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La Fille mal gardée (22/06 - 15/07/2007)
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haydn
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MessagePosté le: Sam Juil 14, 2007 11:04 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le journal suisse 24 Heures rend compte de la représentation du 11, qui avait été (légèrement) perturbée par un mouvement de grève. Alors que la presse française, et notamment Le Monde, avait donné l'impression de "bouder quelque peu Svetlana Lunkina, ici, c'est exactement l'inverse. Il n'est question que de la star du Bolchoï, et pas un mot ou presque sur le reste de la distribution :


Citation:
Lise, l'héroine du ballet comique-pantomime de "La fille mal gardée", -une jeune fermière qui refuse un riche et ridicule prétendant imposé par sa veuve de mère parce qu'elle aime le jeune fermier Colas-, est dansée en alternance par quatre danseuses, dont trois espoirs du Ballet l'Opéra de Paris et une invitée, la Russe Svetlana Lunkina. Cette soliste du Bolchoï de Moscou qui était à l'affiche mercredi soir et qui redansera le 14 juillet en soirée, est pour la première fois l'hôte de l'Opéra de Paris.

Formée à l'Académie de danse de Moscou, entrée au Bolchoï en 1997, Svetlana Lunkina est une piquante et souriante brunette qui est à son affaire dans le personnage de Lise lequel réclame sans doute une solide technique mais aussi des talents de comédienne pour échapper à sa mère qui la surveille et la séquestre. La soliste russe forme en outre un couple bien assorti et donne l'impression d'une grande complicité avec l'étoile de l'Opéra de Paris, Mathieu Ganio (Colas).




L'article de 24 Heures / Edicom est ICI


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sophia



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MessagePosté le: Sam Juil 14, 2007 3:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Après une absence un peu prolongée de la scène parisienne - puisqu'on ne l'y avait vue depuis l'inoubliable Don Quichotte avec Emmanuel Thibault - Melle Ould-Braham nous revenait hier soir, telle une récompense de fin de saison, pour ses débuts attendus dans le rôle de Lise. Si elle est d'abord, et incontestablement, une ballerine pour qui les rôles nobles et romantiques comme ceux de Giselle ou de la Sylphide semblent taillés sur mesure, elle a su toutefois démontrer cette saison - et avec quelle force! - ses talents dramatiques dans des rôles de demi-caractère a priori plus éloignés de son emploi naturel, comme ceux de Swanilda et de Kitri. Le rôle de Lise, sans gommer sa spécificité, se situe dans cette lignée, et après les belles prestations - néanmoins incomplètes, à un titre ou à un autre - de Dorothée Gilbert et Mathilde Froustey, c'est un euphémisme de dire qu'on attendait avec impatience, excitation et curiosité la caractérisation et la coloration particulières que n'allait pas manquer d'apporter Myriam Ould-Braham au rôle de Lise.

La Lise qu'elle incarne est largement à la hauteur des espoirs que l'on peut raisonnablement mettre dans cette ballerine qui semble renouer avec la tradition la plus glorieuse de l'Opéra de Paris, celle des grandes heures du ballet romantique. Lorsque Lise s'éveille et sort de sa petite maison dès les premières lueurs du matin, après que le coq a chanté dans sa basse-cour, son charme et sa grâce, s'imposent d'emblée au spectateur. Simple, naturelle, chaleureuse et surtout humaine, Myriam Ould-Braham est à mon sens, de toutes les interprètes vues à Paris, celle qui se rapproche le plus de l'idéal de la Fille mal gardée. Sa Lise n'a rien d'une chipie et n'est pas spécialement comique comme celle de Mathilde Froustey, mais elle possède en plus, outre les qualités énumérées précédemment, cette tendresse et cette générosité - qu'avait su montrer également Svetlana Lunkina - aptes à toucher le spectateur, en plus de le séduire, et qui font particulièrement mouche dans le troisième acte qui réunit successivement, pour des duos très réussis, l'héroïne et la Mère Simone, puis les deux amants. Sa pantomime est riche, variée, originale, très claire et lisible également, et la scène fameuse du troisième acte, transmise de la tradition russe par Tamara Karsavina à Frederick Ashton, où Lise s'imagine mariée avec des enfants, s'est révélée un magnifique moment de théâtre. Du point de vue de la danse pure, on ne retrouve cependant pas, au moins dans les passages "allegro", la perfection technique qu'avait atteint Mathilde Froustey, époustouflante de précision et de brio, comme on l'a déjà suffisamment souligné, et quelques approximations - une certaine fragilité encore - étaient ainsi visibles dans le pas de deux de Fanny Elssler, en dépit d'une superbe diagonale de pas courus sur pointes, d'une vélocité et d'une précision remarquables. La prestation pouvait également pêcher par le manque évident de répétitions avec Mathias Heymann: sans s'étendre sur le maniement du ruban dans le premier tableau qui a quelque peu tourné au fiasco pour la pose finale, tout n'était pas encore parfaitement au point dans les duos, même si les deux jeunes danseurs forment un couple convaincant et équilibré. De ce point de vue d'ailleurs, la différence était flagrante avec les scènes réunissant Lise et la Mère Simone, idéalement rythmées et qu'on sentait beaucoup plus travaillées.

