Dansomanie Index du Forum
Connexion S'enregistrer FAQ Liste des Membres Rechercher Dansomanie Index du Forum

Giselle au Palais Garnier
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Dansomanie Index du Forum -> Tout sur la danse
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
Messages: 1415
Localisation: Paris

MessagePosté le: Dim Fév 08, 2004 1:04 am    Sujet du message: Mlle Hurel Répondre en citant

M. Haydn

Espérons le rapide rétablissment de Mlle. Aubin.

Je vous rejoins entièrement - Mlle. Hurel a été

SENSATIONNEL.

L'on se demandait qui allait poursuivre dans les pas de Mlle. Maurin.

With the grace of God - this may be it !


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Dim Fév 08, 2004 2:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je crois qu'il n'y a absolument rien a redire à la prestation de Mlle Hurel, c'est vraiment la plus magnifique Giselle que j'ai vue depuis longtemps, mais ce qu'elle a fait les jours précédents dans le Pas de deux des vendangeurs me laissait déjà espérer le meilleur, en dépit des critiques de certains qui se sont empressés de tourner casaque ce soir...
Et je souhaite aussi que Nathalie Aubin se rétablisse au plus vite, cela me fait de la peine pour cette merveilleuse artiste.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Aurélie



Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 1317
Localisation: Paris

MessagePosté le: Dim Fév 08, 2004 2:08 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai moi aussi été enthousiasmée par Mélanie Hurel. Elle s'est véritablement révélée ce soir!
C'est une danseuse que, par le passé, j'avais toujours trouvée bien, mais sans plus. Il fallait attendre qu'on lui donne un rôle à sa mesure pour découvrir ses capacités!
Ce qui m'a le plus étonnée, c'est son engagement total dans le rôle dès son entrée en scène. On n'aurait jamais pu deviner qu'elle dansait Giselle pour la première fois, tant son interprétation était intelligente et musicale. C'est appréciable de voir une danseuse qui semble avoir longuement travaillé et réfléchi à son rôle, afin de nous donner le meilleur d'elle-même. Il n'y a pas eu un moment de flottement dans son interprétation, et sa Giselle n'était que spontanéité et vivacité au premier acte.
Sur le plan technique, on ne peut qu'apprécier la qualité des sauts et de leur réception, de même que le travail de pied. Elle accompagne tous ses pas par des mouvements du buste, ainsi que par des bras vifs et expressifs, et c'est ainsi que j'imagine la danse telle qu'elle devait être dansée au XIXème siècle.
Et pour ne rien gacher, le couple qu'elle formait avec Benjamin Pech était idéal, les deux étant très bien assortis. Benjamin Pech a en effet été lui aussi excellent ce soir, tout comme Stéphane Elizabé.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Dim Fév 08, 2004 1:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour en revenir à Alina Cojocaru que j'ai beaucoup appréciée par ailleurs, quelqu'un pourrait-il nous en dire plus sur ces abominables chaussons qu'elle porte et qui détruisent complétement la ligne de la danseuse?


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Dim Fév 08, 2004 2:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

D'après Mme Kanter, Alina Cojocaru utilise des chaussons de la marque américaine Gaynor Minden (allez faire un tour sur leur site : http://www.gaynorminden.com/ où vous trouverez une description technique de leurs pointes, évidemment présentées de manière favorable!), qui est le fournisseur normal du Royal Ballet. Ce sont des chaussons qui comportent une coque en élastomère, au lieu de pâte et de papier encollé. Ces chaussons, qu'il n'est pas nécessaire de "casser", sont censés mieux absorber les chocs, et être moins agressifs pour les pieds ; ceci revêt évidemment une importance particuière en ce qui concerne Mlle Cojocaru, compte-tenu des problèmes qu'elle a à ce niveau. Le choix en faveur de ces chaussons made in U.S.A est d'ailleurs sujet à controverse, controverse encore accentuée justement par les difficultés d'Alina Cojocaru. Divers articles ont été publiés à ce sujet : (cf. par exemple http://bree.aduil.net/balletreads/gaynorcontroversy.php). L'Opéra de Paris tout comme le Bochoï, contrairement à d'autres compagnies prestigieuses, restent pour le moment fidèles à des chaussons de fabrication traditionnelle, et on peut penser qu'il s'agit d'une attitude sage.
En tout état de cause, les chaussons de Mlle Cojocaru sont certainement fabriqués sur mesure, pour tenir compte de la morphologie particulière de ses pieds, d'où cette coque pratiquement parallépipédique et ce plateau exagérement large, inesthétique et pénalisant notamment dans les piétinés (que certains, sous d'autres latitudes télématiques, ont trouvé sublimes... Shocked Shocked ).


