Don Quichotte à l'Opéra Bastille

[sophia]

Je reviens un peu en arrière dans le temps pour évoquer la représentation de samedi après-midi dont la distribution a dû être conçue pour servir d'apéritif très "light" à la représentation du soir. Pour filer la métaphore culinaire, je devrais plutôt parler d'"antipasto" au lourd plat de pâtes du soir eu égard aux origines italiennes de l'héroïne de l'après-midi. On retrouvait donc la distribution Eleonora Abbagnato-Karl Paquette dans une salle très, très clairsemée: pour le spectateur, c'était quasiment du placement libre! Un peu dur ou plutôt un peu triste, en tout cas pas très réjouissant d'assister à un spectacle dans ces conditions. Sur la qualité des interprètes, j'ai trouvé Abbagnato tout à fait intéressante dans son jeu, très belle, beaucoup de présence, rien à dire sur le plan technique, mais en même temps, ayant vu aussi Aurélie Dupont, on ne peut que mesurer tout ce qui les sépare encore. Quant à Karl Paquette, j'avoue que j'étais a priori un peu sceptique et un peu prévenue contre lui par diverses voix. En fait, je ne l'ai pas trouvé en retrait par rapport à Abbagnato, il a une vraie présence scénique et sa blondeur ne m'a pas gênée dans ce rôle. Le problème est ailleurs: techniquement, il n'est pas à la hauteur, c'est laborieux, ça sent l'effort et la peine, et il manque l'essentiel. La tenue du dos, l'épaulement, tout cela manque et il ne suffit pas de faire des portés à la russe qui impressionnent la galerie pour avoir du style. Dans les seconds rôles, c'est en effet Eve Grinsztajn qui a illuminé cette représentation, elle était tout simplement parfaite en danseuse des rues, l'exacte antithèse de Myriam Ould-Braham en Cupidon la veille, et néanmoins deux images de la perfection dans l'interprétation. Une représentation honnête et un peu en demi-teinte donc et finalement assez ennuyeuse au regard de celle du soir qui a eu ce pouvoir d'agir comme un fabuleux excitant sur mes sens endormis. En ce qui concerne Aurélie Dupont, on voudrait pouvoir dire quelque chose, mais franchement il n'y a rien à dire, sinon qu'elle a été absolument parfaite. Le couple qu'elle formait avec Acosta fonctionnait parfaitement, et si l'on peut adresser à ce dernier tous les reproches que ces messieurs du forum se sont chargés de lui adresser et que je comprends fort bien, sa prestation était rien moins qu'enthousiasmante malgré tout.

[haydn]

En ce qui concerne Acosta, sur le plan technique, c'est éblouissant, mais vraiment, pour moi, la danse, ce n'est pas ça... On va beaucoup trop loin dans le démonstratif et l'athlétique, et l'artistique passe à la trappe. Maintenant ce qui est vrai, c'est que contrairement à Roberto Bolle, Carlos Acosta ne m'a pas ennuyé du tout, j'ai souvent bien ri, car il a d'indéniables qualités d'acteur, mais trop souvent, j'avais l'impression d'être chez Bouglione, et pas à l'Opéra. Et heureusement encore qu'on lui avait attribué Aurélie Dupont comme partenaire, dont la danse était très peu agressive et compensait tant bien que mal les débordements de l'Italien.

[Pierre]

du cubain...

[Pierre]

Soirée du 31.

Encore une salle à moitié vide, c'est absolument scandaleux, incompréhensible... mais une bonne ambiance tout de même.

L'orchestre a planté le 1er acte, mais le second et troisième ont été moins calamiteux. Dire que c'est le même orchestre qui la veille a joué la Damnation de Faust de Berlioz...

Bon, on va mettre tout de suite le handicap du physique de Bollé de côté... Il est effectivement divinement beau.

Je ne sais pas ce que va nous dire Haydn, mais je l'ai trouvé également très grand danseur. Rien à voir avec Acosta. C'était flamboyant, stylé, drôle, et très bien joué. Le couple avec Letestu fonctionnait à merveille, on pouvait les croire amoureux. C'est donc visiblement très différent de sa première apparition que je n'ai pas vue, sauf si mon "goût" a été définitivement abîmé par le Acosta Show...

Agnès Letestu a été parfaite comme à son habitude, et si la salle avait été pleine, l'ambiance aurait été celle de dimanche dernier, le fameux dimanche du Roi-Soleil.

