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Claude Bessy: "La danse pour passion"

 
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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
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MessagePosté le: Mer Mar 17, 2004 3:48 pm    Sujet du message: Claude Bessy: "La danse pour passion" Répondre en citant

Je signale la sortie de ce livre de souvenirs de Claude Bessy: "La danse pour passion", publié chez Jean-Claude Lattès. On le trouve partout, je pense. Je ne l'ai pas encore lu, donc je n'en dirai rien, mais il semble qu'elle revienne sur les polémiques récentes à propos de l'école de danse.


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haydn
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MessagePosté le: Mer Mar 17, 2004 10:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant




Prix prévu 19 €, sortie aujourd'hui même!


Je vais me précipiter chez mon libraire favori, et j'espère que le débat sera nourri sur Dansomanie, au sujet de cet ouvrage! Merci Sophia!


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Mar 18, 2004 7:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens d'acquérir le livre de Claude Bessy, et j'en ai déjà dévoré la moitié. Il se décompose en trois grandes parties, la première historique, où C. Bessy évoque ses souvenirs de danseuse, la seconde consacrée à son action à la tête de l'Ecole de Danse et la troisième consituée d'annexes très intéressantes, qui reprennent les principales étapes de sa carrière sous forme de tableau chronologique, ainsi que la liste des spectacles dans lesquels elle a été distribuée.

Autant le dire tout de suite, même si la personnalité de C. Bessy peut prêter à controverse, l'ouvrage est brillant, très bien écrit (enfin quelqu'un qui sait encore rédiger dans un Français presque impeccable!) et du plus grand intérêt.

Dès les premières pages, C. Bessy rend un vibrant et courageux hommage à Serge Lifar, sans manier la langue de bois et en rappelant certains faits qui donnent un tout autre éclairage sur le comportement du chorégraphe durant l'Occupation :

Citation:
Après un procès d'épuration honteux qui divise la Maison, [Serge Lifar] est exclu à vie de l'Opéra, peine qui sera révisée et commuée en banissement d'un an [...]. Lifar fut défendu par ses danseurs, et tout particulièrement par Nicolas Efimoff et par Yvette Chauviré, qui vint témoigner en tenue de scène. Rita Thalia, anglaise et juive, avait été camouflée, tout comme son époux Max Bozzoni, par Lifar pendant les années noires, et ce n'étaient probablement pas les seuls


L'ouvrage fourmille de détails passionnants sur le répertoire et les pratiques courantes à l'Opéra il y a 50 ans :

Citation:
[Nous montions] alors sur l'arrière du pied, ancienne pratique héritée du XIXe siècle qui permet un travail rapide, très intensif de sautés sur pointes. Cette technique est d'ailleurs toujours en vigueur pour les diagonales sur pointes, comme celles de Giselle par exemple. Plus tard, Serge Lifar nous demandera de pratiquer différemment, en montant franchement sur le bout renforcé du chausson et en sortant le plus possible le cou-de-pied.


Pour Claude Bessy, le dernier gardien de la tradition française est aujourd'hui Patrice Bart.

Il y a aussi des anecdotes fort drôles. A propos de ses années d'étude à l'Ecole de danse :

Citation:
Le rôle du cancre [était] tenu brillamment par... Pierre Lacotte. Quand je vois aujourd'hui ce digne maître de ballet, spécialiste reconnu dans le Monde entier de la période romantique, restaurateur des chefs-d'oeuvre oubliés du répertoire, je ne peux superposer l'image du petit garçon turbulent, incontrôlable, toujours prêt pour les bêtises, qui jouait les pires tours à notre institutrice, Mlle Lamoussière. Il faillit même l'assommer à coups de balai, alors que, caché derrière la porte des toilettes et ainsi armé, il attendait que passe une fille pour la poursuivre. Coup de malchance, ce fut Mlle Lamoussiière qui ouvrit la porte et reçut le balai sur son beau chignon gris bien gonflé. Le scandale fut à la mesure de l'offense.


On trouvera aussi un (trop) petit chapitre consacré à son amitié avec Claire Motte :

Citation:
Elle était mon contraire, calme, réfléchie, sans colère, appaisante. Elle a été mon modérateur, mon balancier, ma sécurité. Elle m'obligeait à me calmer, à voir les choses de plus loin, hors d'un état passionnel. Tout devenait moins grave, plus simple
.


Un conseil, précipitez-vous pour vous procurer La danse pour passion. Cela en vaut la peine, que l'on aime ou non Claude Bessy.


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sophia



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MessagePosté le: Jeu Mar 18, 2004 8:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je l'ai acheté, mais je ne peux pas le lire tout de suite, j'ai d'autres lectures à terminer avant. Il me semble que c'est le genre de livre qui se dévore en une ou deux soirées. Merci Haydn d'avoir fait une remarque sur le style, cela devient aujourd'hui exceptionnel de voir une personnalité, notamment dans le monde de la danse, écrire dans un bon français, vous dites même excellent. Tant mieux! En le feuilletant, j'ai noté néanmoins pas mal de coquilles, mais cela devient là aussi très fréquent dans l'édition actuelle. Pour en revenir à Claude Bessy, je me souviens avoir lu étant petite fille un livre d'elle qui m'avait éblouie, livre intitulé "Danseuse étoile". Je l'ai toujours d'ailleurs.


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Mar 18, 2004 8:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a des coquilles typographiques (le nom du chef d'orchestre Louis Fourestier est plusieurs fois orthographié Forestier par exemple), mais là, je ne suis pas sûr que C. Bessy en porte une quelconque responsabilité. Mais le style est agréable, incisif - il correspond bien à la personnalité de l'auteur - et les personnalités issues du monde du spectacle (et d'ailleurs...) capables d'écrire un français avec une syntaxe et une orthographe correctes, ça devient effectivement de plus en plus rare, je suis bien d'accord avec vous Sophia... De ce point de vue, je trouve le côté "vieille France" de Claude Bessy assez attachant.


