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Giselle, 8-30 décembre 2006
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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
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MessagePosté le: Mer Déc 27, 2006 1:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Hughes de la correction pour cet impardonnable faux-ami. J'ai rendu compte, semble-t-il, un peu trop vite de l'article de Marc Haegeman...
Difficile aussi de résumer le propos sans transformer la pensée d'un auteur, notamment en taisant certains points, d'où les longues citations que je fais!


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F. de l'O.



Inscrit le: 31 Mai 2006
Messages: 38

MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2006 5:15 am    Sujet du message: Répondre en citant

La représentation d'hier (26 décembre) aura permis de changer en conviction une intuition d'ordre ontologique. Ici, pourtant, nul écho...
Le silence des spécialistes donne en soi (par ce que l'on peut deviner de transcendantal en ses raisons, par le trouble atterré qu'il traduit -car ils sont évidemment dans le secret) l'importance de cette révélation.
Elle eut lieu à la fin de l'entracte. La salle se remplissait, mais les venues étaient contrariées par quelques allées encore. Dans la physique des particules de l'attention, Brown était toujours roi.
C'est alors que le rideau fut levé par un machiniste impie (qu'on ne le cherche plus : il est actuellement au troisième dessous, entre un portant et le décor du Roi de Lahore). La scène était sombre, mais il y avait, tombée on ne sait d'où, un peu de lumière bleue parmi beaucoup de nuit. Et, au sein de l'ombre, ceux des yeux qui se trouvaient dirigés là purent entrevoir une réunion de danseuses très penchées vers le sol, comme agenouillées certaines... Incantations... Tracés de signes obscurs... En un mot : ce que le Mystère a, depuis la première aube après la première nuit des temps, daigné laisser supposer de ses dehors.
Les consciences éveillées par leurs yeux comprirent que ceux-ci avaient vu ce que nul oeil humain ne doit voir, et qui avait trait à la bonne marche du monde allant sous peu renaître -un secret cosmogonique.
Les danseuses devinèrent, au-delà du rideau dont elles constatèrent surprises l'imprévu lever, des yeux sur elles. Stupéfaites comme les suivantes de Diane quand survint Actéon, elles poussèrent un cri -comme elles. Et s'enfuirent d'un seul élan -l'élan même de Daphné quand survint Apollon, attesté par les oeuvres des peintres.
Qu'un regard baissé, ou porté ailleurs, eût été attiré là par le cri : rien... Si vite qu'il fût venu : rien... Plus rien que la scène vide, vaguement couleur bleu nuit. Mais pour les autres, ceux qui avaient vu, le machiniste eut beau laisser le rideau s'attarder sur le vide, comme pour tenter de prouver, avec l'irrationnelle véhémence d'un désespoir atroce, qu'il n'y avait jamais eu là rien d'autre que ce vide, « c'était trop tard »...
Nous avions compris, à l'élan pareil à celui même de Daphné, et surtout à ce cri sorti de bouches qui en ce lieu, jamais, jamais ne profèrent le moindre son, que les danseuses n'étaient pas des mortelles comme nous, qu'elles étaient d'essence divine...
Jeunes filles, jeunes garçons qui vous intéressez à la danse, vous croiserez peut-être, en ville, Marie-Solène, Laura, Myriam, Béatrice, Alexandra, Charlotte, Eléonore, Sofia, Aubane, Ninon ou Amandine... Faites très soigneusement semblant de croire qu'elles sont Marie-Solène, Laura, Sofia, Ninon ou Amandine.
Il en va de votre vie dans le monde après celui-ci.




Dernière édition par F. de l'O. le Mer Mar 28, 2007 7:03 pm; édité 2 fois
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haydn
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Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2006 10:54 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci F. de l'O de nous avoir rendu compte avec quelque facéties de cet incident que j'avais oublié de mentionner. Vous êtes en tout cas d'une coupable mansuétude avec le machiniste félon, qui doit être aux fers au 5ème dessous, à batailler les pieds entravés avec le fantôme du Vieux Klingsor, comme dirait Claude de France.

Cela nous a valu une vision de la scène un peu insolite, avec ça et là quelques étranges fumerolles, le brouillard censé cacher aux regards indiscrets les coupables activités des joueurs de dés n'ayant pas encore pris possession de la totalité du plateau...