Mathias Heymann s'est montré, une fois de plus, excellent dans le rôle de Colas. A vrai dire, je l'ai trouvé bien meilleur hier - au sens de plus intéressant - que lors de sa prise de rôle, et ce, alors même qu'il accusait un peu de fatigue. Le partenariat avec Mathilde Froustey était évidemment plus assuré et plus efficace, la complicité plus évidente, eu égard à l'organisation des répétitions, mais avec Myriam Ould-Braham, le Colas de Mathias Heymann semblait aussi moins "dominé": on était moins dans une compétition de virtuosité visant surtout à séduire le public, et davantage dans un échange avec la partenaire, empreint de douceur et de tendresse. On perdait peut-être quelque chose en termes de brio et de performance scénique, mais on y gagnait sur le plan artistique.

Les prestations de Laurent Novis et d'Adrien Couvez, respectivement Simone et Alain, méritent également d'être louées. Le jeu de Laurent Novis s'est incontestablement enrichi depuis la représentation où je l'avais vu, le partenariat avec Myriam Ould-Braham fonctionne particulièrement bien, notamment au troisième acte, où leur duo est irrésistible. On est évidemment moins dans le "show" qu'avec Stéphane Phavorin, toutefois sa Mère Simone, personnage comique mais aussi aimant et sympathique, est, dans un style différent, d'une aussi haute tenue. Adrien Couvez réussit également une belle prestation, drôle et touchante, dans le rôle d'Alain: peut-être moins solide techniquement que Simon Valastro et Allister Madin, il incarne pourtant un personnage cohérent de bout en bout, celui du benêt dans toute sa splendeur, un benêt mâtiné de rustre et quelque peu autiste à de certains moments. En-deçà de Simon Valastro, décidément intouchable, sur le plan artistique - son personnage ne possède pas cette subtilité et cette légèreté pleine de poésie qui ont séduit les spectateurs les plus exigeants - sa prestation constitue vraiment une excellent surprise.

Le corps de ballet, enfin, n'était pas d'une énergie débordante, mais le 13 juillet, on ne doit peut-être plus attendre de miracles...


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Dim Juil 15, 2007 6:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ould-Braham, that Pandora's Box of surprise, pulled off another this afternoon. After a somewhat laboured performance on the Friday night, who would have thought that the whole thing could have been turned round in less than 48 hours?

And turned round, it was.

A light goes on in the mind the moment she steps down onto the stage, an excitement, an impalpable joy felt everywhere in the room. Every gesture is electric with meaning, when she opens her arms into second she embraces the world, when she raises them to fifth, it says "Expect Happiness".

The Karsavina mime scene has sent shivers down one's spine at both performances - at the first note, which is somewhat grave, she delves down down into the self; the eye, though at first hidden from the spectator's view, glowing like an ember in the darkness. In Ould-Braham's gesture, the passage becomes an allegory of man's life, that includes death also, in its beauty and inevitability.

We may have a great ballerina on our hands here.

Not that Heymann didn't do an excellent job as Colas - he did, definitely - but - N'uff said.

Couvez very good as Alain - there is something about Alain's particular form of madness that the French public loves, whereas it's the Widow Simone who goes down a treat in England - and the corps de ballet really going for it. Despite some most unfortunate "disagreements" between the corps de ballet and the orchestra in Act II, owing to the corps de ballet's odd habit, of using the music as Wallpaper, there more out of Necessity, than Pleasure, and the Beat, more to be honoured in the Breach, than in the Observance.

