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Giselle au Palais Garnier
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haydn
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MessagePosté le: Jeu Fév 19, 2004 1:07 am    Sujet du message: Répondre en citant

Représentation de routine ce mercredi 18 février, avec la Giselle de Laetitia Pujol. Techniquement, il y a peu de griefs à faire à l'étoile du Ballet de l'Opéra de Paris. Sa variation était propre, avec de très jolis tours, bien enlevés. Elle a fourni un réel effort de caractérisation du personnage, mais, après le numéro d'exception que nous a offert Mélanie Hurel, tout semble un peu fade. Mlle Pujol était plus engagée au deuxième acte, où elle a su se garantir de toute mièvrerie. sa variation y était également d'excellent niveau.

La Myrtha de Stéphanie Romberg était de bonne facture, même si ses piétinés, dans l'Apparition, sont fort loin d'égaler ceux de Delphine Moussin ou d'Eleonora Abbagnato. En revanche, la variation qui suivait a été magistralement exécutée, et Mlle Romberg a très bien rendu la méchanceté et la froide détermination de son personnage.

Nicolas Le Riche n'était pas un Albrecht absolument idéal. Peu concerné dans le premier acte, il s'est à nouveau avéré meilleur au II, même s'il a connu quelques défaillances techniques inhabituelles, mais compréhensibles vu la façon dont ce danseur est sollicité depuis le début de la saison. Le corps a ses limites, et même un athlète aussi vaillant que M. Le Riche peut connaître des moments d'épuisement, d'autant que la veille, il venait d'assurer la création d'Il faut qu'une porte... Cela ne l'a pas empêché d'enchaîner une impressionnante série d'entrechats-six (nous avouons ne pas les avoir comptés, mais aux dires de l'intéressé, il y en avait...32!!).

Le Pas-de-deux des vendangeurs avait été confié à Emmanuel Thibault (en remplacement de Christophe Duquenne) et Laurence Laffon. Individuellement, ce sont deux excellents artistes, mais il forment un couple mal assorti, et le résultat n'a pas été réellement probant. Toutefois, dans les deux variations que comporte ce pas pour le partenaire masculin, M. Thibault nous a une fois de plus gratifié d'une démonstration de sa maestria technique et de son style si raffiné. On eût aimé que la direction du ballet ait pris plus de risques, en distribuant M. Thibault avec une Juliane Mathis, une Laura Hecquet ou une Zsofia Parczen, puisque la mode est à la mise en avant des "sans grade"... ou futur(e)s gradé(e)s...

Au II, les soli des Wilis étaient confiés à Dorothée Gilbert et Karine Villagrassa, qui se sont très bien acquitées de leur tâche, avec une supériorité technique évidente pour Mlle Gilbert, compensée chez Karine Villagrassa par plus de morbidezza et de gracieux ports de bras.

L'on ne s'attardera pas sur le Hilarion en petite forme de Yann Bridard - qui sait pourtant faire de grandes choses les jours fastes - pour retenir, dans le corps de ballet, a nouveau le bon comportement de Mlles Mathis, Parczen, Cordellier, Dayanova et Mallem (pardon à celles que j'oublie), ainsi que de Gwenaëlle Vauthier, oubliée sur le programme, mais très présente sur scène... Chez les hommes, on aura remarqué comme d'habitude Julien Meyzindi, Floriant Magnenet (récemment récompensé du prix Carpeaux) et Simone Valastro.

Enfin, saluons une fois de plus l'excellente Vanessa Legassy, qui a caractérisé avec beaucoup de soin le rôle ingrat de Bathilde.


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Aurélie



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MessagePosté le: Jeu Fév 19, 2004 1:19 am    Sujet du message: Répondre en citant

Et bien, c'est tout à l'honneur de Laëtitia Pujol d'avoir réussi cette variation du premier acte! En effet, depuis le début des représentations, je n'ai pas vu une danseuse s'en acquitter correctement. Cela est sans nul doute lié à la direction musicale totalement déroutante à ce moment précis Shocked ...


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Fév 19, 2004 1:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il faut dire que le tempo de cette variation est exagérément lent, ce qui ne facilite pas la tâche aux danseuses... Et l'orchestre était franchement médiocre ce soir, avec des départs souvent plus que hasardeux, des couacs aux cors et toujours ce maudit rubato partout...


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shylock



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MessagePosté le: Jeu Fév 19, 2004 6:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

On a du mal à croire que c'est le même orchestre qui a transporté le public dans Parsifal la saison dernière. Conlon me paraît avoir une autre envergure que Conelly.


