Don Quichotte à l'Opéra Bastille

[Pierre]

Belle distribution ce soir avec Melle Dupont ! J'espère que le salle ne sera pas vide ... Reste-t-il des places ?
Nous y serons

[haydn]

Il paraît qu'il y a beaucoup de place libres à nouveau... Hier soir je crois que plus de 1000 billets n'avaient pas trouver preneur. Ca a au moins un avantage, cela met au chômage les voyous qui s'enrichissaient avec la revente au marché noir...

Pour l'équilibre de Roberto Bolle, c'est vrai qu'il était impressionnant (parfaitement stable en tout cas), mais je ne vois pas trop ce que cela apport d'un point de vue artistique. Je préfère de loin des batteries bien propres façon Benjamin Pech ou Emmanuel Thibault. Il est vrai que certaines imperfections du 1er actes sont sans doute à mettre sur le compte du trac. N'empêche que je n'adhère pas à ce que fait M. Bolle ; c'est de la danse "internationale", brillante, professionnelle, mais passe-partout, sans véritable caratère, alors que j'espérais voir un danseur dans la grande tradition italienne. Le fait qu'il soit un très bel homme ne suffit pas à compenser cela à mes yeux. Et si l'on veut voir ce qu'est vraiment le beau style italien, dans la tradition de Blasis - et auquel le ballet français doit tant -, point n'est besoin d'aller bien loin : retournez à Bastille ce soir, Alessio Carbone sera le Gitan.

Pour la danseuse des rues, je trouve Fanfan un peu sévère avec Nathalie Riqué, qui a beaucoup de présence et d'abattage. Il est vrai que ma préférée reste toujours Marie-Agnès Gillot ; et si l'on s'en tient exclusivement à des considérations techiques, celle qui fut la meilleure à mon sens, c'était Karin Averty. Je mets Eve Grinsztajn à part ; sa prestation fut superbe et porteuse de grandes promesses pour l'avenir, mais on ne peut évidemment pas la juger de la même façon que des danseuses qui ont 20 ans d'expérience professionnelle à faire valoir.

Dorothée Gilbert lit sûrement Dansomanie , et, même si je ne suis pas toujours d'accord avec ce qu'elle fait, ça ne l'empêche certainement pas de dormir! Le pouvoir du critique est - heureusement - limité, et nous sommes ici pour confronter nos avis de manière conviviale, pas pour faire ou défaire des carrières... Plus sérieusement, une danseuse comme Dorothée Gilbert est naturellement conseillée par des professionnels aguérris, qui lui font part de leurs observations et là, elle a de toute évidence fait de gros efforts pour assouplir sa technique, surtout au niveau des jambes, et la différence est devenu très sensible par rapport à sa prestation le soir de la première. Reste la question du jeu de scène un peu simplificateur, qu'un sourire radieux ne suffit pas toujours à compenser. Mais il est vrai que pour ce qui est de la Demoiselle d'honneur, la chorégraphie ne laisse de toutes façons que peu d'opportunités pour faire valoir un talent d'acteur. Les choses sont autres lorsqu'il s'agit de Kitri ou des Amies.

[Pierre]

Récupéré à la FNAC des Halles hier la dernière copie des MEMOIRES de PETIPA, Editions Acte Sud.
Début de lecture passionnante et, entre autres, je voudrais vous livrer quelques extraits sur la jeunesse du Marius national chez nos voisins espagnols, car contrairement à Bizet, Petipa a sévi en Espagne et y a connu un brillant succès. Cela éclaire notre vision sur un ballet comme Don Quichotte ...

[ju]

[haydn]

Non pas du tout elle a assuré les 2 premiers actes, mais parfois, si elles sont prises de fatigue, des danseuses se font remplacer à la fin. Alexandra Cardinale avait fait de même jeudi soir.

[ju]

merci de la précision!

des remplaçantes doivent donc être en poste tous les soirs en n'ayant pas l'assurance de danser?

[haydn]

C'est exactement ça. Les remplaçants sont là en attente au cas où il y aurait un pépin. Hier soir, Kora Dayanova était de toutes façons prévue au nombre des filles de Barcelonne, mais je crois qu'à priori elle n'était pas censée faire le 3ème acte, et on le lui a rajouté en dernière minute.

[haydn]

Petite précision au sujet de la représentation d'hier, vendredi 28/04.

J'avais moyennement goûté la performance d'Agnès Letestu, qui m'avait paru en retrait par rapport à ce qu'elle avait fait en compagnie de Mathieu Ganio. D'après des informations qui m'ont été communiquées ce soir, elle aurait été victime d'une entorse dès sa première entrée, mais a décidé de poursuivre le spectacle quand même. Le moins que l'on puisse dire c'est que ce ne sont pas là des conditions optimales pour danser, et cela change évidemment complètement l'appréciation que l'on peut porter sur une prestation...

[haydn]

Ce samedi soir, nouvelle distribution, avec Carlos Acosta en vedette invitée, accompagné d'Aurélie Dupont dans les deux rôles principaux, Basilio et Kitri.

