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La Danse, Le Ballet de l'Opéra de Paris (F. Wiseman)
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IRENA



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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2009 3:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

je suis allée voir ce film avec ma fille qui est danseuse. Elle s'est ennuyée moi, j'ai pris ce que j'ai pu, à savoir la connaissance des salles de répétition de l'opéra. J'ai pris aussi du plaisir à regarder le passage de ROMEO ET JULIETTE. Par contre, alors que nous sommes des habitués de Opéra, je regrette que les noms n'aient pas été mentionnés ni les extraits des musiques, chorégraphies et ballets. Ou alors le film était destiné aux initiés. Lorsqu'on joue l'information et la documentation,il me semble qu'il faut aller jusqu'au bout. Il ne sert à rien de jouer les mystères et d'aller faire chercher les noms des intervenants. A part Laurent HILAIRE magnifique, je cherche les noms des " dirons nous péjorativement " des entraîneurs. je pense que les danseurs ( étoile et premiers danseurs ) ressortent grandis de ce film parce qu'on les voit interpréter rapidement avec leur tête et leur âme le message de la pièce à danser ; mais le film sert à dire qu'ils effectuent un travail dans une entreprise . je ne suis donc pas certaine que l'Opéra resssorte grandi et je dirais même qu'on a pas envie d'être compté dans les effectifs desdits travailleurs. Le corps de ballet lui, est assez inexistant. il est curieux ce film ; on dirait qu'il n'est pas terminé.


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sophia



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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2009 3:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le film vient de sortir aux Etats-Unis et bénéficie apparemment d'un accueil critique plutôt favorable.

Je mets en lien l'article du New York Times qui présente assez joliment Brigitte Lefèvre comme "a rhetorician in the grand French style". Et la suite, pas mal non plus: "It is sometimes hard to follow what she is talking about, but her energy and cadences are mesmerizing."

Creating Dialogue From Body Language, by A.O. Scott (4/11/09)

Une analyse parue dans le Film Journal, rapportée également à l'oeuvre du cinéaste Wiseman:

Film Review: La Danse: The Paris Opera Ballet, by Maria Garcia (3/11/09)

Je mentionne encore une interview courte mais très suggestive parue dans le Time Out, et dans laquelle Wiseman dit notamment se refuser à tout didactisme.

Citation:
Is that what you meant when you referred to your films as “reality fiction”?
Somebody interviewed me and, as a wisecrack, I called my films reality fiction. There may be validity to the statement—the events are unstaged, yet they are organized dramatically—but I said it completely flippantly. I’m not much on classifications or definitions: Cinema vérité is simply a pompous term and “observational cinema” sounds like a lab! I make movies. That term is good enough for me.

Unlike a lot of nonfiction movies, they don’t tell us what to think.
Good! That comes from my hatred of didacticism. So many documentaries turn into works of narcissism: They aren’t about the subjects, they’re about the filmmaker’s sensibilities. That type of filmmaking has a bad tendency to leave out anything resembling ambiguity, subtlety or complexity.

Source: http://newyork.timeout.com/articles/film/80313/frederick-wiseman#ixzz0WNJfihls


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marc



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MessagePosté le: Sam Nov 21, 2009 9:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai vu le film cette après midi. Quel pensum ! Plusieurs personnes ont quitté la salle avant la fin et je les comprends. Deux heures et demi d'enchainements de répétition ou de bouts de spectacles sans queue ni tête, sans fil directeur, sans qu'il ne soit même fait mention du nom des chorégraphes, des oeuvres, des danseurs. Près de 10 minutes pour la scène de la tuerie des enfants aspergés de sang par leur mère, sans même rappeler qu'il s'agit du mythe de Médée mis en ballet par Angelin Preljocaj ! Non, on étale tout ce sang à l'écran dans des images bien racoleuses.

Il semblerait, à lire les interprétations intellectualistes de certains critiques, que Monsieur Wiseman a voulu montrer l'institution de l'Opéra et sa hiérarchie. Quelle institution ? Quelle hiérarchie ? Une institution, une hiérarchie, ce sont avant tout des concepts intellectuels qui s'expriment par une pensée à travers des mots, et sûrement pas avec une caméra réveuse, baladeuse, et nonchalante comme celle de Monsieur Wiseman.