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danse-0pera



Inscrit le: 29 Nov 2006
Messages: 406

MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2006 3:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Shocked Navrée mais je n'ai pas compris quel incident s'est déroulé à Garnier !!! Laughing


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haydn
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Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2006 3:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Rien de bien grave, simplement le rideau a été levé trop tôt par les machinistes avant le début du second acte, alors que le décor et les danseurs n'étaient pas encore totalement prêts.


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chrysantheme



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Messages: 507

MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2006 4:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mathieu Ganio remplacera ce samedi 30 décembre aussi. J'espère que il y a rien à grâve pour Benjamain....


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haydn
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Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2006 5:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tant mieux pour Mathieu Ganio, mais c'est un peu dommage pour Benjamin Pech ; Pierre nous avait dit le plus grand bien de son Albrecht. Rolling Eyes


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2006 5:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et ce soir, comme le 26, Emmanuel Thibault dansera le pas de deux des paysans aux côtés d'Alexandra Cardinale, en remplacement d'Alessio Carbone, initialement prévu.

Tous ces changements ont été officialisés sur le site de l'Opéra.


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Aurélie



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MessagePosté le: Jeu Déc 28, 2006 6:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oserai-je dire que ces changements étaient quelque peu prévisibles?


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doudou



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MessagePosté le: Ven Déc 29, 2006 10:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

Aurélie a écrit:
Oserai-je dire que ces changements étaient quelque peu prévisibles?

Osons, soyons fous ! Very Happy


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haydn
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Messages: 26517

MessagePosté le: Sam Déc 30, 2006 11:29 am    Sujet du message: Répondre en citant

Comme la presse nationale boude ostensiblement, il faut se tourner vers les médias régionaux pour trouver quelques critiques des derniers spectacles de l'Opéra de Paris. Ainsi, celle de Robert Pénavayre, sur www.classictoulouse.com, que Karl Paquette a fait chavirer :

Citation:
Aurélie Dupont et Manuel Legris, deux étoiles aux talents superlatifs, donnaient vie à cette tragique histoire d’amour. Privilégiant la fragilité et l’immatérialité de Giselle, Aurélie Dupont incarne une jeune paysanne profondément émouvante dont l’interprétation, toute en musicalité, témoigne également de la maîtrise sans appel d’une grammaire chorégraphique parmi les plus éprouvantes. A ses côtés et dominant un rôle qu’il possède jusqu’à la moindre des inflexions, Manuel Legris joue la carte de l’émotion. Sur ce thème, son second acte est littéralement bouleversant.

Il ne faudrait pas oublier, dans ce concert de louanges, les superbes performances d’Emilie Cozette, Myrtha glaciale, Alexandra Cardinale et Alessio Carbone pour leur magnifique Pas de deux des paysans et surtout Karl Paquette qui, dans le rôle, certes épisodique, d’Hilarion, l’amoureux éconduit, montra encore une fois toute la charge émotionnelle dont il sait imprégner ses interprétations.



L'article de Robert Pénavayre est ICI


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Azulynn



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Messages: 659

MessagePosté le: Sam Déc 30, 2006 11:50 pm    Sujet du message: Représentations des 9, 10 et 21 décembre 2006 Répondre en citant

Avec beaucoup de retard, quelques mots sur les représentations de Giselle auxquelles j'ai assisté. Au final, et malgré les nombreux changements de distribution, les représentations ont été au moins assurées avec le plus grand professionnalisme, et ont souvent aussi offert des moments de grâce...

Dans le rôle-titre, j'ai trouvé Mélanie Hurel et Laëtitia Pujol particulièrement admirables. On peut deviser longtemps sur les imperfections techniques de Mélanie Hurel, mais ce n'est pas le plus important dans ce ballet à mes yeux – et comment ne pas admirer la sincérité de son jeu d'actrice ? Son humilité convient bien à la jeune paysanne, qu'elle joue avec un parfait naturel. Elle est certes bien moins évanescente que d'autres au deuxième acte, mais l'humanité qu'elle insuffle au fantôme de Giselle donne sens à de nombreux détails de la chorégraphie. Le geste qu'elle fait fréquemment pour désigner des larmes, par exemple, semble beaucoup plus naturel associé à un amour sincère et toujours visible pour Albrecht. Laëtitia Pujol le danse en partie de la même manière, tandis qu'Aurélie Dupont arbore un visage plus glacé et fantômatique – interprétation qui se défend, mais peut-être moins propice à émouvoir le spectateur.