Barry Wordsworth had a really hard job keeping the troops above and within the pit fighting on the same side. Here, I must concur with Haydn - Wordsworth is excellent, NOTHING escapes his eagle eye and ear, and one hopes he will shortly be invited back.

And now, could someone explain the special salutation to Bruno Lehaut as the Notary's Clerk?




Dernière édition par Katharine Kanter le Lun Juil 16, 2007 7:14 am; édité 3 fois
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haydn
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MessagePosté le: Dim Juil 15, 2007 7:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Katharine. Je vais revenir plus tard sur cette représentation vraiment magnifique, qui a clôturé la saison en beauté. Aussi bien Myriam Ould-Braham que Mathias Heymann se sont surpassés.

En ce qui concerne Bruno Lehaut, ses collègues l'ont amené sur le devant de la scène pour saluer, car c'était malheureusement sa dernière représentation, l'heure de la retraite ayant sonné pour lui.

A noter que la représentation a, conformément à la tradition d'une "dernière", réservé son lot de facéties.

Dans la fosse, les musiciens ont, au dernier tableau, copieusement aspergé le chef d'orchestre de confettis, et sur scène, outre une pluie de pétales de roses supplémentaires dans la ronde finale, des farceurs avaient remplacé l'eau colorée par du vin (pas un très grand cru, d'après ce que j'ai compris...) qui a puissamment stimulé Myriam Ould-Braham et Laurent Novis, contribuant à l'ambiance euphorique de cette matinée.


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Pierre



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MessagePosté le: Dim Juil 15, 2007 7:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

parmi les facéties, la farandole finale avec des danseurs et danseuses qui chantent "juste" ...
Quelle matinée !


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haydn
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MessagePosté le: Dim Juil 15, 2007 8:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Conclusion en fanfare pour cette saison 2006-2007, avec une ultime Fille mal gardée interprétée par une Myriam Ould-Braham et un Mathias Heymann quasi-parfaits. Tous les petits problèmes techniques, les imperfections dans les portés et même les manipulations hasardeuses des rubans avaient pratiquement disparu; l’entrelacs du Pas de deux du premier tableau fut lui aussi réussi cette fois.

La complicité entre Mathias Heymann et Myriam Ould-Braham était un réel bonheur, et la salle enthousiaste prodiguait à chaque instant ses encouragements aux deux artistes, au faîte de leur popularité. Les étoiles de demain s’épanouissaient sous nos yeux.

Le Pas de deux de Fanny Elssler a été particulièrement bien réussi aujourd’hui, et ce succès est d’autant plus méritoire et inattendu que les deux solistes n’avaient pu disposer d’aucune répétition supplémentaire depuis la représentation de vendredi. Par ailleurs, les qualités d’acteur de M. Heymann s’affirment au fil du temps, et on ne pouvait guère plus émettre de réserves à ce sujet aujourd’hui.

M. Novis s’est de nouveau avéré excellent en Mère Simone, campant un personnage plus humain, moins extravagant que celui – tout aussi remarquable – composé par Stéphane Phavorin. Itou pour Adrien Couvez, dont l’incarnation d’Alain s’est bonifiée, gagnant en efficacité dramatique et en musicalité. Enfin Gil Isoart a fait preuve, dans le rôle du Joueur de Flûte, de vivacité et de sens rythmique, en dépit du tempo très vif imposé par le chef d’orchestre lors de ses deux interventions.

Le corps de ballet a pour sa part semblé plus détendu, débarrassé de toutes les pressions qui pesaient sur lui. Outre tous ceux dont nous avons déjà eu l’occasion de citer les nom, on mentionnera tout particulièrement les prestations de Mlles Gandolfi et Peltzer, et l’on rappellera celles de M. Guerri, Madin et Vantaggio pour ce qui concerne les messieurs.

L’ovation finale a aussi récompensé le Maestro Barry Wordsworth et les artistes de l’orchestre de l’Opéra, preuve que le public de la danse n’est pas indifférent, quoiqu’on en dise, à la qualité de l’accompagnement instrumental et sait faire le tri entre ceux qui respectent la musique de ballet romantique et ceux qui la méprisent.


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sophia



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MessagePosté le: Lun Juil 16, 2007 11:37 am    Sujet du message: Répondre en citant

Certainement il fallait être là hier, car si vendredi nous avons vu de belles choses, dimanche, nous en avons vu de plus grandes encore.