En fait, la hiérarchie de l'Opéra de Paris selon Monsieur Wiseman c'est Madame Lefèvre. Le film de Monsieur Wiseman aurait d'ailleurs pu s'appeler "Madame Lefèvre et le reste du monde". Car seule Madame Lefèvre s'exprime durant ces deux heures ; elle s'exprime au milieu de danseurs, de chorégraphes, de répétiteurs qui semblent n'avoir pas d'autres soucis que la perfection de leur art, et qui gravitent autour d'elle comme de bons petits soldats de la danse. Dieu comme j'aurais aimé qu'une bonne grève des artistes viennent foutre le bazar dans le bel ordonnancement imaginé par Monsieur Wiseman ! Car Monsieur Wiseman semble penser que la France d'aujourd'hui, même à l'Opéra, fonctionne encore comme celle de Louis XIV !

Autrement, si on accepte de subir tout ce fatras, il y a quand même de belles scènes de répétition. Mais je n'en parlerai pas car je n'ai pas envie de dire du bien de ce film qui dessert la danse et qui dessert l'Opéra de Paris.

Mon conseil : A fuir !


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haydn
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MessagePosté le: Sam Nov 21, 2009 10:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense que ce film mérite mieux qu'un assassinat en quelques lignes. J'étais allé le voir avec un a priori défavorable, me disant effectivement que j'allais voir un reportage de propagande à la gloire de l'Opéra de Paris. Ce ne fut absolument pas le cas. Evidemment, il ne s'agit pas d'un film de balletomane, destiné à un public de balletomanes, et l'absence de commentaire peut dérouter. Evidemment, il y a certaines faiblesses, que j'ai pointées : pas d'indication sur l'identité des personnes filmées (ce qui a pu amener à des contre-sens), pas de précisions sur les extraits de ballet insérés dans le film (seuls les personnes familières du répertoire de l'Opéra de Paris pouvaient s'y retrouver). Mais tout de même...


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marc



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MessagePosté le: Sam Nov 21, 2009 11:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'y suis allé avec un a-priori bienveillant total. Cela faisait un mois que j'avais programmé ma venue dans une salle de cinéma d'art et essai de Versailles (le Roxane pour ne pas la nommer) pour voir ce film et je m'en régalais d'avance. Ma déception est à la mesure de ce que j'en espérais, et ma critique est fort mesurée de par sa brièveté, car pour chaque scène j'ai un discours pour le descendre en flamme. Déjà, je m'admets pas l'idée que pendant deux heures et demie jamais la parole n'est donnée ni aux danseurs, ni aux chorégraphes, ni aux répétiteurs. Pour un film qui a la prétention de parler de la danse et de l'Opéra de Paris c'est franchement se moquer du monde (et je modère mes paroles).

En fait, je suis furieux contre la présentation qu'on a faite de ce film. Dire que c'est un documentaire est un mensonge éhonté car il ne l'est en aucune façon. Ce film est une promenade réveuse et nonchalante d'un esthète dans l'univers de la danse, mais sûrement pas un documentaire.




Dernière édition par marc le Sam Nov 21, 2009 11:42 pm; édité 4 fois
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sophia



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MessagePosté le: Sam Nov 21, 2009 11:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

