Katharine Kanter
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Posté le: Dim Jan 21, 2007 2:27 pm Sujet du message: Souvenir de Véronique Van Lauwe, Pianiste de danse |
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Le texte ci-dessous fut remis hier par son auteur, M. Eric Van Lauwe, au professeur Yvonne Cartier en vue de sa publication ici.
VERONIQUE VAN LAUWE
Véronique Djindjian est née à Marseille le 15 mai 1919 de parents arméniens.
Elle commence ses études de piano à l’âge de cinq ans, puis entre au Conservatoire de Marseille où elle obtient en 1936 le Premier Grand Prix à l’unanimité avec la sonate « Appassionata » de Beethoven. Ses condisciples sont alors Pierre Barbizet et Annie d’Arco.
Elle poursuit une année de la classe de virtuosité, ce qui lui vaudra de jouer avec orchestre le Concerto pour piano de Reynaldo Hahn. A cette occasion, elle fera la connaissance du compositeur qui louera son jeu. En 1938, la famille quitte Marseille pour s’installer à Paris. Son frère deviendra un brillant neurologue.
Véronique entre à l’Ecole Normale de Musique et travaille avec Alfred Cortot et Magda Tagliaferro, et obtiendra sa Licence de concert. Elle jouera devant Poulenc (sa Toccata), Florent Schmitt, Gustave Samazeuilh. Elle donne de nombreux concerts, accompagnant le jeune Michel Sénéchal âgé de 18 ans (Ils conserveront une amitié d’une vie : elle dîna encore avec lui en décembre), donnant des sonates avec le grand violoniste Victor Gentil (qui avait lui-même joué avec Fauré).
A la Salle Gaveau, elle joue plusieurs fois en soliste des concerti de Bach, Mozart, Schumann, Jean Hubeau, Onnik Berberian.
L’enseignement du piano ne l’enthousiasme guère. Parallèlement aux concerts, elle préfère de loin le monde de la danse. Elle commence à faire répéter des ballets (la création des ‘Forains’ d’Henri Sauguet en 1945), et accompagne des cours de danse classique avec Béjart, Roland Petit, Solange Schwartz, Jean Babilée...
Des ennuis de santé la font s’éloigner de Paris en 1954 pour la Haute-Savoie, où elle épouse un hôtelier. Elle vivra des années heureuses à Mégève puis à Nevers, tout en étant complètement coupée de ses activités musicales, même si elle ne dédaigne pas jouer de temps en temps une étude ou un nocturne de Chopin...
En 1976, Véronique Van Lauwe revient définitivement à paris avec les siens, et reprend l’accompagnement des cours de danse classique : ce sera Paris-Centre rue Bertin-Poirée (Jorge Donn dansera parmi les élèves), puis le Centre du Marais rue du Temple et l’Académie du mime Marceau avec Yves Casati (pendant onze ans). Un journal britannique louera la vélocité pianistique de cette octogénaire.
Vingt ans après une première collaboration et à la suite d’une rencontre fortuite, Yvonne Cartier fera de nouveau appel à Véronique pour ses cours au Conservatoire du IXème arrondissement pendant quatre ans (jusqu’en 2004). Aux morceaux scolaires écrits spécialement pour les cours de danse, Véronique préféra toute sa vie jouer avec une musicalité unanimement appréciée les oeuvres des grands classiques : Bach, Schubert, Chopin, Schumann, mais aussi Glazounov, Poulenc, Scott Joplin...
Véronique Van Lauwe s’est éteinte subitement dans la nuit du 30 au 31 décembre 2006.
Elle laissera l’image d’une dame dotée d’un fort caractère, mais d’une extrême gentillesse et d’une grande ponctualité. Avec son fils Eric, elle partageait le goût des autographes musicaux et possédait une jolie collection de lettres originales de Chopin, Liszt, Wagner, Mahler, Debussy, Satie, Berg et... Diaghilev !
Eric Van Lauwe, janvier 2007
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