Don Quichotte à l'Opéra Bastille

[Pierre]

[sophia]

Le livre dont est extrait cette citation, à savoir les "Mémoires" de Marius Petipa, je le trouve au demeurant très décevant et sans grand intérêt, sinon, en effet, pour les articles et textes de diverses personnalités qui le complétent. Il vaut justement mieux lire les "Mémoires" de la sus-nommée, Tamara Karsavina.

[Katharine Kanter]

Confusion entre technique, et mécanique


Tekhne - mot grec, instrument, moyen pour faire quelque chose

Mais quelle est cette autre chose ? L'instrument, le moyen, sans qu'il n'existe un objectif dans le domaine de l'idéal que l'on cherche à exprimer, devient de la mécanique.

En ce moment, dans beaucoup de domaines de l'art, et pas uniquement de la danse, nous demeurons résolument empêtrés dans la mécanique.

Une fois les limites absolues du corps humain repoussées, il ne reste qu'à prendre des substances commes les sportifs, pour les repousser encore plus loin.

C'est cela, la mécanique.

Donc je crois qu'il y a un malentendu, lorsque nous parlons de "technique" dans la danse.

La plupart des gens qui sont reconnus commes des "techniciens", en ce moment, je les appelerais plutôt des "mécaniciens".

[haydn]

Le débat que vous proposez, Katharine et Pierre, mériterai qu'on l'approfondisse. La confusion que dénonce Mme Kanter ne me parait d'ailleurs pas l'apanage de la seule danse. L'on pourrait faire les mêmes observations en ce qui concerne l'interprétation de la musique, de nos jours.


Pour information, Katkarine Kanter à mis sur son site une nouvelle version de l'article sur Don Quichotte signalé plus haut :

http://auguste.vestris.free.fr/Reviews/DonQuixote.html

[Petite Etoile]

J'ai assisté à quelques DQ cette saison, mais trop peu à mon goût, j'aurais aimé tous les voir, mais j'ai malheureusement été privée de toutes les premières distributions, mais j'ai pu voir les artistes invités.
Agnès Letestu est ma danseuse préférée, mais je l'ai trouvée tenhiquement moins parfaite que d'habitude, et fatiguée. Je n'ai appris que plus tard qu'elle s'était blessée 3 jours auparavant, et il faut donc la féliciter car danser tout le rôle de Kitri comme elle l'a fait avec une entorse, bravo!!!
Roberto Bolle a certes baucoup de charme, mais côté danse et interprétation de Basilio, il manque quelque chose: pas assez de fougue et de puissance, c'est dommage, techniquement, je trouve que les etoiles de la maion assurent plus (jespère ne pa me faire incendier pour cela) : beaucoup de ses pirouettes étaient assez vascillantes par exemple.
L'autre distribution était celle de la dernière, où là, nous avons eu droit à du grand spectacle. je ne sais pas si Carlos Acosta a entièrement respecté l'esprit de Don Quichotte voulu par Noureev, mais en tous cas, il a donné sa version, avec une puissance de sauts et des tours incroyables, des portés spectaculaires, lors desquels il faisait voler Aurélie. La salle applaudissait à tout moment, et c'est un Don Quichotte dont je me souviendrai longtemps je pense. Tout le coprs de ballet et les solistes certainement galvanisés par ce danseur ont aussi été superbes. Aurélie a tenu des équilibres spectaculaires, le chef ayant fait arrêter l'orchestre pendant qu'elle restait en attitude, comme si elle n'allait jamais en redescendre! En reine des Dryades, Isaeblle Ciaravola a dansé le rôle a la perfection. j'adore aussi cette danseuse, et sa diagonale de grand jetés donnait l'impression qu'elle volait au dessus de la scène.

Ces deux DQ etaentdonc tout afait différents, très agréables l'un comme l'autre, mais j'ai été ravie de voir celui de Bolle/Letestu en premier pour finir par le feu d'artifice Acosta/Dupont: dan l'autre sens, cela aurait été bien plus décevant!