On a le droit de tout ignorer du cinéma de Frederick Wiseman, mais lorsqu'on émet des jugements peu nuancés sur le film d'un réalisateur plus que reconnu pour son travail dans le genre du documentaire, il est peut-être bon de se renseigner sur son style, ses principes, sa manière de filmer, ses centres d'intérêt, au moins pour en tenir compte dans l'argumentation, car son oeuvre est tout de même cohérente d'un point de vue esthétique et intellectuel... Donc vivent les critiques "intellectualistes" qui resituent les choses dans un contexte... L'absence de commentaires, d'interviews, de sous-titrages, fait partie de sa méthode, quel que soit le sujet abordé, donc il ne faut point s'étonner que La Danse (tout comme le film sur l'ABT précédemment) y recoure également. Que cela soit déroutant, voire déplaisant, je le conçois, mais c'est un parti-pris d'auteur comme un autre, tout comme celui de s'exprimer à la première personne. Maintenant, ce principe ne relève pas non plus du simple exercice de style, il répond à une volonté de filmer, de manière à la fois dépassionnée et obsessionnelle, différentes réalités sociales sans chercher à démontrer quoi que ce soit au spectateur, donc sans chercher directement à les embellir ou à les soumettre à la critique. Le film La Danse est insupportable à certains balletomanes, tout simplement parce qu'il n'est pas un film de balletomane, en ce sens qu'il ne filme pas l'Opéra sous l'angle du mythe, des étoiles et du rêve (l'absence de noms et de légendes est un aspect du film absolument fondamental), mais avant tout sous l'angle social, montrant des gens au travail, qu'ils soient couturiers, cuisiniers, secrétaires, danseurs... voire dame Brigitte en personne. Eh oui, comme nous tous, pauvres humains, les "stars" ne sont pas belles le matin sans maquillage... Laughing La trouvaille grandiose de Wiseman, c'est de filmer sous forme de séquences choisies subjectivement (plutôt que de conduire une démonstration logique avec introduction, développement en trois parties et conclusion) l'articulation paradoxale de la sphère artistique à la sphère sociale, voire économique.

Sur Médée, il ne faut pas confondre le ballet de Preljocaj et la représentation du ballet de Preljocaj dans un film. Là, on parle de cinéma, pas de danse. Le répertoire de l'Opéra est ce qu'il est, on l'apprécie plus ou moins, mais c'est une tout autre question. Wiseman filme simplement la réalité d'un répertoire, avec (à mon sens) un oeil neuf et sensible.

Ce film ne sert ni ne dessert l'Opéra. Il n'est pas une démonstration. C'est une vision personnelle qui nous invite à voir une réalité mythifiée et/ou trop connue autrement. Pour/contre, j'aime/j'aime pas, beau/pas beau, ça, c'est la logique du balletomane - du maniaque en général -, pas celle de Wiseman... Je crois qu'il apprécie et connaît vraiment la danse en tant que personne privée (cf. son film précédent sur l'ABT, ses propos réitérés sur sa fréquentation régulière des salles new-yorkaises où se produisent l'ABT et le NYCB) mais ce qu'il pense au fond de Brigitte Lefèvre, de M.A. Gillot, des American Friends, de la cantine, des grèves, des ballets au répertoire de l'Opéra, etc..., le film ne nous le dit pas et quelque part, je lui sais gré de ne rien nous imposer (et là, pour le coup, c'est mon côté initié qui ressort). D'ailleurs est-il obligé d'en penser quelque chose?... Lui aussi, comme les danseurs, il fait son travail. Et c'est à ce seul prix (d'abord être un bon vieux tâcheron de la pellicule et du montage) que l'art peut éventuellement émerger.
C'est un peu un gros mot, bien trop galvaudé, mais La Danse est à mes yeux un chef d'oeuvre - d'abord de cinéma -, un film qui, à bien des égards, m'a ouvert des mondes.



P.S.: La page Wikipédia qui est consacrée à Frederick Wiseman peut d'ailleurs suffire pour se faire une petite idée, je ne suis aucunement spécialiste, mais elle me paraît très bien faite: http://fr.wikipedia.org/wiki/Frederick_Wiseman




Dernière édition par sophia le Dim Nov 22, 2009 10:11 am; édité 3 fois
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marc



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MessagePosté le: Sam Nov 21, 2009 11:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sophia a écrit:
La Danse est insupportable à certains balletomanes, tout simplement parce qu'il n'est pas un film de balletomane, en ce sens qu'il ne filme pas l'Opéra sous l'angle du mythe, des étoiles et du rêve, mais avant tout sous l'angle social, montrant des gens au travail, qu'ils soient couturiers, cuisiniers, secrétaires, danseurs...