Cette matinée fut en effet miraculeuse. Il est un moment où il semble que l'on n'a plus à prêter attention aux contingences techniques, parce qu'elles ont été surmontées, et où l'on a le sentiment que l'on peut enfin passer à autre chose... Pourquoi au fond continue-t-on d'aller au théâtre, sinon pour éprouver l'ivresse de cet instant, celui où l'on dépasse la simple démonstration d'école, aussi excellente et brillante et éblouisante soit-elle, pour toucher, ou tout du moins entrevoir, ce "je ne sais quoi", ce "presque rien", cet ineffable qui n'est jamais rien d'autre que l'Art? L'éloquence qui se moque de l'éloquence, la technique qui se moque de la technique, etc... Mais en toute honnêteté, dans un monde où les excellents danseurs sont légion, qui peut réellement nous faire acquérir la conviction que l'Essentiel est en train d'advenir sous nos yeux?

Melle Ould-Braham dans le rôle de Lise est simplement humaine, d'une humanité bouleversante, de celle qui vous fait passer, sans prévenir, du rire aux larmes et inversement. Lorsque Lise danse, c'est d'abord pour Colas, pour la merveilleuse Mère Simone et pour tous leurs amis. Et nous spectateurs, nous regardons cette gentille comédie qui se déroule sous nos yeux, oscillant entre farce et idylle pastorale, sise dans un XVIIIème siècle utopique et idéalisé, et nous croyons à ce jeu d'une richesse et d'une simplicité inouïes, à cette danse pleine de gaieté et de charme, tant tout y respire l'air du naturel et de l'évidence. Oserais-je parler d'un supplément d'âme, lorsque les gestes de la pantomime du troisième acte, légués par la tradition, deviennent à ce point évocateurs et signifiants, lorsque l'ultime pas de deux permet de voir, enfin, les réminiscences de Giselle dans le ballet d'Ashton? Il y a en effet un moment où l'on ne peut plus parler, où l'on ne doit plus parler, de "préférence".

Le reste de la distribution, Ms. Heymann, Novis, Couvez and co, s'est montré excellent - on l'a déjà dit et je n'y reviens pas -, et le corps de ballet a semblé retrouver une nouvelle vigueur pour l'ultime représentation de la saison. Phavorin et Valastro ne seront pas oubliés pour autant... L'absence invraisemblable, qui laisse plein d'amertume, d'Emmanuel Thibault non plus...

Les aléas (blessures, tournée australienne en parallèle) qui ont présidé à l'entrée au répertoire de La Fille mal gardée paraissent à présent bien loin. Malgré des réserves bien naturelles quant à l'interprétation des uns ou des autres, le pari de faire entrer l'anglicité à l'Opéra de Paris - et ce n'était pas évident - est gagné, et par des distributions quelque peu inédites, les danseurs moins gradés ont prouvé - à vrai dire, on s'en doutait - leur capacité non seulement à assurer la qualité des spectacles, mais aussi et surtout à enthousiasmer au moins autant, sinon plus, que les étoiles...




Dernière édition par sophia le Lun Juil 16, 2007 3:41 pm; édité 1 fois
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sophia



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MessagePosté le: Lun Juil 16, 2007 12:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Si les spectateurs ont assisté hier à la dernière représentation de Bruno Lehaut, qui prend sa retraite, samedi soir, c'était Cyril Fleury, - il part quant à lui pour un congé de longue durée - qui dansait pour la dernière fois sur la scène de l'Opéra. L'heure de la retraite ne sonnera toutefois officiellement pour lui que dans un an.


