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Cendrillon (10 avril - 11 mai)
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haydn
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MessagePosté le: Jeu Avr 12, 2007 12:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Présentation en italien du spectacle sur le site www.notedidanza.it :


Citation:
Corps de Ballet de l'Opéra national de Paris - Cendrillon - fot.Icare
L’idea di una Cenerentola “contemporanea” venne suggerita a Rudolf Nureyev dallo scenografo Petrika Ionesco. In un primo momento il grande maestro russo esitò perché non voleva ritoccare uno dei classici della letteratura fiabesca. Iniziò a pensare e a lavorare con la sua immaginazione ad una possibile nuova trama, alla ricerca di un soggetto che potesse rendere più viva ed attuale la favola di Perrrault, senza però sconvolgerla del tutto. Alla fine accettò, creando una versione che fu presentata per la prima volta nel 1986 all'Opéra di Parigi in cui la danza diviene gemella della Settima Arte, cioè il cinema e vedremo il perché. La novità dal punto di vista della struttura narrativa di questa coreografia consiste nel fatto che Nureyev cala in una realtà contemporanea la trama originale di Perrault.



L'article d'Antonella Poli est ICI


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haydn
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MessagePosté le: Sam Avr 14, 2007 12:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques mots sur la représentation de Cendrillon ce soir, avec d'abord mes excuses pour avoir séché la "fausse" première de mercredi, la "vraie" ayant été annulée pour cause de grève.


Superstition peut-être, ce vendredi 13 avril était l'occasion pour Delphine Moussin de faire son véritable retour sur scène (on oubliera ses Mirages ratés en début de saison, où elle n'était manifestement pas en pleine possession de ses moyens), aux côtés de Karl Paquette, dans le rôle et avec le partenaire en compagnie duquel elle fut nommée étoile il y a deux ans.

Nous ne cacherons pas notre plaisir de retrouver enfin dans des conditions normales cette remarquable artiste, qui, au-delà de toute considération technique - il est certainement des ballerines plus virtuoses dans la compagnie - dégage toujours sur scène une émotion intense : lyrisme, expressivité, intensité de la gestuelle et du regard. Seule réserve, le numéro de claquettes, où, déguisée en Charlot, Mlle Moussin manquait un peu de punch.

A ses côtés on retouvait donc Karl Paquette, dans un rôle qui lui convient bien. Partenaire solide, il sait toujours s'effacer quand il le faut au profit de la Prima ballerina, même si, dans ce cas précis, l'acteur vedette, c'est lui. On regrettera comme précédemment dans Don Quichotte un petit manque de propreté dans le travail des pieds, compensé par beaucoup d'engagement, de dynamisme dans la saltation ; cela lui a valu les applaudissement nourris du public - par ailleurs assez froid - dans sa grande variation ("solo du prince") au second acte. Ceux qui ont eu la chance d'assister à la générale du samedi 7 avril lui seront par ailleurs reconnaissants d'avoir une fois de plus "sauvé la situation", en se substituant au titulaire défaillant pour assurer le spectacle dans des conditions délicates.

On louera une fois de plus Emmanuel Thibault, qui compose une marâtre drôlatique - qui osera insinuer, après un tel numéro, qu'il n'est pas un "acteur"? -, d'une aisance surprenante dans les pirouettes sur pointes, qui n'ont rien à envier à celle d'une ballerine de sexe féminin!

Les favorites de la salle auront néanmoins été les deux "vilaines" soeurs, Nolwenn Daniel (en rose) et Isabelle Ciaravola (en bleu). Elles ont formé un duo plein de verve et bien assorti et équilibré, alors qu'on aurait pu redouter quelques hiatus compte tenu des personnalités très différentes de ces deux artistes. Elles ont rivalisé d'inventivité et de vis comica, avec une mention spéciale pour Mlle Ciaravola qui incarnait aussi une flamboyante Espagnole au troisième acte, où la succession de Karin Averty, exceptionnelle, n'est pourtant pas aisée à assumer.

Emmanuel Hoff s'est tiré avec les honneurs du rôle du Producteur à gros cigare, avec une prestation particulièrement réussie au premier acte, lorsqu'il apparaît sous les traits de Groucho Marx.

