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haydn Site Admin
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Posté le: Lun Mai 13, 2013 11:09 am Sujet du message: Die Puppenfee (1888) à Saintes (Charente-Maritime) |
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A signaler cette initiative intéressante d'Emmanuel Roy, qui dirige la classe de danse au Conservatoire de Saintes, près de La Rochelle, en Charente-Maritime :
Avec ses élèves, il a remonté un classique du répertoire chorégraphique germanique du 19ème siècle, La Fée des poupées (Die Puppenfee), créé à l'Opéra de Vienne en 1888. L'argument rappelle assez fortement celui de Coppélia.
http://de.wikipedia.org/wiki/Die_Puppenfee
Avec « la Fée des poupées », Emmanuel Roy relève le défi du ballet classique, par Dominique Pariès (Sud-Ouest) |
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Lun Mai 13, 2013 5:06 pm Sujet du message: |
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Les frères Legat ont monté à Saint-Pétersbourg, en 1903, une nouvelle version de La Fée des poupées pour Mathilde Kchessinskaia, avec des musiques additionnelles de Riccardo Drigo. On trouve le pas de trois sur le DVD Kirov Classics avec (les tout jeunes) Larissa Lezhnina, Dmitri Gruzdev et Yaroslav Fadayev.
En cherchant sur Youtube, j'ai vu que Youri Bourlaka avait remonté ce pas de trois en 2008 pour l'Opéra de Cheliabinsk. Il est d'ailleurs repris, sous la forme d'un pas de deux il me semble, dans Les Millions d'Arlequin.
http://www.youtube.com/watch?v=QhfbMqoC93o
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Lun Mai 13, 2013 8:14 pm Sujet du message: |
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Teen Lopatkina y apparaît en poupée japonaise!
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Sarra
Inscrit le: 29 Sep 2009 Messages: 276
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Posté le: Mer Mai 15, 2013 7:13 pm Sujet du message: |
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Citation: |
"P.S. Au Mikhaïlovski, il y a beaucoup d'enfants en bas âge que les parents n'hésitent pas à amener voir les ballets le soir. Certains viennent avec leurs doudous dans les mains. Pendant le spectacle, les petits qui ont du mal à suivre n'hésitent pas à questionner, les parents n'hésitent pas à répondre et les malchanceux qui sont autour n'ont qu'à subir."
Citation d'un compte rendu d'ElenaK ; mots soulignés par le rédacteur du présent message. |
"Il ne faut pas vouloir ajouter à ce qu'on a ce qu'on avait,
On ne peut être à la fois qui on est et qui on était : c'est défendu."
F. Ramuz, L'Histoire du soldat
Au début du ballet (ici : séquence 2/7 de la vidéo indiquée par Sophia), bien avant "teen Lopatkina" qui n'apparaît qu'à la fin de la séquence 4/7, une poupée -en robe et chapeau Directoire-... parle !
Elle dit : "pa-pa", "ma-man"*. C'est ravissant.
Et je me demandais si ce ravissement n'était pas, du moins pour une part, le métabolite heureux du constat d'une transgression -bien sûr, ici, dans un contexte de légèreté prédisposant fortement à cette transformation euphorisante...
Car -chacun le sait !-une ballerine, un danseur entrant en scène abandonne dans sa loge le don de s'exprimer par la parole, même réduite à la simple interjection. (J'ajouterais : abandonne même le souvenir de l'articulation par les lèvres.)
La ballerine, le danseur sur scène ne peut pas ajouter à ce qu'il a : le pouvoir d'expression par le mouvement du corps et par le mime, celui qu'il avait -encore dans les coulisses- de signifier par la parole, donc de la proférer : c'est défendu.
Elle -il- ne peut être à la fois qui elle ou il est : ballerine, danseur dans l'exercice de son art, et qui elle ou il était avant son entrée : un être "comme vous et moi", ne différant de vous ou de moi que parce que de profession ballerine ou danseur. Elle -il- ne peut pas : c'est défendu.
Certes, comme il n'est pas formellement exclu que pour chaque spectateur de ce ballet chacune des poupées dansantes soit en réalité une ballerine, un danseur, chaque spectateur donc, à l'inverse de l'enfant comprenant dans les mots de sa poupée l'expression d'une pensée ou d'un sentiment, ne perçoit dans "pa-pa" "ma-man" rien de plus qu'un autre élément signalétique du jeu -par la ballerine- d'une poupée mécanique.
Mais cet état est bien davantage signalé par les mouvements typiques, mouvements à deux degrés de liberté, perdant de l'allant à mesure de la détente du ressort et toujours restant à la fin bloqués en une posture signifiant non l'achèvement du geste mais l'épuisement de la force motrice.