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sophia



Inscrit le: 03 Jan 2004
Messages: 22087

MessagePosté le: Dim Fév 08, 2004 4:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci de toutes ces informations, mais j'ignorais que Melle Cojocaru eût des problèmes de pieds (???). Par ailleurs, je sais bien que ce type de chaussons est courant en Angleterre. Je me souviens d'une production du "Lac des Cygnes" signée Makarova et tournée pour la télévision dans laquelle la danseuse interprétant Odette portait ces horribles savates. Et cela m'avait vraiment beaucoup gênée.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
Messages: 1415
Localisation: Paris

MessagePosté le: Dim Fév 08, 2004 8:39 pm    Sujet du message: May one add something to the question of Mélanie Hurel? Répondre en citant

Début as Giselle of Mélanie Hurel

Hard to express these ideas in French –

To understand why I think it is a breakthrough:


The subject is work put in by professional artists of a high order.

1/ The first level of work is a correct execution of the steps. This alone is extremely demanding. To a greater or lesser degree, everyone in the French National Theatre is capable of executing even the most difficult steps, brilliantly.

2/ The second, is plastique, a higher order of beauty, where the artist enters into a domain ruled by the draughtsmanship of men like Leonardo and Raphael.

In order to attain plastique, the restless beauty of off-balance living processes, one will have to “sacrifice” what some might think of as “correct” execution. A perfect example, is that it is will often be essential to sacrifice fifth position, when things really get a’rockin’ and a’rollin’.

Many people will refuse to take that risk, and will cling to a logical, arithmetically-correct execution of the steps.

3/ The third, is that even plastique itself, must on occasion be sacrificed, in order to get across a still higher musical and dramatic concept. It is the equivalent of a dissonance in music.

Does that mean TRASHING plastique ? Does that mean TRASHING correct execution of the steps ? No, it does not. It is not expressionism ! It only has meaning, when done by someone who is conscious of what they are doing ! It means that there are notions higher, and beyond, beauty visible to the eye, just as there is something higher and beyond the “beauty” of consonance in music. Change.

That is what is so absolutely fascinating about what Mélanie Hurel did last night. And I take my hat off to M. Pech, because unlike many people, he does not interrupt other’s thinking process. When something is happening, he LETS IT TO HAPPEN.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
Messages: 1415
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Fév 09, 2004 12:45 am    Sujet du message: Giselle - 8 février 2004 - Aurélie Dupont Répondre en citant

Il est certain que nous qui assistons maintenant aux représentations du théâtre national français, sommes des privilégiés, et qu’il y a une réelle réflexion chez certaines personnes dans ce théâtre.

Après cette grande percée que fut la représentation hier soir de Mlle. Hurel, une interprétation moins profonde, mais néanmoins fort importante de Mlle. Dupont cet après-midi.

Cette dame est revenue après sa maladie avec une technique beaucoup plus puissante qu’auparavant.

Elle a fait des choses, techniquement, que peu de personnes aujourd’hui pourraient atteindre – des équilibres d’une tranquillité imperturbable, des ronds de jambe sautés comme battements d’aile d’oiseau, des ballonnés à plusieurs centimètres du sol et avec pied pleinement tendu, des pirouettes que ce soit en-dehors ou en-dedans et finissant dans toutes les positions sur l’axe, et surtout des ports de bras parfaitement soutenus et qui commencent non pas au bras, MAIS A LA TAILLE, qui rappellent cet ange Lis Jeppesen.

La grande énergie et puissance de cette dame est en partie aussi due à deux choses : d’abord le fait qu’elle ne soit pas d’une excessive et morbide minceur et possède donc réserve d’énergie, et deuxièmement, sa force physique qui lui vient des exercices physiques faits en dehors du domaine de la danse.

Parce que la technique de femme dans la danse classique aujourd’hui, ne permet pas d’avoir un corps aussi puissant - à moins de s’appeler Maria Alexandrova.

