Palais Garnier, du nouveau tout beau !!!!

[Pierre]

L'Opéra de Charles Garnier, tome 2 par Gérard Fontaine, "ARCHITECTURE ET DECOR INTERIEUR" vient de sortir.

Je suis allé le chercher ce matin à Garnier car impossible de le trouver encore à la FNAC hier. Par contre, il y a des piles à la boutique.

Je suis à "donf" dedans. Du coup, plus beaucoup de petits détails à se colporter sur ce forum, car tout y est consigné dans une oeuvre qui me semble écrite par des pros. C'est magnifiquement illustré peut-être encore mieux que le tome 1 qui était consacré aux décors extérieurs.

Et tout le Foyer ré-ouvert la semaine passée.

Une raison supplémentaire pour aller voir Giselle... de Mats Ek.

[haydn]

L'ouvrage sera officiellement disponible en librairie le 5 juin 2004, au prix de 38 €. Pour une fois la boutique de l'Opéra est en avance sur l'actualité, mais bon, vu l'auteur, qui a déjà pas mal écrit sur la maison, on ne s'étonnera qu'à moitié!

[Pierre]

Boutique au format indigne tant il faut se contorsionner pour y rentrer et en sortir...

Si seulement on dégageait la biblithèque ailleurs...

Au fait j'ai une idée : Le bâtiment de la BNP Parisbas à Bonne Nouvelle à côté des Folies Bergères... Somptueux, de taille honorable, forcément bien protégé contre les risques et en plein milieu de l'axe les théatres qui va de Bastille à la Madeleine... Allez les mécènes !

Donc une immense boutique, un fumoir, un salon de thé, un restaurant, des salons de réception, pour que vive l'Opéra 365 jours par an...

Je sais mon idée ne plaît pas

[haydn]

Pour la bibliothèque, je ne serais pas d'accord Pierre, d'autant que Garnier lui-même avait voulu qu'elle fasse partie intégrante du bâtiment ; et c'était la première fois qu'un local pour abriter les archives était prévu dès la construction d'un théâtre lyrique (il faut dire que Charles Nuitter, avocat et archiviste bénévole, qui a également collaboré au livret de Coppélia, s'était beaucoup démené pour obtenir cela de Charles Garnier).

Pour la cafétéria, l'Opéra de Paris avait déjà eu cette idée il y a quelques années et en avait installé une dans la rotonde dite "de l'AROP", située sous la bibliothèque... Le problème, c'est que l'exploitation de la gargotte avait été confiée à je ne sais plus quel traiteur chic de la capitale, genre Lenôtre ou Fauchon, et que les tarifs pratiqués étaient si prohibitifs que même les touristes les plus fortunés ont boudé ; le local a été fermé au bout de quelques semaines, faute de clients...

[Pierre]

Bon alors, au moins la Galerie Florence Gould pour une boutique digne des lieux et pour virer ce machin affreux du vestibule d'entrée.

OK ?

[sophia]

Cette boutique est en effet misérable à tout point de vue, et indigne du lieu qui plus est.

[haydn]

Je vois mal l'AROP céder la galerie Florence Gould, si appréciée pour les pince-fesses mondains! Mais il est vrai que la boutique est totalement inadaptée, et je crois que la vie du personnel n'y est pas très confortable non plus...

Le problème est qu'au fil des déceennies, l'on a pas cessé de transformer le bâtiment pour y récupérer chaque mètre carré, et que le projet initial de Garnier à perdu toute cohérence. A l'origine par exemple, la location s'effectuait dans des espaces bien plus vastes, qui sont devenus... le salon Florence Gould justement. L'entrée des abonnés se faisait directement par la rue Gluck, mais a depuis été transformée... en parking! Pareil pour les locaux administratifs et techniques : Garnier avait conçu des couloirs d'accès larges, bien dégagés et souvent éclairés de manière zénithale grâce à des verrières largement dimensionnées. Depuis les années 60-70, les corridors sont devenus étroits, malcomodes, des cloisons ont été montées partout pour ajouter des bureaux ou des ateliers...

Il faudrait sans doute tout reprendre à zéro... Le problème aussi, est que des "grosses machines" genre Opéra de Paris tournent aujourd'hui avec un personnel administratif beaucoup plus nombreux qu'autrefois, et la bureaucratie est toujours très lourde, en France.

Autrefois, c'étaient les personnels techniques, machinistes, éclairagistes etc. qui étaient employés en grand nombre. Ces corps de métiers se contentaient d'un foyer et d'un vestiaire, et n'avaient évidemment pas besoin de vastes bureaux. Maintenant, avec les systèmes de commande informatisés de la machinerie et de l'éclairage, il faut beaucoup moins de techniciens, mais les emplois administratifs n'on pas du tout suivi la même évolution...