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haydn
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MessagePosté le: Jeu Fév 19, 2004 7:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Certes Shylock, mais la, c'est David Coleman qui dirige.... Wink


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shylock



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MessagePosté le: Jeu Fév 19, 2004 7:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Exact, Coleman, et non pas Conelly... Embarassed


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haydn
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MessagePosté le: Mer Fév 25, 2004 11:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ce mercredi soir, c'est Emmanuel Thibault qui remplace Benjamin Pech dans le pas de deux des vendangeurs, qu'il dansera avec Mélanie Hurel. Et Viviane Descoutures (!!) tiendra le rôle de la Mère à la place de Danielle Doussard.

Nicolas Leriche - c'était malheureusement prévisible vu la façon très exagérée dont on l'a sollicité ces derniers temps - s'est semble-t-il assez sérieusement blessé hier soir. Son remplacement pour le 27 n'est toutefois pas officiellement décidé encore.

Toujours des changements, avec Sebastien Bertaud, qui sera Wilfried les 27/02, 02/03 et 04/03.


Le massacre continue... Sad


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haydn
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MessagePosté le: Mer Fév 25, 2004 2:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

L'opéra annonce maintenant sur son site Benjamen Pech en remplacement de N. Leriche, mais ça peut encore changer... :

http://www.opera-de-paris.fr/0304/f.asp?op=frame&ACT=588


L'information - qui y figure aussi - selon laquelle Laurence Laffon danserait le PDD des vendangeurs avec Mélanie Hurel est évidemment fantaisiste et c'est bien Emmanuel Thibault qui tiendra le rôle.


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Aurélie



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MessagePosté le: Mer Fév 25, 2004 11:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Soirée exceptionnelle !! Que s’est-il donc passé pour que les danseurs soient galvanisés à ce point ? Tous, tous les danseurs du corps de ballet ont été superbes ce soir, tous donnant le meilleur d’eux même.
Le grand moment de cette soirée fut incontestablement le pas de deux des vendangeurs, interprété par Mélanie Hurel et Emmanuel Thibault. C’est le couple le mieux assorti de cette série de Giselle, dansant réellement ensemble, avec une complicité évidente. Tous deux sont des interprètes idéaux de ce répertoire. Un grand moment.
Marie-Agnès Gillot a quant à elle dominé le deuxième acte. Que Marie-Agnès Gillot est sublime, tout le monde le sait, mais ce qui m’a vraiment surprise ce soir, c’est qu’elle semble évoluer et devenir meilleure (oui, c’est possible !!). Jouant sur les nuances de la partition elle incarne une Myrtha proche du divin. Chaque geste, même le plus simple port de bras, est habité et interprété avec la plus grande intelligence.
Wilfried Romoli a été un merveilleux Hilarion, bouleversant de sincérité dans son amour pour Giselle.
Quant à Zakharova… Que dire, si ce n’est que ses démonstrations techniques sont très malvenues dans ce répertoire. Peut-être devrais-je dire que nous n’y sommes pas habitués par ici ! Le plus impardonnable à mes yeux est la modification (certes sporadique) de la chorégraphie, dans le seul but de jeter à plus de 180°, pour un résultat finalement plus fade. A son crédit, je dirais que c’est la seule à s’être acquittée correctement (je ne parle que de technique, bien sûr) de sa variation du premier acte aux tempi impossibles.


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haydn
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MessagePosté le: Mer Fév 25, 2004 11:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Giselle, 25 février 2004


La principale attraction de la représentation de Giselle du 25 février , archi-comble, était bien entendu Svetlana Zakharova, la vedette du Bolchoï. Disons-le tout net, la déception fut au rendez-vous. Mlle Zakharova possède une technique éblouissante, supérieure même à celle d'une Aurélie Dupont - sa variation du 1er acte frisait, sur ce plan, la perfection - mais elle est restée totalement extérieure au rôle, ne parvenant pas à faire passer la moindre émotion. Son approche de Giselle est demeurée maniérée et superficielle, et n'a jamais vraiment convaincu ; les licences prises avec la chorégraphie du second acte n'y auront rien changé.

Laurent Hilaire, Albrecht d'excellent niveau, n'a, comme Manuel Legris, plus l'âge du héros, ce qui lui ôte un peu de crédibilité dramatique, en dépit de sa belle prestance. Dommage, et l'on attend avec impatience que des danseurs nobles de la jeune génération viennent assurer la relève dans les rôles de princes séducteurs.