Quant à ce dernier, fatalement, en gitan, c'était moins remarquable même si c'était très bien dansé.

Les deux amies, sans Ould Braham et sans Froustey, c'est évidemment en demi-teinte, par contre nous avons eu le droit à la Cardinale au 1er, 2nd et 3ème acte... et même 2 fois au premier acte puisque le programme a imprimé une coquille... Je laisse notre ami faire son éloge...

Bridard porté pâle, a été remplacé "haut le pied" par Yann Saïz. Toujours une mention speciale pour le pantomime et Laurent Novis et Simon Valastro qui nous trouvent tous les soirs de nouveaux gags...

Et une palme d'or pour Dorothé Gilbert en Demoiselle d'Honneur... J'espère que je ne vais pas me faire incendier...

Belle soirée donc pour les amateurs de danse pure...

[haydn]

Je n'ai pas vu la représentation de hier soir, mais d'après ce que vous dites, Pierre, cela devait effectivement être très différent de vendredi... Il est vrai que ce jour-là, d'une part, Roberto Bolle semblait - surtout au premier acte - avoir énormément de trac, d'autre part - je ne le savais pas au moment de rédiger ma bafouille - Agnès Letestu s'était faite une entorse, ce qui ne l'a évidemment pas mise dans des conditions optimales pour tenir son rôle!

Au fait, vous ne nous parlez pas du tout de la danseuse des rues d'Eleonora Abbagnato.

[haydn]

Une photo d'Agnès Letestu et Roberto Bolle au troisième acte, qui nous est une fois de plus adressée par Pierre

[max]

j'ai vu le spectacle hier soir, intrigué par les commentaires de Haydn et Fanfan(merci) . Bolle était sûrement plus détendu que lors de sa premiere vendredi dernier. J'ai trouvé ses sauts absolument magnifiques. Il ne m'a pourtant pas touché au coeur, j'ai meme trouvé que, s'il ne mânquait pas de complicité bisous bisous avec Letestu, il n'a pas été vraiment en syntonie avec le public, rien à voir avec la générosité d'autres danseur. ..
Très beau le cupidon, le gitan et Mlle Gilbert.
Remarque: encore une salle à moitié vide, ce qui permet d'avoir des places de rêve, et cela fait du bien d'etre confortablement installé pour une fois...

[haydn]

A quelque chose malheur est bon, donc... mais côté recette, ça ne doit pas être le rêve du tout. C'est vraiment incompréhensible d'avoir programmé en même temps la Giselle / Mats Ek, alors qu'au mois d'avril, les balletomanes n'avaient pas grand chose à se mettre sous la dent.

[max]

Je suis absolument d'accord avec haydn sur la programmation: cet hiver il y a eu des longues relaches et il fallait se battre pour avoir des places (impossible pour le lac de cygnes ) et maintenant que il fait beau et que il y a les seuls ponts du printemps ils surchargent
Est-ce vrai que l'année prochaine tous les ballets interessants sont à Bastille? Je trouve que c'est fort dommage, surtout que il me semble que le public opera est plus nombreaux et que l'acoustique est meilleure à Bastille. Peut etre les danseurs preferrent la scene de bastille (plus grande, j'immagine)?

[haydn]

Je ne crois pas que l'on demande leur avis aux danseurs pour le choix de la scène... Mais effectivement, la saison prochaine, tout les ballets classiques seront à Bastille, si je ne m'abuse.

[Pierre]

Je n'avais pas vu Melle Abagnato en Kitri, mais je l'ai trouvée très crédible en danseuse des rues hier soir. Le côté latin peut-être...

Le fandango est une belle danse de caractère, je l'apprécie chaque fois plus (lumière, costumes, musiques, pas). C'est du Petipa ou du Noureev ??

Cupidon effectivement très applaudi (Melle Ould Braham) et suis d'accord avec Max, il manquait le rayonnement solaire

[haydn]

Au fait Max, pour le Lac des cygnes, je ne comprends pas trop? Giselle (Bart/Polyakov)?

[domini]

http://www.forum-dansomanie.net/forum/viewtopic.php?t=38

[haydn]

Oups, j'en étais resté aux productions de la maison...

[haydn]

Pour les anglophones, un article de Katharine Kanter:

Thibault Tilts the Scales in Paris Don Q