Sous l'angle social ? Voir des travailleurs heureux qui n'ont aucun état d'âme et qui marchent tous derrière leur leadeur charismatique (Madame Lefevre) me fait plutôt penser à la marche des 7 nains qui rentrent heureux du boulot dans Blanche Neige qu'à un film qui s'intéresse à l'angle social de la vie d'individus.

La scène de l'explication de la réforme de la retraite : Un membre du staff explique la réforme aux danseurs assis devant lui par terre et précise qu'il répondra à leurs questions. Madame Lefèvre prend alors la parole juste après pour tenir un discours sur l'excellence de la compagnie qui est bien sûr applaudi par les danseurs. Moi, pendant tout ce temps, j'ai retenu le mot "Je répondrai à vos questions" et je me dis "je suis certain que Wiseman va couper avant qu'un danseur ne pose la moindre question". Bingo, je gagne ! et je suis à deux doigts d'éclater de rire en pleine salle.

Contrairement à ce que vous dites, je n'espérais pas du rêve, j'espérais une vérité. En voyant ce film, je n'ai eu ni l'un, ni l'autre.


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petitflo



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MessagePosté le: Sam Nov 21, 2009 11:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai déjà exprimé mon opinion sur ce film, et je ne veux pas (trop) me répéter. Néanmoins, je suis très dérangé par la façon dont marc a perçu le film, aussi je me permets cette réponse qui n'engage que moi...

Il n'est pas surprenant que ce film puisse perturber, car c'est en quelque sorte l'intention du cinéaste : montrer les choses telles qu'elles sont (autant que faire se peut car rien n'est plus difficile que ça!), de manière à donner la possibilité au spectateur de réfléchir par lui-même et de se faire son opinion propre. Ainsi, par exemple, et par la même occasion en réponse à une critique maintes fois reprise ici et que je réprouve, l'absence de légendes ne rend pas ce film inaccessible aux non-ballettomanes, bien au contraire ! Je m'explique : ceux qui connaissent les danseuses et les danseurs les reconnaîtront. Ceux qui ne les connaissent pas les observeront avec d'autant plus d'attention. Car l'incription "Benjamin Pech, danseur étoile" ou "Agnès Letestu, danseuse étoile", certes, rassurerait ces spectateurs, mais surtout marquerait, à l'avance la façon dont les images vont être perçues. En gros, le souhait de Wiseman est que l'on sorte de ce film non pas en se disant "c'était beau parce que c'était Aurélie Dupont", mais en se disant "c'était beau...". Ne faut-il pas encourager cette invitation à contempler la beauté de la danse, plutôt que de tomber dans le piège des mondanités ?
(Au passage : ces questions sur l'art, assez fondamentales, me rappellent beaucoup cette scène d'une immense drôlerie et très troublante dans Le Temps Retrouvé, où Rachel, une comédienne, récite des vers d'une façon complètement grotesque chez la princesse de Guermantes, et où toute l'assistance ne sait ce qu'il faut en penser, s'il faut aimer ou pas, ce qu'il faut en dire. Finalement, ce sont eux qui sont les plus grotesques Wink
http://www.page2007.com/news/proust/1560-la-conversation-que-nous-tenions-gilberte-et-moi-fut-interrompue-par-la-voix-de-rachel )

Je voudrais également poursuivre en indiquant que la méthode de réalisation utilisée (pas de voix off, pas de légende, de longs plans séquences, une certaine lenteur) est une constante dans toute l'oeuvre de Frédéric Wiseman, dont "La Danse" est un chapitre, certes conséquent, mais parmi de nombreux autres. Le cinéaste a également tourné dans des prisons, des hopitaux psychiatriques, à la Comédie française, et son prochain film sera sur..... la boxe !
Il est absolument erroné de dire que ce film est un echaînement sans queue ni tête : la sélection d'images et le montage sont au contraire le fruit de toute la réflexion du réalisateur, et ce reproche me semble infondé. A titre d'exemple, la scène où Laure Muret s'estime avoir passé l'âge pour les nombreuses variations où elle est distribuée dans Paquita s'enchaîne immédiatement sur une jeune petite danseuse (que je ne connais pas), qui effectue une série de fouettés très impressionnante. Ce n'est certainement pas hasardeux... Au spectateur de s'interroger sur le passage du temps, le vieillissement des corps, le renouvellement des danseurs au sein de l'institution, le pourquoi de la danse, et ainsi de suite ! Notons au passage qu'il y a très peu de passage de virtuosité technique dans les scènes de danse classique. Une autre facilité qui a voulu être évitée.
Autre exemple, les ruches filmées sur le toit du palais Garnier sont montrées après une succession de séquences qui nous ont fait circuler dans toute la maison, nous exposant l'activité dingue qui anime continuellement cette institution. Ces images calmes ferment ce parcours et nous permettent de nous demander ce qui s'y passe véritablement, en fait, au fond... Au spectateur d'y réfléchir, de se poser la question, et d'y trouver une réponse, ou pas...