D’autre part, et le plus fondamental, cette dame a réfléchi à chaque détail de son travail. Toute la mesure musicale est utilisée – il n’y a pas des notes « importantes », et des notes « laissées pour compte ». Le port de bras jusqu’au bout des doigts est porté SUR TOUTE LA PHRASE musicale, il ne s’arrête pas arbitrairement parce que la concentration ou la force physique faibilit. A aucun moment n’y a t-il un geste naturaliste, mais chaque geste est soutenu par la tension scénique.

Si vous demandez mon opinion strictement personnelle et subjective, je dis que je préfère, de loin, ce que Mlle. Hurel a fait hier soir, car c’est quelque chose d’original, qui jaillit du fond de l’être, qui est OPEN ENDED, et qui ne se regarde pas, mais qui va vers les autres. Si vous demandez mon opinion objective, je dois dire qu’avec Mlle. Dupont, nous sommes en face d’une dame très sérieuse, avec une capacité de travailler la technique qui n’est pas donné à tous, qui réfléchit au mime, et qui est de surcroît un être aimable et bon. Le seul défaut, c’est que cette dame sait exactement de quoi elle a l’air quand elle danse. Pour le moment du moins, c’est ce qui l’empêche d’atteindre les idées transcendantales. Mlle. Hurel ne sait pas de quoi elle a l’air quand elle danse. C’est sa très grande force.

M. LeRiche est sans doute fatigué. Son Albrecht ne transmet rien du tout. Son mime est à un niveau naturaliste inacceptable. Je pense qu’il bon de savoir que Messrs. Courtain, Duquenne et Thibault, par exemple, peuvent aussi danser Albrecht, et qu’il est utile pour le public de connaître leurs vues sur ce rôle, tout comme il serait très utile pour le public de connaître les vues de Mlle. Miteki Kudo ou Mlle. Fanny Fiat sur Giselle. J’ai réalisé au cours des derniers jours, qu’il serait peut être aussi utile pour le public de connaître les vues de Mlle. Parcen sur Myrtha.

Le rôle de Hilarion a été tenu le 7 par M. Elizabé et le 8 par M. Paquette. M. Elizabé a été extrêmement convaincant, c’est un mime réfléchi, et ce qu’il a fait était riche de plus de détails qu’au mois de juillet dernier. Il n’y a aucune raison pour laquelle ce rôle ne puisse être tenu par une aussi grande beauté que M. Paquette – pourquoi pas, après tout ? – et pour une fois, son mime juste et assez intense dans le premier acte a agréablement surpris. Son deuxième acte, contrairement à M. Elizabé, était faible.

Ne souhaitant nullement critiquer Mlle. Doussard en Berthe, qui fait tout ce qu’elle peut, il faut néanmoins ici un très grand mime, et qui soit crédible en mère. A Copenhague, Berthe est tenu par des gens comme Kirsten Simone. Doit-on dire plus ?

Le 7, M. Gaudion et Mlle. Ould Braham dansait le pas de deux des vendangers, cette dernière pour la première fois je crois. C’était au mois de juillet, alors qu’il faisait une chaleur effroyable, que M. Gaudion avait dansé cela pour la première fois, mais samedi, en dépit de mes préjugés marqués contre ce danseur à cause de son mime assez enfantin et insupportable dans le corps de ballet, m’a quand même épaté. Il a travaillé depuis juillet, et son travail était très propre et très enlevé. Mlle. Ould Braham n’avait dansé de rôle de soliste depuis un an, et il y a eu quelques petits accrocs, avec néanmoins un dynamique et un magnétisme scénique peu communs. Une faute de goût cependant, peut être du au trac – s’il vous plaît ne jamais casser les poignets (en anglais WRIST FLICKING). Nous ne sommes pas chez M. Balanchine ici. Le bras est soutenu d’un bout à l’autre, et cela comprend les mains.

Le 8, ce même pas de deux a été tenu par Mlle. Gilbert et M. Thibault. Sur Mlle. Gilbert dans ce pas de deux, je viens de parler plus en détail dans un article « Ill with Romanticism » et il ne serait pas profitable de rajouter. Sur M. Thibault, je reviens au thème soulevé par M. Haydn ce jour dans le Forum de Dansomanie « Chair à Canon ».