En fait -et c'est là que je veux en venir-, les mots émanant de la danseuse n'ajoutent rien à notre reconnaissance de la poupée mécanique en tant que telle, sinon qu'il s'agit d'une poupée parlante, état de poupée parlante qui, puisque ce jouet est très courant aujourd'hui (et n'était pas exceptionnel à la fin du XIXème), ne peut justifier à lui seul le ravissement du spectateur contemporain -ravissement, il est vrai, que j'infère seulement du mien... J'en conclus donc qu'il pourrait provenir de la transgression (dont la brièveté fait que le ravissement ne se change pas en son contraire : le "scandale") de l'interdit de toute parole, de tout son vocal...
Et je m'interrogeais si ce genre de transgression du silence était fréquent -ou du moins : non rare...
Ma très très très restreinte expérience ne me fournit que deux exemples (en plus de celui à l'origine de cette question) : les paysannes chantant la lala la lala en quittant la scène à la fin de la Fille mal gardée version Paris, et Catherine babillant soudain dans Wuthering Heights (mais là avec un effet -pour moi en tout cas- un peu gênant : le contexte dramatique ne favorisant sans doute pas la bonne chimie...) Il y a certainement d'autres exemples -mais lesquels ?...
"(...) les petits qui ont du mal à suivre n'hésitent pas à questionner, et les malchanceux qui sont autour n'ont qu'à subir."
***
Je me demandais également si -dans la vidéo- le chaland en manteau vert (qui entre en majestueux bourgeois) n'était pas Dmitri Korneiev, le répétiteur vu dans les spectacles pour la jeunesse diffusés l'an passé par le Mariinsky... Il me semble reconnaître un peu son visage, derrière la barbe. D'un moment de l'âge adulte à un autre (Dmitri K. devait être à l'époque un danseur en fin de carrière, ne jouant plus que les rôles de caractère), un visage change sans doute moins que de l'âge qu'avait alors "teen Lopatkina" à celui de la prima ballerina d'aujourd'hui, même si dans l'absolu elle est toujours jeune.
*Mais elle ne pleure pas quand elle tombe, comme paraît-il savaient le faire certaines poupées Jumeau avant même 1900 : car si une ballerine peut parfois chuter -et pleurer en coulisses-, une poupée mécanique dansant sur scène ne tombe jamais : c'est défendu.
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sophia
Inscrit le: 03 Jan 2004 Messages: 22163
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Posté le: Mer Mai 15, 2013 7:52 pm Sujet du message: |
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Sarra a écrit: |
Et je m'interrogeais si ce genre de transgression du silence était fréquent -ou du moins : non rare...
Ma très très très restreinte expérience ne me fournit que deux exemples (en plus de celui à l'origine de cette question) : les paysannes chantant la lala la lala en quittant la scène à la fin de la Fille mal gardée version Paris, et Catherine babillant soudain dans Wuthering Heights (mais là avec un effet -pour moi en tout cas- un peu gênant : le contexte dramatique ne favorisant sans doute pas la bonne chimie...) Il y a certainement d'autres exemples -mais lesquels ?... |
"A l'abordage!" [Le Petit Corsaire, interprété par Maria Alexandrova (chor. Petipa / reconstr. Ratmansky-Burlaka) - 1'52], avec accent russe de rigueur, plus ou moins marqué selon les ballerines.
Citation: |
Le Petit Corsaire
For his revival of Le Corsaire in 1868, Petipa inserted a new Pas de caractéristique to the music of Pugni into the second scene of act I. This piece came to be known as Le Petit Corsaire (The Little Corsaire). In this number the heroine Medora performs a dance with a prop megaphone while imitating and costumed as a corsaire. During her dance, the character Medora uses mime to express the following: "I have no moustache, but nonetheless my heart is as strong as a mans!". The variation ended with the Ballerina shouting in french "Au bord!" [sic], a nautical command given by corsaires before plundering another vessel.
Le Petit Corsaire went on to become one of the most celebrated passages of Le Corsaire. In her famous biography Theatre Street, the legendary ballerina Tamara Karsavina (who made her début in the role of Medora at the Mariinsky Theatre in 1909) gives an account of this dance:
“ She seems to say by her frolicsome dance: "Alas, I have no moustache, but my heart is as valiant as a man's own." A never-failing effect comes at the end [of the pas]; Medora, through a speaking trumpet, cries words of nautical command ["Au bord!"]... From there the logical conclusion was not to apologize for want of a moustache, but to pull fiercely at an imaginary one. ”
A performance of Le Petit Corsaire was one of the first pieces of the art of ballet to ever be filmed. It was Alexander Shiryaev (1867-1941)—famous character dancer and Ballet Master to the St. Petersburg Imperial Theatres—who was responsible for filming the anonymous dancer in this piece during the early 20th century. Shiryaev was the grandson of Cesare Pugni, who composed the music for Le Petit Corsaire.
