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English National Ballet à Richmond, March 30 & 31, 2007

 
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maraxan



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MessagePosté le: Mer Avr 11, 2007 10:50 am    Sujet du message: English National Ballet à Richmond, March 30 & 31, 2007 Répondre en citant

Avec un peu de retard, mais le mois de mars avait un programme très dense...

Trois représentations à Richmond pour une reprise de Sinfonietta Giocosa et A Million Kisses To My Skin déjà présentés à Sadler’s Wells ( http://www.forum-dansomanie.net/forum/viewtopic.php?t=2706) assortis cette fois de trois pas de deux (Concerto- Kenneth McMillan/ Dmitri Chostakovitch, Three Preludes Ben Stevenson/ Rachmaninov et Trois Gnossiennes-Hans Van Manen/Eric Satie ), remplaçants avantageusement pour l’esprit de la soirée, Melody In The Move.
L’English National Ballet qui se prépare à donner Alice In Wonderland au Pays de Galles mi avril avait choisi de présenter une distribution identique pour les trois représentations dans laquelle vinrent simplement interférer Maria Kochetkova et James Forbat dans les Trois Gnossiennes de Hans Van Manen en matinée de samedi. Ainsi seuls Esteban Berlanga, James Forbat et Nicholas Reeves chez les garçons, Laura Bruña et Senri Kou chez les filles auront pu donc s’extraire du corps de ballet pour participer à l’événement ce qui est dommage, surtout lorsqu’il y a une matinée.
Sur la petite scène du Richmond Theatre les deux « grands » ballets paraissent à l’étroit, en particulier Sinfonietta Giocosia où les danseurs sont parfois beaucoup sur une scène qui de plus semble glissante et dont ils ont du mal à maîtriser l’espace le premier soir. De même l’éclairage qui est très important dans la scénographie de ces deux pièces semble mal ajusté à une scène si petite et les danseurs évoluent quelquefois dans l’ombre sur le devant de la scène. Les musiciens ne sont pas plus à leur aise car faute de fosse appropriée, ils occupent les trois premiers rangs de l’orchestre, ce qui les met grandement à l’étroit.

Sinfonietta Giocosa a une distribution plutôt remaniée depuis Sadler’s Wells, Cesar Morales, passé sur A Million Kisses, et James Forbat sur Trois Gnossiennes ont laissé leur place à Laurent Liotardo, Daniel Kraus et Van Lê Ngoc alors que Zhanat Atymtayev a disparu, son rôle étant repris par Esteban Berlanga. Chez les filles seule Adela Ramirez subsiste de la distribution de Sadler’s Wells.
Les danseurs sont moins impressionnants dans cet espace confiné notamment parce que les entrées et sorties de scène qui sont nombreuses dans cette œuvre font partie entièrement de l’effet visuel du ballet et que l’impression visuelle n’est pas rendue avec la même ampleur. Sur cette scène, entrées et sorties sont souvent sur les côtés, hors de vue des spectateurs, et lorsque les danseurs en ligne font tournoyer les filles en se les passant de l’un à l’autre, Nicholas Reeves qui est à droite est presque hors scène. Les traversées de scène de fait sont donc assez peu mises en valeur.
D’une manière générale, les danseurs sont mieux servis par la chorégraphie que les filles qui sont parfois réduites à de petits pas et des arabesques, alors que les garçons ont tous droit à un moment qui met en valeur leurs qualités techniques. Dans les sauts communs ou enchaînés, on note d’ailleurs une très grande harmonie dans leurs hauteurs de sauts ou dans leurs positions. Les filles sont beaucoup plus mises à mal de ce côté là.
James Streeter reste le personnage le plus saisissant du mouvement, la plupart du temps menant les garçons sur scène dans le rythme endiablé d’une musique rapide et précise. Esteban Berlanga est très impressionnant de sûreté. Laurent Liotardo a la chance de pouvoir développer une série de grands jetés assez époustouflante qui revenaient à James Streeter à Sadler’s Wells mais qui sont moins impressionnants du fait de la petitesse de la scène.
Van Lê Ngoc et Esteban Berlanga se voient dévolus le pas de deux masculin dans lequel Esteban est beaucoup plus à l’aise dans le rôle du porteur que ne l’était Zhanat Atymtayev lorsque Esteban se lançait dans les airs. Il faut préciser néanmoins que la fin de ce porté a été changée et qu’au lieu de retourner Ngoc encore à la verticale, Esteban le dépose simplement (vite dit en fait car c’est beaucoup plus compliqué que ça) par terre.
Dans l’ensemble donc, on reste un peu mitigé face au souvenir de la prestation parfaite de Sadler’s Wells qui avait montré un ballet esthétiquement très abouti, des danseurs aériens et véloces, précis et techniquement très au point. Je ne pense pas néanmoins que les danseurs soient en cause, il s’agit plutôt de l’espace inapproprié dans lequel ils évoluaient.