Mélanie Hurel, par ailleurs, forme un couple idéal avec Matthieu Ganio, lui aussi parfaitement crédible, avec un mime très travaillé et une technique plus qu'adéquate. La noblesse d'Albrecht transparaît clairement. Ils ont trouvé ensemble des détails intéressants et évocateurs – par exemple, à la fin d'une variation de Giselle au premier acte, Matthieu Ganio court vers elle pour la prendre par les épaules et l'entraîner hors de scène avec gaieté, symbole de leur entente sincère, là où la plupart des autres Giselle regardent Albrecht comme pour l'inviter à les suivre ou l'agacer avant de courir seules vers les coulisses, Albrecht devant les poursuivre – ce qui peut donner à l'héroïne un air de coquetterie mal placée, malheureusement.

J'ai moins apprécié Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche, même si ce sont de merveilleux danseurs. Je pense que le couple ne fonctionne pas, comme d'autres spectateurs l'ont signalé. Au premier acte, Mlle Dupont n'avait absolument rien d'une paysanne – on songe à ces vieux films américains dans lesquels les stars jouent ce genre de personnages d'un air entendu, comme si le spectateur ne devait pas oublier leur véritable identité, à peine travestie. Sa Giselle est trop coquette pour que la scène de la folie fasse totalement sens. Sa technique, toutefois, est fabuleuse, on l'a dit et répété, et elle resplendit au second acte qui l'autorise à se consacrer à la danse pure. Quelles arabesques, quels sauts légers comme l'air, absolument suspendus... Aurélie Dupont a tout pour elle, c'est évident, et une telle évanescence a rarement été atteinte dans l'acte blanc – mais c'est justement pour cela que j'ai été déçue de ne pas la voir se donner entièrement. Même le second acte a connu quelques accrocs, des moments où le couple principal n'était pas en musique, ou encore cette arabesque à presque 180° pour Giselle à la fin de la série de développés/équilibres, très peu appropriée au style romantique, et qui m'a étonnée, car Aurélie Dupont ne donne jamais dans les extensions superflues. Mais je pense que ces rares problèmes sont aussi la conséquence des changements de partenaire, Manuel Legris ayant apparemment permis à l'étoile de peindre Giselle avec plus de conviction.

Laëtitia Pujol s'accorde bien mieux avec Nicolas Le Riche, tout le monde l'a souligné, même si la représentation du 21 a été émaillée d'incidents : Marie-Agnès Gillot a fait tomber une de deux fleurs prises sur la tombe de Giselle, et Laëtitia Pujol, dans un mauvais jour techniquement parlant, est tombée de pointes plusieurs fois lors de la célèbre diagonale de ballonnés du premier acte. Il était sans doute peu sage d'enregistrer deux représentations qui se suivent (les 20 et 21), en même temps que le concours de promotion, alors même que Laëtitia Pujol fait son retour sur scène et n'a donc peut-être pas encore retrouvé son endurance habituelle... La perfection sera donc, on l'espère, pour le DVD, mais toutes les qualités de cette distribution étaient visibles. Mlle Pujol est idéale au premier acte, avec la même contenance humble que Mélanie Hurel, et une joie de vivre et de danser qui la fait rayonner. Sa scène de la folie est particulièrement touchante – son regard perdu, ses yeux écarquillés, sa simplicité encore font merveille. Dans le second acte, elle continue à nous raconter une histoire, et donne encore plus de force aux autres personnages en mettant en scène une progression dramatique. Mais la retransmission permettra sans doute d'apprécier encore mieux son interprétation, ainsi que celle de Nicolas Le Riche, très engagé lui-même et qui offre un second acte de très haut « vol », dans tous les sens du terme...