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Lanou



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MessagePosté le: Lun Juil 16, 2007 12:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ma part, je vais m'en tenir à ce que j'ai bien pu préférer de ces différentes représentations, ne pouvant toutes les décrire.
Incontestablement que Mlle Ould Braham fut fabuleuse, et cela m'a véritablement surpris qu'elle m'eût touché dans sa variation du premier acte, alors que cela ne s'y prêtait pas forcément. Et je n'ai pas trouvé de grosses imperfections techniques, mais je ne peut juger de ce qu'elle a fait vendredi dernier. Son partenariat avec M. Heymann était très équilibré, car la première danseuse était dans une véritable communication avec lui, le regardant sans cesse, créant une connivence que D. Gilbert avait assez peu finalement, et au-delà encore, Mlle Froustey, qui dansait avec un danseur qui se devait d'être uniquement son faire valoir. La brillance de Mlle Froustey est par trop éclatante, ne convenant pas finalement à la pondération du rôle (et elle sera attendu lors des prises de rôle de personnages à fort caractère). Surtout quand Mathieu Ganio était plus effacé que sa partenaire. Nicolas Le Riche , quant à lui, était virtuose et gigantesque, mais il m'a étonné, car il est parvenu à donner une consistance à un personnage que son gabarit, a priori, ne lui permettait pas de défendre. Même s'il n'est pas incontournable, il est très crédible. Et bien le jeune (jusqu'à quand dirons nous le jeune?) M. Heymann, qui donne beaucoup de sa personne, aussi bien bien dans son lever de jambe qui n'a rien à envier aux jeunes filles hyperlaxes du Mariinski (...) que dans la saltation qui se doit toujours d'être accompagnée de grands écarts de tous registres, enfin, que dans les ébourrifants tours, semble bien plus concerné et attentif ici que sur l'immense scène de Bastille il y a quelques mois. Ce rôle lui convient mieux que Basilio, encore trop vert, et Colas lui permet de jouer de la fibre de la candeur en puissance.
J'ai surtout vu la Mère Simone de Phavorin, arborant rubans multicolores dans la coiffe et cocarde en tissu au genou le soir du 14 juillet, là encore, qui a su tirer le rôle à lui, et de quelle manière!, mais avec recul, est-ce cela la vérité? Enfin, peu importe, que son talent d'acteur (et de danseur de sabots) ne lui ferme pas la porte des rôles plus classiques et non travestis.
Alain, qui, avec la Mère Simone, forme le comique couple contrasté du glamoureux duo Colas-Lise, a été évidemment défendu avec probité par Simon Valastro, tout le monde l'a dit, je ne reviens sur l'évolution du personnage lors de ces environ douze représentations. C'est surtout pour remercier l'audace de Mme Lefèvre d'avoir distribué un sujet à nouveau dans un premier rôle (Heymann dans Colas, Froustey dans Lise), le quadrille (ou coryphée, je ne sais si le site de l'opéra est à jour) Adrien Couvez, et un surnuméraire désormais engagé Allister Madin. Cela est rare, et nous, balletomanes qui nous plaignons souvent du manque d'originalité de certaines distributions, avon été gatés ce coup-ci (quelques blessures aidant, certes). En tout cas, j'ai apprécié M. Madin dans la caractérisation même de son rôle, puéril et attachant, et techniquement très fiable et toujours bondissant. Quant à M. Couvez, bien qu'agréable, il me parût assez peu drôle.
Assez sceptique au départ, eje dois avouer que l'opéra a su s'approprier l'oeuvre de manière très personnelle, certes, mais le corps de ballet fut quand même très courageux, dans la vaillance d'enchaîner les représentations sur un rythme toujours endiablé. Des vacances bien méritées!


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Lun Juil 16, 2007 1:22 pm    Sujet du message: Miho Fujii Répondre en citant

Lest we forget, Miss Fujii was on almost every night in the corps de ballet, and I must say, she was an absolute joy. Fleet and buoyant in the footwork, her ports de bras were, in a nutshell, all Ashton: not a broken wrist or elbow to be seen. The angle of her port de tête presented to the audience, at all times, a lovely, curving - and smiling - picture. That takes work, gang. One ain't born with it.

As one of Colas' friends, Allister Madin stands out both by the quality of his dancing (this lad will be going places), and by an engaged portrayal of a "minor" (!) role. Guerri was excellent, in terms of his dancing, and sweeping ports de bras that Ashton would have loved, but must one really look so very ANGRY the whole time? I mean, with that name, GUERRI, which translates as WARLIKE, an occasional wan smile may not, Nomen est Omen, come easy, but at a harvest feast perhaps one could allow oneself a faint air of benevolence?