En revanche, Wilfried Romoli a campé un Hilarion de première force, de très loin le meilleur que nous ayons vu dans la série de représentations programmées en ce début 2004. Il est le seul à avoir véritablement pris son rôle au sérieux, conférant au personnage une réelle consistance dramatique. Mais aussi bien dans Il faut qu'une porte... que dans Un trait d'union, nous avions déjà eu l'occasion d'admirer les grandes qualités d'acteur de M. Romoli.

Marie-Agnès Gillot nous revenait en Myrtha, où elle nous a confirmé ce que nous savions déjà depuis l'an passé : elle incarne la Reine des Willis de manière absolument merveilleuse, et sa seule rivale crédible y est Delphine Moussin.


Mais la véritable vedette du jour fut Emmanuel Thibault, qui remplaçait Benjamin Pech dans le Pas de deux des vendengeurs. Sa prestation fut d'une perfection à couper le souffle. Technique irréprochable, ballon exceptionnel, cabrioles, sissonnes, entrechats se succédaient avec une virtuosité à couper le souffle. La saltation est tonique, mais jamais brutale, et le style est comme toujours d'une élégance raffinée. En dépit des erreurs d'annonce, les partisans de M. Thibault étaient venus en nombre, et l'ont très chaleureusement ovationné. Il serait grand temps qu'à la Direction de la danse de l'Opéra de Paris, l'on se rende aussi compte que l'on a affaire à un danseur de génie, qui mériterait d'être distribué dans des rôles d'envergure.

Emmanuel Thibault et Mélanie Hurel formaient un couple très bien assorti, et cette dernière lui a donné une réplique à sa hauteur : grâce, fraîcheur juvénile, expressivité et toujours de fort jolis ports de bras et de buste, démontrant que Mlle Hurel a préparé ses interventions dans cette Giselle "version 2004" avec un sérieux et un sens artistique qui lui font grand honneur.

Mention particulière à Sébastien Bertaud, qui a vaillament défendu le petit rôle de de Wilfried. D'ici à quelques années, M. Bertaud pourrait bien devenir un Albrecht de valeur.

Viviane Descoutures a pour sa part surjoué le personnage de la Mère de Giselle, cherchant manifestement à attirer l'attention par tous les moyens.

Le corps de ballet était véritablement survolté, et chacun y méritait des éloges.

Enfin, un petit mot sur l'orchestre, toujours moyen. La direction de M. Coleman est martiale et vulgaire dans les manèges et le galop du 1er acte, nous l'avons déjà maintes fois répété. En revanche, les adages sont pris dans un tempo d'une exaspérante lenteur, qui met parfois les danseurs en difficulté. Svetlana Zakharova a eu bien du mérite à exécuter proprement sa variation au I... Enfonçons le clou et répétons une fois de plus qu'il est grand temps que la musique de ballet romantique soit prise au sérieux par les instrumentistes et les chefs qui se produisent dans la fosse de l'Opéra de Paris...


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Aurélie



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MessagePosté le: Jeu Fév 26, 2004 12:01 am    Sujet du message: Répondre en citant

Tout à fait d'accord au sujet de Sébastien Bertaud, il a la classe d'un Albrecht.
Emmanuel Thibault, quant à lui, a été le seul que j'ai vu réussir parfaitement son manège dans sa première variation.


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Katharine Kanter



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MessagePosté le: Jeu Fév 26, 2004 4:58 pm    Sujet du message: Représentation du 25 février 2004 Répondre en citant

Représentation du 25 février 2004

Mlle. Zakaharova / M. Hilaire / M. Romoli / Mlle. Gillot

1/ L’on retient une impression pénible – peut être est-ce mon imagination, mais je vois la scène suivante :

Le professeur et Mlle. Zakharova sont assis à une table devant la partition ouverte, avec une pile de Post-It.

Ils lisent ensemble la partition, et collent des Post-It sur les endroits où il faut FAIRE quelque chose de théâtralement aguicheur. « Ici, tu lance le poignet coquettement en même temps que tu assembles ! « « Ici, tu fais un mignon petit soubresaut où les autres avant toi n’ont rien fait »

En fin de compte, l’on utilise la partition à des fins pragmatiques, pour en traire des EFFETS sans que l’artiste n’ait le loisir de développer par ses propres moyens un concept du rôle.

2/ D’autre part, l’hyper-laxité de gymnaste de toutes les articulations de Mlle. Zakharova en fait un corps qui n’est pas approprié pour la danse classique comme forme d’ART.