Sur l'omniprésence de Madame Lefèvre dans le film, on ne peut pas nier ce point... Elle-même en était gênée et en riait dans une interview que j'ai entendue à la radio. Mais ceci n'est-il pas un petit peu vérifié dans la réalité ? Wink

Dernier point, je trouve la captation de Médée, d'un point de vue cinématographique, absolument remarquable et magnifique : quelle magnifique plan-séquence ! Des répétitions avaient été montrées plus tôt dans le films, et des explications sur cette scène violente vécue par Médée avaient été données plus tôt... Contrairement à marc, ces images m'ont beaucoup touché, et m'ont paru sublimes, bien plus que raccoleuses... Même remarque pour la maison de Bernarda... J'ai regretté de ne pas avoir d'images de Mats Ek en répétition, le chorégraphe apparaissant juste un peu au début. J'aurais beaucoup aimé voir sa méthode de travail !

Bref... Ce film est certainement un film un peu difficile, et je me réjouis d'autant de ses très bons scores en salle, et de ses critiques essentiellement positives. Il est rare qu'il film documentaire reste très longtemps à l'affiche !


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LucyOnTheMoon



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MessagePosté le: Dim Nov 22, 2009 12:15 am    Sujet du message: Répondre en citant

marc a écrit:
Déjà, je m'admets pas l'idée que pendant deux heures et demie jamais la parole n'est donnée ni aux danseurs, ni aux chorégraphes, ni aux répétiteurs.


Heu, à ce qu'il me semble, dans ce film la parole n'est jamais "donnée" à qui que ce soit. Il se trouve qu'à certains moments, certaines des personnes filmées parlent (y compris les danseurs - voir séquence Laure Muret - et les répétiteurs - voir les scènes de répétition avec Laurent Hilaire et Emilie Cozette ou encore le vif et intéressant débat entre les deux "sages", Ghislaine Thesmar et Pierre Lacotte, pendant la répétition de je ne sais plus quel pas classique...) et que leurs propos sont entendus dans le film. Le fait qu'on entende l'amiral Lefèvre plus que les autres est un simple reflet de la réalité, qui pourrait presque illustrer l'objectivité du réalisateur Wink


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marc



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MessagePosté le: Dim Nov 22, 2009 12:26 am    Sujet du message: Répondre en citant

petitflo je ne voulais pas vous déranger avec ma critique. Si elle vous a indisposé j'en suis désolé.

Simplement, je suis passé à côté de ce film parce que je n'avais pas envie de ce genre de film qui doit m'amener à penser certaines choses, m'encourager à ressentir d'une certaine manière, me prédisposer à voir comme cela. Dans une oeuvre artistique en tant que telle, j'accepte cette démarche avec la réceptivité d'un enfant. Dans un documentaire que j'attends essentiellement informatif, ou dans un film qui se prétend documentaire, je la refuse.


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petitflo



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MessagePosté le: Dim Nov 22, 2009 12:28 am    Sujet du message: Répondre en citant

LucyOnTheMoon a écrit:
le vif et intéressant débat entre les deux "sages", Ghislaine Thesmar et Pierre Lacotte, pendant la répétition de je ne sais plus quel pas classique


Ces échanges absolument hilarants entre les deux "sages" sont en effet des moments d'anthologie ! Il s'agit de répititions avec Agnès Letestu et Hervé Moreau dans un pas de deux, je crois de Paquita...