Dans le rôle de Myrtha, j'ai beaucoup apprécié Laura Hecquet, décidément un espoir confirmé de la compagnie. Peu de jeunes danseuses peuvent rivaliser avec elle dans son « emploi », à savoir les rôles plutôt destinés aux grandes danseuses, qui demandent autorité technique et scénique, ainsi qu'une sérénité sans faille. Sa danse est d'une grande pureté classique, avec des lignes toujours propres ; le crescendo qu'elle met en scène au début du second acte est particulièrement remarquable, du calme absolu des menés de l'entrée de Myrtha à l'autorité qu'elle déploie dans le manège de jetés, difficile à projeter car les pas eux-mêmes n'ont pas le même impact immédiat qu'une série de grands jetés – le risque est presque d'être écrasée par la musique, tandis que Mlle Hecquet semblait la dominer, ce qui m'a semblé très juste. A l'inverse, lorsqu'elle était distribuée dans l'une des deux Wilis, elle s'est distinguée par l'évanescence créée par la fluidité de ses mouvements. Espérons la retrouver en reine des Dryades dans Don Quichotte, un rôle qui lui semble destiné...

Marie-Agnès Gillot domine quant à elle parfaitement le rôle, avec une autorité aguerrie et un jeu plus subtil que celui de ses jeunes collègues, logiquement. Ses équilibres sont parfaits, sa diagonale de grands jetés est à couper le souffle. Il me semble toutefois que le manque de rôles classiques dont souffre cette danseuse rend le mouvement moins naturel qu'il ne pourrait l'être. Personnellement, je trouves les lignes de ses bras parfois un peu négligées, avec des doigts peu élégants... Mais Mlle Gillot reste une grande étoile, et cela se sent sur scène, où elle forme un contrepoint idéal au fantôme de Giselle par son autorité.

Dans le rôle d'Hilarion, j'ai particulièrement aimé Samuel Murez, au mime très clair au premier acte et qui a su rendre dramatique la danse mortelle que lui infligent les Wilis au second acte. Stéphane Phavorin et Wilfried Romoli, après cela, m'ont semblé jouer trop sur le côté rustre du personnage ; M. Phavorin paraissait assez peu amoureux de Giselle le soir où je l'ai vu, et les gestes de Wilfried Romoli sont parfois un peu trop violents pour cadrer parfaitement dans le décor, malgré l'impact de son interprétation qui s'accorde bien avec celle de Nicolas Le Riche en Albrecht.

Dans le très difficile pas de deux des paysans, Emmanuel Thibault et Myriam Ould-Braham ont rayonné. Les sauts du premier ont provoqué des applaudissements spontanés, et sont toujours une joie pour les yeux, tandis que la délicatesse de Myriam Ould-Braham convient parfaitement à ce rôle. Mais plus encore que leur technique, c'est leur jeu que j'ai apprécié – dès leur entrée en scène, ils semblent parfaitement à leur place parmi leurs amis, et leur complicité et leur joie de vivre sont évidentes dans le pas de deux – les regards qu'ils échangent sont significatifs et amènent ce pas de deux à un autre niveau que celui de simple démonstration. Aubane Philbert s'est très bien tirée de ce rôle également, mais la tension était évidente, et sa technique ne provoque pas la même confiance que celle d'autres titulaires. Les tours, notamment, semblent toujours instables chez elle. Tout cela est assez naturel vu son âge, et plus généralement, il serait intelligent de lui laisser le temps de grandir et de parfaire sa technique, déjà remarquable, mais qui comporte des raideurs. Matthias Heymann est déjà très bon dans le rôle masculin, avec une belle élévation et une batterie impeccable, mais son expression est encore crispée.

Le corps de ballet a été vraiment très bon pour les représentations que j'ai vues, notamment au deuxième acte – on y remarquait notamment Laura Hecquet en villageoise ou Sofia Parcen et les autres amies de Giselle. Le manque d'applaudissements lors du fameux croisement des Wilis, qui a fait débat ici, est peut-être dû par contre à la manière dont celui-ci est exécuté – où est la magie lorsque les sauts sont bruyants ? Ils m'ont semblé trop « sautés », justement, là où ils devraient peut-être à peine décoller du sol, sans bruit. L'effet était différent de celui que l'on voit, par exemple, sur cette vidéo du Bolshoi (qui permet aussi d'admirer sans doute l'une des plus grandes Myrtha actuelles, Maria Alexandrova, dans le fameux manège qui suit les grands jetés), mais peut-être était-ce dû à l'angle de vue depuis l'amphithéâtre... Merci en tout cas à tous les danseurs pour ces belles soirées, malgré les conditions difficiles.




