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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Lun Mar 26, 2007 9:55 am Sujet du message: Lucinda Childs à Strasbourg |
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La chorégraphe américaine Lucinda Childs, disciple de Merce Cunningham, remonte actuellement à Strasbourg Le Rossignol et Oedipus Rex de Strawinsky :
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Lucinda Childs relèvera le défi de mettre en scène et en regard deux oeuvres de Stravinsky : l'impressionnisme délicat du Rossignol, conte lyrique d'après Hans Christian Andersen, et le néoclassicisme violent d'Oedipus Rex, opéra-oratorio d'après un livret de Jean Cocteau. Après avoir relié la musique et la danse, c'est au Théâtre du Châtelet qu'elle chorégraphiera et dansera en solo dans La Passion selon saint Jean, mis en scène par Robert Wilson, son complice de Einstein on the Beach et de La Maladie de la mort. En robe longue, la magnifique artiste offrira des éclats de présence dansée pour « faire écouter et voir en même temps l'esprit de la musique »... et se rapprocher du mouvement, avec des figures simples. |
L'article d'Isabelle Danto, du Figaro est ICI
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friday
Inscrit le: 19 Jan 2004 Messages: 164
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Posté le: Lun Mar 26, 2007 10:12 am Sujet du message: |
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L'AFP y était aussi
Féerie élégante contre violence d'un mythe universel: le public strasbourgeois a adoré vendredi soir les deux nouvelles productions - très dissemblables - de la chorégraphe américaine Lucinda Childs à l'Opéra du Rhin, Le Rossignol et Oedipus Rex, sur des musiques d'Igor Stravinsky.
Le Rossignol, spectacle lyrique et dansé d'après un conte d'Andersen, est un petit bijou à l'esthétique élégante, à la fois poétique et charmant, narrant l'histoire d'un rossignol qui sauve de son chant l'empereur de Chine.
Oiseaux féeriques, lampions suspendus et lignes de lumière horizontales illustrant les flots ou le ciel permettent à la chorégraphe, qui a aussi signé la mise en scène, d'offrir un décor raffiné et orientalisant aux danseurs du Ballet du Rhin qui évoluent dans des flux horizontaux.
La scène est saisissante quand l'empereur mourant est confronté à ses actes passés, incarnés par des danseurs insolents et agressifs que seules les mélodies du rossignol ont le pouvoir de dompter.
La soprano canadienne Mélanie Boivert est un remarquable rossignol. Le Russe Michael Scheliomanski campe avec autorité l'empereur de Chine, avant de se couler dans le rôle de Tirésias d'Oedipus Rex.
La deuxième pièce, sur un texte de Jean Cocteau traduit en latin, est musicalement une oeuvre majeure, mais sans doute moins réussie visuellement, malgré quelques belles trouvailles comme les colonnes où se juchent les personnages masqués pour chanter, ou le rouge omniprésent sur la scène.
Lucinda Childs explique que dans la musique d'Oedipus, qui a beaucoup de facettes minimalistes, "rien n'est décoratif".
"J'ai appliqué le principe de la semi-abstraction, qui m'intéresse beaucoup en ce moment", ajoute-t-elle, en précisant qu'on ne peut pas parler de "ballet" pour cette oeuvre, malgré la présence de danseurs qui paraissent - il est vrai - un peu écrasés au milieu de la foule du choeur occupant l'espace.
Mais le public a salué avec enthousiasme l'interprétation remarquable de Sylvie Brunet en Jocaste et de Kresimir Spicer en Oedipe, tout autant que le choeur, magistral, et l'orchestre symphonique de Mulhouse sous l'excellente baguette du Suisse Daniel Klajner.
Les deux productions seront encore présentées quatre fois à Strasbourg jusqu'au 2 avril, puis à Mulhouse les 13 et 15 avril.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mer Avr 04, 2007 7:20 am Sujet du message: |
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Isabelle Danto, du Figaro, revient sur ce spectacle avec une critique élogieuse :
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Pour Le Rossignol et Œdipus Rex, deux oeuvres contrastées de Stravinsky, l'Opéra national du Rhin a de façon exceptionnelle réuni l'ensemble de ses forces vives avec l'Opéra, le Ballet et les Jeunes Voix du Rhin. L'artisan de cette soirée très convaincante n'est autre que la grande figure de la danse américaine, Lucinda Childs, avec qui le Ballet du Rhin a tissé des liens privilégiés depuis Dance et Le Mandarin merveilleux. |
L'article d'Isabelle Danto est ICI
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lalouveblanche
Inscrit le: 30 Oct 2005 Messages: 466
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Posté le: Mer Avr 04, 2007 12:21 pm Sujet du message: |
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il y avait un reportage sur arte samedi soir sur elle.
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olivier
Inscrit le: 12 Mar 2006 Messages: 57
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Posté le: Mar Avr 17, 2007 9:33 pm Sujet du message: |
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J'étais présent dimanche dernier à la dernière représentation du "Rossignol"+"Oedipus Rex".