Source : http://www.thefullwiki.org/Le_Corsaire |
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Sarra
Inscrit le: 29 Sep 2009 Messages: 276
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Posté le: Mer Mai 15, 2013 9:30 pm Sujet du message: |
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Merci Sophia ! C'est marrant comme tout ! Je note d'ailleurs que chaque commentateur de cette "petite corsaire" évoque avec joie l'instant où Maria Alexandrova lance crânement -même sans moustaches ! - : "À l'abordage"... Ce qui me renforce dans l'idée qu'un tel bref inattendu (parce que transgressif acceptablement -d'autant plus acceptablement dans ce contexte d'enthousiasme) arrime au grappin notre contentement, et tranche toujours la drisse du pavillon tristesse.
Masha paraît en être toute ravie elle-même !
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P.-S. du 16/05, 03h -après lecture de la réponse de MikeNeko, ci-dessous.
Merci pour cet autre exemple, MikeNeko ! J'avais pourtant regardé les vidéos de Moïdodyr (il y a quelques mois, quand on en parlait ici), mais je ne me rappelais plus ce détail de l'exubérance générale, à la fin...
Si avec ces quelques cas on amorce une typologie, une catégorie pourrait donc être : "la joie finale", levant l'interdit (et par là même, dans une sorte de spirale d'accrétion, augmentant cette joie qui le lève)...
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P.-S., 19/05
Repensant au Pas de la petite corsaire (cet accident : penser, n'étant pas rare à certains moments de la vie : rasage, séance de repassage, insomnie), repensant donc à l'exemple donné par Sophia en réponse à mon interrogation, je me disais qu'à la réflexion il ne pouvait s'achever que par cette rupture de l'impératif du silence vocal propre au ballet... Et, cet impératif préservant par essence du pressentiment de sa propre effraction, que le génie de Petipa s'était ici marqué à faire en sorte que le Pas de la petite corsaire conduise à cette rupture, tout en mettant dans l'esprit du public le cheminement ascendant vers un apex semblable en culmination d'un enthousiasme de même nature (c'est-à-dire : un "épique" -une "furia"- humoristique) mais bien sûr ne transgressant pas les règles tacites du ballet. Autrement dit : en orientant l'attente du public vers une pantomime finale pareille à celles où Medora montre -dessinant du doigt dans l'air un cœur géant- que son courage est "grand comme ça", et -porte-voix à la verticale- sa voix assez forte pour être entendue des gabiers de perroquet ; ou bien vers une brève coda chorégraphique (si le terme "coda" n'est pas ici totalement impropre) de bravoure-fantaisie.
Le cri "À l'abordage !" provoque alors en nous la même petite secousse que le changement de voie à un aiguillage soudain ; tout comme il ne faut là qu'un instant pour "revenir de la surprise" et comprendre que l'on est toujours sur les rails de la bonne destination (ce d'autant plus s'il s'agit d'un train d'attractions, de "foire aux manèges", où la seule destination -ensemble parcours et arrivée - est notre réjouissance...), notre surprise ici ne dure que le temps de se transformer en compréhension que cette transgression est l'image même de l'instant de l'abordage pour un corsaire : ce moment suprême où il quitte son bord (parfois en "brûlant son vaisseau") pour celui dont la conquête est à la fois vitale et plus qu'incertaine...
"À l'abordage !" est certes une "harmonie imitative" (pour utiliser le vocabulaire de l'analyse de texte), puisque c'est le commandement littéral du capitaine corsaire ; ce cri peut donc être considéré, après tout, comme rien d'autre qu'un élément de pantomime. Mais il est davantage encore (bien plus ! beaucoup plus !) une "harmonie suggestive", puisque Petipa choisit de rendre le franchissement du plat-bord par le franchissement de l'interdit des mots. C'est, si l'on veut, un super-figuralisme épatant...
Que nous en ayons pleinement conscience ou non, notre ravissement naît de là (tout comme dans le trait d'humour le rire provient -c'est connu- de la résolution de l'écart perçu entre une logique attendue et une autre, inattendue, dont nous comprenons dès la sensation du changement de voie qu'elle est également logique, mais d'une logique "parallèle" -ce qui ne prend que le temps que notre esprit sursaute à l'aiguillage : cette secousse induisant le réflexe cérébralo-physiologique du rire)...
Et, de même -dans un tout autre ordre de choses mais où sont convoquées des constantes de comportement similaires- que nous baissons chaque fois la tête en passant en voiture et sans trop ralentir l'entrée calculée au plus juste du parking souterrain : alerte perpétuellement injustifiée dont la constance nous ravit "quand on y pense", à ce moment où Médora crie "À l'abordage !", et comme l'indique l'auteur(e) de l'article wiki cité par Sophia, notre bonheur ne manquera jamais...
Dernière édition par Sarra le Dim Mai 19, 2013 9:19 pm; édité 2 fois |
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MikeNeko
Inscrit le: 27 Nov 2012 Messages: 556 Localisation: IDF
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