haydn Site Admin
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Posté le: Ven Jan 27, 2006 10:40 pm Sujet du message: Brigitte Lefèvre à confesse |
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Brigitte Lefèvre a accordé une très longue interview au magazine Conférences et débats, qui la publie dans son dernier numéro :
Que l'on approuve ou que l'on désapprouve, la longueur du texte permet à Brigitte Lefèvre d'évoquer sa carrière, ses projets, son action à la Direction de la danse de l'Opéra de Paris et ses vues sur l'état actuel de l'art chorégraphique de manière développée, et d'aller un peu au-delà des simples slogans. Après, chacun se fera son opinion...
Morceaux choisis :
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Expliquez-moi maintenant comment une saltimbanque comme vous, associée d’une coopérative ouvrière, forme juridique première du Théâtre du Silence, a pu devenir fonctionnaire du Ministère de la culture?
C’était au début des années 80, la gauche venait d’arriver au pouvoir et donnait des moyens nouveaux à la danse. L’administration de la danse au ministère de la culture prenait une certaine importance. C’est dans ce contexte qu’Igor Eisner et Maurice Fleuret m’ont demandé de devenir Inspecteur au ministère.
J’avoue avoir accepté sans trop savoir de quoi il en retournait. Je me disais que je n’aurais qu’à y passer quelques heures par semaine… Ce n’est qu’ensuite que j’ai découvert qu’il s’agissait d’un boulot à temps plein. Nous étions entrés dans un moment très favorable au développement de la danse sous toutes ses formes et il était utile de s’y consacrer pleinement.
Moi qui n’avais fait que des études secondaires inexistantes, je me suis retrouvée tout à coup, derrière un bureau avec des montagnes de parapheurs. Il a fallu alors m’initier au formalisme administratif et ce ne fut possible que parce que j’avais un chef de bureau épatant qui consentait à m’instruire. Il y a des domaines que j’ai cherché à comprendre, et ça m’a beaucoup aidé par la suite, et puis, il y en a d’autres que je n’ai jamais cherché à comprendre et ça m’a beaucoup aidé aussi. |
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Un corps de ballet possède une hiérarchie. Il y a d’abord les quadrilles, puis les choryphées, puis les sujets, les premiers danseurs, et enfin les étoiles. Les étoiles sont la lumière de la compagnie. Mais il y a des sujets qui dansent magnifiquement et qui sont parfois dans certaines œuvres aussi bonnes que certaines étoiles. La troupe est constituée d’individualités exceptionnelles. Sans aucune forme de démagogie, j’ai une admiration pour chacun. Les seuls que je n’admire pas sont ceux qui abandonnent. |
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Vous évoquez souvent la notion de corps comme instrument . Quel est le sens de cette comparaison, n’est-elle pas porteuse d’une conception de la danse comme contrainte absolue et souffrance ?
Oui, de la joie, du plaisir, du désir et de la souffrance tout à la fois. La danse classique est aussi une discipline de l’autodiscipline. Il s’y joue un face à face intense avec ses propres limites. Et il faut un minimum de 10 années au danseur classique pour fabriquer son instrument, son corps de danseur. Ce n’est qu’après qu’il accédera à une nouvelle possibilité : devenir un interprète.
Cela signifie-t-il qu’un danseur classique est « condamné » au répertoire classique?
Non, bien sûr. Une fois l’instrument maîtrisé, il peut être mis au service d’autres formes dansées. Il y a d’ailleurs danger pour un interprète à penser que cette quête de l’excellence que la danse classique exige se suffit à elle même et qu’elle n’aurait pas à accueillir et intégrer les autres formes de la danse. Comment un collectif d’artistes comme celui de l’Opéra de Paris pourrait-il se contenter de ce qu’il connaît et de ce qu’il sait faire ? |
Le texte intégral de l'interview est accessible en ligne, en cliquant ICI
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