haydn Site Admin
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Posté le: Ven Aoû 18, 2006 7:33 pm Sujet du message: Symphonies de Haydn (le vrai!) |
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Une lectrice de Dansomanie m'a posé par message privé une question concernant les interprétations des Symphonies de Joseph Haydn, dont elle est devenue fan après avoir acquis un disque.
Deux vraies intégrales sont disponibles aujourd'hui dans le commerce, celle, déà ancienne (1970-74), d'Antal Dorati avec le Philharmonia Hungarica, et celle, nettement plus récente (1999), d'Adam Fischer, avec la Österreichische-Ungarische Haydnphilharmonie (un ensemble en fait constitués de musiciens de l'Orchestre de la radio de Budapest et de l'Opéra de Vienne). Les deux coffrets sont vendus à tarif réduit, le premier chez Decca et le second chez Brillant Classics, qui a racheté les bandes à l'éditeur original, Nimbus, après que celui-ci eût fait faillite. Comptez quand même environ 100 € dans les deux cas, mais pour 33 disques à chaque fois.
Question interprétation, les deux intégrales sont de très bon niveau, même s'il y a forcément certaines symphonies plus ou moins bien réussies. En plus, même pour les enregistrements de 1970-74 (Dorati), la prise de son est très belle, sans effets inutiles. Decca et Brillant ressortent périodiquement des coffrets regroupant seulement une sélection de ces symphonies, à des prix évidemment plus abordables (20-30€)
En disques séparés, quelques autres enregistrements sont hautements recommandables, et tout d'abord ceux réalisés par Béla Drahos, avec le Nicolaus Esterhazy Sinfonia (encore des transfuges de l'orchestre de la Radio de Budapest). Vous trouverez, à prix imbattables (7 €, si vous ne faites pas partie de ceux qui croient qu'un disque est meilleur parce qu'il coûte plus cher, n'hésitez pas une seconde), des disques regroupant les symphonies :
N° 27, 28, 31
N° 50, 51, 52
N° 53, 86, 87
N° 64, 84, 90
N° 66, 67, 68
N° 69, 89, 91
N° 70, 71, 73
N° 72, 93, 95
N° 97, 98
Orchestre excellent - rien ne vaut les musiciens hongrois dans Haydn - dynamique, mais sans excès.
A mentionner encore, deux coffrets qui réapparaîssent périodiquement chez Philips, l'un avec une partie des symphonies "à titre" (Le Philosophe, L'Appel du Cor, Le Mercure, Funèbre, Les Adieux, Maria Theresia, La Passione, Le Maître d'école, Le Feu, Le Distrait, La Chasse, L'Ours, La Poule, La Reine, Oxford, La Surprise, Le Miracle, Militaire, Horloge, Roulement de timbales et Londres), et l'autre avec les symphonies "parisiennes" (N°82-87) où l'on retrouve d'ailleurs L'Ours, La Poule et La Reine, dirigées par Neville Marriner, à la tête de l'Academy of Saint-Martin-in-the-Fields. Là aussi, du très bon travail, même si les cordes graves (violoncelles et contrebasses) sont un peu faibles et s'il faut aimer le coloris très "sucré" des flûtes et des hautbois anglais. Les cordes aiguës et les cuivres sont en revanche de tout premier ordre.
A réserver aux mélomanes avertis, qui s'intéressent à l'histoire de l'interprétation, un coffret de symphonies (N° 44, 49, 55, 80, 88, 92-104) enregistrées dans les années 50 par Hermann Scherchen avec l'orchestre de l'Opéra de Vienne.
En revanche, personnellement, les symphonies gravées par Nikolaus Harnoncourt, me donnent de l'urticaire. Le chef autrichien a une fâcheuse propension à transformer en musique militaire tout ce qui lui passe sous la baguette, et les tempi, notamment pour les menuets sont abérrants (menuet proprement dit pris à une allure hystérique, et ralentissement injustifié dans le trio).
Encensées par la critique, mais largement surfaites, il y a aussi les versions de Colin Davis, avec, comme Harnoncourt, l'orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam. Quelques belles réussites tout de même dans le tas, comme les N° 86, 87, 90, 91, 98, 101 et 102. Ratage complet en revanche pour les N° 93, 94, 95 et 97 notamment.
Autres horreurs portées aux nues par la presse spécialisée, les symphonies "Londonniennes" (92-104) par Eugen Jochum, d'une légèreté éléphantesque... Idem pour celles de Thomas Beecham avec le Royal Philharmonic. En prime quelques fantaisies, comme la présence incongrue d'un orgue à la place du clavecin solo dans le finale de la 98ème. Mais si vous tenez à l'exotisme...
Personnellement, j'éviterais aussi toute une série de versions "baroqueuses" et sans grand intérêt lorsqu'elles ne sont pas franchement mauvaises : Roy Goodman, Ton Koopman, Frans Brüggen, Christopher Hogwood... En plus, elles sont généralement vendues au prix fort.
Sinon, il ne faut pas oublier les disques de Simon Rattle, avec le City of Birmingham Symphony Orchestra qui regroupent les n° 60, 70, 90 et n° 22, 86, 102, de très bonne facture et qui satisferont les amateurs de Haydn "à l'anglaise". Attention, comme tous les disques Virgin-Emi, ces albums (à prix réduit) sont blindés de machins anti-copie (merci la loi DAVSI) qui peuvent même vous empêcher de lire les cd originaux sur certains ordinateurs.
Pour terminer ce tour d'horizon, signalons les symphonies parisiennes et londoniennes enregistrées par Karajan à Berlin, publiées en 1995-96, correctes mais sans plus (il y a aussi un vieux disque Decca, très bon, réunissant les n°103-104 gravées à Londres, avec, suite à une erreur de montage de la bande, un temps de silence qui manque dans la seconde partie du menuet. Même gag d'ailleurs avec la n°70 par Dorati, où là c'est à la fin de l'exposition du 1er mouvement qu'un silence a été caviardé...) et, toujours les Parisiennes et les Londoniennes par Bernstein avec le New York Philharmonic : les tempi sont souvent d'une lenteur qui confine à la caricature (n°98...), mais on peut tout de même recommander les n°82, 93 et 94. Soit dit en passant, si vous voulez vraiment apprécier l'art de Leonard Bernstein dans Haydn, mieux vaut vous rabattre sur les excellents enregistrements de la Création et de la Paukenmesse avec l'orchestre et les choeurs du Bayerischer Rundfunk.
Voilà pour cette petite excursion hors de l'actualité chorégraphique...
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