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petitflo



Inscrit le: 30 Sep 2009
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MessagePosté le: Dim Nov 22, 2009 12:39 am    Sujet du message: Répondre en citant

Point d'inquiétude marc... comme je l'ai dit : il n'est pas surprenant que ce film puisse déranger, et je trouve que c'est normal et même bon signe !

Attention, quand on parle de "documentaire", il y en a de toutes sortes, (de même en est-il pour la "danse", ou pour la "musique", ...) Ainsi, le "cinéma documentaire" de Wiseman est à l'opposé du "cinéma documentaire" d'un Michael Moore, dont la nouvelle production sera bientôt en salle. Egalement il a le "documentaire" de type TF1 ou M6, etc. Ce sont, finalement, sous la même étiquette, peut-être trompeuse, de projets de films très différents dont on parle. D'ailleurs, s'il n'y a aucun commentaire et aucune interview directe dans le "documentaire" à la wiseman, le "documentaire" à la Moore n'est que cela : un discours, qui s'agrémente d'images, d'interviews, d'archives, d'explications, au service de ce méta-commentaire continue... (je ne suis pas un grand fan, donc.. Wink )


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sophia



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Messages: 22085

MessagePosté le: Dim Nov 22, 2009 12:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

Plusieurs remarques décousues pour rebondir sur différents propos (ce film me passionne):

La caméra de Wiseman est une caméra en prise directe avec la réalité d'une saison en cours et qui se charge donc aussi de saisir et d'exposer les paroles, parfois anodines, parfois savoureuses, parfois ridicules, parfois instructives, parfois... (c'est selon le point de vue de chaque spectateur et c'est la vie même qui s'écrit ainsi), des acteurs de l'institution Opéra à un moment donné du temps. On ne peut pas soutenir en effet que seule la reine Brigitte ait la parole! Et puis quoi, les danseurs sont des danseurs, pas des rhétoriciens ou des journalistes... (et cet aspect-là - la tâche propre à chacun - est une grand partie du propos du film). Qu'on ne trouve pas cela "sexy" ou "glamour" (la vérité du balletomane donc) est une autre question...
Wiseman, pour le coup, ne livre à aucun moment son "opinion", si tant est qu'il en est une à chaque instant (moi non plus, fort heureusement!), sur l'objet de son observation attentive. Tout au plus, il suggère, c'est pour cela que j'ai beaucoup parlé de l'ironie du film, mais elle n'est pas non plus imposée à toute force à celui qui ne veut pas la voir.
Le film n'est en aucun cas le produit d'une mise en scène (ce qu'est par exemple une interview, avec la préparation, la mise en condition qu'elle suppose, et donc le travestissement, l'artifice, la langue de bois, qui en découlent). Après, il est évident que le montage final, avec la partialité de ses choix (forcément discutables), est l'émanation d'une subjectivité. C'est ce qui fait d'ailleurs du film une oeuvre d'art et non un long reportage purement informatif ou didactique. Petitflo cite Proust, j'adore le rapprochement avec Proust, Rachel et les images sociales, mais personnellement, je pense plutôt, pour l'écriture, à Zola et à tous les paradoxes du projet d'un "roman naturaliste".
Concernant plus particulièrement la représentation de Brigitte Lefèvre, omniprésente par la parole et par le geste, qu'elle se mette constamment en scène en tant que Brigitte Lefèvre, directrice de la danse, maître du verbe et démiurge qui tire les ficelles, cela me paraît aussi, en effet, le reflet d'une certaine réalité, à la fois celle d'un personnage (avec son hyperactivité et son sens politique légendaires) et celle du fonctionnement d'une institution qui reste envers et contre tout d'essence monarchique. Je ne sais pas si elle est sympathique ou antipathique, si l'Opéra, qu'elle représente, en ressort grandi ou non - à vrai dire, je m'en fiche un peu (c'est son film, pas le mien) -, je crois en revanche que le film se situe sur un tout autre plan que le plan moral....
Les films de danse sont le plus souvent des films de balletomanes, revendiqués comme tels, or, celui-là est différent (malgré une affiche et une bande-annonce tellement stéréotypées qu'on se demande si tout cela n'a pas été concerté pour des raisons cyniquement commerciales), raison pour laquelle il peut prendre un certain public à rebrousse-poil, dès lors que celui-ci n'y retrouve pas sa propre vérité et n'accepte pas ce regard "autre", presque nu, sur une réalité surchargée (qui reste toutefois une vérité, et non la vérité). Le Grand Escalier du Palais Garnier filmé à rebours de la carte postale pour Japonais est un exemple parmi beaucoup d'autres de ce retournement des perspectives. Tout le film d'une certaine manière est écrit à rebours des conventions de genre...