Dernière édition par Azulynn le Dim Déc 31, 2006 12:14 am; édité 1 fois
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haydn
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MessagePosté le: Dim Déc 31, 2006 12:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci d'avoir pris la peine de nous avoir narré si longuement vos impressions de spectacle, Azulynn!

Pour le croisement des Willis, il n'y a que le 26/12 que les applaudissements ont été lancés exactement au bon moment, au début de la dernière traversée de la scène.

En ce qui concerne la Giselle du Bolchoï, grâce à une âme bienveillante, j'ai pu me procurer un exemplaire de l'enregistrement qui a été diffusé dans le commerce en Russie, et très rapidement retiré. Maria Alexandrova y est effectivement extraordinaire, et ses sauts sont d'une puissance fabuleuse. Mais cette Giselle ne vaut que par elle, et c'est vraisemblablement à cause des faiblesses (relatives, à ce niveau, évidemment) des autres rôles principaux que le Bolchoï en a interrompu la commercialisation. Svetlana Lunkina était alors une toute jeune fille (elle avait 17 ans je crois lorsque le film a été tourné), qui, même si elle avait l'âge exact du rôle, manquait encore de maturité artistique. Il était tout à fait justifié, au regard de son talent, de lui confier une Giselle à la scène, mais peut-être n'était-ce pas, à cette époque, celle qu'il fallait préserver pour la postérité au travers d'un enregistrement. Curieusement, l'Albrecht de Nikolaï Tsiskaridzé n'était pas totalement convaincant non plus, un peu trop démonstratif et extérieur au personnage, ce qui surprend de la part d'un danseur par ailleurs réputé pour la qualité de son jeu d'acteur.


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doudou



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MessagePosté le: Dim Déc 31, 2006 2:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ce samedi soir 738ème représentation de Giselle à l'Opéra et 23ème de votre serviteur.

A l'occasion de la dernière de cette série, je me permets de donner mes impréssions sur les 4 représentations que j'ai vues en ce mois de décembre.

Je commencerai par quelques éléments sur la représentation de ce 30 décembre pour noter que nous n'eumes que 20 willis au lieu de 24 et qu'une vandangeuse manquait au cours de la fête laissant un vendangeur sans partenaire.
Il faut croire que quelque H5N1 a considéré que les Willis étant ailées, elles pouvaient s'assimiler à des cygnes.

Après cette plaisanterie choreo-comptable, je dois confesser que mon amour pour ce ballet sort renforcé par ces quatre représentations.

J'ai successivement vu Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche à la première puis Agnès Letestu et José Martinez le 17, Laetitia Pujol et Nicolas Le Riche le 21 et enfin ce soir 30 décembre Clairemarie Osta et Mathieu Ganio. En Myrtha se sont succédées Emily Cozette, Béatrice Martel, Marie Agnès Gillot et Eleonora Abbagnato. Alors que Karl Paquette, Stéphane Phavorin puis Wilfried Romoli et à nouveau Stéphane Phavorin interprétaient Hilarion.

Karl Paquette, Stéphane Phavorin (plus à l'aise le 30 que le 17) sont de bons Hilarion mais pour moi Wilfried Romoli tout en étant plus brutal que ces deux collègues apporte à mon sens une simplicité qui donne plus de vérité à son personnage.

En Myrtha, Marie Agnès Gillot a pour moi la palme par la souveraineté de sa technique et l'excellence de son jeu. Emily Cozette doit approfondir son personnage. mais Béatrice Martel comme Eleonora Abbagnato sans atteindre la perfection de la Gillot sont tout à fait estimables.

