Nouvelles du Royal Ballet / News from the Royal Ballet

[paco]

Pendant que Haydn et Sophia ont la chance d’illuminer leur automne pétersbourgeois avec la Giselle de Novikova, ici à Londres le Royal Ballet est déjà entré en hibernation avec le spectacle le plus interminablement ennuyeux que j’aie vu depuis longtemps.

On se demande pourquoi le RB a voulu exhumer Anastasia de McMillan, si ce n’est probablement pour faire plaisir à Natalia Osipova qui devait rêver de travailler ce rôle qui semble, il est vrai, taillé sur mesure pour sa personnalité.

Car il faut toute l’érudition ballettomane d’un Clement Crisp pour s’enthousiasmer face à ce pensum vide de tout contenu dramatique. Le célèbre critique britannique a en effet décerné 5/5 à ce spectacle, là où le reste de la presse britannique s’est contenté d’un modeste 3/5, « pour Osipova et rien que pour elle », là où personnellement je ne vois rien à sauver en dehors du professionnalisme de la compagnie.

Certes un historien se régalerait de voir McMillan créer, au 3e acte, la Giselle de Mats Ek plusieurs années avant celle-ci. On perçoit même, dans ce même acte, du Pina Bausch avant l’heure dans ces longues scènes non dansées, plus proches du théâtre que de la danse proprement dite (je pense ici à « Victor »). Il est vrai que, pour ces aspects inattendus chez McMillan et inédits dans ses grands ballets célèbres, on peut comprendre (j’allais dire « pardonner ») que le RB tienne à conserver cette œuvre au répertoire.

Mais passé ce côté historiographique, très sincèrement des danseuses dans un asile de fou gesticulant bras et torse dans tous les sens pour mieux montrer qu’elles sont folles à lier, aujourd’hui on en a vu des dizaines au Sadler’s Wells ou au Théâtre de la Ville et l’effet de surprise est tout à fait inexistant. C’était sans doute moderne à l’époque de la création d'Anastasia, c’est du très banal pour le spectateur de 2016.

Mais au moins y a-t-il ce 3e acte, qui permet à Natalia Osipova d’enthousiasmer le public par un numéro de composition absolument parfait. Certes à aucun moment je n’ai été « pris » par ce qu’elle a fait, mais il faut reconnaître qu’elle était impliquée à fond dans le rôle et que tout, de l’orteil à l’ongle en passant par les cheveux et le torse, absolument tout reflétait à la perfection et avec un naturel incontestable les mille spasmes du personnage principal à ce moment-là. En voyant cette prestation, on se dit que Mats Ek aurait eu en Natalia Osipova sans doute LA Giselle de sa vie…

Quant aux deux actes qui précèdent, mon Dieu quel pensum !! Le 1er acte, qui se déroule sur le yacht du tsar, est un prétexte à numéros de divertissement et rien d’autre. Pourquoi pas, mais manèges et sauts, de facture très classique, d’un classique plus proche de Petipa que des R&J ou Manon du même McMillan, s’enchaînent sans véritable fil conducteur, sans aucune trame dramatique, sans logique. Il ne se passe absolument rien, on assiste à une brillante carte postale – quoique « brillante » soit un terme exagéré pour un corps de ballet et des solistes qui semblaient si peu convaincus et si peu concernés ce soir…-, mais la carte postale entre par un œil et ressort par l’autre et hop, c’est l’entracte et « quoi ? Seulement 35 minutes de passées ? Cela m’a semblé 1 heure tellement c’était soporifique… ». Quelques clapotis très brefs dans la salle et vite tout le monde au bar…

Le 2e acte (un bal chez le tsar, mon dieu quelle trame originale !!!) nous réveille un peu grâce à un Pas de Deux – pur divertissement là encore- où Marianela Nunez brille comme jamais, au point de ravir, l’instant d’un acte, la vedette à Natalia Osipova. Puis on se rendort, on ne se sent pas un seul instant concernés par ces révolutionnaires qui s’agitent sur une chorégraphie plus proche des clichés de danses folkloriques (genre danses des Chœurs de l’Armée Rouge de mon enfance) que d’une réelle trame dramatique. Quelques clapotis très brefs dans la salle et vite tout le monde au bar. « Oh là là, seulement 35 minutes là encore, cela m’a semblé tellement long ». « Reste, tout le monde dit que le 3e acte est fabuleux et que c’est THE show de la Osipova ». Bon ok, on reste…

Puis vient ce 3e acte à mi-chemin entre Mats Ek et Pina Bausch. Passé le premier quart d’heure d’intérêt historiographique on commence à regarder sa montre, "vivement que tout cela se termine". Sur scène Osipova se déchaîne comme elle sait le faire, avec passion, conviction et bien entendu une aisance technique ahurissante. Mais que le temps est long !!