[haydn]

Merci Petite étoile. En ce qui concerne Roberto Bolle, je l'ai trouvé peu intéressant ; comme dit, c'est un professionnel sérieux, mais sa danse est très stéréotypée, cherche a se conformer aux "standarts" internationaux et n'a pas de caractère propre. Si on veut du vrai style italien, dans la tradition du danseur "acrobatique" de demi-caractère, introduite en France au XIXème siècle par Carlo Blasis et quelques autres, il vaut mieux s'en remettre à des gens comme Alessio Carbone. Et Simone Valastro semble aussi prometteur. Si je critique assez souvent la politique de la direction de la danse, il faut néanmoins reconnaître qu'elle a, jusqu'à présent, toujours maintenu une présence italienne de qualité dans le corps de ballet, pour perpetuer cette tradition. C'est particulièrement important pour la danse masculine. Et si j'en crois la liste des "grands" stagiaires admis à l'école de Danse, il y a de nouveau au moins un Italien.

La danse académique française doit énormément à l'Italie, et sans les Vestris, Blasis, Taglioni et autres, elle n'aurait jamais eu le prestige qu'on lui connait aujourd'hui.

Chez les femmes, l'Italie s'inscrit moins dans une "tradition" comportant une vraie unité stylistique, que dans une série de grandes individualités avec chacune un caractère différencié : Taglioni, Grisi, ou plus tard Carlotta Zambelli, qui a puissamment contribué à sortir le ballet français de la décadence ou il était tombé après la guerre de 1870.

Mais revenons à Don Quichotte. Carlos Acosta m'a paru beaucoup plus intéressant que Roberto Bolle, et je ne me suis pas ennuyé. C'était un vrai feu d'artifice, le danseur à beaucoup de tempérament, une technique brillante, et a pris soin de sa partenaire. Mais je trouve cela quand même vraiment très ostentatoire comme démonstration, et cela tient, comme je l'ai écrit, parfois du cirque. On vient voir jusqu'où il va sauter, compter les tours etc..., et ça me dérange un peu. Mais vous avez raison, je pense que le corps de ballet à été impressionné par l'énergie qu'il dégage, et cela à mis tout le monde dans un état d'excitation assez avancé!

[Petite Etoile]

Effectivement, j'ai aussi eu ce sentiment de cirque avec Acosta, mais étant donné qu'il s'agissait de la dernière, que toute la salle était électrisée par cette ambiance, ainsi que le CDB, cela ne m'a pas dérangée. Je pense qu'en plus Don Quichotte s'y prête très bien comme ballet et comme chorégraphie. Sur le lac ou Giselle j'aurais été nettement plus critique sur ce genre d'interprétation, mais là cela ajoutait encore plus au divertissement général voulu: par exemple lorsqu'il fait mine de se suicider, Acosta a vraiment fait le clown, accentuant l'interprétton, dans le but de faire rire, mais après tout, le but de cette scène n'est-elle pas justement aussi de faire rire? Donc quitte à le faire, autant y aller "à fond"! En tous ca, cela a plu, la salle etait pleine et aux applaudissements et cris du public, le succès était bien là!!!!!

[haydn]

Pour le faux suicide, il y en a deux qui m'ont vraiment fait rire, en effet : Carlos Acosta, et Benjamin Pech ; c'est lui qui, à mon avis, a le mieux réussi son numéro, là!

[haydn]

Sur Culture Kiosque, ils sont vraiment à la pointe de l'actualité, et la critique de Patricia Boccadoro sur Don Quichotte à Bastille! Enfin, mieux vaut tard que jamais, car outre une appréciation positive sur Mathieu Ganio, Patricia Boccadoro réserve l'essentiel de ses éloges à... Emmanuel Thibault! On ne peut que se féliciter que l'exceptionnel talent de ce danseur soit enfin reconnu presque partout, et espérons qu'il obtiendra aussi la récompense qu'il mérite lors du prochain concours de promotion.