Le pas de deux, Concerto de Kenneth McMillan sur une musique de Dmitri Chostakovitch par Daria Klimentová et Arionel Vargas est décevant. Pas très intéressant techniquement, il ne l’est pas non plus esthétiquement (je ne parle même pas des couleurs des costumes des deux danseurs qui jurent (lui est en bordeaux, elle en rouge vif). Ils sont vraisemblablement sensés incarner l’amour mais rien de passe entre eux ce qui est dommage car l’œuvre, sur une musique d’une lenteur absolue, se concentre presque uniquement sur des portés qui auraient requis une magie, absente dans le couple (je pense en général que Daria est mieux "en couple" avec Dmitri Gruzdyev) .

Le deuxième pas de deux est beaucoup plus intéressant bien qu’encore très traditionnel (ce n’est pas un reproche mais un contraste lorsqu’on compare avec le suivant). Divisé en trois scènes, il présente deux jeunes danseurs à la barre tombant amoureux l’un de l’autre et poursuivant leurs amours dans les deux autres tableaux.
Dans le premier mouvement, ils jouent avec la barre, le premier soir, Begoña Cao n’est pas très à l’aise mais cela va mieux dans les deux autres représentations.
Ce petit ballet en trois mini tableaux est captivant parce qu’il met vraiment en scène d’une manière réussie, contrairement au précédent, la relation entre deux personnes, les danseurs se touchent, notamment Begoña est émouvante lorsqu’elle caresse les cheveux d’Esteban, se caressent, se prennent dans les bras et cela marche, devient très concret et plus réel que les poses stéréotypées des chorégraphies plus anciennes lorsqu’on se touche parce que c’est écrit. C’est je crois une réussite poétique en même temps que chorégraphique.

Puisque le casting de ce week end ne nous donne qu’une possibilité de comparaison, peut-être peut-on s’arrêter un peu plus longtemps sur Trois Gnossiennes de Hans van Manen sur une musique d’Eric Satie. Evidemment, la musique de Satie se prête admirablement à la danse et la chorégraphie de Van Manen trouve un point d’achoppement assez intéressant que Dmitri Gruzdyev sans doute techniquement le fleuron de l’ENB n’a pas manqué de remarquer pour se l’approprier. Dans la première distribution, il fait équipe avec Adela Ramirez de plus en plus remarquée dans la compagnie, alors que James Forbat et Maria Kochetkova, récemment promue soloist, forment le deuxième couple.
Ce n’est pas mettre Dmitri dans l’embarras de le comparer à Cesar Morales qui le remplaçait dans A Million Kisses, ni à James Forbat qui partageait donc cette affiche, car ces deux danseurs sont aussi de toute première qualité, James Forbat encore dans le corps de ballet, promettant beaucoup. James, très précis et particulièrement inspiré par le thème a livré une interprétation magistrale de ce pas de deux divisé en trois tableaux. Danseur fin et pénétré, il donne au personnage une réelle dimension dramatique dans l’évolution des rapports entre les deux danseurs, de la froideur de la première rencontre à l’engouement du final en passant par les moments de prise de connaissance. En s’arrêtant un peu sur la dimension esthétique de ce ballet très pur aux lignes très ascétiques comme la musique de Satie le suggère, on aurait pu souhaiter l’inversion des partenaires, la brune ténébreuse Adela Ramirez aurait très bien souligné la profondeur sombre de James, la blondeur slave de Maria Kochetkova aurait parfaitement rejoint l’allure torturée de Dmitri. Sans ces considérations aléatoires, on remarque deux couples parfaits dans leurs mimes, ce qui n’est pas facile lorsque l’émotion est intérieure. La musique très mélancolique accueille des poses et des attitudes très stylées, au début la danseuse très raide a l’air d’une poupée pour exprimer sa réticence, et petit à petit succombe.
Dans ce morceau également beaucoup de portés très originaux, dont on aurait pu penser qu’un jeune danseur aurait du mal à réaliser mais ce n’est pas le cas. James est aussi à l’aise que le puissant Dmitri, il fait parfaitement écho à la raideur de sa partenaire, et rend aussi bien les angles et les poses prises par la danseuse avec la même nonchalance qui ne trahit pas l’effort. Une série de ces portés, notamment celui très long au niveau de la taille avec des changements de bras, est rendue avec puissance chez Dmitri et avec élégance chez James, tout comme celui où le jeu avec le bras du danseur et la jambe de la danseuse symbolise un emprisonnement qu’on croit volontiers réel. Cette petite pièce était donc vraiment un joyau niché au sein du programme.