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Sarra



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Messages: 263

MessagePosté le: Dim Nov 22, 2009 9:35 am    Sujet du message: Répondre en citant

N'ayant pas vu ce film, je me permets une simple parenthèse à propos de Proust, cité par Petiflo en appui de son argumentation -pour la deuxième fois-, à mon avis de façon abusive, cette fois comme la précédente...
Pour la précédente (le parallèle entre l'absence de noms en sous-titres chez Wiseman et le rôle du nom propre -de lieu ou de personne- dans l'esprit du Narrateur) j'avais objecté en petits caractères, bien plus haut dans le fil.
Cette fois encore, I beg to disagree (comme l'écrivait souvent Mme Kanter), mais en typographie normale.

Certes Sophia a "adoré la référence" : à Dansomanie, cela vaut sauf-conduit Smile ...
Il n'empêche : l'erreur sur le sens de l'épisode est ici patente. La scène de la matinée chez la princesse de Guermantes où Rachel récite des vers (de Hugo et de La Fontaine) n'a pas du tout celui que semble lui prêter Petiflo. Chacun est évidemment libre de trouver cette scène d'une "immense drôlerie". Mais penser que Proust ait eu si peu que ce soit l'intention, par la description qu'il en fait, de rendre Rachel grotesque dans sa diction ou dans ses gestes, ou grotesques certains des auditeurs dans leur attitude, éventuellement tirer de là un effet comique, relève - je regrette- du contresens...

L'intention de Proust apparaît explicitement à la fin de l'esquisse LVII.2 (p. 939 du volume IV de l'édition Tadié, Pléiade) -que les éditeurs intitulent d'ailleurs, pour le repérage, "Le talent de Rachel" (c'est dire que l'auteur ne moque pas l'actrice).
"(ceci [ NDR : la scène de récitation et certaines réactions] pourra être mis quelque part je ne sais trop où (...). On l'expliquera en disant que cette impression [NDR : de malaise] fut ressentie ou par les personnes très jeunes ou par celles qui n'ont pas l'habitude d'entendre des récitations poétiques).

Il ne s'agit que de cela... Rachel dit des vers connus (Les Deux Pigeons...) non pas de façon "complètement grotesque", pas du tout, absolument pas (Proust écrit même le contraire : "Le jeu de celle-ci était intelligent "), mais à la manière d'une comédienne, d'une comédienne de l'immédiat après-guerre ; les auditeurs sans expérience, n'ayant sans doute le souvenir que de récitations scolaires ou l'habitude de la diction domestique, sont déconcertés ; ils attendaient que "d'autres prissent l'initiative de rire ou de critiquer, ou de pleurer ou d'applaudir" -c'est en l'occurrence la duchesse de Guermantes (Oriane, donc ; pas Mme Verdurin devenue princesse de Guermantes ) qui "décidera de la victoire en s'écriant : "C'est admirable !""
Ces auditeurs ne sont pas grotesques ; l'intention de Proust n'est pas de les rendre tels. La phrase de cette scène correspondant à l'intention écrite dans l'esquisse citée ci-dessus, sa "morale" si l'on veut, est tout simplement celle-ci :
"Personne ne s'était dit que réciter des vers pouvait être quelque chose comme cela. Peu à peu on s'habitue, c'est-à-dire qu'on oublie la première sensation de malaise, on dégage ce qui est bien, on compare dans son esprit diverses manières de réciter, pour se dire : ceci est mieux, ceci est moins bien."
Tout simplement. La bonne perception d'un art n'est pas donnée d'emblée, elle s'acquiert peu à peu. Tout simplement. C'est sans doute ce que voulait dire Sophia en conseillant de se documenter préalablement sur Wiseman...
Ici, pour La Danse..., on pourrait remplacer "réciter des vers" par "filmer" ; et -éventuellement- ainsi utiliser Proust dans l'argumentation pro-Wiseman, ou aussi bien anti... Mais pas en déformant totalement le sens d'un passage de La Recherche... C'est très vilain et pas proustien...