Car en plus, McMillan a choisi comme soutien musical les pages les plus fades de Tchaikovski et les moins inspirées de Martinu. Quel ennui décidément…

Au final, on ne saurait reprocher au RB de maintenir le souvenir d’un certain répertoire, mais espérons que cela soit à petite dose…

A noter – rien à voir avec la partie artistique- qu’il régnait ce soir un courant d’air glacial au Paul Hamlyn Hall ainsi que dans les couloirs des premiers étages (pas dans la salle fort heureusement). Je ne sais si c’est dû aux travaux en cours mais c’est très désagréable et source de gros rhumes…

[sophia]

Merci Paco. J'étais tentée d'aller voir le ballet, à la fois par curiosité et par intérêt pour le sujet (même si l'argument est aujourd'hui complètement daté) - et puis Ossipova quoi! -, mais je saturais un peu après mes pérégrinations en Russie...

[sophia]

Liam Scarlett rejoint le Queensland Ballet comme conseiller artistique en 2017. Il reste toutefois artiste en résidence au Royal Ballet.
http://www.roh.org.uk/news/liam-scarlett-to-become-artistic-associate-of-queensland-ballet-in-2017

Et puisqu'on parle du Queensland Ballet, "notre chère" Lou Spichtig (finaliste à Lausanne, médaillée d'or junior à Varna, classée au concours externe de l'ONP...) vient d'en rejoindre les rangs.
https://www.queenslandballet.com.au/about/our-team/dancers/lou-yaa-spichtig

[paco]

[sophia]

Le ROH diffusera en direct le 22 novembre une répétition publique de La Belle au bois dormant : http://www.roh.org.uk/news/watch-rehearsals-for-the-sleeping-beauty-to-be-livestreamed-on-22-november-2016

[Lise]

Profitant d’un week-end à Londres, je suis allée voir Anastasia la 12 novembre. Je souscris aux commentaires de Paco et notamment au principal : oui à entretenir le répertoire, mais ce ballet n’a rien de mémorable qui mérite qu’on le fasse revivre.
Le sujet est intéressant et pourrait être une bonne source d’inspiration pour des ballets, mais ici il n’est pas mis en valeur par la structure du ballet.

Deux premiers actes qui décrivent la vie joyeuse du tsar et de sa famille, malgré la situation politique. Quelques jolis morceaux de danse mais un manque tel d’intrigue que les danseurs eux-mêmes ne semblent pas savoir pourquoi ils dansent par moment.
Principal point positif : les décors du 2ème acte que j’ai trouvé très travaillés.

Le 3ème acte commence par une (longue) vidéo d’images d’archives de cette période, et notamment celles de soldats fusillant des hommes. Dans le cadre d’un ballet, où il n’était pas précisé d’âge minimum pour les enfants, j’ai trouvé ça déplacé. Ensuite la partie dansée de cet acte m’a fait clairement penser à du Mats Ek en avance, notamment à la Maison de Bernarda.

Les spectateurs ont semblé avoir du mal à se mettre dans ce ballet, très peu d’applaudissements à la fin du 1er acte, un peu plus au 2ème, et des rires pour la dernière image du 3ème !

Quant aux danseurs : Laura Morera a une bonne technique et est très dynamique. Parfois un peu trop, le travail des bras et du dos s’en ressentent. Quelques disparités de niveau dans le corps de ballet ce soir là, mais de bons éléments. Mention spéciale également pour la tsarine interpretée par Kristen McNally.

Enfin, c’était ma première découverte du Royal Opera House, et quelle suprise ! J’ai beaucoup apprécié l’ambiance lors des entractes, avec les restaurants, les bars, etc. L’Opéra de Paris peut en tirer quelques idées pour améliorer l’expérience des spectateurs.

[sophia]

En direct, répétition de La Belle : https://www.youtube.com/watch?v=Kl-zGm4UWEs

Avec notamment :
Monica Mason, Kristen McNally, Olivia Grace Coley (répétition de Carabosse), Samantha Raine, Anna Rose O'Sullivan, Tierney Heap (répétition des variations des fées)

[paco]

Rappel : ce soir retransmission cinéma de Casse-Noisette, distribution Hayward-Campbell-Cuthbertson-Bonelli.
Ceux qui comme moi ont zappé cette énième reprise semblent avoir eu tort, la presse et les différents blogs ne tarissent pas d'éloges sur les distributions de cette année, apparemment cette reprise est enthousiasmante.
(Ce ballet est représenté tous les ans au RB, et affiche inlassablement complet tous les soirs dès le jour d'ouverture des réservations, on a l'impression qu'ils pourraient programmer 60 représentations de Casse-Noisette chaque année ça serait quand même complet...)....