Cet homme, qui depuis un décennie maintenant est l’un des principaux artistes sur notre continent, Est et Ouest, danse tous les soirs quelque part perdu dans le corps de ballet, après sept ou huit heures de répétitions. On l’en sort, sporadiquement (la dernière fois c’était début octobre !), pour faire quelque variation de difficulté transcendantale, une fois, peut être deux fois, et ensuite, on le fait disparaître de nouveau pendant six mois. Il est bon ainsi pour le public de savoir qu’il ne prépare pas ses rôles dans les mêmes conditions d’un premier danseur ou d’un étoile, alors que ce qu’il fait, est, au moins ( !) du même niveau.

L’on pourrait dire de même sur Mlle. Aubin, qui subit un accident sur scène en Myrtha – la seule et unique fois qu’elle devait danser ce rôle cette saison.

Nous lisons dans l’une des brochures de propagande pour notre Théâtre National, qu’il est l’un des « plus jeunes théâtres du monde », avec une moyenne d’âge je crois de 23 ans. Excusez-moi, mais il ne fait pas bon s’en vanter ! Est-ce que cela veut dire que les gens sont accidentés, ou dégoûtés, plus jeunes, et qu’ils fuient pour laisser la place à d’autres ? Si ces personnes sont des artistes et non pas des acrobates de cirque, ne voulons-nous pas les garder le plus longtemps possible ?

Dernièrement, permettez-moi de revenir à la question des chaussons de Mlle. Cojocaru. Ne critiquons pas l’aspect esthétique de ces chaussons. Pour elle, qui l’a dit très clairement à la presse anglaise, il s’agit de sauver son pied et sa carrière. C’est la raison pour laquelle elle expérimente avec ce chausson américain. Plus généralement, pourquoi est-ce que l’on ne serait pas ouvert à la possibilité d’utiliser de nouveau matériaux, si cela permet aux gens de ne plus souffrir ?


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Lun Fév 09, 2004 2:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je vous rappelle l'adresse où vous pouvez consulter l'article "Ill with romanticism" auquel Mme Kanter fait allusion :

http://auguste.vestris.free.fr/Reviews/Giselle.html


En ce qui concerne la Giselle d'Aurélie Dupont, je ne peux juger de la représentation d'aujourd'hui, étant donné que je n'y assistais pas. Mais y avait-il une si grande différence d'avec la première? En ce qui me concerne, je ne peux que redire que ce que j'ai vu ne correspond absolument pas à ce que j'attends d'une Giselle, alors que Mlle Hurel m'a comblé, même si les deux danseuses n'ont pas les mêmes moyens techniques.

Mme Kanter met en exergue les qualités humaines d'Aurélie Dupont. Je doute pas un instant que Mlle Dupont soit une personne charmante, sensible et surtout qui travaille dur, c'est une évidence et c'est le cas de toutes les danseuses du corps de ballet. Mais je ne juge en aucun cas la personne, je ne prends en considération que le résultat artistique qu'il m'est donné de voir, et là, je n'ai absoulument pas trouvé ce que j'espérais.

Je dois souvent me faire violence dans mes commentaires ici, car il y a des personnes que j'apprécie hautement sur le plan humain, et dont je dois parfois juger négativement une prestation. Et inversement, il y a des gens que j'apprécie moins à titre personnel, mais dont je loue la performance artistique. Et c'est la seule chose qui à mes yeux doit compter, même si parfois, les dilemnes sont cruels.

Concernant Nathalie Aubin et Emmanuel Thibault, je partage sans réserve l'avis de Mme Kanter. Ces artistes de premier ordre sont de tout évidence sous-employés et n'ont pas bénéficié des promotions qu'ils méritaient. Emmanuel Thibault possède une élégance et une précision dans le jeu de jambes tout a fait exceptionnelles. Ses entrechats sont un modèle, il possède un très joli ballon et n'est jamais brutal. Sa technique est à mon sens parfaite pour le répertoire romantique.


Enfin, pour ce qui est des chaussons, n'étant pas danseur aux Ballets du Trockadéro Mr. Green , et n'utilisant donc pas de pointes, il ne m'est évidemment pas possible de trancher quand aux vertus des produits Gaynor Minden. Je me suis simplement fait l'écho des débats que ces matériels ont suscité ; s'ils peuvent apporter un soulagement aux problèmes de Mlle Cojocaru, alors je dis, comme Katherine Kanter, tant mieux. Mais la question de leur efficacité demeure ouverte, et les milieux professionnels restent encore assez partagés.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
Messages: 1415
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Fév 10, 2004 12:30 pm    Sujet du message: Où une étoile peut aussi être Chair à Canon Répondre en citant

EXPLOITATION


Au sujet de Alina Cojocaru, au mois de juillet 2002, c’est à dire il y a près de deux ans, j’avais écrit,

« Ross Stretton has in his hands the future of a person who, by normal standards, would be termed a genius. The girl needs help with certain aspects of her technique, or her career may be cut off by injury. Let him take care that considerations of business and international prestige do not lead to yet another singular talent being burnt out by the age of 25. The ballet world has seen more than enough of that in recent years.”