Le pied en banane, le genou en S sont des défauts qui déforment la fermeté et la dignité de la ligne. Il y a trente ans, à supposer qu’un individu avec ces défauts eût pu être accepté dans une école, l’on aurait travaillé à fond avec lui pour les atténuer. Aujourd’hui, puisque l’on donne pour acquis que la carrière va s’arrêter vers 27 ans de toute façon, l’on produit en chaîne des Consumer Objects.

Des défauts semblables sont en train de démolir la carrière de Mlle. Cojocaru, qui étudia à la même école à Kiev, quoique cette dernière soit un artiste de plus de substance. Nos techniques d’enseignement et de sélection appellent à une réforme je crois.

3/ Je ne suis pas sûre de partager l’opinion de M. Haydn sur la mérite technique de Mlle. Zakharova relative à Mlle. Dupont. Mlle. Zakharova a un petit répertoire de choses qu’elle sait faire et qui correspondent à sa morphologie – par exemple, ce type de pied et de genou permet de tourner facilement dans presque toutes les positions. Comme elle a sept ou huit ans de moins que Mlle. Dupont les lacunes n’ont pas encore pris le dessus. Pour moi, la technique n’est PAS ce que l’on a déjà dans son corps. La technique est la science que l’on acquiert et qui permet de gagner du terrain, beaucoup de terrain, sur ce que l’on n'a pas.

Le haut du corps n’est pas tenu, de sorte que Mlle. Zakharova ne pourrait se risquer dans les ports de bras audacieux de Mlle. Dupont dans ce même rôle (à supposer que l’idée d’étudier de tels ports de bras lui vienne), car elle n’en a pas la force physique, le centre ne tient pas. Et comment voulez-vous que cela tienne, avec des hyper-extensions aussi grotesques ?

4/ D’autre part, une négligence ou ignorance complète des traditions de la danse et du mime.

Ce que l’on appelle la « tradition » est un poids, une charge, que nous ne pourrons jamais secouer dans aucun domaine de pensée. Nous portons l’histoire mentale du passé avec nous, dans chaque génération ! Celui qui a ce que les grecs appellent « dynamos », une virilité intellectuelle - que l’on soit homme ou femme - va soulever ce poids, il va le porter, et il va faire avancer toute la forme d’art ou de science. Celui qui est faible, ou plutôt paresseux, n’ira pas chercher les ressources intérieures, il va le laisser tomber. Cela lui cause trop de fatigue de tenter de comprendre ce qui existe pour le transformer.

Donc, le faible ou le paresseux ne changera jamais rien.

5/ Contrairement à d’autres, je ne pense pas que M. Hilaire soit « trop vieux » pour le rôle de Albrecht – d’ailleurs sait-on que le prince fût jamais jeune dans le livret ? - mais peut-être est-il trop vieux pour vouloir encore s’ennuyer, face à une Giselle avec un niveau d’engagement tel que Mlle. Zakharova ?


2/ M. Haydn me semble sévère au sujet de Mlle. Descoutures en Berthe. D’abord, ceci est un théâtre où il serait essentiel que l’on voie beaucoup plus souvent sur scène les professeurs dans les rôles de mime.

Ensuite, il FAUT que le public remarque la mère. C’est un rôle principal. Nombre de gestes de Mlle. Descoutures semblaient bien trouvés, par exemple lorsqu’elle sort pour accueillir les nobles hôtes, et elle semble très surprise et arrange son tablier. Peut-être peut-on diverger sur des détails ; par exemple, lorsque Albrecht s’approche de Giselle morte, isolé des paysans qui détournent la tête et le rejettent, je pense que Berthe devrait dire « Eloignez-vous, monstre ! « Alors que Mlle. Descoutures a dit « laissez-moi seul avec ma douleur ! « ce qui n’est pas la même chose et enlève à la force de sa rejection.

Mlle. Quernet m’a semblé en Bathilde très convaincante, ainsi que M. Berthaud, tout à fait admirable en Wilfried, au point où il en fait un vrai rôle. Aussi était-ce de loin la meilleure représentation que j’ai jamais vue M. Romoli donner en Hilarion.

C’est le premier soir en tant de représentations où l’on se disait que le corps de ballet avait dû manger huîtres ou beefsteak, car ils étaient très, très bons, l’électricité planait dans l’air. Pour une fois, un air d’ENSEMBLE, une poésie se dégageait des scènes de groupe, sauf pour la Grande Roue, toujours boiteuse.

Des choses très délicates dans le mime chez Mlle. Parcen, et chez Mlle. Ould Braham, paysanne rêveur et mélancolique.