[sophia]

Et pour enfoncer le clou (je l'ai également signalé dans le fil TV) :
Un documentaire de 90' sur les "coulisses" du Casse-noisette du Royal Ballet sera diffusé sur la BBC le jour de Noël.
http://www.roh.org.uk/news/bbc-to-broadcast-behind-the-scenes-nutcracker-documentary-during-christmas-2016

[paco]

Lauren Cuthbertson et Federico Bonelli ont été absolument sublimes ce soir. Leur Adage, d'un lyrisme et d'une sensualité à tomber, est parvenu à distiller cette sorte de nostalgie qui touche directement le coeur, au point que l'Amphithéâtre a commencé à vrombir d'ovations avant que l'orchestre n'ait le temps de jouer les accords qui terminent cet Adage.

A leurs côtés, Francesca Hayward et Alexander Campbell sont idiomatiques à souhait (rappelons que dans cette version il y a deux "couples" : la jeune Clara et Casse-Noisette, qui dansent pendant les deux actes y compris, au 2e acte, des figures relativement virtuoses, et le couple constitué de la Fée Dragée et du Prince qui ne dansent que le Pas de Deux). Au-delà d'un physique idéalement adapté à leurs rôles et d'un plaisir évident à interpréter leurs personnages juvéniles, ces deux artistes ont été renversants de légèreté et d'aisance technique (notamment des portés particulièrement aériens).

Pour les Danses de caractère, le Royal Ballet avait réuni, retransmission oblige, une large partie de la crème de la troupe aujourd'hui : Sambé, Acri, Dyer, Stepanek, Mendizabal, Edmonds, Clarke, Hay, Kay, Choe, Stix-Brunell, ... Difficile de détailler chaque numéro : pour certains on a vu mieux lors de reprises précédentes, pour d'autres au contraire c'était remarquable (Sambé et Acri dans la Danse chinoise notamment, mais pas que).
Juste dommage que la direction d'orchestre ait été assez molle, avec des tempi inhabituellement lents tout au long de la soirée.

Je dois avouer que je me suis rapidement laissé hypnotiser par l'ambiance générale qui se dégage de ce spectacle, par ces danseurs qui débordent d'énergie et de lyrisme à la fois. On était comme dans un rêve, c'était beau, aérien, un peu irréel,... (non je n'ai pas fumé de champignons avant la représentation

Le nonagénaire chorégraphe Peter Wright est venu saluer à la fin, recueillant comme il se doit les houra du public, public particulièrement en liesse ce soir, on sentait l'ambiance "Christmas Parties" qui caractérise Londres les semaines précédant Noël.

[paco]

Petit changement de distribution passé inaperçu : Mara Galeazzi effectue un retour au RB lors de la reprise de Woolf Works en janvier (elle alternera avec Alessandra Ferri, qui avait créé ce ballet il y a deux saisons).

[sophia]

Zenaida Yanowsky fera ses adieux au Royal Ballet en juillet 2017 après 22 ans passés dans la compagnie.
http://www.roh.org.uk/news/zenaida-yanowsky-to-retire-from-the-royal-ballet

[Alexis29]

Jolie représentation de Sleeping Beauty hier soir à Covent Garden.

Les observateurs disent que le Royal Ballet ne s'est jamais mieux porté qu'en ce moment. Son directeur Kevin O'Hare privilégie les talents issus de l'école et ils sont nombreux à tous les échelons de la compagnie.

Les anciens lauréats du Prix de Lausanne sont également très bien représentés comme hier soir où le rôle d'Aurore était assuré par Yuhui Choé et celui du prince par Ryoichi Hirano.

Mais la véritable ballerine de la soirée était Yasmine Nagdhi qui dansait la princesse Florine, elle a tout pour elle et devrait aller loin.

La série de Sleeping Beauty ne fait que commencer et les danseurs alternent en ce moment cette production avec celle de Nutcracker. Ils avaient deux spectacles aujourd'hui !

[paco]

[sophia]

Le ROH a diffusé en direct, il y a trois jours, une répétition publique de Woolf Works, avec Mara Galeazzi, Matthew Ball et Ed Watson.

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