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maraxan



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MessagePosté le: Jeu Juil 19, 2007 10:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mon voyage sur la Fille mal gardée avec un peu de retard… Je passe sur l’ineptie de ce ballet que je suis allé voir uniquement par curiosité des interprétations, ma distance avec l’humour à l’anglaise grandissant depuis je n’habite plus (totalement) Londres (et surtout le souvenir d'une série encore assez récente)… et finalement, j’ai trouvé cela plus enrichissant que prévu…
Il me semble que les garçons n’ont rien à rendre à des Carlos Acosta ou Ivan Putrov que j’avais vus précédemment et j’ai trouvé que certains d’entre vous étaient bien sévères. Chacun a sa personnalité et l’adaptation à l’inadéquation au rôle se compense largement dans tous les cas par quelque chose de plus, de brillant, par exemple la grande ampleur de saut de Mathieu Ganio, la flexibilité de Mathias Heymann (très enthousiaste) regardant l’hyper sensibilité dans le mime de Nicolas Le Riche, « top » acteur vraiment très à l’aise, même dans les ratés du ruban (involontairement hilarants chez Mathias Heymann et Myriam Ould-Braham).
Chez les filles, Dorothée Gilbert et Svetlana Lunkina m’ont semblé les plus musicales, malgré certainement une petite paresse de bras chez l’une, de jambes chez l’autre… Pas grave, je suis un peu sévère mais quand on s’ennuie… Elles ont en tout cas développé avec leur partenaire une complicité qui aide beaucoup à faire passer le truc.
Mathilde Froustey est époustouflante sur tous les plans techniques, mais en fait, elle a joué comme si elle était la mère Simone… Pauvre Colas… Je n’ai vu qu’une fois Myriam Ould-Braham, le 13, et bon, c’était assez moyen (moyen-faible) sur tous les plans et surtout, aucune entente avec Mathias Heymann, plus à l’aise avec Mathilde Froustey, on aurait dit qu’ils n’avaient pas envie de se toucher (en tout cas, ils ne s’embrassaient pas dans la chambre !)
Tant qu’à faire dans l’idiotie, j’ai trouvé Stéphane Phavorin assez irrésistible même si Laurent Novis n’était pas mal non plus dans un registre plus sobre, il faut dire que j’ai un problème éthique avec les rôles de femmes joués par des hommes.
Simon Valastro était bien sûr l’Alain parfait surtout une fois son personnage lissé par les premières représentations, dans l’interprétation mais aussi techniquement.
Pour le corps de ballet, et bien, bravo car honnêtement, j’ai entendu dire (souvent) que c’était particulièrement difficile de se taper 15 représentations de la Fille Mal Gardée (very private joke, sorry).


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MessagePosté le: Ven Juil 20, 2007 12:37 am    Sujet du message: Répondre en citant

Egalement avec du retard, mes impressions sur la dernière représentation de la série :

Excellente représentation du 15 juillet, en effet; réconfortante après le dernier spectacle auquel j’avais assisté, un Don Quichotte bien tristounet, où l’on sentait lassitude et\ou tension sur scène; pas franchement enthousiasmant pour le spectateur.

Commençons par le corps de ballet que je n’ai pas toujours vu aussi joyeux et en verve que ce dimanche. De plus, il me reste l’impression de danses d’ensembles lisibles et agréables à l’œil qui le mettaient bien en valeur.
En ce qui concerne les rôles principaux, n’ayant pas vu d’autres distributions, je ne peux ni faire de comparaison ni avoir de préférences. M. Ould-Braham, M. Heymann, L. Novis et A. Couvez m’ont tous plu dans leurs interprétations respectives crédibles et cohérentes. Les relations entre les personnages étaient vraiment présentes et intéressantes. En fait, j’ai beaucoup apprécié que les personnages de la mère Simone et d’Alain aient autant de « consistance » et de place dans le ballet.
M. Heymann, que j’avais donc découvert dans Don Quichotte, est effectivement bien plus à l’aise dans cette Fille Mal Gardée. Comme signalé par d’autres, loin de se concentrer uniquement sur sa danse, il interprète, avec beaucoup de fraîcheur et de bonne humeur, le personnage de Colas du début à la fin du ballet. Seul petit bémol ( sans doute un défaut de jeunesse ) il se laisse parfois aller à quelques effets spectaculaires dans les sauts ou les levers de jambes qui ne me semblent pas nécessaires, mais bon, avec un peu plus de maturité, espérons qu’il transférera cette énergie sur les petits détails qui permettent de transformer une danse charmante en une danse d’exception.
M. Ould-Braham que je voyais pour la première fois dans un ballet narratif est effectivement remarquable dans son interprétation : pas de temps mort dans son jeu, à aucun moment on ne s’ennuie lorsqu’elle est sur scène . . . je l’ai trouvée bien plus captivante que certaines stars de la compagnie. Vivement que l’on puisse la découvrir en Giselle.
Voilà, vraiment un très beau spectacle pour conclure cette saison . . . en espérant que ce ne soit pas qu’une exception.


