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Katsu
Inscrit le: 21 Déc 2019 Messages: 1328
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Posté le: Mar Mar 01, 2022 8:45 pm Sujet du message: |
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Vadim Muntagirov indique sur IG qu'il dédie son spectacle de ce soir (il danse Siegfried) à l'Ukraine.
Et je ne pars pas du principe qu'on lui a forcé la main. C'est ce que j'avais d'abord cru pour Laurent Hilaire, qui a finalement revendiqué un acte politique.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Mar Mar 01, 2022 8:53 pm Sujet du message: |
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L'un n'empêche pas l'autre.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Mar Mar 01, 2022 11:00 pm Sujet du message: |
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J'ai supprimé le message de K. Kanter, certes cynique ("l'Europe ne survivra pas à une 3ème guerre mondiale") mais pas forcément irréaliste, malheureusement.
Vu l'extrême sensibilité du sujet, je préfère néanmoins prévenir tout dérapage, même si tout cela pourra paraître insignifiant s'il y en a qui décident inopinément d'appuyer sur le bouton rouge un de ces jours... |
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3559
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Posté le: Mer Mar 02, 2022 12:52 am Sujet du message: |
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Marianela Nunez a attrapé le Covid pendant les répétitions du Lac des Cygnes et n'a pu assurer la première, Elle reste cependant programmée pour samedi soir.
Le Prince Charles a assisté à la représentation de ce soir (avec Muntagirov en Siegfried)
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Katharine Kanter
Inscrit le: 19 Jan 2004 Messages: 1415 Localisation: Paris
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3559
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Posté le: Jeu Mar 03, 2022 2:35 pm Sujet du message: |
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j'ai visionné en préparation à mon marathon de Lac des Cygnes du RB cette semaine.
Je recommande vraiment cette masterclass, pour trois raisons :
- d'abord Zenaida Yanowsky est très intéressante dans sa présentation de l'oeuvre.
- Ensuite Fumi Kaneko est décidément une danseuse superlative, vraiment fantastique dans les moindres détails.
- Enfin parce que l'enthousiasme de Federico Bonelli à danser un grand classique à 44 ans est surréaliste et constitue un bain de fraîcheur comme je n'en connais aucun autre. Il va même jusqu'à travailler en direct son solo et à demander conseil à Zenaida, alors qu'il n'en est vraiment plus à son premier Prince !
Quand on pense à tous ceux qui jettent l'éponge du classique à peine passée la trentaine, la passion de Bonelli pour cet art est réjouissante.
Ce qui rend d'autant plus triste son départ de la compagnie (et probablement la fin de sa carrière de danseur classique, vu l'agenda qui l'attend dans ses futures fonctions), après la représentation de demain.
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3559
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Posté le: Ven Mar 04, 2022 1:33 am Sujet du message: |
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Natalia Osipova était dans un état second ce soir pour son retour en Odile/ Odette après sa dernière prestation dans ce rôle en 2020. Est-ce lié au contexte géopolitique ou juste sa façon de ressentir le Cygne blanc ce soir ? Toujours est-il que dans le 2e Adage du 2e acte on l'a vue s'emparer du plateau comme jamais, dans un état quasi hypnotique, presque en transe, dessinant des volutes avec jambes et bras absolument surréalistes et fascinants - tout en restant bel et bien dans la tradition chorégraphique de cet Adage-.
S'en est suivi un malaise juste après la fin de l'acte, qui a nécessité d'allonger l'entracte d'une bonne quinzaine de minutes, à l'issue duquel Kevin 0'Hare, visiblement soucieux, a rassuré le public quant au fait que Natalia Osipova avait tenu à poursuivre la représentation.
Rétablie elle l'était visiblement, tant elle dévora à pleine virtuosité le Pas de Deux du cygne noir, tandis que son Prince Reece Clarke, phénoménal de puissance et de classe, faillit perdre l'équilibre à la fin d'une pirouette (cela a duré un dixième de seconde à peine perceptible, n'était-ce le rictus "oups" sur son visage ). Il est bon de souligner à quel point ce danseur mûrit (c'était déjà impressionnant dans Giselle cet automne) et devient aujourd'hui un artiste de premier plan, qui "compte" incontestablement au Royal Ballet et fera les beaux jours de la prochaine décennie dans les rôles de Prince. Il a tout pour cela : solidité technique, engagement, un port princier qui semble faire partie de son ADN, il est aussi partenaire attentionné, et a une sensibilité qui touche.
Soirée superlative, avec entre autres un quatuor de Cygnets d'une précision envoutante et un corps de ballet très engagé et bien en place. Public en délire aux saluts finaux, et une Natalia Osipova visiblement très émue d'être ainsi acclamée.
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3559
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Katsu
Inscrit le: 21 Déc 2019 Messages: 1328
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22087
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Posté le: Sam Mar 05, 2022 2:45 pm Sujet du message: |
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Je ne suis cela que de loin et modérément, mais beaucoup de danseurs russes ont migré vers Telegram, je pense.