Après avoir regardé avec attention deux fois au cours de cette semaine Mlle. Cojocaru en « Giselle » à l’Opéra Garnier, je crains de dire, avec amer regret, que nous y sommes. Depuis deux ans, il y a un « Metal Fatigue » qui s’est instauré. Cette jeune dame a besoin de se reposer. Son pied ne tient plus la route, ses ligaments sont distendus dans tout le corps, et elle danse sur une pure énergie nerveuse.

J’ai l’impression que Mlle. Cojocaru est épuisée, épuisée sans le savoir, flagrant dans le premier Acte, la scène de la mort, où la tension scénique s’est effondrée, et nous sommes passés dans un naturalisme déprimant et souvent anti-musical. Je me demande aussi qui instruit cette jeune dame dans ses rôles, car il y a de nombreuses petites fautes de goût dans le mime, sans parler des effroyables hyper-extensions qu’elle ne peut plus contrôler, même si elle le souhaitait.

J’espère que certaines personnes et aussi, peut être ses collègues, se rendent compte que ce que Mlle. Hurel a fait samedi soir était de beaucoup de points de vue très supérieur, et dans le deuxième Acte, inspiré.

Cela nous ramène au sujet de M. Haydn « Chair à Canon » sur ce même forum. Il arrive aussi que des étoiles soient de la chair à canon.

Mlle. Cojocaru n’était pas en état d’être parachuté au sommet de la profession à 19 ans. Elle n’était pas en état de danser Tatiana un soir, et Olga le prochain. Elle n’était pas dans un état physique ou mental pour porter ce fardeau, et aussi, le fardeau de voir d’autres excellentes danseuses - plus âgées - qui ont quitté le Théâtre Royal lorsqu’elles virent qu’elles seraient balayées pour lui faire place. D’excellentes danseuses, d’excellents mimes, desquelles Mlle. Cojocaru aurait pu apprendre beaucoup, beaucoup de choses.

Nous avons besoin de très grands changements dans cette profession, et l’air frais que Mlle. Mélanie Hurel a apporté samedi soir à un théâtre asphyxié le fait bien voir !

J’aimerais que l’on revienne à respecter non seulement l’intégrité physique de la personne, mais aussi leur intégrité intellectuelle. J’aimerais que l’on donne au public la chance d’écouter et d’entendre ce que des gens avec une maturité artistique et technique ont à apporter à ces rôles. C’est pourquoi nous sommes nombreux à demander pourquoi, par exemple, ce type de rôle, qui serait BEAUCOUP MIEUX tenu par quelqu’un comme Miteki Kudo, lui échappe toujours et invariablement ?

C’est Mlle. Cojocaru qui devrait être en train d’apprendre de quelqu’un comme Mlle. Kudo, et c’est Mlle. Abbagnato qui devrait être en train d’apprendre de quelqu’un comme Mlle. Nathalie Aubin, ET PAS LE CONTRAIRE.

Finalement, hier soir, excellentes dans le corps de ballet Mlles. Fuji et Parcen, très beau mime, geste sensible et juste, très belle danse.

Quant au Pas de Deux avec M. Duquenne et Mlle. Kamionka, cette dernière était d’une grande fraîcheur et M. Duquenne s’est tiré plus qu’honorablement.

Néanmoins je plains les hommes qui doivent faire ce pas de deux, il est trop difficile, et le manège est une horreur qui crée une anxiété dans le public aussi. Le public est en train de prier, métaphoriquement parlant, pour que tout le monde s’en sorte ! Les hommes ne peuvent pas s’amuser, se lâcher, et DANSER, alors que ce pas de deux devrait être le seul moment de

« pure and unalloyed joy »

dans le ballet !

Pourquoi M. Patrice Bart leur a-t-il infligé cela ? Faut-il réellement utiliser son privilège de chorégraphe pour démontrer que l’on sait empiler des casse-tête ? Même chez M. Thibault, qui est un très grand maître, l’on sent une énorme tension dans ce pas de deux, parce qu’il faut faire tellement attention à chaque micro-gramme et millimètre de mouvement, que l’on ne se sent pas LIBRE.