Toujours au premier acte, les variations des saisons ont été bien servies par Mlles Froustey, Laffon, Fiat et Hecquet. On était heureux de retrouver Mathilde Froustey dans un rôle de soliste, après une relative éclipse ; elle n'a rien perdu de sa pétillance et de son impertinance, ce qui laisse bien augurer de la Fille mal gardée à venir.

Satisfecit également pour le Professeur de danse interprété par Gil Isoart, même si l'on regrettera cette année l'absence de l'excellent Alessio Carbone.

Enfin, il faut louer la qualité du corps de ballet, aux ensembles irréprochables. Alors que lors de la précédente reprise de Cendrillon, en 2005, le comportement, notamment des messieurs, avait été sujet à critique, cette fois, les choses ont été manifestement bien reprises en main, ce qui est d'autant plus méritoire que les plannings des répétitions étaient très serrés, une semaine à peine séparant la fin des représentation de Don Quichotte du début de celles de Cendrillon. Respects.


A noter que si Nathalie Aubin était bien mentionnée sur les feuilles de distributions, elle n'était apparemment pas sur scène ce soir.


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haydn
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MessagePosté le: Sam Avr 14, 2007 8:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

Critique assez brève et pas vraiment enthousiaste de Rosita Boisseau dans Le Monde, qui manifestement n'apprécie pas la chorégraphie de Rudolf Nouréev :


Citation:
Voir pour la première fois ce ballet fort efficace, créé en 1986, se révèle un curieux divertissement. Le revoir en souligne la lourdeur. Dans les costumes clinquants d'Hanae Mori, le pastiche fait oublier la cruauté et le merveilleux du conte. [...]

Le ridicule certes ne tue pas. Il déplace néanmoins certains personnages vers des zones dont on revient difficilement. Outrance pour outrance, lorsque la marâtre dansée par un homme (l'étoile José Martinez, formidable) jaillit comme une furie, le grotesque donne alors le vertige en flirtant avec le fantastique. En revanche, à force d'être tiré à hue et à dia par les chipies lors du bal, le Prince (le danseur étoile Manuel Legris) perd une partie de sa séduisante crédibilité.



L'article de Rosita Boisseau est ICI


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Pierre



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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 10:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Cendrillon a l'honneur de la première page du supplément Paris du Journal du Dimanche avec une mention spéciale pour Laëtitia Pujol


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haydn
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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 10:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Pierre

L'article n'est apparemment pas disponible sur le site web du JDD Confused


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Silk



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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 8:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Avec un peu de retard... quelques mots sur la représentation du 11 Avril, la "première" de Cendrillon, qui voyait, entre autres le retour sur scène de Nathalie Aubin (soyez rassurée Haydn...) dont l'Espagnole reste remarquable de justesse. A noter, il me semble bien, qu'avec Manuel Legris et Wilfrid Romoli, Nathalie Aubin, est maintenant l'une des seules à l'Opéra qui ait fait partie des distributions de la création et on peut compter sur elle (comme sur eux !) pour défendre le style Noureev qui, force est de le reconnaitre, a tendance à se perdre à Paris...!
Au 1er acte Aurélie Dupont m'a semblée un peu effaçée et pas très à l'aise mais dès le pas de deux "du tabouret" au 2ème acte, la présence de son partenaire de prédilection l'a transformée ! Belle, gracieuse, sereine et enjoleuse, tout à fait dans le rôle ! Le 3ème acte a vraiment été un pur bonheur et le pas de deux final, un grand moment d'intensité, d'émotion et de beauté...
Manuel Legris, dans une grande forme physique, a réveillé le spectacle dès son entrée au 2ème Acte, par son dynamisme, son charisme et, on ne le soulignera jamais assez, la qualité exceptionelle de sa danse ! En quelques semaines, quel artiste pourrait passer des démons de Mr de Charlus à la flamboyance de l'Acteur-vedette ? Avec une qualité technique si maitrisée ,et surtout, l'incomparable musicalité de sa danse ?
Comme lui, mais dans un registre très différent, Wilfrid Romoli a défendu avec honneur (et une fantaisie très maitrisée) l'esprit de Noureev, dont je persiste à penser que cette "Cendrillon" est l'une des créations les plus intéréssantes et les plus riches.
Malgré tout leur talent, Laetitia Pujol et Stéphanie Romberg m'ont semblé interpréter les méchantes soeurs trop en force (j'ai regretté la finesse de la paire Aubin/Fiat par exemple). José Martinez est toujours une maratre irrésistible !
Un dernier mot pour saluer le retour, aussi, de Dorothée Gilbert dans l'Eté, visiblement ravie de retrouver la scène et l'excellent Printemps de Mélanie Hurel, aussi exacte techniquement que souriante...
Un bémol enfin... L'orchestre que le chef avait parfois bien du mal à suivre...Wink


