à Paris le 4 octobre 2012.
Né en 1921 de parents russes exilés en France, il bénéficia de l’enseignement de Julia Sedova à Cannes et d’Alexandre Volinine à Paris. A vingt-ans, après avoir été le partenaire de Suzanne Sarabelle, il est premier danseur aux Ballets de Cannes fondés par Marika Besobrasova. Il y partage la vedette avec Jean Babilée. En 1943, il est engagé aux Nouveaux Ballets de Monte-Carlo, que dirigera bientôt Nicolas Zwereff. « Doué de l’intelligence de la scène et d’une technique solide », il y tient les premiers rôles dans Suite de danses, le Spectre de la rose, Carnaval, le Prince Igor, Shéhérazade, les Sylphides et Petrouchka. Après la Libération, sous la direction de Serge Lifar, il créé à Monte-Carlo : Dramma per musica, Chota Roustaveli, Une Nuit sur le Mont Chauve et la Mort du cygne avec Yvette Chauviré pour partenaire. En 1947, la troupe dont les rênes ont été confiées au Marquis de Cuevas prend pour nom : le Grand Ballet de Monte-Carlo. Boris Traïline participe aux débuts de cette nouvelle aventure, puis choisit de mener une carrière indépendante. Il devient alors le partenaire apprécié de plusieurs ballerines : Yvette Chauviré, Tamara Toumanova, Lyane Daydée, Geneviève Lespagnol et Nathalie Krassovska. En 1953, il paraît au Gartner Theater à Munich dans la Dame à la licorne, (argument, décors et costumes de Jean Cocteau, musique de Jacques Chailley, chorégraphie de Heinz Rosen). A partir de 1955, succédant à Alexandre Volinine, il enseigne à l’Ecole Supérieure d’Etudes Chorégraphiques fondée par Théodore d'Erlanger, puis décide dans les années soixante d’embrasser la carrière d’agent artistique. Il produira alors en France et à l’étranger les plus grandes troupes, organisera d’éclatantes saisons chorégraphiques.
Boris Traïline était particulièrement attaché à Biarritz. Lorsqu’en 1991, le sénateur maire Didier Borotra et son adjoint chargé de la culture, Jakes Abeberry décident de renouer avec une ancienne tradition voulant qu’à chaque saison la ville s’auréole de manifestations chorégraphiques, il permettra au festival le Temps d’Aimer de prendre son envol. Riche d’une culture encyclopédique, jamais à cours d’une anecdote, d’un proverbe ou d’un bon mot, parcourant des milliers de kilomètres en voiture ou en train pour assister à une représentation ou « prêcher la bonne parole » auprès des directeurs de théâtre, Boris Traïline était depuis plusieurs années l’un des agents artistiques du Malandain Ballet Biarritz. Encore au mois d’août, grâce à lui, la compagnie se produisait à Vérone. Car en dépit de ses 91 ans, de son état de santé, comme tous les bâtisseurs, les grands entrepreneurs, il n’avait guère coutume de vivre sans projet. Bref, aujourd’hui, demain étaient le champ de ses pensées. Toujours de bon conseil, il aimait à répéter cette maxime latine : « Finis Coronat Opus ». En effet, qu’il s’agisse d’un ballet ou d’une existence, la fin couronne l'œuvre, et c’est entouré d’un halo d’or qu’il restera dans nos mémoires.
Thierry Malandain
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