Au moment où débuta le Pas de deux des vendangers la salle était silencieuse et toute à son attention.

Mlle. Hurel, d’un naturel presqu’enfantin, ce qui repose sur une considérable science scénique lorsque l’on n’est pas un enfant ! Lesdites variations sont surchargées de pas, et leur donner une cohérence comme elle le fit, n’est pas une mince affaire.

Quant à M. Thibault, l’on comprend pourquoi X, Y ou Z peuvent craindre que ce remarquable individu ait l’occasion de danser un rôle plus d’une ou deux fois.

Dans cette série de « Giselle », M. Thibault a pu s’attaquer aux redoutables problèmes des deux variations par quatre fois, occasion très rare, et l’on a vu à chaque fois le « Steigerung », l’escalade, de cet esprit si original. La première variation est simplement la répétition de pas de bravoure, et leur imprimer des nuances, des « Schattierungen » est pratiquement physiquement impossible. Mais il a réussi, alors que le texte chorégraphique ne s’y prête pas, en le transformant même en quelque chose de poétique.

Le travail de cet individu est un défi à la médiocrité.

Permettez-moi d’ajouter que ces deux personnes sont de très bons mimes. Lorsqu’ils quittent la scène, ils ne vont pas dans les coulisses ! Non ! Ils partent en riant vers Dieu sait où, vers un endroit inconnu mais certainement charmant, en habitant leur rôle jusqu’à ce que personne dans la salle ne les voit plus.

Le grand manège de ce pas de deux est un casse tête, et j’essaie de comprendre pourquoi toutes les personnes qui s’y essaient ont rétréci la circonférence tant soit peu. Voici une tentative, j’attends les vues de personnes plus compétentes.

Dans la salle de répétition, vous tracez mentalement la circonférence de votre manège. Vous le voyez bien dans la tête, et vous retombez après le double-tour plus ou moins sur le tracé. Mais il y a des hics : d’abord, si c’était un simple tour (déjà assez difficile, merci !) le sens d’orientation est une chose, mais avec double tour, le torque que vous devez imprimer pour le second tour vous fait chercher un centre, ce centre va être celui qui est au centre du tracé du manège ! Vous essayez de rectifier le tir, et en salle de répétition cela va peut être marcher car vous êtes plus ou moins seul.

Sur scène, vous êtes entouré du corps de ballet « pressing in upon you ». Cela vous donne l’impression que vous n’allez pas pouvoir retrouver le tracé initial de la circonférence, et après chaque double-tour vous rétrécissez presque par instinct le tracé du cercle. Pour parier à cela, certain danseurs ont voulu ralentir le tempo pour donner le coup d’oeil et bien recadrer le tracé, d’autres qui ont fait une circonférence fort serrée depuis le début ont fini sur le rayon du cercle ! Personnellement, je crois qu’il serait artistiquement préférable que M. Bart décide en faveur d’un seul tour, car l’essentiel c’est la musique, et invariablement avec deux tours l’on va être obligé de la déformer.


***


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Aurélie



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MessagePosté le: Jeu Fév 26, 2004 5:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ce que je ne peux pas pardoner à Zakharova, ce sont ces "tics" dont j'imagine qu'elle les applique à tous les ballets qu'elle danse, et qui sont particulièrement malvenus dans Giselle. Par exemple, au premier acte, alors qu'on lui demande simplement de jouer la comédie et d'essayer d'être une paysanne, elle prend des poses de cygne (buste soulevé et bras tendus) ou de princesse, sortant d'un coup du personnage.


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haydn
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MessagePosté le: Dim Fév 29, 2004 10:48 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le jeu de massacre continue, et c'est au tour de Myriam Ould-Braham d'en faire les frais. Elle sera remplacée par Miho Fuji pour les deux dernières représentations. Cette série de Giselle aura décidement brisé bien des corps. Il est en ce moment de bon ton de disserter sur les méthodes "inadéquates" de Marie-Claude Pietragalla au ballet de Marseille, mais on pourrait aussi se poser quelques questions sur les programmes de travail démentiels que l'on inflige aux danseurs de l'Opéra de Paris. Qu'il y ait un certain nombre d'accidents, c'est inévitable, la pratique de la danse présente des risques physiques que l'on ne peut totalement éliminer. Mais on peut difficilement croire qu'une telle "série noire" soit uniquement dûe à la malchance...


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Aurélie



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MessagePosté le: Mar Mar 02, 2004 7:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

La critique de René Sirvin est en ligne !


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