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La Bayadère à Amsterdam-Février 2007

 
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Lanou



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Localisation: Paris

MessagePosté le: Dim Fév 25, 2007 7:47 pm    Sujet du message: La Bayadère à Amsterdam-Février 2007 Répondre en citant

Je rentre d’une semaine de la capitale batave, où j’ai pu assister à trois représentations de la Bayadère.
Commençons en liminaire une remarque sur le public amstellodamois, peuple que j’apprécie par ailleurs. Ils n’applaudissent JAMAIS pendant le spectacle, sauf quand un français égaré le fait à la fin d’une variation ou que les danseurs saluent… cela confère une autre ambiance, on y est plus inspiré, et non pas arrêté toutes les minutes par l’obligation de frapper des mains pour dire qu’on a vu et qu’on applaudit…A l’inverse du parisianisme toussif éructant ses poumons pour tâcher de se réveiller, le néerlandais, lui, parle, tout simplement, reléguant l’orchestre au titre de fond sonore pour ascenseur d’hôtel de luxe. Cela m’a également surpris. Enfin, chose assez insupportable, la manie de faire une standing ovation, dès les saluts finaux, alors qu’il n’y a que le décor qui se présente alors. Ma perfidie me ferait dire que c’est pour partir plus rapidement…Tout du moins, cela manque de spontanéité et semble assez téléphoné.
La salle du Het Muziektheater est très confortable, toute en rondeur et en largeur, on y voit bien de partout, la salle ayant une certaine incurvation, mais pas dérangeante pour voir de la danse.
Bon alors, le spectacle en lui-même ? Tout d’abord, aussi étrange que cela puisse paraître, cette Bayadère, ballet répandu dans le répertoire des compagnies nationales et internationales, dans la version Makarova, faisait son entrée au répertoire cette année… Ce qui explique beaucoup de faiblesses pour un œil habitué à voir la certitude de la routine, mais en révèle par là même toutes les difficultés à monter un grand ballet en trois actes, etc.…
Le corps de ballet, en prime : il est d’un bon niveau, voire d’un très bon niveau. Ma première représentation était samedi soir, les danseurs ayant déjà eu une représentation samedi en matinée, je ne peux que supposer la légitime fatigue qui les ont fait faire quelques erreurs de synchronisation, notamment dans l’acte des ombres. Bon, petite interrogation ; la danse djampo n’a pas été faite mardi et mercredi soir, alors qu’elle était assurée le samedi ; est-ce que les danseurs, n’ayant pas, c’est le moins qu’on puisse dire, le succès escompté, avec quelques malheureux applaudissements de circonstance, n’ont pas supplié la maître de ballet de ne plus le danser ? L’inertie de la masse spectatrice était patente dans le mutisme manuel amstellodamien. Les femmes sont d’un bon niveau, mais les hommes pêchaient parfois de légers problèmes : faire tomber une danseuse, ça se voit très bien, faire un « simple » changement de pied, là où les autres font des entrechats six, ou, le pire, qui m’a fait bien rire, se pencher pour vérifier sa cinquième… Sans commentaires. Mais, sinon, je le dis à nouveau, le niveau féminin est très élevé, même la descente des ombres, véritable difficulté du « corps dansant », était très honorable, sans de jambes qui tremblent trop, ou de problèmes de placement excessifs.
Véritable modèle à suivre pour notre belle compagnie parisienne, dont deux distributions se partagent quinze soirées de Proust : sur trois soirées aussi rapprochées, je n’ai eu pratiquement aucun soliste ou demi soliste deux fois d’affilée. La Nikiya que j’ai préféré, bizarrement, est Ji-Young Kim, qui est seconde soliste dans la hiérarchie du corps de ballet. Ce serait l’équivalent de notre premier danseur, alors que les premiers solistes seraient nos étoiles. Sa danse pudique, inspirée, et très contrôlée en font une Nikiya qui me rappelle celle de Mlle Osta, humaine et dansant sincèrement, sans chercher l’effet facile du dramatisme outrancier. Larissa Lezhnina, première soliste, danseuse aux belles lignes. Sa prestation était entâchée par un tremblement permanent de ses mains, très certainement quelque chose comme le trac, ou le froid (??), mais qui entravait totalement la lisibilité des poses. Igone de Jongh (première soliste) est une grande femme, avec la peau sur les os, cela est assez choquant à l’œil, surtout en contraste avec certaines danseuses du corps de ballet qui sont parfois grassouillettes (tout relatif à la danse, et cela ne me dérange aucunement, mais on est moins habitué à ça à l’Opéra de Paris, et je préfère mille fois mieux une danseuse respec-tueuse de son corps et qui a des seins, plutôt que des côtes saillantes). La danse de Mlle Jongh est sensible et elle possède une rare expressivité, et pour tout dire, j’ai remarqué certaines choses que je n’avais auparavant relevées.
Les Gamzatti sont passionnantes : avec Marisa Lopez (seconde soliste), on aborde un autre visage du rôle : peut être aime-t-elle vraiment Solor, elle se donne tout à lui, et ce n’est pas l’enfant gâté qui peut tout avoir de son papa rajah. Je ne garde pas un souvenir incroyable de Julie Gardette. Et l’on revoit la belle Ji-Young Kim, qui décidément séduit plus qu’on ne pourrait l’attribuer à la froide évolution des danseurs asiatiques (mais comme le rappelle Sophia, peut-on les assimiler tous ensemble ? Certainement pas !) : Sa variation du dernier acte est superbement dansée, avec des équilibres et pirouettes maîtrisées jusqu’au bout du geste, et sa pantomime est riche d’intensité.
Enfin, Solor incarné par Inaki Urlezaga vaut tous les russes du Bolchoï : c’est pas propre, ça a les pieds en flexion, mais ça saute, ça tourne et c’est tripant. Caractérisation sommaire mais efficace : on a affaire à un homme, un paquet de testostérone sur pattes de camionneur, mais en même temps, ça a compris l’intrigue, et qu’il s’est fait avoir. L’ homo erectus dans sa splendeur. Tamas Nagy dépeint un prince en nuance, avec un travail soigné, tout à l’inverse de Artem Yachmennikov (grand sujet, soit sujet à l’opéra de Paris), qui a manqué de trébucher plus d’une fois après deux pirouettes, et qui ne possède aucune aura. Mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron, et à la lumière du fait que ce sont parfois les premières fois qu’ils dansent ce rôle, on excuse plus facilement. On retiendra le nom de Sefton Clarke dans l’Idole Dorée, et dans les ombres, Maiko Tsutsumo, Veronique Tamaccio et Ainara Garcia Navarro, si toutefois ma mémoire ne me fait pas défaut. Un petit regret, ne pas avoir vu Sofiane Sylve, dont l’unique représentation était le 27 février.