Je m'en tiendrai là. Haydn n'apprécierait certainement pas que Dansomanie se muât (lol) en site de discussions proustiennes. Le houka de l'ennui pointerait vite le bout de son bec...
NB : La scène en question (dans sa version "de référence", qui n'est pas celle du net !Laughing) se trouve pages 576 à 578 du volume IV Pléiade.


Une petite remarque finale, mais en glissant. Exposer mon avis sur l'impossibilité du genre "documentaire" -dans la mesure où la réalité ne se cueille pas comme une pomme, mais s'élabore par un processus de l'esprit- serait un peu long et pas vraiment digne d'intérêt.
Cependant, pour ajouter un mot au débat sur le film, je me demande parfois si Sophia ne verse pas elle aussi un peu -un peu- (comme les films dits "de danse" dont elle se réjouit qu'ils soient contredits par celui de Wiseman) dans une mythologie, mais à rebours : celle du balletomane pour qui l'univers de la danse serait forcément "sexy" et "glamour"... Smile (Après tout, Ballerina montrait S. Zakharova absolument sans maquillage, vraiment très loin de l'image Audemars-Piguet...)
Et chacun sait bien sûr que Sophia aime au plus haut point la danse, les ballerines et les danseurs, leur intelligence d'artistes, ou de pédagogues transmettant l'essence, le style, la tradition d'un ballet. Depuis des années, elle le prouve ici dix fois par jour. Mais si on l'ignorait, il faut bien dire qu'on lirait avec un tout petit peu de peine -un tout petit peu- les mots : "Et puis quoi, les danseurs sont des danseurs, pas des rhétoriciens"....


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sophia



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MessagePosté le: Dim Nov 22, 2009 10:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne crois pas que ce soit une question de "maquillage" (j'ai utilisé le terme de manière un peu symbolique... Laughing). La caméra de Bertrand Normand est une caméra amoureuse, idéalisante et personnelle. Il ne filme absolument pas le Ballet du Mariinsky (ou alors sous un angle extrêmement particulier et réducteur), il filme cinq danseuses, ultra-typées, de ce théâtre qui deviennent "sous sa plume" - sous son oeil - des créatures de rêve, des "ballerines" donc. Même quand on voit Zakharova répéter, épuisée, en sueur, et disant désespérée à Olga Moisseeva: "après-demain, je danse Le Lac et ensuite, j'arrête tout...", elle reste belle... Pas parce qu'elle s'appelle Zakharova et qu'elle est une étoile (bien qu'elle soit très belle aussi dans la vraie vie, mais ça, c'est un "hasard" de la vie...), mais parce que Normand veut qu'elle le soit... Il y a là une mise en scène et cela devient un travail de cinéma...
Le film de Wiseman est tout le contraire: ni amoureux, ni idéalisant (ni, à l'inverse, critique), ni personnel (d'où, notamment, l'absence de noms, qui me paraît extrêmement importante, sinon le film perd toute sa cohérence), ni psychologique. Les danseurs sont simplement montrés comme une collectivité d'êtres humains au travail, en acte, s'exerçant quotidiennement sur ce qui est son instrument principal, en l'occurrence le corps (et non le verbe - boulot de Brigitte...), pas comme des créatures d'un autre monde. C'est en cela qu'il est social (et la question du bonheur - ou du malheur - n'est pas du tout envisagée dans le film). D'une certaine façon, à une époque où l'on nous abreuve de discours sur le bien-être, le mal-être, l'accomplissement de soi, le "chalenge", et autres fadaises, il s'affirme comme résolument a-moral, et donc anti-moderne.


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