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haydn
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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 9:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Silk. J'avoue ne pas partager totalement votre enthousiasme pour la chorégraphie concotée par Nouréev pour cette Cendrillon, qui comporte quelques purges épouvantables, comme la scène du tournage de King-Kong ou les interventions des soubrettes poussant leurs dessertes à roulettes de cour à jardin ; il faut aux ballerines une bonne dose d'abnégation pour servir avec conviction des "rôles" pareils.

En ce qui concerne l'absence de Nathalie Aubin le vendredi 13, les nouvelles sont effectivement rassurantes, et rien de fâcheux n'est à déplorer.

Je n'ai pas encore revu Wilfried Romoli - si l'on excepte la générale - cette année en producteur, mais lors de la précédente reprise, il avait effectivement composé un personnage haut en couleur et très expressif ; le rôle du producteur est d'ailleurs, même s'il ne comporte pas beaucoup de passages réellement dansés (hormis sa variation du 1er acte) un rôle assez intéressant et valorisant, tout comme ceux de la marâtre et des deux méchantes soeurs, dont les tribulations comiques leur attirent la sympathie du public.


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haydn
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MessagePosté le: Lun Avr 16, 2007 9:37 am    Sujet du message: Répondre en citant

Article mi-figue mi-raisin de Philippe Noisette dans Les Echos de ce lundi 16 avril. Si le journaliste a comme Silk apprécié - la chorégraphie "digne du tapis rouge " (des marches du Palais des festivals, à Cannes, ndlr.), il semble plus réservé sur les prestations d'Aurélie Dupont et Manuel Legris (dont on rappellera qu'il assurait le remplacement impromptu d'Hervé Moreau) :


Citation:
Gratte-ciel et pin-up géantes sont raccord. Noureev privilégie l'action au détriment de la danse et lorgne ouvertement la comédie musicale dans l'acte II. Jouant parfois de la confusion des genres, avec une marâtre mâle (ici José Martinez), le chorégraphe excelle dans les apartés comiques où l'on croise Chaplin et Groucho Marx.

Deux méchantes soeurs irrésistibles, Laëtitia Pujol et Stéphanie Romberg, un professeur de danse bondissant, Christophe Duquenne - une révélation -, et enfin un couple vedette, Manuel Legris - un peu en retrait - et Aurélie Dupont, presque parfaite si ce n'est son registre d'expressions trop peu varié.



La critique de Philippe Noisette est ICI


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 12:13 am    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques mots sur la représentation de ce 18 avril, qui réunissait Agnès Letestu et José Martinez dans les rôles principaux, et qui aura tout d'abord été marquée par un formidable "one man show" de Stéphane Phavorin, marâtre survoltée et hilarante.

Chaque pas, chaque mouvement était l'occasion pour M. Phavorin d'inventer de nouveaux gags, de nouvelles mimiques, toutes plus drôles et expressives les unes que les autres. Pour le coup, du vrai beau cinéma hollywoodien, à la Jack Lemmon ; on en redemande! Ne manquez surtout pas les prochaines apparitions de Stéphane Phavorin dans cette Cendrillon, le spectacle se poursuit jusque lors des saluts, où le danseur nous offre une révérence sur pointes!

Agnès Letestu s'est montrée, comme lors de la précédente reprise du ballet de Nouréev, une Cendrillon convaincante, évidemment plus a son aise lorsqu'elle joue les starlettes. En souillon, elle est déjà de la graine de vedette, et son numéro de claquettes est des plus spectaculaires. Mais ce n'est plus une jeune fille pauvre qui découvre peu à peu ses talents ; on a d'emblée affaire à une étoile en pleine possession de ses moyens!