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shylock



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MessagePosté le: Mar Mar 23, 2004 2:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mis en appétit par ce topic, je me suis rendu samedi dernier dans un grand magasin de la rive gauche spécialisé dans la vente de produits culturels et de loisirs. Arrivé au troisième étage, celui de la librairie, je me suis précipité vers les présentoirs situés face à l'escalator, pensant y trouver l'objet de ma convoitise. Je l'ai recherché en vain parmi les ouvrages consacrés à un pédophile belge, à un chanteur de rock renvoyé devant les Assises pour avoir mortellement tabassé sa maîtresse, entre le recueil de souvenirs d'un gigolo professionnel et dix autres ouvrages d'actualité. Ayant enfin compris que le livre de souvenirs de Claude BESSY, jugé trop peu commercial, avait été relégué loin dans les rayonnages spécialisés, je me suis dirigé vers le rayon Danse où j'ai immédiatement découvert l'ouvrage que je cherchais avidement, voisinant avec celui d'Elise ROPERS, qui semble encore bien marcher.
C'est un ouvrage facile à lire, bien rédigé, clair et précis. Il tient lieu à la fois de documentaire et de mémoires, une sorte de testament. Il montre combien était difficile le quotidien des danseurs avant que leur situation matérielle ne soit considérablement améliorée dans les années 60: origine souvent modeste des artiste, manque de considération de la direction, désinvolture du procédé de nomination des étoiles, omnipotence de la Direction dans le choix des distributions, modestie des émoluments (une étoile de vait renégocier elle-même son traitement), obligation de recourir à toutes sortes d'expédients pour améliorer le train de vie (il y avait de nombreux salons de thé autour de Garnier...). D'autres usages, aujourd'hui disparus, étonnent: caractère superficiel des examens, retrogadation provisoire des indisciplinés, obligation pour les élèves de l'école de danse de s'inscrire à des cours extérieurs (Zambelli, Ricaux, etc) pour compenser l'insuffisance de leur formation, etc.
L'auteur évoque également de nombreuses figures, vivantes ou décédées, qui ont croisé son chemin. Elle aborde in fine la récente affaire du rapport de la DDASS qui l'a profondement meurtrie.
J'ai extrait de son livre ces quelques phrases en lesquelles peuvent se reconnaître tous les danseurs:

Citation:
A la fin de la représentation, le danseur est épuisé et envahi d'une satisfaction que rien d'autre ne peut donner.... Ces moments nous mettent à part, hors du réel. Ce n'est pas donné à tout le monde. Quelle que soit l'usue du spectacle, on en sort grandi... Dure revanche des dieux, adulé pendant deux heures, le danseur se retrouve seul dans sa loge... Cette vie ciblée... débouche sur une terible solitude. Les artristes vivent à travers le public, sentent si leur rayonnement passe au-desus de la fosse d'orchestre, atteint la salle qui retient son souffle et renvoie, à son tour, de grandes ondes d'amour.... Le spectateur, quant à lui, est soulevé de son fauteuil, hors du temps, il prend la place de l'artiste, gardera de lui un éblouissement."



Haydn, à travers vos contacts privilégiés avec les danseurs du CDB, peut-être pourriez-vous les solliciter pour nous faire part de leur vécu de la scène, des interactions avec le public?


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haydn
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Messages: 26499

MessagePosté le: Mar Mar 23, 2004 6:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je vais essayer Shylock! La prochaine interview à paraître d'ici quelque jours sera comme annoncé celle de Sophie Parczen, où il sera surtout question de techniques d'apprentissage, mais pour la suite, tout reste ouvert... Et qui dit que j'ai des "relations privilégiées"? Cool

L'ouvrage de C. Bessy est effectivement passionnant, et elle n'élude pas la question du rapport sur les dysfonctionnement constatés à l'école de danse, même si c'est évidemment pour réfuter les accusations portées.

Là ou C. Bessy se contredit un peu, c'est que d'une part, lorsqu'elle évoque ses propres souvenirs de jeunesse, elle se décrit comme une rebelle, qui supportait avec beaucoup de difficultés les abus d'autorité de certains professeurs et la hiérachie tâtillonne du Coprs de Ballet, mais une fois franchie la barrière, en tant que Directrice de l'Ecole de Danse, elle se fait la défenderesse de méthodes d'enseignement traditonnelles, fondées sur le respect et une certaine soumission à la volonté des maîtres.


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shylock



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MessagePosté le: Mar Mar 23, 2004 7:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Et qui dit que j'ai des "relations privilégiées"?

Disons que vous avez vos petites entrées à Garnier... Wink


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sophia



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2004 8:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a une interview de Claude Bessy par Ariane Bavelier dans "Le Figaro" d'aujourd'hui, samedi 27.


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sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22085

MessagePosté le: Mer Avr 07, 2004 8:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai lu le livre de Claude Bessy et j'ai particulièrement apprécié l'évocation de ce Paris bien lointain où fleurissaient les petits cours de danse. Un véritable quartier de la danse existait autour de la place Saint-Georges et de l'église de la Trinité, à proximité de ce qu'on appelait au XIXème siècle le quartier de la Nouvelle Athènes. Il en reste bien peu de traces aujourd'hui, à part peut-être quelques boutiques rue de Clichy. J'ai également aimé l'évocation du rude quotidien d'un danseur de ces années-là. C'est surtout pour cet aspect historique et documentaire que je trouve la lecture de ce livre très recommandable.


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