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paco
Inscrit le: 28 Oct 2005 Messages: 3559
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Posté le: Sam Mar 05, 2022 4:42 pm Sujet du message: |
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Semaine de spleen et d’émotions paroxystiques au Royal Ballet : Jeudi une soirée inoubliable Osipova-Clarke, marquée par l’interprétation d’Odile/Odette d’une Osipova dans un état second, probablement le Lac le plus tragique et le plus puissant, émotionnellement parlant, que j’aie vu de ma vie.
La soirée d’hier, différente, plus classique, se termina elle aussi par un spleen magistral avec la célébration d’adieux de Federico Bonelli la plus emplie de tristesse que j’aie vue ici. Larmes de Laura Morera, embrassades émues des Principals où l’on sentait des liens d’amitié forts (Lamb, Cuthbertson, Hayward, McRae, Muntagirov, ..., tous câlinant chaleureusement leur collègue), discours de Kevin O’Hare ponctué d’interruptions sous le coup de l’émotion. Discours également très ému de Federico Bonelli. Loin de l’ambiance festive des autres adieux auxquels j’ai assisté ici (Yanowsky, Acosta ...), la soirée d’hier avait le goût d’une page qui se tournait et que personne, ni dans la compagnie ni dans le public, n’avait envie de tourner.
Prince depuis 2003, en ce sens que, comme l’a rappelé Kevin O’Hare, Bonelli a été le Prince par excellence de tous les ballets classiques programmés au ROH, par sa technique superlative, son port altier, le raffinement de son jeu, son empathie de partenaire. Federico Bonelli et le ROH, ce sont deux décennies d’un artiste incontournable des grands Tchaïkovski, de Giselle et des Roméo, Armand et Des Grieux... et c’était censé durer encore longtemps ! Ainsi, Kevin O’Hare a confirmé dans son allocution qu’il n’avait pas été question que Bonelli prenne sa retraite (44 ans pourtant), plusieurs saisons de princes étaient encore programmées. Sa nomination au Northern Ballet arrive trop tôt.
Emu, KOH a aussi expliqué qu’au-delà de ses prestations sur scène, Bonelli collaborait avec lui depuis plusieurs saisons à divers projets, éducatifs, sociaux et artistiques, pour préparer le futur du Royal Ballet et que son départ créait un grand vide, non seulement professionnel mais aussi affectif car des liens d’amitié avaient fini par se tisser (léger tremblement de la voix, quelques secondes de silence ému). Il a ensuite insisté, relayé en ce sens dans le discours de Bonelli, sur le fait que le Royal Ballet était devenu une famille et que tout départ d’un membre de la famille était un déchirement. Et re-larmes de certaines Principals sur le plateau ... Bref, ce n’était pas une ambiance de fête, malgré les fleurs par centaines et les acclamations du public debout ...
Federico Bonelli quitte donc définitivement la scène (il a confirmé qu’hier soir était son dernier soir sur une scène), et il la quitte à son zénith : 44 ans certes, mais un physique de trentenaire. Hier encore, entrechats, toupies, manèges, sauts étaient superlatifs et ont provoqué les acclamations du public. Au-delà de cette santé extraterrestre, à l’instar des grands il a encore fait évoluer son interprétation de Siegfried, plus romantique que jamais.
Tandis que la plupart des grands danseurs quittent une compagnie sur un néo-classique (Des Grieux, Onegin ...) voire une courte pièce contemporaine, et quand nombre de danseurs préfèrent ne plus danser les grands Tchaïkovski après 35 ans, Bonelli n’hésite pas à affronter Siegfried à 44 ans pour faire ses adieux. La top classe !! Et il le fait avec la fougue, la solidité technique, la sensibilité artistique et la fraicheur partenariale d’un jeunot (fantastique osmose entre lui et Fumi Kaneko).
Avec Clarke et Muntagirov et, dans une certaine mesure, Ball et Corrales, le Royal Ballet ne manque pas de jeunes princes de stature internationale pour prendre la relève et assurer la prochaine décennie. Mais le départ de Bonelli, ce sont quand même vingt ans d’histoire de la compagnie qui se terminent. C’est cela que ressentaient public et plateau hier soir.
Plateau où défilèrent Monica Mason, Alessandra Ferri, Zenaïda Yanowsky, Wayne McGregor, Darcey Bussell, Jeanetta Lawrence, Lesley Collier, ainsi que la compagnie et ses Principals au grand complet, sans compter l’épouse (ancienne First Soloist) et la fille de Federico Bonelli. Acclamations du public et jets de fleurs, mais aussi beaucoup de larmes, sur le plateau et dans la salle, car les discours de O’Hare et Bonelli étaient vraiment pleins d’humanité, très touchants.