José Martinez est pour sa part apparu en grande forme, et son Acteur vedette brûlait les planches ; parfait techniquement, M. Martinez a su caricaturer avec bonheur le maintien altier qui lui est naturel, grossissant le trait là où il le fallait, mais sans se complaire dans une trivialité excessive.

Au second acte, M. Martinez a fait une entrée tonitruante, débordante d'énergie, qu'il a su ensuite canaliser dans le pas de deux final, au III, où, tout en conférant à cette scène le kitsch qu'elle requiert, il a trouvé des accents réellement poétiques et émouvants, aux côtés de Mlle Letestu, qui brillait de mille feux.

Je ne m'étendrai pas sur le Professeur de danse, incarné par Emmanuel Thibault, très "Troisième république". Nous avons eu suffisamment l'occasion de le louer lors des représentations d'avril-mai 2005, dans un rôle où il ne semble avoir à l'heure actuelle qu'un réel rival, en la personne d'Alessio Carbone, malheureusement absent des distributions cette fois ci.

La scène du "Défilé de mode" (variations des saisons) était dominée par l'explosive Mathilde Froustey dans le Printemps, et dont l'espièglerie mâtinée d'un rien de désinvolture et d'impertinence devrait faire merveille lorsqu'elle abordera le rôle de Lise dans la Fille mal gardée. Laure Muret a également réalisé une belle prestation dans l'Automne, tandis que Dorothée Gilbert, qui faisait son retour sur scène après une longue absence due à une blessure, apparaissait encore quelque peu prudente, ne voulant manifestement pas prendre trop de risques avant la captation vidéo prévue la semaine prochaine. On aura néanmoins apprécié la qualité de ses entrechats, propres et battus avec vivacité. Enfin, Sarah Kora Dayanova s'est bien comportée dans l'Hiver, sans toutefois jeter dans l'ombre Laura Hecquet, qui s'était particulièrement illustrée dans cette variation il y a quelques jours.

Le duo des méchantes soeurs était pour sa part un peu déséquilibré, survolé par une Mélanie Hurel très en verve, au détriment de Nathalie Riqué, au jeu d'actrice pourtant intéressant et inventif, mais qui ne pouvait toujours suivre le rythme infernal imposé par sa partenaire. L'ensemble formé par Nolwenn Daniel et Isabelle Ciaravola dans la distribution précédente était à cet égard plus homogène.

Karl Paquette semble pour sa part mieux employé en Prince (l'"Acteur vedette") qu'en producteur, rôle essentiellement constitué de pantomime, et dans lequel il ne dispose que d'une brève variation dans l'acte I pour faire valoir ses qualités athlétiques.

On mentionnera également le travail intéressant d'Adrien Bodet en "Prisonnier", et l'on insistera sur la bonne tenue générale du corps de ballet, où l'on remarquait tout particulièrement M. Meyzindi ce soir. L'orchestre était pour sa part un peu laborieux, et ne rendait pas toujours pleinement justice à la belle partition de Serge Prokofiev. Les deux violonistes, Paul Rouget et Paul Brie, qui se produisent sur scène au début de l'ouvrage, se sont cependant acquitté de leur tâche avec honneur.

Enfin, signalons que cette série de Cendrillon marque non seulement le retour à la scène de Nathalie Aubin, comme cela a déjà été mentionné, mais aussi de Noëmie Djiniadhis, également absente des distributions depuis un certain temps.


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sophia



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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 12:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai pour ma part assisté à deux représentations de Cendrillon depuis le début de cette série: la représentation du 13 avec Delphine Moussin et Karl Paquette et celle du 18 avec Agnès Letestu et José Martinez.

Peut-être est-il bon tout de même, avant que de parler des interprètes d'un soir, de dire quelques mots de la chorégraphie de Noureev, chorégraphie originale et authentique création, puisque Cendrillon, sur la musique de Prokofiev, n'est pas un ballet du répertoire classique et qu'il n'existe pas véritablement de version "de référence" ou de modèle incontournable dans la réappropriation chorégraphique du conte de Perrault.