Nicolas Le Riche paraissait peu impliqué face à Aurélie Dupont mais plus en phase avec Laëtitia Pujol, (notamment pour la pantomime), il est néanmoins parfaitement à sa place dans le rôle d'Albrecht et c'est justice qu'il ait l'honneur du DVD. José Martinez (peut-être un peu fatigué) sait aussi dessiner son personnage et sa complicité avec Agnès Letestu ajoute à l'impression favorable. Mathieu Ganio quant à lui ne fait pas pale figure face à ses ainés même si de légers problèmes de réception des sauts et des tours (un de ses petit défaut il est vrai) ont entaché sa prestation. Il avait, il est vrai dansé Frantz la veille. Nous eûmes droit à quand même 28 entrechats. Il lui manque peut etre un peu plus de maturité dans le jeu et la pantomime pour pleinement donner satisfaction.

Reste Giselle, les quatre interprètes se situent à un très bon niveau mais il faut bien admettre que pour moi le difficile équilibre entre les deux actes est mieux défendu par Agnès Letestu. Un rien moins demonstrative dans la pure technique qu' Aurélie Dupont, elle m'a émue aux larmes dans sa folie. Aurélie Dupont est virtuose et stupéfiante parfois dans les tours et les équilibres mais du coup on perd un peu le personnage même si les défauts de froideur qu'on lui attribue souvent sont sans doute excessif car elle sait aussi être une jeune paysanne et une willis sensible. Laetitia Pujol a eu quelques ratés le 21, mais elle est aussi une touchante Giselle plus simple et directe. Quant à Clairemarie Osta, elle a toujours cette réserve qui pourrait passer pour de la froideur ou de l'indifférence mais en fait son jeu plus intériorisé confère un certain poids à son personnage par ailleurs très propre techniquement.

Je regrette de ne pas avoir vu Mélanie Hurel, Manuel Legris et Benjamin Pech dans les rôles principaux. Mais pour conclure je retiendrais les prestations de Danielle Doussard et de Natacha Quernet. Et surtout le plaisir de voir Myriam Ould-Braham et Emmanuel Thibault.

Bon alors c'est pour bientôt la reprise de Giselle. Wink


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sophia



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MessagePosté le: Dim Déc 31, 2006 12:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Hier soir, 30 décembre, avait donc lieu la dernière de Giselle.
Une fois le rideau baissé, les Willis ont dû repartir à tire-d'ailes et dans une nuée de tulle blanc hanter les forêts lithuaniennes, pour se livrer à nouveau à leur immémorial sabbat nocturne et effrayer quelque passant égaré ou parti à la recherche de sa bien-aimée...
Et nous de pester contre l'injuste système des spectacles par séries qui nous obligera à attendre un an, deux ans, voire trois ans, - qui sait peut-être plus encore? -, qu'elles reviennent parcourir les allées rouge et or et ô combien plus rassurantes du Palais Garnier...

C'est toujours lorsqu'on ne s'y attend pas qu'il advient vraiment quelque chose sur scène. Hier soir, Clairemarie Osta a apporté une conclusion magnifique à cette série de Giselle dans un acte II bouleversant de lyrisme et rarement vu sous le ciel de l'Opéra. Pour moi, elle restera comme la Giselle la plus accomplie et la plus touchante sur le plan dramatique, du moins en ce qui concerne l'acte II, de cette série de représentations.

Mais revenons au commencement...