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danse-0pera



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MessagePosté le: Lun Juil 23, 2007 9:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas de petite surprise pour mon retour de vacances : je vais devoir attendre la saison prochaine pour espérer voir la nomination de Myriam Oul Braham au titre d'Etoile !! Smile


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Mélisande



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MessagePosté le: Mer Aoû 01, 2007 3:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Avec beaucoup de retard... J'ai pu voir trois distributions différentes les 2, 9 et 13 juillet :
(Lise/Colas/Mère Simone/Alain/le danseur à la flûte)
1. Lunkina/Ganio/Phavorin/Madin/Heymann
2. Gilbert/Le Riche/Phavorin/Valastro/Isoart
3. Ould-Braham/Heymann/Novis/Couvez/Isoart
Globalement, ces trois représentations m'ont beaucoup plu et ont clôturé la saison avec fraîcheur et bonheur : beaucoup de gaieté, d'enthousiasme, d'humour, de belles danses pour le corps de ballet, musique de circonstance, pas sophistiquée, entraînante et cocasse, cela fait parfois du bien de ne pas assister qu'à du tragique. Les rubans posent toujours problème d'une façon ou d'une autre : noeud trop serré, ou pas assez ; le poney est parfois récalcitrant, ou oublie des choses derrière lui - mais tout ceci fait le charme d'un spectacle vivant et montre l'esprit d'improvisation des danseurs...

Distribution 1 : beaucoup de tendresse et de complicité entre Lise et Colas ; couple très bien assorti et crédible. Très belle danse de Colas. La mère Simone est désopilante et survoltée. Alain fut une très belle surprise : si jeune et déjà avec autant de talent. Le danseur à la flûte très musical et précis dans sa danse, mais pas assez musicien entraînant les villageois avec son flûtiau.

Distribution 2 : Lise et Colas campent un couple moins novice, plus mûr dans ses relations. Colas a l'art de tout faire avec naturel, même quand le noeud refuse de se défaire - le spectacle continue, tout est tout à fait normal, et Lise adapte sa danse aux aléas des rubans. Mais j'ai trouvé par moments que le visage de Colas avait un peu la même expression. La mère Phavorin (Phavorin joue du Phavorin et n'endosse plus le personnage de la mère Simone) en rajoute toujours plus, est d'une énergie et d'un enthousiasme débordants, mais il attire trop les regards, au détriment des autres danseurs - dommage - il aurait fallu que tous les danseurs soient aussi survoltés que lui sur scène pour que cette représentation soit équilibrée. Alain est un peu inquiétant dans son mime, presque cynique mais très crédible. Le danseur à la flûte est moins précis dans sa danse mais plus entraînant dans son mime.
Distribution 3 : Lise est vraiment Lise, bien assortie avec Colas. Colas n'avait pas assez serré son noeud, donc la fameuse figure s'est défaite au moment où elle était présentée au public. Par contre, la danse ample et très musicale de Colas devient fébrile dans les pas de deux. On sent qu'il a peur de ne pas être au rendez-vous quand il doit récupérer Lise, il en devient presque nerveux. On devine une réelle complicité entre la mère Simone et Lise, même une certaine tendresse alors que Lise lui en fait voir de toutes les couleurs. Alain est décidément attiré par les jeunes filles, mais sans succès. Pour le danseur à la flûte, même remarque que ci-dessus.
Cette dernière distribution m'a semblé la plus équilibrée, donc la plus crédible aussi dans sa caractérisation. Pourtant, chaque danseur de chaque représentation pris à part était crédible dans son rôle, mais c'est l'assemblage des danseurs qui pouvait l'être plus ou moins.


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haydn
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MessagePosté le: Mer Aoû 01, 2007 4:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Mélisande


En ce qui concerne le noeud, vous n'avez pas eu de chance, car Dorothée Gilbert et Nicolas Le Riche ont été les seuls que j'ai vu le réussir de manière pratiquement parfaite ; Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann l'ont formé une fois à peu prés correctement, le soir de la dernière. Quand aux autres, cela s'est souvent terminé dans un certain fouillis! A croire qu'une série de fouettés est plus aisée à réaliser qu'un entrelacs de rubans!

Mais bon, cela tient de l'anecdote.


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