Reprenant et reposant la question jadis posée par le poète, "A quoi rêvent les jeunes filles?", Noureev a donc souhaité actualiser le célèbre conte en faisant de l'héroïne une jeune fille avide de célébrité, de strass et de paillettes, et en ayant recours, à cette fin, au mythe hollywoodien, mythe moderne où se rencontrent l'éternel désir de pouvoir et l'inéluctable fascination humaine pour la beauté, quand bien même celle-ci s'avère factice et éphémère. Ce mythe hollywoodien, parodié et traité ici au second degré, se substitue par là-même au merveilleux et à l'attirail féerique du conte, et c'est ainsi que l'on voit, de manière fort symbolique, la citrouille non plus se transformer en carosse doré, mais en limousine rutilante, poupée gonflable à mi-chemin entre kitsch, burlesque et insignifiance.

Si l'actualisation possède toujours sa pertinence et se révèle a priori intéressante et judicieuse, le traitement chorégraphique, en revanche, peut prêter à davantage de réserves, tant il paraît difficile de faire se côtoyer de manière harmonieuse et la parodie, qui passe notamment par le kitsch de la mise en scène et des costumes, et la part de rêve et de merveilleux - ce premier degré assumé - inhérents au conte et dont l'histoire ne peut se départir sans se trahir elle-même, au-delà même de toute transposition.

De ce point de vue, le ballet ne présente pas toujours une cohérence nette sur un plan stylistique et/ou esthétique entre d'une part le quasi-trio formé par les deux soeurs et la marâtre (peut-être les rôles les plus réussis et les plus intéressants dans une perspective parodique affichée de manière explicite), clairement tirés du côté du burlesque, voire du grotesque ou du simiesque (plus ou moins inquiétant selon les interprètes) et d'autre part, les deux personnages principaux, Cendrillon et le Prince/L'Acteur-Vedette, qui se doivent quand même, surtout pour ce dernier, de faire coexister - tâche ô combien complexe -, pour que le ballet de Noureev prenne son sens véritable, et le rêve et le rire, et le merveilleux et le second degré...

Les interprètes vus jusque-là réussissent, me semble-t-il, à tenir en partie ce pari, bien que par ailleurs, ces deux distributions ne soient pas, à mon avis, du même niveau. Delphine Moussin est une Cendrillon très convaincante sur le plan de l'interprétation, elle possède le charme, la fraîcheur, l'ingénuité (jusqu'à quel point est-elle feinte?) du personnage; dans l'acte I, on croit certainement davantage à son personnage qu'à celui incarné par Agnès Letestu; quant à Karl Paquette, ce rôle de faux prince et de vraie vedette lui convient aussi presque idéalement. Maintenant, il faut reconnaître que le couple ne possède pas le rayonnement du duo incarné par Agnès Letestu et José Martinez et que le niveau de danse n'y était pas le même non plus lors de la représentation à laquelle j'ai assisté. Delphine Moussin, notamment dans l'acte I, semble encore assez hésitante dans ses équilibres, sa danse manque quelque peu d'élan, ce qui ne l'empêche pas par ailleurs de déployer une grande expressivité et toute la grâce, cet art de la respiration dans le mouvement, qui la caractérise. Finalement, ce soir-là, c'est le duo des méchantes soeurs campé par Nolwenn Daniel et Isabelle Ciaravola, vraiment excellentes et particulièrement à l'unisson, auquel s'adjoignait l'inquiétante marâtre d'Emmanuel Thibault, qui ont emporté tous les suffrages.

La représentation d'hier soir m'a vraiment beaucoup plu. J'émettrai tout de même quelques réserves sur le duo des soeurs interprété par Nathalie Riqué et Mélanie Hurel, beaucoup moins vivant et drôle que celui campé par Nolwenn Daniel et Isabelle Ciaravola: il me semble qu'il y a surtout là une association qui ne fonctionne pas.

En revanche, on ne tarira pas d'éloges sur la marâtre, franchement tirée du côté de la comédie (on n'arrive pas vraiment à la détester), de Stéphane Phavorin, cet authentique acteur, ce génie de la scène et de l'art dramatique! Nul doute que pour donner vie à son jeu désopilant, plein de vie, de passion et de folie, il a dû s'inspirer dans ce domaine de quelques bons maîtres du burlesque dont il est parvenu à digérer les influences dans sa manière unique, originale, et hautement remarquable d'être en scène!