Dans l'acte I, il a fallu attendre la scène de la folie pour que le ballet prenne vraiment son envol. On peut probablement le mettre au compte du manque de répétitions entre les partenaires, - Clairemarie Osta était censée danser avec Benjamin Pech, blessé, qui a donc été remplacé par Mathieu Ganio -, mais il m'a semblé que la pantomime manquait un peu de dynamisme et laissait apparaître quelques temps morts. Clairemarie Osta se révèle néanmoins très convaincante dans le rôle de la paysanne Giselle: elle incarne une jeune fille simple, sans manières, dépourvue de toute sophistication et il en ressort une impression de naturel extrêmement plaisante. On aurait néanmoins souhaité voir davantage soulignées la gaieté et la joie de vivre du personnage, des traits que l'on percevait certainement mieux chez Laetitia Pujol ou Agnès Lestestu. Cette Giselle-là n'est pas exempte dès le début d'une certaine forme de mélancolie, - cette maladie de la bile noire qui est le propre des inquiets -, une mélancolie qui la conduira fort logiquement à la folie...
Le couple qu'elle forme avec Mathieu Ganio est toujours aussi intéressant et pertinent, comme cela a été dit mille fois ici. Ce dernier toutefois m'a semblé fatigué et manque encore un peu de maturité de puissance dramatique dans son jeu. On attend probablement plus de force et d'autorité dans le personnage d'Albrecht tel qu'il se présente à l'acte I.
Il y avait donc comme un décalage avec l'Hilarion de Stéphane Phavorin dont on ne vantera jamais assez les qualités. Il dominait tellement dans le jeu que l'histoire de Giselle n'en paraissait plus très crédible... C'est pour cette raison que j'ai perçu quelque chose comme des temps morts ou des blancs dans les scènes de pantomime qui réunissaient les trois protagonistes. En revanche, lorsqu'Hilarion se retrouve seul en scène, on retrouve avec délectation le jeu accompli de Stéphane Phavorin: aucun geste vain ni déplacé, aucun blanc, tout est juste infiniment. Et jamais une seule seconde il ne vient à l'esprit du spectateur la question-test: qu'est-ce qu'il fait celui-là sur scène??? Car l'artiste Phavorin, lui, le sait et il nous apporte la réponse, évidente.
On pouvait raisonnablement se poser davantage de questions lors du pas de deux des paysans qui réunissaient Aubane Philbert et Mallory Gaudion. Melle Philbert était bien seule hier soir sur la scène pour nous faire partager, avec son charme habituel, l'amour de la jeune fille pour son fiancé et l'on aurait apprécié que Mr Gaudion se montre un peu plus attentionné vis-à-vis de sa partenaire...
Comme je l'ai dit plus haut, le ballet m'a semblé devenir vraiment intéressant à partir de la scène de la folie. Clairemarie Osta en a donné une très belle interprétation, tout à fait dans la logique du personnage qu'elle construit dans la première partie de l'acte: Giselle, déjà atteinte par les affres du mal du siècle, se vide peu à peu de son souffle vital et c'est son "âme" qu'on voit la quitter petit à petit jusqu'à l'agonie finale. Sans tambours ni trompettes, sans hystérie ni cris de douleur, - la souffrance semble même l'avoir abandonnée -, elle sombre dans une apathie - libératrice? - qui fait d'elle, simplement, une nouvelle victime de Saturne.

Toute la difficulté du rôle de Giselle semble résider dans la capacité à construire deux représentations totalement antinomiques d'un même personnage au cours des deux actes que dure le ballet. Peu de danseuses parviennent de manière absolument convaincante à incarner idéalement toutes les facettes du personnage. Et franchement, j'ai bien du mal à avoir le recul nécessaire pour donner des noms... Souvent, on aime l'acte I d'une telle, mais pas l'acte II, ou inversement... Quoiqu'il en soit, je sais que j'ai adoré l'acte II de Clairemarie Osta! Oui, on pourra troujours trouver à redire sur tel ou tel point: ses sauts manquent d'amplitude et d'élévation, sa batterie est faible, la fameuse arabesque de Giselle avec les bras croisés sous la poitrine est trop rapidement ébauchée; et pourtant, ce qu'elle parvient à créer est à mon sens très supérieur à tout ce que j'ai vu durant cette série en ce qu'elle réussit constamment à concilier l'inconciliable: la réalité du sentiment et l'évanescence de l'esprit. On la sent encore appartenir à ce monde en ce que l'on perçoit chez elle son amour de femme pour Albrecht, mais elle est déjà d'un autre monde de par son désir de salut et de rédemption pour lui. On louera donc son interprétation très accomplie du rôle, sa danse d'un lyrisme extrêmement touchant et un admirable travail des mains et des poignets, ce que l'on n'avait guère vu jusqu'à présent et qui fait peut-être toute la différence...
Je ne m'étendrai pas sur la Myrtha d'Eleonora Abbagnato que j'ai trouvée bien peu expressive: ne manifestant ni dureté ni humanité, sa danse manquait en outre singulièrement de grâce.
On sentait également la fin de parcours pour le corps de ballet, plus encore dans le premier acte que dans le second, ce qui nous conduit à nous interroger une nouvelle fois sur la pertinence du système des représentations par séries qui a remplacé en France celui de l'alternance depuis quelques décennies... Rolling Eyes


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