Mes observations resteront donc totalement vaines pour susciter un intérêt chez ceux qui n'auraient pas encore assisté au spectacle.
Cependant la valeur des oeuvres présentées ainsi que l'intelligence créative démontrée suivant mon humble opinion par l'équipe rhénane et son associée justifient un rapide commentaire personnel, d'autant que l'ambition de mêler la danse au chant devient malheureusement trop rare dans les productions lyriques actuelles pour que l'on s'y désintéresse lorsque l'occasion se présente.
La mise en scène du Rossignol évite les séductions trop faciles en récusant la tentation de l'exotisme sinophile qui pourrait surcharger cette oeuvre de la "première" période de Stravinsky. La mobilisation du corps de ballet intervient opportunément pour souligner l'antagonisme entre la solitude de l'Empereur et l'orgueil du pouvoir autocratique paré de tous ses attributs protocolaires, futiles et dérisoires. J'ai trouvé au contraire un peu superflu le dédoublement du rossignol en deux interprètes - chanteuse et danseuse - cette idée peine à trouver son accomplissement. Ce défaut demeure néanmoins mineur.
A l'inverse, le rossignol mécanique, rival mimétique de l'oiseau chanteur et jouet désincarné offert au souverain, trouve une personnification scénique assez imaginative, sous-tendue par une chorégraphie évoquant la gymnastique artistique (avec des barres asymétriques apportées sur scène...), comme si le céleste autocrate était condamné à n'être entouré que de pantins obéissants à l'apparence trompeuse.
La justesse de l'interprétation musicale et l'attrait des compositions chorégraphiques, qui s'intègrent bien à l'action dramatique, rendent toute sa valeur à ce mini-opéra féérique (même si, au final, les éléments dansés restent d'une importance secondaire en regard de la musique, l'oeuvre étant avant tout lyrique).
Au volatile chantant, succède Oedipus Rex, pièce "néoclassique" (si l'on admet à titre utilitaire les décompositions usuelles de la carrière de Stravinsky) qui caractérise bienl'attention portée par le compositeur et son librettiste (Cocteau en l'occurrence) à l'universalité et la permanence des formes comme principe conducteur de la démarche artistique.
Impressionnant de solennité tragique, cet opéra-oratorio de nature plutôt ouverte et indéterminée se prête au déploiement d'un dispositif scénographique à l'efficacité certaine: narrateur/récitant surplombant la scène, ce qui signale dès le départ sa lucidité quant à l'issue inexorable du drame, hiératisme des 4 protagonistes (Oedipe, Créon, Jocaste, Tirésias) placés derrières des colonnes massives devant un choeur immobile; les personnaces, selon leur implication dans le cheminement tragique, s'élèvent ou se dissimulent derrière ces objets monumentaux qui les enserrent . L'alternance des airs solistes et des choeurs suit lisiblement l'organisation conventionnelle des tragédies antiques.
La musique caractérise bien la "période" créatrice du compositeur, car les sonorités de l'orchestre s'écartent des couleurs éclatantes, opalescentes, mordorées et je ne sais quoi d'autres, propres aux premières oeuvres de celui qui fut le digne élève de l'habile orchestrateur Rimsky-Korsakov. Plusieurs moments intenses émergent de la partition, notamment la complainte désespérée de Jocaste, à la suite de la manifestation éclatante de la vérité des crimes d'Oedipe.
La juxtaposition parallèle de passages chorégraphiés insuffle une vitalité bienvenue à ce dispositif scénique à l'immobilité emphatique, même si, et c'est l'aboutissement attendu, la danse s'abîme au final dans l'impuissance face à la fatalité tragique. Outre l'intervention du corps de ballet, Jocaste et Oedipe apparaissent également dédoublés avec la présence d'avatars dansants en addition aux chanteurs.
Je connais insuffisamment le parcours de Lucinda Childs pour bien estimer l'apport général de cette artiste à la danse. En jugeant d'après ce
que j'ai pu voir, la plénitude du mouvement associée à la parcimonie de la gestuelle et des pas sert admirablement la danse, sans effets démonstratifs .
Une rapide critique en passant (faut bien), les réceptions un peu lourdes et bruyantes des danseurs. Peut-être n'est-ce que la conséquence du plancher de la scène de la Filature, mais je fréquente trop peu ce paquebot multi-polyvalent de la politique culturelle locale pour en être certain.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26657
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Posté le: Mar Avr 17, 2007 9:49 pm Sujet du message: |
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Vos observations sont les bienvenues, Oliviier, et peuvent sans doute contribuer à inciter d'autres lecteurs de Dansomanie à aller voir ce spectacle, manifestement d'un bon niveau de qualité, si d'aventure il devait être repris la saison prochaine par le Ballet du Rhin.
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