En ce qui concerne les deux rôles principaux, j'ai trouvé excellente l'association Agnès Letestu/José Martinez qu'on n'avait pu voir ensemble lors de la dernière reprise. Si sa Cendrillon manque un peu d'aspérités au premier acte - un peu trop proprette -, en revanche en star(lette) de cinéma, Agnès Letestu parvient à la fois à briller et à déployer un charme ravageur, à rendre, par une désinvolture de bon aloi, un sens du jazz et du swing pourrait-on dire, la dimension ironique du ballet de Noureev. L'entrée de José Martinez à l'acte II, apparaissant en haut des marches, costumes à paillettes et cheveux gominés tel un séducteur de bastringue, était simplement fabuleuse: un numéro irrésistible alliée à un brio sans failles et à une belle virtuosité; je crois n'avoir jamais vu cette entrée aussi bien interprétée! En tout cas, José Martinez assume merveilleusement la ringardise portée par le personnage qu'il est censé interpréter et ne se contente pas de jouer au beau Prince un peu fade: il est avant tout l'Acteur Vedette, le bellâtre de service, à la séduction un peu dégoulinante, avec tout le kitsch et le second degré que le rôle doit comporter. Pour ce qui est de la seconde variation de l'Acteur Vedette dans ce même acte, la chorégraphie, qui accumule les difficultés techniques, donne presque l'impression que Noureev s'est caricaturé lui-même: difficile en l'espèce d'accorder une signification aux pas et de rendre cette variation un tant soit peu expressive. Le résultat, d'ailleurs, est assez criant: la virtuosité de cette variation, tellement anti-musicale, tombe ici complétement à plat, se dégonfle comme une baudruche, ou bien comme la limousine rose redevenue citrouille...

Dans les autres rôles et toutes représentations confondues, je signalerai les belles prestations d'Emmanuel Thibault ou de Gil Isoart dans le rôle du professeur de danse ancienne mode et quelque peu ridicule et le producteur interprété par Emmanuel Hoff, plus convaincant à mes yeux que Karl Paquette: ce sont là des rôles qui exigent un travail sur la caricature, qui passe donc par une certaine forme d'excès et d'outrance, mais aussi sur la recherche du ton juste en la matière, être vivant et immédiatement évocateur sans sombrer dans le cabotinage ou le manièrisme. Dans les variations des saisons, impossible de ne pas mentionner Mathilde Froustey vue à deux reprises, rayonnante dans ce rôle du Printemps qui lui convient si bien, à la danse déconcertante de facilité, ainsi que Laura Hecquet, mystérieux Hiver à l'allure royale. Le corps de ballet s'est plutôt bien comporté que ce soit dans les grands ensembles ou ceux plus réduits, comme celui des Heures...


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thebride



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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 1:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Jérémie Belingard était au 13h de france 2 tout à l'heure pour parler du ballet Cendrillon et de son nouveau titre d'étoile.
Vidéo consultable sur le site de France 2.


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 7:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci The Bride : lien direct vers la séquence du JT : ICI


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Sam Avr 21, 2007 10:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

Nouvelle tentative hier soir. Impossible de tenir plus de 40 minutes. Lampe de poche pour lire un livre sur les petits divans en velours rouge. Hurel, Fiat et Hecquet - quelles ballerines - et quelle galère ! - et quel ennui ce ballet ...


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sophia



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MessagePosté le: Lun Avr 23, 2007 9:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Agnès Letestu et José Martinez récupèrent toutes les représentations de Cendrillon initialement programmées avec Aurélie Dupont et Hervé Moreau dans les rôles-titre, en l'occurrence les 24, 26 et 28 avril.
Ce sont donc eux qui seront filmés pour le DVD.
Stéphane Phavorin, quant à lui, remplacera José Martinez dans le rôle de la Marâtre sur ces trois représentations.


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thebride



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MessagePosté le: Lun Avr 23, 2007 10:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pourquoi ces changements?
Blessures?


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