Carlos Acosta a été fidèle a la réputation des danseurs cubains : technique hors-pair et style spectaculaire, très extraverti. Carlos Acosta a aussi été bon comédien, et contrairement à Roberto Bolle la veille, il s'est préoccupé de valoriser sa partenaire. Le spectacle fut drôle, brillant, et l'on ne s'ennuyait jamais. Difficile de savoir pourtant si tout cela a vraiment quelque chose à voir avec Nouréev. L'on a eu du grand cirque, avec une coda du III explosive, mais largement "bricolée" par M. Acosta. Il semble toutefois que Carlos Acosta soit le seul à même d'exécuter ces sauts spectaculaires, dits "Catioles", alias "casse-gueule" (merci à la danseuse qui m'a gentiment communiqué ces précisions ) voulus par le grand Rudolf. Ceci n'en a pas moins un regrettable côté grand-guignolesque, pour ne pas dire carrément vulgaire, dont la danse ne sort pas forcément grandie en tant qu'art.

Mais reconnaisons que Carlos Acosta est quelqu'un qui possède un aplomb et un charisme fabuleux, et qu'il sait comment y faire pour mettre la salle de son côté.

Très bonne surprise, la Kitri d'Aurélie Dupont, qui a très sérieusement travaillé son mime, notamment au premier acte, et la différence est vraiment notable par rapport à ce que l'on a vu en 2002. La scène des Dryades était elle aussi parfaite, tout comme les fouarés du finale, juste entachés d'une réception légèrement instable à la sortie. Ayant à présent vu toutes les distributions possibles, Aurélie Dupont m'apparaît comme la meilleure titulaire du rôle de Kitri dans cette série de Don Quichotte.

Eve Grinsztajn accusait un peu la fatigue ce soir, ce qui est fort compréhensible car elle avait déjà campé la Danseuse des rues lors de la représentation de l'après-midi, où elle scintilla de mille feux. Mais là, je laisse à Sophia, qui y a assisté, le soin de nous en narrer les détails.

Le duo des Amies, constitué de Mathilde Froustey et de Myriam Ould-Braham a très bien fonctionné ce soir, avec des interprètes imaginatives, enjouées, qui, a l'instar de Mlles Grinsztajn et Cardinale mardi dernier, ont donnée une véritable tenue à ces rôles présumés "secondaires".

Alessio Carbone, avec un Gitan dans une forme olympique, n'a une fois de plus pas déçu les attentes, tout comme Mélanie Hurel, Cupidon dont nous avions déjà souligné la finesse d'interprétation et l'intelligence musicale. La danse vraie, pure et belle, est a chercher ici, bien plus que dans des effets grandiloquants et clinquants.

Dans le corps de ballet, adressons, comme l'avait déjà fait Pierre je crois, un coup de chapeau à Mmes Doussard, Parczen, Maison et Robert, qui assument avec brio des parties ingrates et peu valorisantes au yeux du grand public.

Enfin, il faut évoquer l'excellent comportement de Mallory Gaudion, Gamache d'une innénarrable drôlerie, alors que jusqu'a présent, Laurent Novis m'avait plus séduit dans ce rôle.

[Pierre]

Il faut une bonne nuit pour réfléchir à ce que nous venons de voir ce soir. Ce qui est sûr, c'est que Aurélie Dupont a été parfaite. Il n'y a aucun superlatif possible.

Carlos Acosta a été d'une puissance hallucinante et... un cabot absolu.

Vas, Emmanuel, tu restes le Roi-Soleil de cette série de Don-Quichotte 2004.

[Pierre]

Formidable improvisation de Gamache/Malaury Gaudion et de Lorenzo Richard Wilk après que le parapluie de Gamache se fût cassé en deux...

Et un éventail qui a échappé à Melle Ould-Braham à l'acte I.

Quel courage d'avoir enchaîné deux réprésentations cet après-midi. Idem à Garnier.

4 spectacles de ballet aux ONP cet après-midi...

[haydn]

La logique de cette programmation où l'Opéra de Paris s'auto-concurrence m'échappe un peu. A moins que le but ne soit de vider les caisses... Comme les balletomanes ont quelques difficultés à se couper en deux, le taux de remplissage des salles devient calamiteux... Dommage, car toutes les distributions inédites de cette série de Don Quichotte, où les jeunes danseurs ont été à la fête, méritaient qu'on leur porte attention.

[Pierre]

Nos posts sont partis en même temps et vous n'avez donc pas pu influencer mon jugement, mais je suis totalement d'accord avec vous sur le fait que Acosta nous a servi une soupe pimentée mais une soupe bien grasse.

J'étais au deuxième balcon là ou l'on entend tout ce qui se joue à l'orchestre mieux qu'ailleurs et cela faisait parfois Piste aux Etoiles de Roger Lanzac... bref la fosse influençait Acosta et réciproquement.

Ceux qui étaient à Bastille dimanche dernier restez avec vos rêves d'Etoiles...

[haydn]

Dans le genre vulgaire, l'orchestre n'était en effet pas non plus en reste. Et comme, au deuxième balcon, il sonne particulièrement fort, l'on a souvent l'impression de se trouver dans une taverne bavaroise plutôt que dans la campagne andalouse... Les cuivres étaient exécrables, avec une trompette solo qui mettait un point d'honneur a commettre un pain à chaque intervention... Les danseurs et le public mériteraient un peu plus de respect, même si la musique de ballet semble prodigieusement ennuyer ces messieurs-dames de l'orphéon....

[Pierre]

Sauf que dimanche dernier tout le monde a bien joué... Comme quoi quand il y a des ondes positives qui circulent...

Vive Louis XIV et bonne nuit à tous