VERS UNE LOI ANTI- BRIDARD ?

Tout le monde se plaint - les parlementaires les premiers - de l’inflation juridique. Ensuite ils vont voter une loi sur le voile ! Personnellement, j’oppose cette loi, mais peut-être pourrait-il y avoir du bon ? Nous pourrions proposer un alinéa anti-Bridard. S’il continue mime aussi naturaliste, il faudra lui demander de se voiler la face !

Un autre alinéa sera l’alinéa anti-Gaudion. Autant il fallait apprécier ce que M. Mallory Gaudion fit dans le pas de deux samedi soir, autant personne n’a le droit de sortir dans le corps de ballet avec un mime aussi déplacé, en dehors de tout contexte historique et du personnage. Le dimanche en matinée, il est placé derrière une petite grappe de gens – et il saute comme un enfant pour mieux voir ce qui se passe devant ! Ses gestes portent l’empreinte d’un cocktail-party dans le XVIème arrondissement – où est le vraisemblable avec un paysan, même un paysan théâtral, du XVIème SIECLE ?

S’il vous plaît, quelqu’un parmi ses collègues, aidez cette personne ! Ne croyez pas pour une seule seconde que le public ne voie pas ce que vous faîtes dans le mime, et même dans le « plus petit rôle ». Car il n’y a pas de petit rôle ! Et cela se voit !

***


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Mar Fév 10, 2004 12:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Si je suis totalement Mme Kanter sur Miteki Kudo et Nathalie Aubin, je ne partage absolument pas son point de vue concernant Yann Bridard et Mallory Gaudion pours diverses raisons :

- On ne va sûrement pas faire des lois "anti" quiconque, et surtout pas "anti-danseurs". Yann Bridard est quelqu'un que j'admire et que je respecte, même si ce n'est certainement pas dans Giselle qu'il est le mieux employé. J'ai encore en mémoire son superbe Beaumarchais dans Clavigo - une chorégraphie pourtant pas extraordinaire -, où il a montré tous ses talents de comédien.

Evidemment, on peut contester le côté "naturaliste" de son interprétation, forcément anachronique, puisque de naturalisme, en 1841, il n'en était point question. Mais cette Giselle-là est quand même largement basée (pour les costumes et les décors en tout cas), sur la reprise de 1924, et là, l'esprit du naturalisme était bien présent encore.

Maintenant, je n'étais pas à la représentation que vous évoquez, et ce que je dois dire, c'est que la prestation de Yann Bridard était assez variable selon les soirs, allant du moyen (le 3/2) à l'excellent (le 5/2). En tout cas, c'est un danseur que j'apprécie beaucoup, surtout dans le répertoire contemporain.

Pour Mallory Gaudion, là aussi je n'ai pas vu la représentation que vous évoquez, mais il m'a fait excellente impression dans le Pas de deux des vendangeurs le 7/2. Certes, il manque encore d'assurance dans son jeu de scène, mais il est compréhensible que ce danseur encore fort jeune, et pour qui un tel rôle constituait sûrement un événement d'importance, ait été soucieux de se concentrer avant tout sur la technique, pour éviter toute faute rédhibitoire. Il est évident qu'avec l'expérience, il pourra davantage se préoccuper de l'expression théâtrale.


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
Messages: 1415
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Fév 10, 2004 1:09 pm    Sujet du message: Pour être clair Répondre en citant

Il s'agit du mime de M. Gaudion les soirs où il danse dans le corps de ballet.

Je ne faisais très évidemment PAS référence au pas de deux de samedi soir. Je croyais que cela était clair !


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Mar Fév 10, 2004 7:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'était clair, mais comme votre commentaire était extrêmement sévère pour ce danseur encore jeune, il m'a semblé juste de faire ressortir les aspects positifs de son travail ; proposer une loi "anti-Bridard" avec un alinea "anti-Gaudion" me paraissait vraiment excessif eu égard aux mérites que ces danseurs ont affiché par ailleurs. Et si, comme vous le dites, M. Gaudion n'a pas été au mieux dimanche, l'on peut parier qu'il sera meilleur un autre jour.