Dans A Million Kisses to my Skin, moins de changements par rapport à Sadler’s Wells, Maria Kochetkova et Fernanda Oliveira remplacent Elena Glurdjidze et Asta Bazeviciute alors que Cesar Morales remplace Dmitri Gruzdyev.
On de dira jamais assez combien Cesar Morales est un danseur exceptionnel. Fin et élégant, tout lui semble facile et ses élévations tiennent du surnaturel. Face à ses deux camarades (Thomas Edur et Fabian Remair) au physique plutôt robuste, il fait figure d’alien, presque à ranger du côté des jeunes femmes, voire plus fragile d’aspect que la robuste Laura Bruña, archétype du héro romantique, fragile et sensible. C’est donc dans un registre tout à fait différent de Dmitri qu’il évolue, et son interprétation est tout aussi intéressante car ce ballet le sert d’autant plus qu’il mise beaucoup sur une vitesse que sa grâce aérienne permet de rendre encore plus saisissante.
En effet, ce ballet est excessivement rapide et le nombre restreint de danseurs par rapport à Sinfonietta Giocosia ne provoque pas la même impression de confinement bien que quelquefois les danseurs évoluent sur les côtés, à la limite des rideaux.
Agnes Oaks et Thomas Edur se distinguent encore une fois parmi les plus à l’aise sur scène, ils présentent une danse tellement harmonieuse et coulée qu’on n’a pas l’idée de l’effort fourni, on se demande même s’ils respirent tellement ils sont silencieux. C’est un peu de la même manière que Cesar Morales tournoie sur scène dans un silence et une suspension aérienne incroyable, ce qui donne l’impression de facilité qui n’est que rompue lorsque les autres danseurs évoluent, notamment Laura Bruña qui semble avoir du mal à s’élever et est beaucoup plus pataude sur scène que les autres.
Enfin, ce ballet me semble le plus intéressant des cinq œuvres présentées ce soir là, car très complet dans sa chorégraphie. Evidemment, la musique entraînante de Bach n’est pas sans rapport avec l’adhésion immédiate, mais sa composition est très équilibrée techniquement entre les portés et les sauts, les éléments de vitesse bien mesurés et il est beaucoup moins affecté par le « genre » que les autres œuvres toujours un peu stéréotypées, même (ou alors peut-être parce que) s’il y a plus de filles que de garçons contrairement à Sinfonietta. Ainsi, les filles y sont aussi sollicitées dans des figures techniques, des mouvements de groupe et pour leur rapidité au même titre que les garçons. C’est une piste intéressante pour le ballet moderne.


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sophia



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Messages: 22163

MessagePosté le: Mer Avr 11, 2007 7:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Maraxan, merci!
Une question: que pensez-vous de la chorégraphie de Hans Van Manen, Trois Gnossiennes?
Peut-être certains connaissent-ils ce pas de deux interprété par Ulyana Lopatkina et Ilya Kuznetsov lors du dernier Festival du Mariinsky... D'ailleurs, je signale à ce propos que chaque année se tient à Amsterdam un Festival Hans Van Manen et qu'à l'occasion du Festival 2007, qui se déroulera en septembre prochain, on pourra y voir, notamment et entre autres invités, Ulyana Lopatkina et Ilya Kuznetsov dans ce même pas de deux.
Un court extrait: http://www.youtube.com/watch?v=NuW1sQFCn7Q


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maraxan



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Messages: 600

MessagePosté le: Lun Avr 16, 2007 9:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je pensais avoir exprimé tout le bien que je pensais de Trois Gnossiennes dans mon commentaire précédent... C’est une pièce avec une chorégraphie originale et complètement en harmonie avec une musique que par ailleurs, j’aime beaucoup. J’avoue que c’est un peu difficile à décrire avec un visuel très dépouillé. Il y a une fusion entre des pas de danse un peu tendus, surtout au début lorsque les danseurs se découvrent, des placements précis, des contacts entre les deux danseurs très délimités, parfois secs, qui se fondent dans le synthétisme du piano. Parce que c’est une petite pièce assez courte, c’est un peu, j’emploie assez rarement cette expression qui parfois est mal interprétée, une œuvre totale qui introduit le spectateur une atmosphère.

Ci-dessous, les danseurs de l'ENB à Richmond

Adela Ramirez/Dmitri Gruzdyev- Agnes Oaks/Thomas Edur - Erina Takahashi/Cesar Morales - Begoña Cao/Esteban, Berlanga - Maria Kotchetkova/James Forbat

Kei Akahoshi, Elena Glurdjidze, Adela Ramirez, Senri Kou, Désirée Ballantyne, Lisa Probert,
Nicholas Reeves, Laurent Liotardo, Daniel Kraus, Esteban Berlanga, James Streeter, Van Le Ngoc

Laura Bruña Rubio, Fabian Reimair, Maria Kochetkova, Agnes Oaks, Thomas Edur, Fernanda Oliveira, Erina Takahashi, Cesar Morales, Elisa Celis


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haydn
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Messages: 26657

MessagePosté le: Lun Avr 16, 2007 9:43 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Maraxan pour ce travail, qui accessoirement pourra nous aider un peu à ne pas nous tromper dans l'identification des danseurs lors de la prochaine venue de l'ENB à Versailles (s'armer de bonnes jumelles tout de même, car la distance entre la "scène" (un ponton flottant) et la "salle" (les talus herbeux des bords du Bassin de Neptune) est relativement importante.


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