zaterdag 17 februari 2007, 20:00 uur
Ji-Young Kim, Tamás Nagy, Julie Gardette

dinsdag 20 februari 2007, 20:00 uur
Igone de Jongh, Inaki Urlezaga, Marisa Lopez

woensdag 21 februari 2007, 20:00 uur
Larissa Lezhnina, Artem Yachmennikov, Ji-Young Kim


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sophia



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MessagePosté le: Dim Fév 25, 2007 9:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Lanou pour ce compte-rendu de votre excursion - comment dites-vous? - amstellodamoise... Wink Very Happy

Sur les danseurs asiatiques, puisque le sujet est encore soulevé après qu'il en a été question notamment autour du Prix de Lausanne, revenons là-dessus encore une fois... Dans le cadre si particulier d'une compétition de danse internationale, où s'affrontent autant des individus que des nations et plus encore des écoles, il est difficile de ne pas en parler vu le nombre important et toujours croissant de candidats originaires de pays d'Extrême-Orient, où la tradition de la danse classique est d'une part une tradition importée et d'autre part une tradition relativement récente. Une présence significative et qui n'est donc pas neutre.

Mais en-dehors de cela, cela a-t-il encore un intérêt, un sens, une pertinence aujourd'hui, - alors même que la danse s'est largement internationalisé et que l'Europe, a fortiori la France ("la-patrie-de-la-danse-classique", comme elle l'est du bon vin, voilà ce que certains aiment à se répéter, berçons-nous de douces illusions pendant que le navire sombre... Mr. Green) n'a plus qu'une importance relative dans le monde du ballet (je ne parle pas ici de la Russie qui est un cas à part et qui le restera) -, de souligner une origine ethnique aussi large? C'est un peu comme si l'on disait "les danseurs européens", alors qu'un danseur français, - encore faudrait-il que cette entité existe, seule compte à mes yeux la formation -, est bien différent d'un danseur anglais, qui est lui-même différent d'un danseur danois...etc, ou même "les danseurs américains"... De la même manière, les Coréens sont culturellement différents des Chinois qui eux-mêmes ne sont pas semblables aux Japonais, que ce soit sur un plan culturel ou que l'on envisage simplement leurs qualités physiques globales. Après, il faut le répéter, la danse classique est un langage universel qui transcende les frontières, et même si nous naissons à la danse avec une sensibilité particulière, la seule chose qui importe vraiment, lorsqu'il s'agit de développer le talent d'un danseur, c'est l'école, l'éducation, la formation qu'il recevra et qui fera de lui un professionnel. Regardez encore une fois le succès des écoles anglaises qui savent accueillir des étudiants venus des quatre coins du monde...

Quant à Melle Kim qui interprétait le rôle de Nikiya et dont vous parlez, elle a été formée à Séoul puis à l'Ecole Vaganova, point n'est besoin, donc, d'en rajouter...

Après, je pense que partout, il y a le même lot de danseurs froids ou passionnés, fades ou éclatants, des caractéristiques par ailleurs très subjectives et relatives... Et quant à la prétendue froideur des Asiatiques, il y a dans ce genre de cliché autant de vérité que lorsque qu'on dit des Français qu'ils sont élégants mais pas lyriques, des Russes qu'ils sont lyriques mais pas élégants, des Américains qu'ils sont énergiques mais pas poétiques...etc, etc, j'en passe et des meilleures, en bref le Dictionnaire des Idées Reçues... Et du cliché ethnocentrique à la contre-vérité, il n'y a parfois qu'un pas...


Sur cette Bayadère néerlandaise, il existe un site qui lui est dédié (avec un extrait vidéo et quelques photos):
http://www.labayadere.nl/

Le site du Het Nationale Ballet:
http://www.het-nationale-ballet.nl/


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22163

MessagePosté le: Dim Fév 25, 2007 9:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ajoute que Igone de Jongh (formée à la Royal Ballet School, ancien Prix de Lausanne) avait participé au Gala des Etoiles du XXIème siècle au TCE en septembre dernier avec Altin Kaftiras. Inaki Urlezaga, son partenaire, était principal au Royal Ballet, compagnie qu'il a quittée il y a un an ou deux, je crois, pour mener une carrière internationale en tant que danseur et chorégraphe: http://www.inakiurlezaga.com/home_in.html
Larissa Lezhnina est une ancienne soliste du Mariinsky, bien connue pour ses magnifiques interprétations dans Casse-Noisette ou encore La Belle au bois dormant.


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