On peut toutefois se poser un certain nombre de questions :

- l'esprit de compétition, la valorisation à tout prix de la performance individuelle, dans lequel on éduque et entretient les danseurs, est elle de nature à favoriser un travail collectif, homogène? On pousse les individus à se distinguer à tout prix, s'ils veulent avoir une chance de faire carrière, plutôt que de se borner à jauger leur valeur intrinsèque. Au Bolchoï, où certainement tout n'est pas rose, il y a néanmoins beaucoup moins de niveaux hiérarchiques, donc moins d'opportunités de se retrouver en compétition avec les collègues lors de "concours" destinés à établir des classements entre danseurs... Cela n'est peut-être pas étranger non plus à cette joie de danser que nous avons tous ressenti chez les artistes russes lors de leur passage à Paris.

- comment le théâtre et la pantomime sont-ils enseignés à l'école de danse de l'Opéra et au Conservatoire? Quelqu'un peut-il nous éclairer à ce sujet? Et ensuite, une fois qu'ils ont intégré le corps de ballet, les danseurs suivent-ils encore une formation dans ce domaine? Fait-on venir des professeurs pour cela? En Russie, et plus généralement dans les pays d'Europe de l'Est, cela tient une part essentielle dans l'éducation des artistes du ballet. Qu'en est-il chez nous?


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Katharine Kanter



Inscrit le: 19 Jan 2004
Messages: 1415
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Fév 10, 2004 8:08 pm    Sujet du message: Humour dans les projets de loi ? Répondre en citant

Il faudrait peut être clarifier que l'auteur de ces lignes n'est pas Ministre, ni Secrétaire d'état, ni ne dispose d'aucun pouvoir que ce soit législatif ou exécutif ou autre. Ni même plumitif !

Ainsi le risque de voir apparaître devant le Parlement français

un Projet de Loi Contre le Mime Naturaliste, Titre I, Anachronisme, Chapitre A, Répression de la Télévision, Sous-sections Bridard et Gaudion (en réalité j'ai utilisé ces Messieurs comme tête de turc, car ils ne sont pas les seuls !)

est très faible. Vraiment très faible.

je me suis permise ces remarques au sujet du mime, seulement après avoir vu cinq ou six représentations de ce ballet au mois de juillet 2003, et cinq ou six maintenant, et surtout, neuf ans de ce type de problème.

Qui ne va pas s'améliorant, du moins pour l'instant.

après neuf ans ici il me semblerait clair que les personnes qui instruisent le mime ne voient pas que nous avons un problème,

tout comme l'on ne voit pas qu'il est étrange que la mère de Giselle (où la gouvernante dans "Roméo", ou Coppelius, par exemple) paraisse avoir 17 ans, dix ans de MOINS que la petite héroine...


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web du posteur
haydn
Site Admin


Inscrit le: 28 Déc 2003
Messages: 26517

MessagePosté le: Mar Fév 10, 2004 9:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ce qui est de la mère de Giselle, le rôle a été confié à des "anciennes" du corps de ballet, Danielle Doussard et Florence Branca, en alternance. Elles sont de la même génération qu'Elisabeth Maurin (qui parle d'ailleurs longuement et en termes élogieux de Mme Doussard dans le film documentaire tourné sur Roméo et Juliette), et si vous suspectez ces deux personnes d'avoir 10 ans de moins que Giselle, eh bien là, elle vont vraiment se sentir flattées!!!

En ce qui concerne Danielle Doussard, en dehors de toute question de travail du mime, il faut souligner que c'est quelqu'un de très apprécié dans le corps de ballet ; interpréter des rôles non-dansants du type de celui de la Mère dans Giselle est certes peu valorisant aux yeux du public, mais exige une grande sûreté en ce qui concerne les placements. Un positionnement défectueux sur la scène peut semer une pagaille noire dans l'ensemble du corps de ballet, et, si j'en crois les conversations que j'ai eu avec plusieurs danseurs, les collègues de Mme Doussard lui sont tous très reconnaissants de sa fiabilité dans ce domaine.


Et je pense que MM. Bridard et Gaudion vous donneront l'absolution pour les avoir pris comme "têtes de turc" Wink Very Happy afin d'illustrer votre propos, juste sur le fond!


Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Dansomanie Index du Forum -> Tout sur la danse Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivante
Page 4 sur 7

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous pouvez voter dans les sondages de ce forum


Nous Contacter
Powered by phpBB © phpBB Group
Theme created by Vjacheslav Trushkin
Traduction par : phpBB-fr.com