Cette soirée marqua également les débuts de Fumi Kaneko en Odette/ Odile. Pour des débuts, c’était déjà une interprétation d’une grande maturité ! D’emblée, Kaneko s’affirme comme un grand Cygne avec lequel il faudra compter. Evidemment, après la prestation surréaliste d’Osipova la veille, si puissante émotionnellement, le contraste est un peu déroutant -et je reste pour ma part plus sensible au romantisme exacerbé d’Osipova- : Kaneko s’inscrit intégralement dans une tradition d’une grande sobriété, très académique, impeccable stylistiquement, où chaque geste est extraordinairement travaillé et maîtrisé avec une recherche du détail absolument confondante. De ce point de vue, sa capacité, en cygne blanc, à être à la fois cygne et être humain, est un émerveillement continu : tandis que le visage et le port expriment la détresse contenue d’Odette, poignets, bras, doigts de la main dessinent bel et bien un cygne dans tout ce qu’il a de majesté.
Son Odette est sculpturale, et je dirai même « sépulcrale » : nous avons devant nous une statue majestueuse dont émane une atmosphère de morbidité. Tandis que le corps est bien réel et dessine des volutes d’une saisissante beauté, le personnage, lui semble nous parler de l’au-delà. Sorte de statue du Commandeur (de Don Juan) au pays des cygnes ...
Cette vision très sombre du cygne blanc induit cependant deux petits défauts, qui seront sans doute corrigés avec le temps : d’une part on se demande comment Siegfried peut tomber amoureux d’une sculpture aussi froide, exprimant plus la mort que l’amour. D’autre part, l’orchestre adopte des tempi d’une lenteur extrême qui finit par lasser et atténuer l’impact émotionnel : le Lac des Cygnes n’est quand même pas un Requiem ! (et en comparaison de la veille avec Osipova, on voit bien que c’est la danseuse qui impose le tempo au chef et non l’inverse). Il faut également espérer que le soin apporté au détail ne se transforme pas en perfectionnisme excessif, au risque de trop brider l’émotion nécessaire à ce type de ballet (ce que je reprochais souvent à la Zakharova, et qui est aussi devenu le défaut de Nunez dans les classiques).
Son Cygne noir est, quant à lui, d’une grande juvénilité : explosion de vie, d’énergie. Le contraste est parfaitement cohérent avec sa vision du cygne blanc. La mort dans l’acte blanc, la vie dans l’acte noir. Techniquement, le Pas de Deux est du niveau des plus grandes, Osipova comprise, avec des fouettés d’une virtuosité superlative et parfaitement axés (enchaînés par des manèges fulgurants de Bonelli).
Corps de ballet magnifique. Et on ne se lasse pas de la beauté visuelle de cette production.
Mon prochain Lac ici sera au printemps avec Cuthbertson et Bracewell. Comme disent les britanniques : « can’t wait ! » ...
Quelques photos demain ...
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Sam Mar 05, 2022 11:31 pm Sujet du message: |
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Merci paco pour votre long compte-rendu.
J'ai par ailleurs supprimé un message, qui, normalement, n'aurait pas dû être considéré comme problématique, mais vu le niveau de haine accumulée, je préfère prévenir tout dérapage. |
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chien en peluche
Inscrit le: 29 Oct 2011 Messages: 1882
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Posté le: Dim Mar 06, 2022 2:32 am Sujet du message: |
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Merci moi aussi, paco, pour ces deux comptes-rendus.
Pour Le Lac d'Osipova, en regardant les photos, j'en suis vraiment émue.
Quant à Kaneko, comme elle est à la fois japonaise et danseuse principale, elle sera très probablement invitée par le NBS au gala du Royal Ballet prévu à mi-juillet au Japon.
Ajoutons que l'épouse de F. Bonelli est aussi japonaise, Hikaru KOBAYAShI, ancienne First Soloiste. Je me souviens de son entretien en japonais que j'avais lu quand elle avait pris sa retraite : Elle y racontait son expérience sur la représentation du Lac où elle avait dansé pour la première et la dernière fois, si ma mémoire est bonne, avec son mari Odette / Odile.
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Katsu
Inscrit le: 21 Déc 2019 Messages: 1328
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Posté le: Dim Mar 06, 2022 10:32 pm Sujet du message: |
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Je ne sais pas si ça avait été signalé (par paco, peut-être ?), cette répétition publique est splendide :
https://youtu.be/heqmzdNmQpw
Fumi Kaneko/Frederico Boneli dans le Lac.
La partition de Tchaikovski est tellement belle au piano.
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haydn Site Admin
Inscrit le: 28 Déc 2003 Messages: 26517
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Posté le: Dim Mar 06, 2022 11:46 pm Sujet du message: |
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La musique d'orchestre de Tchaïkovski est toujours écrite pour le piano d'abord, puis instrumentée. Et ça se sent effectivement. Haydn ou Mahler composaient "sur table", et couchaient directement la partition d'orchestre sur le papier,, telle qu'ils l'entendaient dans leur tête, sans passer par l'étape du piano. Et leurs œuvres passent mal la rampe de la réduction pour le clavier (même si Wagner, admirateur assez inattendu du maître d'Eisenstadt, se délectait de jouer les symphonies londoniennes au piano à quatre mains avec sa chère Cosima). |
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