[Pierre]

Donc, donc...

On regroupe tous les machins administratifs de Bastille et de Garnier dans un nouveau bâtiment comme par exemple BNP Bonne nouvelle, au dessus d'une bibliothèque sécurisée, avec tous les moyens pour la conservation, la restauration, avec pourquoi pas un bout d'université pour les chercheurs en musicologie et art du spectacle vivant. On en profite pour faire une gigantesque réorganisation sur les fonctions administratives en informatisant tout ce qui peut l'être et en ne renouvelant pas tous les prochains départs à la retraite.

On garde de la bibliothèque tout ce qui est visible pour en faire un lieu d'exposition temporaire et je suis d'accord que Garnier avait voulu cette bibliothèque... Je deviens très érudit avec mon nouveau livre de chevet...

Il y aura bien de la place pour les pince-fesses de l'Arop.

[Pierre]

J'ai jeté un froid

Ben oui, il va falloir trouver de la productivité dans les fonctions administratives si l'on ne veut pas qu'un jour on touche à l'essentiel, c'est à dire : aux cent cinquante danseurs, au choeur, aux professeurs, aux techniciens, etc.

Sinon j'arrête avec la bibliothèque, promis, juré

[haydn]

Vous avez le droit de défendre vos idées de déménagement! Il y a des arguments pour, notamment en matière de sécurité...

[Pierre]

Nos trésors nationaux doivent être mis à l'abri effectivement de tout, y compris du temps qui passe et de l'accumulation inhérente à ce temps qui passe.

[haydn]

Et pour la bonne bouche, aussi un peu de tout vieux tout beau!

[Pierre]

L'ambiance du VESTIBULE CIRCULAIRE, aujourd'hui perdue, est très bien rendue dans ces gravures. Merci Haydn.

Ces ombres sont belles.

L'ambiance du foyer de la danse est aussi bien rendue... Triste condition de la danseuse du XIXème siècle...

[shylock]

Merci Haydn pour ces belles gravures (où les avez-vous trouvées?). Oui, "triste condition de la danseuse" au XIXème et même au delà. Dans ses mémoires, Yvette CHAUVIRE rapporte Ue, ayant osé réclamer une augmentation à Jacques ROUCHE, elle s'était entendu répondre: "Une augmentation? N'avez-vous pas le Foyer?". Autrement dit, "Débrouillez-vous pour arrondir vos fins de mois." BESSY précise que, dans les années 50, on comptait de nombreux salons de thé autour de l'Opéra... La réputation d'immoralité a longtemps marqué les danseuses du corps de ballet. Nombreuses sont celles qui se sont vengées en ruinant leurs protecteurs, telle la Nana de Zola. Le ballet "La petite Danseuse de DEGAS" est une allusion directe à la vie sordide des danseuses de l'Opéra, leur salaire de misère les obligeant à recourir à des expédients peu honorables. Quel chemin parcouru depuis même ces magnifiques artistes, totalement dévoués à leur art, ne bénéficient pas encore de la reconnaissance à laquelle ils ont droit, à commencer par un meilleur salaire. Nous n'en avons que plus d'estime et d'admiration pour eux et nous ne devons pas leur ménager nos encouragements.

[haydn]

L'anecdote est étonnante, car J. Rouché passe justement pour celui qui a mis fin à certaines pratiques regrettables qui avaient cours au foyer de la Danse. Les abonnés mâles avaient autrefois un libre accès audit foyer, et s'en allaient gaillardement lutiner les danseuses, moyennant un dédommagement financier adéquat... Cela a laissé deux expressions dans la langue française, d'une part "entretenir une danseuse" au sens d'avoir un loisir, un violon d'Ingres, et d'autre part "mettre la main au panier", qui n'a pas du tout le sens que l'on croit : les danseuses, pour encaisser la juste rémunération de leurs heures supplémentaires, faisaient circuler un panier dans lequel ces messieurs déposaient les billets de banque...

Lors de sa prise de fonctions, Rouché a immédiatement fait interdire l'accès du foyer de la danse aux abonnés, et tenté de "moraliser" la profession.

Cela n'a pas empêché certaines vedettes du Ballet de l'Opéra de défrayer la chronique, comme la sulfureuse Cléo de Mérode, qui fut, dans les années 20, la maîtresse du Roi des Belges ; l'affaire était de notoriété si publique, que l'on avait surnommé le souverain "Cléopold"...

Pour les gravures, elles avaient été publiées en 1875 dans l'ouvrage de Charles Nuitter, "Le nouvel opéra", que l'on peut encore trouver chez certains libraires d'occasion moyennant une cinquantaine d'Euros. Il y a eu plusieurs rééditions récentes en fac-simile, mais la qualité d'impression est évidemment moins belle.