Nouvelles du Théâtre national de Chaillot

[nabucco]

[haydn]

[LucyOnTheMoon]

Le site de Chaillot propose une (très) courte présentation par Preljocaj de son ballet Suivront mille ans de calme (dont la première je crois avait lieu ce soir), avec des extraits des répétitions :
http://theatre-chaillot.fr/danse/suivront-mille-ans-de-calme

[sophia]

C'était bien ce soir!...

[LucyOnTheMoon]

et c'était bien ? je n'ai pas encore acheté de place, j'hésite, j'hésite... (c'est peut-être même déjà complet ?)

[sophia]

Ce n'était pas tout à fait plein, il me semble. Pour le spectacle, j'y suis allée franchement à reculons, et au final, je trouve que c'est quand même pas mal et j'ai passé un bon moment. Alors évidemment, rien de nouveau sous le soleil, c'est recyclage et cie, avec un final bien kitsch ; mais pour le reste, on est beaucoup moins dans le visuel, l'esthétisme et la "(pseudo) oeuvre d'art totale" style Siddharta et beaucoup plus dans la danse. Relecture impressionniste et non raisonnée de l'Apocalypse, Preljocaj a bien raison de le souligner dans ses notes d'intention, car au fond, ça pourrait tout aussi bien être la Bhagavad-Ghita, Das Kapital ou L'Origine des Espèces... Bref, compte-rendu à suivre...

[sophia]

Ah oui, j'oubliais l'essentiel... Anastasia Meskova, la soliste du Bolchoï (les autres ont tous été choisis dans le corps de ballet, donc ne sont pas des personnalités connues...), a dit dans une interview : "Le plus beau compliment qu’on puisse nous faire est que sur scène on ne sache pas qui est du Bolchoï ou de Preljocaj." Compliment il y aura alors (non dénué d'une certaine amertume cependant), car si je savais les uns et les autres excellents dans leur style et leur registre propres, là, franchement, je peine le plus souvent à dire qui est qui, en-dehors peut-être d'un visage, d'une cuisse, ou d'un style de saut plus connotés ceci ou cela... La danse globalisée (et en l'occurrence occidentalisée), c'est un peu triste quand même...

[frederic]

Les échos moscovites ne laissaient rien présager de bon. Ce fut pire encore! 1h40 d'ennui où un Preljocaj paresseux assène une série de saynètes avec un vocabulaire chorégraphique bien maigrelet. Tout est souligné, boursoufflé, dés la note d'intention surécrite et qui est là, sans doute, pour donner un alibi à ce spectacle sans épine dorsale; L'apocalypse, rien de moins! Quelle tristesse et quelle rage nous prend de voir tant d'argent dépensé pour une entreprise aussi vaine. Car dites moi (sophia...) qu'y a-t-il là d'un supposé dialogue France/Russie? Que fait le chorégraphe du naturel explosif du Bolchoï? Angelin Prejlocaj a juste utilisé ces moyens fantastiques à son propre profit artistique. On repense par exemple à l'admirable travail du Sadler's Wells pour le centenaire des ballets russes vu dans ce même théâtre. Inégal sans doute mais passionnant. Là, dans ce spectacle au titre prétentieux, ne se voient que les tics de Prejlocaj, loin, très loin des réussites que sont LE PARC ou LA STRAVAGANZA. Erigé désormais en chorégraphe officiel à qui l'opéra et l'état commandent des ballets, dirigeant une compagnie fort bien dotée, Angelin Prelocaj s'est perdu et convoque désormais des stars de la mode pour faire les costumes ( laids...) et nous inflige Laurent Garnier, chic sans doute, inaudible durant 1h40.. Mais la salle lui a fait un triomphe donc j'admets que j'ai tort, ou en passe de devenir définitivement un vieux con... .

[haydn]

Apparemment, Ariane Bavelier, du Figaro a apprécié :

[sophia]

Ah, mais sur le fond, je ne suis pas en désaccord avec vous, sur le culte du chorégraphe officiel (rien à envier aux soviets...), sur la pauvreté du langage chorégraphique, sur la prétention du propos, illustré par un discours codé et purement "marketing" de premier de la classe, etc... Bien sûr, ça me fait mal de voir des compagnies comme le Bolchoï, le Mariinsky... mais l'Opéra aussi (même si son virage est amorcé depuis bien plus longtemps et qu'il semble en revenir aussi...) s'engouffrer dans la voie sans issue de la danse européenne globale, cette danse de défilé de mode où tout le monde ressemble à tout le monde... et dont Preljocaj et Duato sont les plus parfaits représentants aujourd'hui (ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas - ou n'ont pas eu - de talent à un moment donné). Si vous me demandez ce que j'en pense vraiment, alors je vous dirais que ce n'est pour moi RIEN DE PLUS que du divertissement commercial dans l'air du temps (avec l'alibi culturel en plus, Chaillot-Preljo-bobo...), mais il se trouve que pour celui-là, non seulement je n'ai pas ressenti d'ennui, mais en plus, j'ai éprouvé un plaisir certain et durable - du moins jusqu'au final, ridicule et "plus bien-pensant tu meurs"... J'ai honte, mais je préfère de loin Laurent Garnier à Bruno Mantovani (souvenir, souvenir... personne n'est parfait!), et je trouve cet Apocalypse mille fois moins pompier et vaniteux et "débauche de fric" que Siddharta, qui m'avait accablée de A jusqu'à Z, comme il semblait d'ailleurs accabler ses propres interprètes... Ici, les costumes de Chapurin sont insignifiants, les décors presque inexistants (bien sûr, il y a quelques casques, chaises, murs blindés, et autre bric-à-brac vu et revu...), reste la danse, pleine des gimmicks habituels, mais néanmoins forte d'un style, pour tout dire efficace.

[haydn]

Heu, sophia et frederic, vous avez investi ou quoi?

[Kate]

[sophia]

Mais non, haydn, moi j'ai dit que j'ai aimé... Et puis franchement, on ne prête qu'aux riches...

[sophia]

[frederic]

Sophia, quel dommage...Cette version d'After light, plus longue et plus élaborée que celle du Chaillot a déjà été donnée en mai dernier au théâtre des Gémeaux, à Sceaux avec d'autres pièces de Maliphant; Daniel Proietto dansait encore ce solo d'After light avec un pas de 3 avec 2 autres danseuses...c'était superbe, hélas la salle n'était pas pleine...